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Une Nouvelle Famille |
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| Sujet: Une Nouvelle Famille Lun 18 Juin - 13:22 | |
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Jiro Yu
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RENCONTRE A CROCUS Les épines de la rose JIRO YU & ROSA YUKUZI-CLARK
[ ... Précédemment ... ] Jiro continue son séjour à Magnolia où il participe au Festival de la Fraternité. Mais bien assez vite, il ressent l'envie de rentrer ...
Jiro ne pu s'empêcher de ressentir un étrange soulagement en respirant l'odeur de Crocus. Quand il descendit du train qui le ramenait tout juste de Magnolia, il tomba dans un marché floral, typique de la ville, et la simple odeur des fleures lui ramena le volupté de souvenirs que les évènements du Festival avaient enfouis. En effet, il rentrait enfin du Festival de la Fraternité, passe étrange dans sa vie, où il avait été malmené par un lot de péripéties douteuses. A commencer par cette promesse de meurtre, l'envie insondable de tuer le premier venu, et son attention particulière qu'il avait porté à un richissime bel homme qu'il avait désormais tué. Mais pas sans difficultés. Il s'était en effet retrouvé confronté à deux mages qui l'avaient surpris dans son assassinat – inconnus à l'époque, mais il avait retrouvé leurs identités le lendemain même du meurtre, car eux aussi participaient au Festival. Il avait même reconnu l'inconnu de Silver Fang qui s'était présenté sous un faux nom – il eut ainsi la confirmation que le Festival dit de la « Fraternité » rassemblait quand même un bon lot d'assassins en tout genre, et ça, dans le dos même du Conseil Magique, organisateur des festivités. Aujourd'hui, soit quelques jours après les faits, Jiro se trouvait toujours un état vaporeux. Il ressentait encore une fois le contrecoup de ses actions. Comme d'habitude, il était prit dans la boucle indétrônable qui le guidait chaque jour. D'abord l'envie de tuer qui se réveillait. Les lacérations dans le ventre qui l'obligeaient à s’exécuter. Le meurtre, le summum de l'extase. Mais ensuite, la chute vertigineuse dans les abysses du dégout de soi. Après chaque tuerie, Jiro se demandait « Pourquoi suis-je obligé de tuer ? » et venait à se demander s'il devait continuer à vivre. Le Festival était tout de même un bon zoo ; non pas pour la flopée de monstres qui fut présentée, mais pour tous les hommes et les femmes qui y participaient, pleins d'espoirs, de savoir-vivre, de bonheur. Même Miku et Chris, les deux garçons qu'il s'était juré de tuer, en observant leurs gestes sur les télélacrymas qui repassaient les actions décisives du Festival, apparaissaient comme des personnes dotées d'un état qu'il ne pouvait atteindre. Il l'avait compris – il ne pourra être heureux. Il ne voulait plus tuer, même s'il devait pour cela se battre contre le désir ardent qui le tiraillait. Mais il était lâche et faible, et chaque fois il succombait à la tentation et finissait par répandre le son. Il n'était bon qu'à ça, mais ce ça le tuait douloureusement. Quelle était donc la solution ?
Il la trouva en se dirigeant vers l'auberge où ses affaires étaient posées. Il remarqua sur le chemin, une petite bâtisse munie d'une enseigne de librairie. En temps normal, il serait passé sans y prêter plus d'attention. Mais il vit, au-delà de son reflet dans la vitre, la couverture d'un bouquin assez vieux qui retint son attention. Il rentra, machinalement, dans la boutique qui était vide, et se pencha sur l'étalage pour en arracher ce qui l'attirait. Le simple titre et la couverture de l'ouvrage qui représentait une unique montagne nuageuse le plongea dans une profonde somnolence. Il se revit, plus petit déjà, enveloppée dans une chaude couverture tandis que la neige se craquait contre les carreaux froids du manoir. A la lueur d'une chandelle posée sur la table, son frère Taro suivait les lignes, parfois s'aidant de son index, et lisait en chuchotant les longues et merveilleuses histoires de cet ouvrage. De simples contes, des histoires banales, mais tout de même extraordinaires pour le jeune Jiro, âgé de quelques années seulement. En touchant ce livre, dans la librairie vide, il ressentit le plaisir intense dont il jouissait à entendre la mélodieuse voix de Taro, à discerner les formes nocturnes de sa chambre à la lueur de la chandelle ; à voir les pages se tourner les unes après les autres dans un froissement inédit. Il se surprit à ressentir, l'espace d'une seconde, un intense bonheur. Mais une seconde fut une durée trop courte, et l'instant suivant, quand l'homme se rendit compte que ce temps était révolu, et ce, à jamais, il tomba dans une torpeur maladive.
Car Taro et le reste de sa famille étaient les seuls pour qui tuer était normal. Dans sa famille, l'assassinat était de rigueur. Pour lui, l'assassinat est une chose naturelle, presque nécessaire. Au sein de ses proches, il était donc dans un état de bonheur parfait, car ses désirs étaient tous satisfaits. Mais désormais, il vit à Fiore, dans un endroit étranger où lui-même est étranger et ne pourra, jamais, à cause de ses penchants au meurtre, s'identifier à la communauté. Une vie de solitude lui plaira-t-elle ? Non. Il avait voyagé dans de nombreux pays, et partout, les meurtriers étaient chassés. Maintenant sa famille, sa raison de vivre, décimée, il n'avait plus aucune attache dans le monde.
C'est pourquoi, ainsi debout dans la petite librairie, ses larmes coulant sans relâche sur les pages jaunes du livre de contes, il prit la décision de se suicider. A cette idée, il fut prit d'un soubresaut. Il se surprit même à rire. Il laissa sa joie éclater. Totalement aveuglé par une folie éphémère, il ne s'empêcha pas de réfléchir à haute voix, désormais se souciant pour le moins du monde de la discrétion.
« Hahaha ! Mais oui, c'est ça ! Je n'ai rien à faire ici, et je pourrai retrouver Taro de l'autre côté ! Ha ! Quelle idée géniale ! Comme Sayuki, c'est ce que j'aurai du faire depuis longtemps ! Pour retrouver ma famille ! »
Il continua à rire, de plus en plus fort, ses larmes désormais sèches sur ses joues, si bien qu'il n'entendit pas les bruits de pas se rapprocher...
