Enfin retourné à la maison. Tiens, je définie la guilde de maison moi maintenant ? Impressionnant. Mais je suppose que je commence à m’y plaire. Enfin non. Je m’y plais. Enfin bref. Je venais de rentrer à la guilde après la mission à Shirotsume mais surtout après la rencontre du mage du conseil plutôt débile qui m’a attaqué.
J’expliquais tout ce qui m’étais arrivé il y a peu à Maître Bob, toujours derrière le bar, et moi toujours devant. Non je ne suis pas un alcoolique. J’avais juste besoin de me plonger dans mes pensées en regardant mon reflet dans les liquides des tasses et de parler à quelqu’un. Cet homme – si c’est vraiment un homme – est vraiment bizarre. Mais il est plutôt sympathique. Et j’ai entendu dire qu’il pouvait être drôlement flippant quand les choses ne vont pas dans son sens. Mais logiquement, quelqu’un de sensé comme moi – parce que oui je suis sensé – ne devrait même pas penser à ce genre de chose ni se demander si c’est vrai : je n’avais pas envie de mourir.

Je regarde le fond de mon verre, expliquant au maître ce qu’il m’était arrivé. Il répondait seulement par quelques rires, en prenant soin de frotter chaque zone où étaient rangées les bouteilles.


Le silence qui pesait ne voulait malheureusement rien dire. Ni une réponse positive, ni une réponse négative. Que du vent qui soufflait. L’homme posa son chiffon et partis dans l’arrière-boutique, sans rien dire. En parlant de vent, je me disais bien qu’il faisait plus froid que tout à l’heure. Pour preuve, la grande porte venait d’être ouverte. Je m’attendais à ce que certaines personnes se plaignent du froid mais le souvenir que Blue Pegasus n’était que playboys ou presque m’était revenue dans la tête. En tournant la tête, je compris pourquoi personne ne disait rien : c’était une femme.
Elle baragouinait des trucs de son côté sur rentrer dans la guilde. Elle semblait surtout perdue dans sa tête. Jean et soutien-gorge dans le froid, restée à l’entrée en espérant qu’on vienne la voir, et surtout… un tempérament d’acier.


On pouvait jamais boire son verre tranquillement ici. Soit on nous envoyait en mission, soit un alcoolique frappait un autre alcoolique, soit une hystérique cherchait à rentrer dans la guilde. Je ne m’étais jamais occupé de ces évènements mais il semblerait qu’aller voir le Maître était la meilleure chose. Du coup, je me levais en direction de la femme pour avoir la politesse de lui parler.


Un sourire hypocrite pour lui montrer la direction où se rendre et l’accompagner.

Et nous voilà tous les deux à marcher dans la guilde pour trouver le travesti. Un couloir à gauche, un couloir à droite, et nous voilà arrivés dans une simple pièce qui me disait vaguement quelque chose. Juste derrière cette Enya, je regardais ses cheveux roux qui me frappaient vraiment. Elle semblait avoir fort caractère, par sa tenue ainsi que par sa manière de parler. On aura au moins un peu d’ambiance à la guilde au lieu de ces hommes qui se croient beaux et entourés de femmes. D’ailleurs si j’avais une chose à dire sur ces hommes, c’est qu’ils n’étaient courtisés que parce qu’ils font partis de Blue Pegasus. Quand je regarde leurs habits, leur tête, tout, je ne savais pas comment ces femmes faisaient pour passer leur tête sur leur torse affalées sur des canapés ce cuir rouge au fond de la salle de bar. C’est à la fois irrespectueux pour les autres et dégoutant. Et d’ailleurs, ils ne sont même pas connus ! En parlant de quelqu’un de connu, dans la guilde, je ne voyais pas vraiment… Et puis là, je me mis à trembler. Il y a bien cet Ichiya… Je ne l’ai pas croisé souvent, mais ce mec faisait peur à voir : le plus gros pervers de tous les temps.
Bref, cette Enya était belle, avait de la gueule, et rentrait dans Blue Pegasus. En gros dans deux voire trois moins elle apparaîtra déjà dans le Sorcerer. Et dire que j’ai dû y apparaître durant l’évènement de Magnoria… Burk.
Bob traitait Enya assez bizarrement. Comme une enfant, une fille, une… non rien, chut. Il ne fallut que quelques minutes pour que l’emblème de Blue Pegasus se pose sur l’épaule de la jeune fille. Je me souvenais doucement de ce moment d’ennuie lorsque le mieux me fut posé. Non, en fait, je ne m’en souvenais pas. A vrai dire la seule chose dont je me souvenais c’était l’ennuie que j’avais eu, c’est tout. Oui c’est ça : pas grand-chose. Emblème sur l’épaule, la femme en jean se retourna vers moi, l’air gamine, les joues dévastées par le sourire qui lui montait jusqu’aux oreilles, la lueur d’un enfant qui venait de se voir offrir des bonbons de sa voisine dans les yeux, c’était la rousse, en ce moment-même. Ce que je pensais ? Elle me faisait peur. Très peur.


Terrible question. Car après tout, Blue Pegasus étaient un petit peu paumé sur la question des logements. A vrai dire, comme je ne pense que très peu de temps à la guilde, je n’avais aucune connaissance d’un dortoir ou quelque chose comme ça.
J’invitai la jeune femme à sortir de la guilde et lui montrai le paysage, pointant du doigt les montagnes de l’Ouest j’expliquai qu’il s’agissait de la frontière. Puis pointant les montagnes de l’Est j’expliquai qu’elles séparaient Blue Pegasus et Crocus.


Aucune idée de s’il y avait un dortoir. Mais si il y en avait un, j’aurai moi-même mis une double serrure supplémentaire à cause des barjots de cette guilde.


