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L'aigle et sa proie
 MessageSujet: L'aigle et sa proie   L'aigle et sa proie EmptyVen 4 Jan - 13:51

Anonymous
Invité


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Tandis que le soleil laissait place à l'astre lunaire, l'aigle majestueux se posait à terre, tenant fermement sa proie inconsciente. Il était temps pour lui de laisser place aux animaux nocturnes, et de se préparer à repartir à la chasse le lendemain. Comme les humains, ils rentraient chez lui, dans son nid, et se laissait prendre par le quotidien : se nourrir et protéger les siens étaient devenus ses seuls objectifs.
Et pourtant, qu'est-ce qui le différencie de cette race inférieure ? Lui peut surplomber toute la terre sans l'aide de quoi que ce soit, sans magie ni technologie. Il impose sa supériorité en se confondant parmi les cieux, en montrant sa suprématie...
Et qui est plus puissant qu'un aigle ? Sa femelle...


Avec un regard sombre, je sillonnais les ruelles du village voisin. Cette petite de ville de paysans somnolait une fois la nuit tombée, il était difficile de trouver une proie à se mettre sous la dent. Tous étaient en train de dormir à la première heure de la nuit pour pouvoir se lever le plus tôt possible. La pâleur de mon visage accentuée par la lumière de la pleine Lune, le village prenait soudainement des allures de villes fantômes.
Et pourtant, je réussissais à trouver la personne qui me convenait. Au coin d'une ruelle, une silhouette difforme était couchée sur des cartons et recouverte d'une couverture trouée. A côté d'elle s'était renversée une bouteille de rhum déjà quasiment vide. Ronflant bruyamment, l'homme était hirsute, avec des cheveux et une barbes longs et emmêlés. La pauvreté n'épargnait personne, même dans notre monde. Et cela me convenait tout à fait.

M'accroupissant pour être à peu près à sa hauteur, la Lune éclairait mon visage sublimement, donnant l'illusion d'un visage fantôme flottant en l'air, coupé en deux entre la lumière et la pénombre. Avec un certain dégoût, je mettais ma main sur l'épaule de l'homme, et le secouait suffisamment pour le réveiller. Le malheureux se réveillait en grognant : ces simples bruits lui donnait vraiment l'allure d'un ours malade. Remarquant dans un premier temps sa bouteille renversée il se remit à grogner d'entêtement, énervé de la perte de ses réserves. Il ne me remarqua que quelque secondes après. Ses yeux s'écarquillèrent, tandis que l'alcool qu lui tournait la tête lui faisait clairement croire à un fantôme. Mettant ma main sur sa bouche, je lui faisait signe de ne pas faire de bruit, l'empêchant de crier.

- Si je te donnes dix jewels, est-ce que tu acceptes de me suivre ? J'ai besoin d'une... aide, dis-je en chuchotant.

L'homme ne se fit pas prier, et se leva presque d'un bond, appâté par une somme quasiment médiocre. L'argent est la meilleure des manipulations...

Marchant en silence, nous quittâmes en peu de temps le village, tandis que mes pas résonnaient sur les dalles de pierre. Nous marchâmes pendant plus de dix minutes : il fallait à tout prix que personne ne nous voit pendant que je m'entraînerai.
Au bout d'un moment, je m'arrêtais, me tournant de nouveau vers lui. Je remarquais avec un certain amusement mauvais que l'homme observait mon sabre depuis tout à l'heure : malgré son intelligence brûlée par l'alcool, il s'était rendu compte, comme n'importe qui l'aurait deviné, que ce sabre avait une très grande valeur monétaire. Sûrement s'était-il imaginé pouvoir le voler et vivre des jours heureux dans une petite maison, avec de quoi manger... Quel drôle plaisanterie ! Prenant un sourire qui se voulait bienveillant, je ne pouvais, malgré moi, m'empêcher de prendre un regard menaçant.

- Écoute, j'aimerai que tu m'attendes ici jusqu'à ce que je reviennes. Peut être que tu attendras plusieurs heures, mais je t'interdis de partir, dis-je avec une voix ferme.

En guise de garantie, je lui donnais cinq jewels, soit la moitié de la somme promise.

- Si tu m'attends comme je te l'ai demandé et que tu m'aides, je te donnerai le reste de la somme, lui promis-je.

Sans quitter des yeux la somme que je venais de lui donner, il acquiesça en silence, ayant presque des étoiles dans les yeux. Il était presque comme un chien à qui l'ont donnait un os, c'était tellement... futile.