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| | | Sujet: Re: Une Nouvelle Famille Mer 20 Juin - 10:50 | |
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[ ... Précédent ... ] Depuis le pacte divin, Rosa avait n'avait eu de cesse d'ouvrir sa librairie, en attendant que son bras se guérisse de ses blessures, elle n'avait eu envie d'aller nulle part. Cependant, depuis peu, elle a apprit à utiliser de nouvelles magies, elle n'en connait cependant qu'une partie limité, puisqu'elle les a seulement vues, et donc jamais testé en véritable situation. Aujourd'hui son bras lui fait encore légèrement souffrir à cause de la séance intense d'écriture qu'était la signature du pacte. Un bandage était visible tout autour de ce fameux bras droit. A l'instant ou je parle, elle était encore en train de préparer des cookies et du thé pour les clients qui allaient arriver. En effet, elle prenait vraiment à cœur l'accueil des personnes qui pénétraient son magasin. Cependant, elle n'avait pas remarqué qu'une personne était vraiment entrée. Elle se hâta de finir sa préparation, et lorsqu'elle eut finit et s'apprêtait à franchir la porte qui séparait la cuisine du premier étage de la librairie, lorsqu'elle entendit quelqu'un parler. Rosa avait du mal à déchiffrer ce qu'il disait.??? : « Hahaha ! Mais oui, c'est ça ! Je n'ai rien à faire ici, et je pourrai retrouver Taro de l'autre côté ! Ha ! Quelle idée géniale ! Comme Sayuki, c'est ce que j'aurai du faire depuis longtemps ! Pour retrouver ma famille ! » Rosa eût un moment d'hésitation, devait-elle sortir ? C'était certain puisqu'elle devait accueillir le client, mais elle se demandait ce qui avait été dit, ce qu'il s'était passé. Elle ouvrit la porte doucement, mais il semblait que la personne ne l'avait pas entendu, elle marcha lentement jusqu'aux escaliers, puis aperçu le jeune homme de dos. Il semblait lire un livre, mais de là, Rosa était incapable de l'identifier. Elle ne pouvait donc pas voir également, ses expressions du visage. C'était d'ailleurs rare qu'un client vienne aussi tôt. Cependant, elle se devait tout de même de l'accueillir comme il se devait. Tenant ses cookies et son thé sur un plateau, elle se décida donc de l'aborder. Elle sourit et avait un don très doux et chaleureux.
| Yuzuki-Clark Rosa : « Bonjour et bienvenue dans ma petite librairie. J'espère que je ne vous ai pas fait trop attendre, je vous ai entendu et du coup je suis sortie aussi vite que j'ai pu. [...] Je vois que vous avez déjà prit le temps de chercher un livre qui vous satisfait ! Si vous en voulez bien, j'ai préparé des cookies et du thé, c'est très bon pour se détendre et lire, et tout est fabriqué maison avec des produits issus du commerce équitable. Sinon, je peux me tenir à votre disposition pour vous aider. » |
Rosa descendit ensuite vers cet homme pour lui tendre son plateau. C'est comme ça qu'elle faisait avec tous les clients. Elle avait pu entrevoir le livre que lisait cet homme, Rosa connaissait parfaitement sa librairie et était capable de reconnaître un livre à vue.
| Yuzuki-Clark Rosa : « Tiens, j'ai lu ce livre récemment, je vous le conseille, il est excellent. Je me souviens quand ma mère me lisait ces contes, même aujourd'hui j'aime les relire encore et encore ! » |
Réactions de cet homme dans le prochain épisode !
______________________________ P.S. : Bonne Lecture, si il y a des choses que je dois changer, n'hésites pas à me le dire.
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| | | Sujet: Re: Une Nouvelle Famille Lun 25 Juin - 14:16 | |
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Jiro Yu
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Jiro, toujours en train de rire plus ou moins fort, entendit soudain quelqu'un parler derrière lui. Il se retourna violemment, stoppant ses exclamations, pour voir à qui il avait affaire.
« Bonjour et bienvenue dans ma petite librairie. J'espère que je ne vous ai pas fait trop attendre, je vous ai entendu et du coup je suis sortie aussi vite que j'ai pu. »
Une jeune femme se tenait en effet droite face à Jiro, portant un plateau avec quelques confiseries, prête à l'accueillir. Jiro fut presque surpris de l'apparition de la libraire, alors que sa présence était la plus rationnelle possible.
« Je vois que vous avez déjà prit le temps de chercher un livre qui vous satisfait ! Si vous en voulez bien, j'ai préparé des cookies et du thé, c'est très bon pour se détendre et lire, et tout est fabriqué maison avec des produits issus du commerce équitable. Sinon, je peux me tenir à votre disposition pour vous aider. »
Elle s'approcha sans hésiter de l'homme au visage naturellement figé qui se contentait toujours de fixer, incrédule, comme arraché à un rêve, la jeune femmes aux cheveux roses. Elle proposa les petits gâteaux à Jiro qui refusa d'un signe de tête.
« Tiens, j'ai lu ce livre récemment, je vous le conseille, il est excellent. Je me souviens quand ma mère me lisait ces contes, même aujourd'hui j'aime les relire encore et encore !
_ Votre...mère ? »
Jiro fut presque frappé par cette révélation, comme s'il était impossible que quelqu'un d'autre ait été en possession de ce livre. Pourtant, cette femme qui l'avait déjà lu, ou plutôt à qui on lui avait conté ces histoires, se créait un lien indirect avec Jiro. L'homme déchu s'identifia presque à cette femme, comme si elle pouvait le comprendre. Son visage, cependant, n'affichait aucune trace de ses questionnements ; il restait stoïque, presque froid.
« A vous aussi, on vous a raconté ces histoires... Elles sont belles, n'est-ce pas ? Presque... magnifiques. Je n'ai jamais été trop attiré par toutes les histoires du monde, mais celles-ci, racontées par mon frère, ont été primordiales pour moi. »
L'image encore floue de Taro, qui lisait à la lueur de la flamme, flottait toujours dans l'esprit du marionnettiste.
« La scène si naturelle de mon frère qui me lit ce recueil est aujourd'hui claire pour moi. C'est la métaphore du bonheur parfait ; la main juste et aimante au-dessus de nous, l'esprit vagabond bercé par les sonorités des différentes histoires, le cœur réchauffé par les flammes vacillantes. J'ai le sentiment que rien ni personne ne pourra m'offrir une telle récompense, une telle exaltation dans l'avenir. »
Un de ses sourcils se souleva mais le mouvement fut bref, presque imperceptible, mais ce fut tout de même quelque chose d'inhabituel, que Jiro transmette ses émotions, ses sentiments, grâce à son corps.