Je fermais les yeux, attendant l’air stupide que prendrais ma nouvelle partenaire de guilde en comprenant qu’en premier je l’invitais à dormir dans une tente et en deuxième que je ne connaissais rien des environs. Déjà, j’espérais qu’elle ne me connaissait pas parce qu’un mage qui est dans une guilde depuis plus d’un an et qui ne connait presque rien d’elle… La honte.

Donc. Rousse, jolie, exhibitionniste, grande gueule, perdue et nymphomane. Voilà la nouvelle recrue de Blue Pegasus : Enya Taylor. Je ne savais pas quoi lui répondre. Déjà, je ne dormais jamais à la guilde, ou alors très souvent. Et quand je m’endormais, c’était effondré de sommeil sur le comptoir ou sur une table à parler avec quelqu’un. De sommeil j’ai dit, je ne bois pas. Et d’ailleurs, les endroits où je dormais le plus souvent : c’était les toits. Oui, je n’aimais pas trop ne pas avoir accès à l’extérieur. Et quand je sortais d’une mission et que j’avais de l’argent plein les poches, c’était des hôtels assez luxueux que je m’offrais avec de bons lits et des murs vitrés vers l’extérieur pour me réconforter.


Grosse hésitation sur ce coup. Se foutre de sa gueule ou être sérieux ?


Je la sentais s’énerver un petit peu alors que son visage commençait à s’apaiser. Mais bon, elle voulait rigoler, elle allait rigoler.


Un sourire hypocrite faisant signe que je rigolais, et je tournais la tête. Elle me regarda, et posa son regard sur la guilde. Le vent frais soufflait dans nos cheveux. J’étais ému. Je me rappelais de ces moments pauvres lorsque je suis arrivé, je me rappelais de ces moments riches lorsque j’ai changé, je me rappelais de ma vie à Blue Pegasus.
Je laissai échapper un petit rire pour lui faire signer que je me fichais amicalement d’elle.


Je l’attrapai par la main et l’amena directement dans la grande salle luxueuse aux murs rouges, aux tables noires, aux sièges en métal. La grande salle avec la buvette bien sûr ! Comme à son habitude, Maître Bob était là, à laver les couverts et nous souriait.


Je l’aime bien… Il est idiot, mais je l’aime bien. Tiens, j’ai faillis penser le mot idiote en fin de compte. Signe ? Bref, nous prenions un verre chacun et allâmes nous asseoir tranquillement à une table du fond. Face à face, je lui expliquais le système de Blue Pegasus. Le tableau de mission, l’accord du maître pour partir et même la dépendance au conseil en faisant attention à ne pas lâcher les informations et les sentiments que j’ai envers le conseil. Je mentais très bien, c’était sans doute ma spécialité. Après tout, qui pourrait se dire que derrière le visage de Chris, un mage légal de Blue Pegasus au sourire doux et tranquille qui montre la joie et la bonté chaque minute, se cachait une autre personne ?
Après avoir fini mes explications courtes et rapides, je posais mon doigt en lévitation au-dessus du verre, le faisant tourner dans le sens des aiguilles d’une montre. Ici, j’étais vraiment une économie sur l’eau qui nettoyait les cuillères à café puisque je n’en avais pas besoin du tout. Flemme de monter mon verre à mes lèvres, je faisais glisser les quelques gouttelettes dans ma bouche, attendant la voix de la nouvelle.

J’avais lâché un véritable sourire lorsque j’avais entendu ces mots. En y réfléchissant, on ne m’avait jamais dit ça, c’était sympathique. Et pour revenir à la conversation sur mon pouvoir, je prenais enfin la parole.


Je regardais la jeune femme rousse boire tout ce que contenait son verre en si peu de temps qu’il en fallait pour résumer tout ça. Impressionnant devrais-je dire. Elle était belle, mais niveau tenu, ce n’était pas ça… Pas ça du tout. Petite pensée à la légende buveuse de Fairy Tail dont j’ai entendu parler il y a peu. Il parait qu’elle pouvait boire plusieurs tonneaux d’alcools en quelques minutes. D’ailleurs, j’aimerai bien voir un concours entre ces deux-là. Il y avait la meilleure descente de Fairy Tail, et voici la meilleure descente de Blue Pegasus : Enya. D’ailleurs ce genre de concours n’allait pas vraiment avec le concept de notre guilde mais pourquoi pas ? On dit bien qu’il fallait des évolutions au sein d’une vie.
Il ne m’avait fallu que quelques secondes de plus pour finir mon verre, et je regardais la femme rousse devant moi. J’attendais que la conversation reprenne. Elle semblait attendre la même chose. Malheureusement je n’étais pas très bavard et je devais avoir sorti tout mon répertoire de phrases sérieuses sur le fonctionnement des guildes légales surtout le fonctionnement de Blue Pegasus. De plus, on dirait que le soleil allait bientôt se coucher et j’avais prévu ce matin d’aller dans la ville voisine la plus proche pour ne pas rester cette nuit dans les couloirs de la guilde.
Je me levai, m’appuyant avec mes deux mains sur la table de bois, attrapa les deux verres, et verse les quelques goûtes qu'il restait à l’intérieur sur la table. Je m’approchai du visage de la jeune mage et dit doucement quelques belles paroles.


Et d’un petit sourire, j’attrapai les deux verres pour les amener au comptoir et fermant les yeux, avec les liquides restant sur la table, je formais son nom : Enya.
Elle était belle, elle avait une grande gueule… Elle pourrait facilement me servir à quelque chose plus tard. Mais dis-moi, toi, est-ce vraiment réglementaire ?
Les cheveux balançant dans le vent, je passais sous les arbres de la route, frappé par les rayons rosés du coucher de soleil, réfléchissant à la suite de mon histoire.