Je m'éloignait alors de lui, marchant pendant environ cinq minutes. Comme pour le village, je savais qu'il fallait à tout prix que l'homme n me voit pas. Sinon, il ne faisait aucun doute qu'il s’enfuirait.
Si j'étais venu ici, c'était pour m'entraîner et apprendre à maîtriser une nouvelle technique. Je ne pouvais pas m'entraîner à la guilde... par peur des dégâts. Ma technique consistait à me servir des ténèbres autour de moi pour créer une explosion dévastatrice. Je ne pense pas qu'elle pourrait tuer quelqu'un, mais elle pourrait l'affaiblir grandement, provoquant comme une explosion normale, des brûlures ou encore une onde de choc.
Elle se nomme Bakuhatsu, l'explosion.
Pour arriver à ce résultat, il fallait, tout d'abord, qu'il y ait suffisamment de ténèbres autour de soi pour provoquer un résultat satisfaisant. Il faudrait donc, logiquement, comme actuellement, s'en servir la nuit. L'avantage est que, comme toutes mes techniques, cette explosion sera provoquée par mon sabre et non par moi. Je pourrais donc, dans un périmètre maximum de cinq mètres, créer une explosion dont, en plus, mon sabre et moi serions protégés. De même, cette explosion aura une portée, elle aussi, de 5 mètres environ.
Cependant, cette technique a pour contrainte d'utiliser une grande partie de mon énergie physique et magique : manipuler les ténèbres n'est pas des plus simples. Et bien que je sois de manière générale, protégée de l'explosion, si je me trouve au centre, soit si je tiens mon sabre, j'en subirais aussi les effets.

Ainsi, consciente de tous ces éléments, je plantais mon sabre dans le sol, et fermais les yeux pour me concentrer au mieux. La plus grande difficulté était de manipuler mon sabre à distance, en faisant passer ma magie par l'air plutôt que directement de moi à mon sabre.

Je ne sais pendant combien de temps cet entraînement avait duré, mais ses début en furent réellement difficiles et éprouvants. Faire passer un nombre suffisant de magie par l'air pour créer une explosion digne de ce nom n'est pas une mince affaire, mais à force d'acharnement, je réussissais à obtenir l'effet désiré. Cette technique était encore difficile pour moi, mais le temps et l'entraînement m'aideraient à la maîtriser pleinement.

Reprenant mon sabre, je faisais le chemin inverse, reprenant au passage mon souffle et réfléchissant aux effets de cette technique. Voilà en quoi cet homme entrait en jeu. Il me servirait de victime pour en voir les réels effets sur le corps humain et pas simplement sur l'air.
Avant d'arriver, je tentais de remettre mes habits en état de manière à ce que ça ne paraisse pas trop suspect. Certaines parties de mon kimono avait été brûlées par la technique, bien que ne me causant pas de dégât à moi.
Tournant à un angle, je trouvais l'homme à l'endroit où je l'avais laissé, couché à terre, dormant à nouveau. Il tenait fermement entre ses doigts les pièces que je venais de lui donner, croyant pouvoir les protéger de cette manière si jamais un voleur arrivait...

Je le réveillait à nouveau, et lui disait de se mettre debout. Obéissant au doigt et l’œil, il se mettait exactement là où je lui disait de se tenir, sans se poser la moindre question et sans chercher à savoir ce qui lui arriverait. Je plantais mon sabre juste devant lui, et lui disait de poser la main dessus, sans le prévenir que cela accentuerai les effets de ma technique.
M'éloignant de lui, je fermais à nouveau les yeux, rassemblant les forces qu'il me restait. Aussitôt que l'explosion se déclencha, un cri atroce déchira l'air. Malheureusement pour lui, personne ne pouvait l'entendre. Lorsque la fumée se dissipa, je me rapprocha de l'homme. Il était tombé à terre, sûrement en état de choc, et sa peau fumait lentement, brûlée sévèrement mais pas mortellement. Essuyant la goutte de sueur qui coulait de mon front et reprenant mon souffle, je souriais d'un air menaçant en reprenant mon sabre.

En partant, je lui jetais les 5 jewels restants, le laissant seul, après lui avoir conseillé avec méchanceté d'oublier mon visage...

Le Soleil commençait alors à nouveau à teinter le ciel d'une couleur sang, tandis que l'aigle quittait son nid.
   
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