« Et vous... ? Ne trouvez-vous pas, sans doute, que relire chaque fois ces histoires sans la présence de votre mère vous éloigne peu-à-peu du sentiment de la première fois, où justement, votre mère était présente ? Chaque relecture est une déception car on ne peut frôler l'extase ressentie à la première lecture de ces contes. Mais alors, quelle est la solution ? »
Il délirait presque, et ne se préoccupait pas d'effrayer ou non la libraire. |
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| | | Sujet: Re: Une Nouvelle Famille Dim 1 Juil - 16:29 | |
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| Rosa posa son attirail de gâteaux et de boissons chaudes sur la table tout en ressentant la surprise, le décontenancement du jeune homme, lorsqu’elle en était venue à parler de sa mère. Toutefois, lorsque Rosa se retournait vers son hôte, aucun signe de la sorte ne pouvait être détecté. Cependant, au ton de sa voix, Rosa parvenait à comprendre plutôt facilement que ces histoires, ces contes, étaient quelque chose d’important pour cet homme. Il les avait tout de suite liés à son frère, comme elle l’avait fait pour sa mère. Quelque part, tous les deux avaient ce petit point commun. Rosa resta silencieuse ne sachant que vraiment dire à ce moment-là. Elle fit un signe de la tête pour inciter son interlocuteur à continuer de raconter son histoire, en tant que signe qu’elle l’écoutait. Il comparait alors cette scène au bonheur parfait. Automatiquement, Rosa se posait des questions, quel était ce bonheur parfait pour elle ? Il était clair que depuis qu’elle avait décidé d’écrire son livre, « The Help », c’était toute une série d’évènements malheureux qui se sont produits. La mort de Constantine, de Pepsi, la solitude et l’appréhension d’un futur qui lui est encore inconnu. L’attaque sur l’île, la révélation d’un pouvoir plutôt usant. La magie. Tout cela avait déjà contribué à faire de la vie de Rosa en Fiore un calvaire au moment présent. Cependant, voyant bien l’état d’esprit dans lequel était cet homme en face d’elle, Rosa ne pouvait se permettre de se focaliser sur elle, les efforts qu’elle ferait aujourd’hui pour donner une once de bonheur à cet homme, serait son bonheur à elle. C’est là qu’elle se décidait, elle allait utiliser ses capacités de rhétoriques et relationnelles pour aller vers cet homme. Après tout, elle avait été face à de nombreuses personnes dont l’esclavagisme et la soumission ont fermé les cœurs. Il suffisait qu’elle les écoute, et qu’elle les amène à s’ouvrir, à décharger leurs souffrances. Ces souffrances et ces vœux, celui de connaître un jour la liberté, c’était cela l’âme du livre qu’elle avait écrit. Rosa était également accueillante et hospitalière avec n’importe quelle personne. Cet homme ne ferait pas exception. Rosa allait utiliser ses talents pour atteindre le fond de la douleur de cette personne, et la transformer en bonheur.
Les propos tenus par l’homme n’étaient pas forcément étrangers à la jeune femme. De leur tristesse, ou de l’absence d’une chose dont ils témoignent, Rosa en oublie la peur. N’importe qui aurait pu le prendre pour un fou dans la sphère public, mais ici, c’était différent. Rosa avait peut-être été surprise lorsqu’elle avait entendu les premières répliques de l’homme, elle ne savait pas vraiment quoi faire et se demandait si il n’avait pas valu mieux de rester enfermée. C’est pour cela qu’elle écoutait silencieusement la conversation, qu’elle n’y ajoutait rien, car elle ne pouvait pas en rajouter. Cependant, elle se fit une idée de ce qu’il se passait.
Le bonheur parfait décrit par cet homme, ce n’était pas seulement que son frère lui lise des contes, des histoires. Il disait lui-même que ces histoires ne lui plaisait pas tant que ça, mais que celles-là avaient une signification particulière. Avec les éléments présents, Rosa pouvait déjà déterminer que son frère était ce qu’il manquait à cette personne. Il tenait tellement à lui que pour Rosa, son frère devait être quelqu’un qui l’a véritablement marqué, puisqu’ensuite, il le place au-dessus des autres, en disant que personne d’autre ne pourrait lui offrir une telle récompense. Ensuite, l’homme posait de manière intrigante une question à la libraire.
??? : « Et vous... ? Ne trouvez-vous pas, sans doute, que relire chaque fois ces histoires sans la présence de votre mère vous éloigne peu-à-peu du sentiment de la première fois, où justement, votre mère était présente ? Chaque relecture est une déception car on ne peut frôler l'extase ressentie à la première lecture de ces contes. Mais alors, quelle est la solution ? »
La Réponse de Rosa devait à la fois refléter ce qu’elle pense, sans aller dans le détail, sans le faire de manière explicite, et déclencher quelque chose, répondre à une grande interrogation. Rosa hésita un moment, regardant les yeux délirants de l’homme auquel elle faisait face, comme si il attendait une certaine réponse lui aussi. Ou alors, il pouvait s’attendre à ce que Rosa ne le satisfasse pas du tout. Après avoir hésité trop longtemps, Rosa savait que cela ne pouvait être bien. Elle se contenta de répondre d’une manière simple, sérieuse, mais toujours avec un sourire et une hospitalité qu’elle déployait toutes entière pour ses clients.
Rosa : « Voulez vous que je vous lise une des histoires contenues dans ce livre ? » |
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| | | Sujet: Re: Une Nouvelle Famille Ven 6 Juil - 12:22 | |
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Jiro Yu
| La jeune femme, patiente, écouta les questionnements de Jiro, puis répondit de manière franche.
« Voulez vous que je vous lise une des histoires contenues dans ce livre ? »
Jiro fut troublé par cette question. Il venait d'avancer le fait que jamais il ne pourrait retrouver l'extase des lectures de Taro, mais pourtant, cette femme avait proposé qu'elle aussi lui conte ces récits. C'était peut-être une manière à elle de dire qu'elle n'était pas d'accord avec ce qu'il avançait, car elle prétendait, de manière implicite, qu'il puisse être heureux grâce à sa lecture. Mais c'était faux, jamais la lecture de cette femme ne pourra combler celle de Taro, car Taro est son frère et c'est cette confiance fraternelle qui amplifiait l'intensité de la scène. Rien, jamais, ne délogera l'importance des liens familiaux, et c'est pour cela que la requête de cette femme était un non-sens. Elle devait elle aussi savoir pertinemment que sa tentative était vaine. Pourquoi l'avait-elle donc prononcée ? Si Jiro n'atteignait pas ce bonheur idéal, il resterait mélancolique, voire malheureux. Voulait-elle son malheur ? Jiro fronça légèrement les sourcils.
« Non. »
La réponse fut brève, simple, sortant de la bouche du marionnettiste comme un crachat. La femme avait une expression sérieuse, presque compatissante, comme si elle était réellement à l'écoute de Jiro. C'était tout de même la première fois depuis longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé face à une personne qui lui prêtait une attention de cette importance.
« Mon frère est mort. Comme toute ma famille. Je suis complètement seul, et je ne sais pas si c'est égoïste d'avoir refusé votre proposition, car je me plains de leur absence, de ma solitude, mais je ne veux pas nouer de lien avec les autres, par peur d'être déçu. Car je ne pourrai jamais remplacer ma famille. Surtout... ils aimaient ce que j'étais. Ce que je suis. Ici, personne ne peut... »
Sa voix se perd dans un silence profond. Il ne sait plus quoi dire, plus quoi faire. Après tout, il ne connait pas les intentions réelles de la femme. Libraire, oui; mais que ferait-elle des informations que Jiro lui a livré ? Sa méfiance naturelle revint s'installer en lui et son visage se ferma, bien qu'il continuait à fixer la femme. |
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| | | Sujet: Re: Une Nouvelle Famille Ven 20 Juil - 19:03 | |
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| Rosa avait gentiment proposé de lire cette histoire à cet homme qui semblait épuisé, fatigué. Rosa observa un bref moment d'hésitation, il y a quelques secondes, il était prêt à mettre fin à sa vie dans un élan de pulsion de mort. Et à l'instant ou la jeune femme avait proposé de lire cette histoire, quelques secondes, même pas, de pondération. Cette histoire, cette lecture pouvait-elle réellement changer quelque chose ? Rosa commençait un petit peu à douter d'elle-même, mais cette proposition était la première solution qui était venue à son esprit. La question était de savoir si Rosa pouvait vraiment restituer la même sensation que le faisait son frère, et la réponse était très certainement "non", ce n'était pas la même personne, et ne se connaissaient même pas. Ils venaient à peine de se rencontrer et leur conversation est presque le résultat du hasard. Mais ce "non" que l'homme utilisa pour répondre à la proposition de Rosa, ce n'était pas un "non" entier, puisqu'il est le résultat de ces instants d'hésitation. Il n'était probablement pas catégorique pour Rosa, qui, ne pouvant ignorer ce qu'il se passait devant elle, la profonde tourmente à laquelle était confronté son client, elle ne pouvait tout simplement pas l'ignorer.
??? : Mon frère est mort. Comme toute ma famille. Je suis complètement seul, et je ne sais pas si c'est égoïste d'avoir refusé votre proposition, car je me plains de leur absence, de ma solitude, mais je ne veux pas nouer de lien avec les autres, par peur d'être déçu. Car je ne pourrai jamais remplacer ma famille. Surtout... ils aimaient ce que j'étais. Ce que je suis. Ici, personne ne peut.
Cette réponse laissa Rosa silencieuse un moment, elle digérait la nouvelle, elle venait juste d'apprendre que toute la famille de cet homme est décédée. Cela ne laissait plus de place au doute quand à sa solitude, sur son renfermement. Cependant, les deux personnes avaient un point commun qui n'en est pas un à la fois. Rosa ne pouvait pas s'empêcher de comparer la situation de cet homme à la sienne : la mère biologique de Rosa est morte à sa naissance, et a du donc vivre sous les ailes de Constantine, et sous la tutelle de madame Leefolt. Son père est une personne dont elle n'a jamais entendu parler. Et aujourd'hui, Constantine et toutes les femmes qui l'avaient soutenue sont également soit très éloignées, soit décédées. Le plus gros point commun entre Rosa et cet homme, c'était une certitude, la certitude qu'ils n'avaient plus personne pour les soutenir. La certitude qu'ils étaient désormais seuls, confrontés à un monde effrayant, différent. Et si cet homme avait cette histoire comme totem rappelant les doux souvenirs de la famille, Rosa elle avait les journaux de Constantine, de sa mère, et également une passion qui lui avaient été transmise par ces-dernière : l'écriture.
Alors Rosa avait eu une idée, peut-être que celle-ci marcherait. Elle alla dans un des rayonnages en prévenant son client qu'elle reviendrait à l'instant. Et pas plus d'une minute plus tard, elle tenait un autre livre, un livre différent : " Le vilain petit canard ", ce conte pour enfant, c'était l'histoire d'un petit caneton dont la mère fut tuée par un chasseur, cet oeuf est recueilli et à son éclosion, il s'avère que le caneton est différent des autres de sa nouvelle famille, il devra faire face au rejets consécutifs. Cette histoire semblait appropriée pour cet homme, il se sentait différent des gens d'ici, et avait perdu sa famille. Son désir est de retrouver, ou de trouver ce qui pourrait lui procurer la même sensation, mais également, Rosa avait l'impression que quelque part, il se sentait mal dans sa peau. C'est pourquoi il se sent différent. Rosa espérait de son âme entière qu'il accepterait de donner un peu de temps à la lecture. Rosa avait également besoin des enseignements de ce livre quelque part, s'accepter soi-même, et faire face au changement, à la différence, c'était aussi son problème.
Rosa : « Vous savez, je pense comprendre ce que vous ressentez, mais je vous remercie de vous être confié à moi, cela a du être une épreuve très difficile. C'est en effet difficile de dire ce que l'on a sur le cœur. J'aimerais que vous écoutiez cette histoire. Si vous me le permettez, prenons place sur ces fauteuils, et laissez moi vous raconter cette histoire. Pour moi aussi, c'est compliqué d'exprimer mes sentiments et ce qui pèse sur mon âme, mais j'ai l'impression que cette histoire pourra réellement nous aider. Qu'en dites vous ? »
Il hésita un moment et devant l'insistance de Rosa, il céda, presque à contre-coeur. Presque dépité. En même temps, pour lui, personne ne pourrait remplacer son frère, mais cela n'allait rien changer à sa vie d'entendre l'histoire de Rosa. En ce sens, il lui semblait qu'il n'avait ni rien a gagner, ni rien a perdre, et du temps ... C'était cette longue et interminable recherche qui se profilait devant lui, c'est pourquoi il répondit un simple
??? : « Oui »
Ainsi, Rosa put commencer son histoire ..
Rosa : « Ah ! Qu’il faisait bon, dehors dans cette campagne ! C'était l'été, une cane, assise là, sur son nid couvait consciencieusement ses canetons ; pourtant elle commençait à en avoir assez, car cela durait depuis quelque temps déjà. Soudain les oeufs craquèrent, les oisillons brisaient leur coquille en sortant la tête l’un après l’autre. Cependant, un oeuf ne voulait pas se percer. C’était le plus gros d’entre tous. La cane soupira et se résigna à attendre ; elle se recoucha pour tenir cet oeuf bien au chaud sous son ventre. Enfin le gros oeuf creva et un étrange petit canard apparut. Il était grand, tout dégingandé et terriblement laid. La cane le regarda fixement et elle dit : - Voilà un caneton vraiment différent, aucun des autres ne lui ressemble, il est gris et si gros ! Mais qu’importe ! Elle prit ses petits sous son aile, et tous ensemble partirent faire une promenade sur le lac.
Le lendemain, il fit un temps délicieux alors, la mère cane vint présenter la nouvelle famille à tous les animaux de la basse-cour ; mais lorsque ceux-ci s’aperçurent de la différence du dernier venu, les réactions ne se firent pas attendre. - Celui-là, nous n'en voulons pas ! Et aussitôt une cane lui mordit le cou. - Laisse-le tranquille, dit la mère, il ne fait de mal à personne. - Non peut être, dit la cane qui avait mordu, mais il est trop grand et trop laid. - Il n'est pas beau, mais il a bon caractère, et il nage magnifiquement bien. Il est resté trop longtemps dans son oeuf, voilà pourquoi il est si gros. Hélas le pauvre vilain caneton fut mordu, bousculé, nargué toute la journée, et ce fut de pire en pire ensuite. Le pauvre petit fut pourchassé par tout le monde, même ses frères et soeurs le rejetaient. Un jour, sa mère lui dit : - Je voudrais que tu sois bien loin mon chéri ! Alors le vilain petit canard s'envola par-dessus la haie et parvint cahin-caha au grand marais habité par les canards sauvages. Il se cacha dans un coin et il y passa toute la nuit, très las et très triste. »
Rosa se demandait si a ce niveau là, le message transmit par l'histoire ne déclencherait pas de colère chez cet homme, mais elle savait pertinemment que si elle terminait l'histoire, il comprendrait. C'est pour ça que même si le début était triste, Rosa essayait de lire de la voix la plus douce possible, pour réduire au maximum la tension présente à la fois en cet homme et en elle-même... |
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| | | Sujet: Re: Une Nouvelle Famille Sam 28 Juil - 15:40 | |
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Jiro Yu
| Jiro était toujours face à la femme, méfiant par rapport aux intentions obscures de cette dernière. Il ne pouvait cependant déroger le jeu de regards qu'ils avaient débutés, où il pouvait voir une sorte de compassion sincère. Mais il était le mieux placé pour savoir manipuler son entourage, et peut-être que sa détresse contribuait au fait qu'il ne puisse reconnaître quelques symptômes d'avarice chez la femme.
Face à son premier refus, la femme ne jeta pas ses armes et continua à progresser vers son but. Déterminée, elle continua, patiente, à vouloir aider le marionnettiste.
« Vous savez, je pense comprendre ce que vous ressentez, mais je vous remercie de vous être confié à moi, cela a du être une épreuve très difficile. C'est en effet difficile de dire ce que l'on a sur le cœur. J'aimerais que vous écoutiez cette histoire. Si vous me le permettez, prenons place sur ces fauteuils, et laissez moi vous raconter cette histoire. Pour moi aussi, c'est compliqué d'exprimer mes sentiments et ce qui pèse sur mon âme, mais j'ai l'impression que cette histoire pourra réellement nous aider. Qu'en dites vous ? »
La femme est trop aimable, et le jeune homme est alors engagé dans des sentiments contradictoires. Une voix le pousse à s'enfuir le plus vite possible. Une autre lui somme de tuer cette femme qui en sait trop sur lui. Enfin, une dernière voix, la plus douce, lui demande de s'asseoir avec cette femme. Et c'est cette douce voix qu'il écoute. La voix de Taro, une voix pleine d'émotion, contrairement à la sienne. Il replonge dans l'enfance, tandis que la femme commence son récit, et petit-à-petit, les livres empilés les uns sur les autres deviennent les murs de sa chambre d'enfance; l'odeur des biscuits se confond avec celle d'un feu récemment allumé, et la voix de la femme devient aussi chevrotante que celle de Taro.
Pendant le récit de la femme, Jiro fut une nouvelle fois soumit à des sentiments dévastateurs. Mais il ne pouvait pas tomber, comme s'il était attaché, relié à la femme, par une corde qui s'échappait de son ventre et qui rentrait dans le ventre de l'interlocutrice. Sa bienveillance, aux yeux de Jiro, la fit se confondre avec l'image fantomatique de Taro. Mais cette femme ne pouvait être de sa famille, c'était indéniable. Et personne n'avait la force des liens familiaux. Jiro écoutait toujours d'une oreille quelque peu distraite le récit de la femme, et une image subite lui vint en tête : celle de Sayuki, la petite amie de Taro. Elle n'était pas de la famille, cette jeune femme, et pourtant, elle le comprenait. Quelque part, dans le monde, même sans famille, quelqu'un peut nous comprendre. Est-ce cette femme, là, devant lui?
« ...Il se cacha dans un coin et il y passa toute la nuit, très las et très triste. »
Elle marqua une légère pause, et Jiro bondit sur l'occasion, comme revigoré, pour parler.
« Je crois connaître cette histoire. Le vilain petit canard s'éloigne de sa "famille" et parcours le monde, rejeté encore et toujours par ceux qu'il rencontre, jusqu'au jour où il rencontre des cygnes et c'est alors à ce moment qu'il se rend compte qu'il est lui aussi un cygne. Il finit heureux parmi les siens. C'est une métaphore. Continuer sans faire attention à ceux qui nous rejette jusqu'à ce qu'on trouve quelqu'un qui nous ressemble. Ma famille absente, je suis rejeté par tous. Je suis sorti de mon œuf quand ma famille a été tuée. La famille qui rejette le canard, ce sont les personnes que j'ai rencontré jusqu'à présent. Mais je dois continuer mon chemin jusqu'à ce qu'une personne me comprenne et m'accepte réellement. »
Il esquisse un sourire imperceptible, reprenant confiance en lui. Son aura malfaisante semble reprendre contrôle sur sa personne, à l'instar de la voix douce de son enfance qui disparait en lui. Sa mélancolie s'évapore progressivement. Il est comme amusé par la situation, à présent. Il ne veut plus partir. Il veut jouir de la situation dans laquelle il est.
« C'est une belle histoire. Je veux bien croire, à présent, que quelqu'un m'attend quelque part. Donc je marcherai vers cette finalité. Et je fais le premier pas dès maintenant. »
Il montra son sourire, un sourire faux, bien sûr, joué. Mais c'est pour ensorceler la femme, soit elle tombe sous le charme, soit elle est tétanisée par l'aura malsaine qui s'échappe de l'homme. Jiro, de son côté, jubille. Il a l'impression de sortir de l'enfance. Tous les fondements sur lesquels se basaient la période de transition qu'il a connu jusqu'à présent, de la mort de ses parents jusqu'à aujourd'hui, prennent forme en quelque chose de concret, et progressivement de nouvelles idées, de nouveaux buts lui viennent en tête. Il ne reculera pas cette fois, toute peur, toute nostalgie s'est enfuie.
« Très bien, on va voir si vous aussi, vous êtes adepte de ce conte. Je m'appelle Jiro Yu, je suis le descendant des Yu, aujourd'hui tous morts, sauf moi. Je porte donc le devoir en moi de faire revivre la lignée. Nous habitons un pays lointain, tu n'as sans doute pas entendu parler de nous. Mais là bas, nous étions connus pour un fait inconcevable : nous sommes les meilleurs assassins qu'il soit. »
Il lui laissa digérer cette nouvelle en augmentant la taille de son sourire. On aurait dit une mauvaise grimace tellement il était peu habituer à faire bouger les traits de son visage.
« Moi aussi, je tue des gens. J'en ai tué un nombre incalculable, si bien que ce désir s'est incrusté en moi. J'aime tuer, je l'accorde, et je connais l'opinion des gens sur le meurtre, mais je ne me juge pas comme un assassin comme on en trouve la plupart du temps. Mon travail est bien fait, un travail d'expert. Oui, c'est un travail, les gens me payent pour ça, je ne tue pas quelqu'un par envie - même si, je le répète, une envie insondable parcours mon corps et me pousse à tuer les gens. »
Il pencha sa tête vers la femme, assise face à lui, mais sans trop de brusqueries car au fond de lui, il ne veut pas lui faire peur.
« On ne m'a pas payé pour vous tuer, donc je vous laisserai tranquille, sauf si, on ne sait jamais, je perds les moyens et cette force qui me pousse au meurtre prend le dessus sur moi. Là, je ne peux rien assurer. Mais bref, maintenant que je me suis confié à vous, que ferez-vous, ma chère amie ? Me livrerez-vous aux autorités ? Me laisserez-vous partir ? Vous pourrez vivre avec le souvenir d'avoir laissé un criminel ressortir indemne de votre librairie, un criminel poser sa main sur la tête des enfants qui grouillent dans les rues de Crocus ? Voilà mon histoire, maintenant à vous d'écrire la suite. Êtes vous un cygne, tout comme moi, ou un canard ? Dois-je espérer voir en vous une nouvelle famille, ou alors, dois-je passer mon chemin car vous me rejetez comme les autres ? »
Son sourire s’affaissa, sans pour autant disparaitre, tandis qu'il se redressa sur son fauteuil pour mieux voir, de loin, les réactions de la femme. |
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| | | Sujet: Re: Une Nouvelle Famille Dim 29 Juil - 21:35 | |
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Rosa observait de temps en temps les réactions de l'homme au fur et à mesure qu'elle lisait. Elle repérait les passages qui étaient susceptibles de le faire réagir. Les passages qui délivraient un message littéraire et une 'morale' à adopter. Mais le fait qu'il accepta sans rien dire d'écouter Rosa était déjà une victoire en soi. Pendant la lecture, c'était comme si l'un cherchait en l'autre quelqu'un qu'ils recherchaient depuis longtemps. Si l'individu qui lui faisait face recherchait l'héritage de ses proches, Rosa elle, elle cherchait la vérité cachée derrière cet homme. Et lorsqu'elle aura trouvé cette vérité, elle aura trouvé quelque chose de plus important encore. Quelque part les deux avaient quelque chose en commun très enfoui. Quelque part. Un endroit ou même Rosa qui semblait d'un point de vue extérieur plus sereine que cet homme, ne pouvait atteindre pour le moment. C'est également soudainement que cet homme décida d'interrompre l'histoire. C'était l'une de ces réactions que Rosa attendait. Son cœur commençait à battre plus rapidement. Cette conversation prenait physiquement un aspect capital. Et pour une certaine raison, elle devait avoir lieu ici-même, à ce-moment même et pas un autre. Il coupait avec une motivation nouvelle. Cependant, si cette motivation est affichée, Rosa ne pouvait pas savoir à ce moment-là ce qu'elle cachait.
??? : Je crois connaître cette histoire. Le vilain petit canard s'éloigne de sa "famille" et parcours le monde, rejeté encore et toujours par ceux qu'il rencontre, jusqu'au jour où il rencontre des cygnes et c'est alors à ce moment qu'il se rend compte qu'il est lui aussi un cygne. Il finit heureux parmi les siens. C'est une métaphore. Continuer sans faire attention à ceux qui nous rejette jusqu'à ce qu'on trouve quelqu'un qui nous ressemble. Ma famille absente, je suis rejeté par tous. Je suis sorti de mon œuf quand ma famille a été tuée. La famille qui rejette le canard, ce sont les personnes que j'ai rencontré jusqu'à présent. Mais je dois continuer mon chemin jusqu'à ce qu'une personne me comprenne et m'accepte réellement.
Pour Rosa qui était habituée à interviewer et converser avec des gens qu'elle ne connaissait pas grâce à l'écriture de son livre de témoignages "The Help". Elle avait interviewé toute la population de son ancien foyer natal pour y retranscrire leurs histoires, leurs émotions, leurs peurs et leurs espoirs. Dans le cas de Jiro, la "prise de conscience", si nous devions l'appeler comme cela cachait quelque chose de particulier. Ce n'était pas quelqu'un qui réalisait, mais quelqu'un qui savait déjà. C'était donc la suite qui devait sans doute être la plus dure a venir. Rosa déglutit lorsqu'elle ce sourire et ces yeux plutôt sinistres. Elle ne pouvait qu'attendre que tout vienne.
??? : Très bien, on va voir si vous aussi, vous êtes adepte de ce conte. Je m'appelle Jiro Yu, je suis le descendant des Yu, aujourd'hui tous morts, sauf moi. Je porte donc le devoir en moi de faire revivre la lignée. Nous habitons un pays lointain, tu n'as sans doute pas entendu parler de nous. Mais là bas, nous étions connus pour un fait inconcevable : nous sommes les meilleurs assassins qu'il soit.
Enfin un bout d'histoire. Au moins Rosa avait eu une victoire, commencer a avoir des bribes d'histoire de cet homme. C'était à ça qu'elle voulait l'amener, à s'ouvrir. Mais le plus problématique était toujours cette aura malsaine et cette confiance en soi si soudaine. Même Rosa qui fut souvent confrontée à des interviewés très aigris par la colère ou des farceurs qui essayaient de lui faire perdre confiance. Ce regard et ce sourire lui causaient un malaise intérieur. Elle contenait au maximum toutes les manifestations extérieures de ses émotions en se répétant qu'elle devait afficher et poser un regard neutre sur tout ce qu'il se passait. C'est comme cela qu'elle devait agir. Cependant, en tête, ce sont les souvenirs d'enfance qui refirent surface, cette exclusion permanente car elle n'était pas comme les autres. Elle n'était pas belle physiquement ce qui l'écartait des évènements mondains de son adolescence. Elle était traitée et montrée du doigt par toutes les autres filles qui avec du recul, n'étaient pour Rosa que des suiveuses qui n'auront fait que des choses superficielles dans leurs vies. (Et ce fut le cas). Constantine avait rappelé à Rosa ce qu'était véritablement être une femme, ce qu'était véritablement l'audace et la beauté. Mais malgré tout, cette époque est une blessure enterrée au plus profond de l'âme de la jeune femme. S'en souvenir ne lui faisait pas forcément pas plaisir. Et pourtant, en portant les pincements de l'amertume, elle faisait tout pour ne pas perdre la face devant Jiro.
Jiro : Moi aussi, je tue des gens. J'en ai tué un nombre incalculable, si bien que ce désir s'est incrusté en moi. J'aime tuer, je l'accorde, et je connais l'opinion des gens sur le meurtre, mais je ne me juge pas comme un assassin comme on en trouve la plupart du temps. Mon travail est bien fait, un travail d'expert. Oui, c'est un travail, les gens me payent pour ça, je ne tue pas quelqu'un par envie - même si, je le répète, une envie insondable parcours mon corps et me pousse à tuer les gens.
Pour une raison étrange, Rosa n'avait même pas eu besoin de ces aveux pour comprendre que quelque chose de grave s'est passé. Les yeux de Rosa se dilatèrent et cela fut le seul signe visible à l'extérieur de la surprise. Les opinions de Rosa sur le meurtre étaient encore fraîches, car il s'agissait du meurtre des deux personnes les plus importantes de sa vie. Constantine et Pepsi. Pendant quelques instants, Rosa était confuse entre sa subjectivité et son devoir d'être objectif. Pour elle, c'était clair que la violence n'était pas une réponse, c'est pour ça qu'elle utilisait l'écriture pour exposer la vérité sans recourir à de tels moyens. Mais pour Jiro, la violence n'avait même pas de but premier. Si les objectifs secondaires étaient l'argent, la célébrité. Le principal était de répondre à un besoin. Elle fixa les yeux toujours aussi sinistres de Jiro pour se rendre compte de la véracité de ses propos. Cette confiance, cette fierté et cette manière de le dire. Tout était clair. Elle continua de le laisser parler.
Jiro : On ne m'a pas payé pour vous tuer, donc je vous laisserai tranquille, sauf si, on ne sait jamais, je perds les moyens et cette force qui me pousse au meurtre prend le dessus sur moi. Là, je ne peux rien assurer. Mais bref, maintenant que je me suis confié à vous, que ferez-vous, ma chère amie ? Me livrerez-vous aux autorités ? Me laisserez-vous partir ? Vous pourrez vivre avec le souvenir d'avoir laissé un criminel ressortir indemne de votre librairie, un criminel poser sa main sur la tête des enfants qui grouillent dans les rues de Crocus ? Voilà mon histoire, maintenant à vous d'écrire la suite. Êtes vous un cygne, tout comme moi, ou un canard ? Dois-je espérer voir en vous une nouvelle famille, ou alors, dois-je passer mon chemin car vous me rejetez comme les autres ?
Le regard de Jiro se rapprochait dangereusement de la jeune femme. C'était l'impression qu'elle avait. Ce n'était pas un corps, c'était un visage, seulement un visage qui retenait toute l'attention de la libraire. Intérieurement, Rosa se sentait en danger, elle avait déjà jaugé tout à l'heure jusqu'à ou Jiro pourrait aller. Et elle savait qu'il n'hésiterais pas à la tuer. Cependant, ce qu'elle répondit ensuite, Rosa serait incapable de donner des raisons. La peur ? Le besoin de se contrôler et aussi d'aider quelqu'un dans le besoin ? Le fait est que la conversation avait prit un tournant non-négligeable.
C'était peut-être un point de non retour pour les deux personnes. Il n'y avait pas le temps de réfléchir à des mots. Il y eut le temps pour agir. Car progressivement, c'est l'aura de Rosa qui gagnait en puissance. Pour une raison plutôt inconnue son contenu doux et chaleureux gagnait en puissance. Et lorsque Rosa sentit la magie fluctuer en elle, elle réalisa qu'elle-même avait une rage similaire à celle de Jiro. Pourquoi s'acharnait-elle a trouver ce que cache le cœur de cet homme ? Car la valeur vérité avait pris une place si importante pour la jeune femme, depuis qu'elle s'est décidée à se lancer dans sa carrière d'écrivain, qu'elle se battrait jusqu'au bout pour elle. En ce qui concerne Jiro, Rosa était persuadée qu'elle pourrait l'aider si elle savait la vérité. Elle avait toutes les cartes en main...
Rosa essayait de se détacher du regard de Jiro, vers la gauche, vers la droite, mais quoiqu'il arrive, les pupilles revenaient toujours vers le centre. Elle essaya de bouger, aucun de ses membres ne répondaient. Elle était presque tétanisée. Mais sa combativité créé a un miracle. La chaleur, l'hospitalité et l'amour, mais aussi cette rage, cette ardeur a vouloir secourir une personne en difficulté lui permit de bouger ses deux bras et seulement ses deux bras, pour se saisir de Jiro, et l'enlacer contre elle. Elle lui glissa a l'oreille en utilisant toute ses forces ... Quelque part Rosa ne se contrôlait pas, car en temps normal, elle n'aurait jamais fait cela. Mais cette sensation de danger, et cette prise de conscience ont fait tourner la roue du destin.
Rosa : Je me bats pour la vérité. Je l'ai eue, et cela me suffit. C'est un cygne que j'accepte ce que vous avez été. Ce que vous êtes. Et ce que vous serez. Vous avez cette même rage à chercher une famille que j'ai en moi pour trouver la mienne. Est-ce que vous avez une place dans ce monde ? Est-ce que j'ai une place dans ce monde ? Avec qui sommes nous supposés restés. Ce sont les questions qui nous hantent que nous voulons résoudre. Parfois, les doutes obscurcissent nos pensées. Vous m'avez pourtant faite réalisé que j'avais également un combat à mener, un combat que j'avais suspendu à cause de mes doutes. Quand à vous, vous allez vous battre pour être accepté ici. [...]
Si vous le voulez, nous pouvons combattre ensemble, main dans la main.
Petit à petit, les mouvements de Rosa se fluidifièrent et il devenait possible pour elle de se détendre. Elle avait autre chose à dire. Concernant les anciens crimes de Jiro, car il était vrai qu'elle ne pouvait pas taire ce sujet. Elle reprit lentement sa respiration et prit une voix plus douce que pour la réplique précédente :
Rosa : Vos crimes sont des crimes graves certes. Mais je ne vous connait pas encore assez. Alors je vais vous dire une seule chose. Ma mère a commit un crime également, et mon but est d'en savoir plus à son propos, et tant que je ne saurais pas la vérité. Une culpabilité et une douleur lancinante habiteront toujours mon cœur et mon corps. Je souhaiterai qu'ensemble, nous essayions de passer à autre chose, sans oublier nos objectifs respectifs. Que vous essayiez d'oublier vos anciens crimes. Que j'essaie d'oublier ma culpabilité. Pour que vous trouviez une famille, et pour que je retrouve la mienne. En attendant, soyons tous les deux notre famille, si vous le voulez...
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| | | Sujet: Re: Une Nouvelle Famille Mer 1 Aoû - 13:01 | |
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Jiro Yu
| Les yeux bleus de la jeune libraire se noyaient dans ceux de Jiro sans pouvoir s'y détacher. Elle avait bu les paroles du marionnettiste sans esquisser une violente réaction comme il avait pu en rencontrer lorsqu'il avouait sa nature à ceux qu'il allait tuer. Certains devenaient fous quand il annonçait qu'il était un tueur. Elle, elle restait sereine. Jiro fut presque impressionné. Il n'avait pas rencontré beaucoup de gens capable de garder un tel sang-froid alors qu'il venait d'ôter le masque.
Une tas de possibilité s'ouvrit à son esprit. Il n'avait pas envie de tuer cette femme juste par la détermination et la droiture qu'elle avait montré. Mais il lui avait offert son identité et son visage. Après tout, il avait déjà rencontré Miku et Chris dans la semaine qui l'avaient reconnus aussi. Il avait également le pouvoir de changer d'apparence à volonté. Il était actuellement même caché dans une marionnette, son visage stoïque n'était pas son réel visage. Pour cette femme, il était capable de changer de visage. Ainsi, il se fondrait dans la masse sans réelles difficultés avec la justice de ce pays. Incognito, il continuera à arpenter les rues de Crocus en quête de vie.
Et enfin, après avoir largement digéré la nouvelle de l'identité de Jiro, la femme esquissa un premier mouvement. Elle se redressa sur son siège et s'approcha de Jiro. Ce dernier se crispa légèrement, prêt à intervenir si elle l'attaquait. Les deux bras de la libraire se levèrent et s'approchèrent dangereusement. Jiro glissa deux de ses doigts dans une poche de sa veste et toucha une aiguille épaisse, prêt à tuer la femme si elle était trop dangereuse. Pourtant, quand ses bras touchèrent Jiro, il sentit une étrange aura. Quelque chose de bon. La femme ne portait pas de mauvaises intentions. Elle se contenta d'enlacer l'assassin. Jiro relâcha l'aiguille par stupeur. Elle faillit tomber à terre, mais se posa délicatement sur le fauteuil et roula jusqu'au fond du siège, derrière Jiro, où elle s'y cala. Jiro resta de marbre face à l'accolade de la femme. Mais il était détendu. Il n'avait plus peur. La bouche de la femme se rapprocha de l'oreille du marionnettiste. Il sentit l'étrange rythme de la respiration de la femme, puis elle parla.
« Je me bats pour la vérité. Je l'ai eue, et cela me suffit. C'est un cygne que j'accepte ce que vous avez été. Ce que vous êtes. Et ce que vous serez. Vous avez cette même rage à chercher une famille que j'ai en moi pour trouver la mienne. Est-ce que vous avez une place dans ce monde ? Est-ce que j'ai une place dans ce monde ? Avec qui sommes nous supposés restés. Ce sont les questions qui nous hantent que nous voulons résoudre. Parfois, les doutes obscurcissent nos pensées. Vous m'avez pourtant faite réalisé que j'avais également un combat à mener, un combat que j'avais suspendu à cause de mes doutes. Quand à vous, vous allez vous battre pour être accepté ici. »
Jiro n'aurait jamais cru être confronté à cette situation. Cette femme l'acceptait sans hésiter et de manière authentique, sincère. Elle portait dans son regard une détermination sans faille, et elle était sûre d'elle. C'était une femme capable de grandes choses, il le savait. La trempe de son caractère était forte. Elle ressemblait à Sayuki par le fait qu'elle aussi avait accepté l'existence des Yu et s'était immiscée dans leur vie sans porter préjudice à leur caractère d'assassins.
«Si vous le voulez, nous pouvons combattre ensemble, main dans la main. »
Jiro se dégagea légèrement, bougeant des épaules pour forcer la femme à reculer. Il pu alors voir son visage. Elle ne portait pas de masque, contrairement à lui. Elle lui était supérieure, et il sentit ses moyens se perdre. Il ne pouvait plus rien faire contre elle. Il ne voulait plus. Le bout de ses doigts cherchèrent l'aiguille, en vain. Elle avait disparue, comme son appréhension.
« Vos crimes sont des crimes graves certes. Mais je ne vous connait pas encore assez. Alors je vais vous dire une seule chose. Ma mère a commit un crime également, et mon but est d'en savoir plus à son propos, et tant que je ne saurais pas la vérité. Une culpabilité et une douleur lancinante habiteront toujours mon cœur et mon corps. Je souhaiterai qu'ensemble, nous essayions de passer à autre chose, sans oublier nos objectifs respectifs. Que vous essayiez d'oublier vos anciens crimes. Que j'essaie d'oublier ma culpabilité. Pour que vous trouviez une famille, et pour que je retrouve la mienne. En attendant, soyons tous les deux notre famille, si vous le voulez... »
Elle était bonne. Peut-être trop. L'espoir incertain qu'elle comprenne ses meurtres et les approuve s'envola quand elle lui demanda de tout oublier. Au fond de lui, il savait que c'était impossible. Ce n'était pas quelque chose qu'on pouvait contrôler; c'était elle qui contrôlait nos actes, elle qui décidait quand on était repu. Mais le regard de la femme, presque imposant, était trop fort. Jiro baissa les yeux, prêt à mentir.
« J'ai été élevé dans un environnement où le meurtre est banal. Pour moi, c'était normal. Mais quand j'ai découvert le monde jusqu'à aujourd'hui, j'ai compris que c'était mal. Mais les vieilles habitudes sont mauvaises à réprimer... Je ne sais pas vraiment comment m'y prendre. J'étais seul, rien ne pouvait contrôler ce désir naturel. Mais maintenant... »
Il releva la tête pour plonger dans le regard de la femme.
« Je pense avoir trouvé quelqu'un capable de m'apaiser. »
Au loin, on entendait un clocher sonner. Jiro garda le silence en écoutant chaque coup, chaque glas résonner dans la pièce, puis il reprit.
« J'accepte d'être votre famille. Ensemble, nous pourrons avancer et sortir de ce chemin tumultueux où nous étions figés aujourd'hui. Je veux qu'on me rende bon. Brave. Et je veux aider les autres. Je ne souhaite à personne de rentrer dans l'infâme instance que j'ai connu, et je serai prêt à tout faire pour éviter que les gens vivent ça. Et pour mes crimes... Je ne sais pas si un quelconque dieu me surveille, mais si oui, j'aimerai qu'il voit à présent que je suis prêt à me repentir. A compenser les horribles pertes que j'ai causées par une aide sans limite aux personnes. A commencer par vous. »
Il se rendit alors compte qu'il ne connaissait rien de cette femme, mise-à-part son statut de libraire. Qui était-elle réellement ? Quelle était son histoire, son identité ? Quels étaient ses cauchemars, ses démons ? Il garda le silence, essayant de transmettre ces questions par le regard qu'il vouait à la femme. |
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| | | Sujet: Re: Une Nouvelle Famille Jeu 16 Aoû - 21:58 | |
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Lorsque Rosa s'avança vers Jiro avec toute la compassion présente en sa personne, elle savait que toutes ses intentions ne se résumaient qu'à une chose, aider cet homme. Tout ce qu'elle ne pouvait pas savoir, c'est qu'en tendant les bras avec une telle innocence, en fermant les yeux sur la réalité, en faisant abstraction de sa criminalité, en se lançant dans des discours d'altruisme trop fortement dosé, lorsque avec empathie elle le regardait, puis le comprenait, en s'ouvrant totalement à une personne qu'elle venait seulement de rencontrer ... elle venait de faire la plus grosse erreur de sa vie, et peut-être, n'aurait-elle plus d'occasion d'en faire des erreurs.
Un objet mince et perçant passa à travers la chair tendre de la jeune femme ... *Spouik* Rosa : Ugh...
Le liquide rouge virant noir commençait à couler depuis le front de la libraire, lentement, presque comme ci c'était les fonctions cérébrales de la femme qui commençaient à pleurer la fin de leurs vies. Lentement, jusqu'à atteindre le bout du menton, point à partir duquel les gouttes tombaient une à une sur le sol de la boutique .... *Plouc ... Plouc* Rosa : Pour ... quoi ... ?.
Une petite série de faibles onomatopées *Mmm... Mmm Mmm... Mmm Mmm Mmm*, puis de grands rires aux sonorités sinistres étaient envoyés depuis les cordes vocales de Jiro *Hahahahaha* Satisfait de ce qu'il avait fait, la jouissance se voyait à son expression à la fois folle et heureuse ... Jiro : Toi ?! Ma famille ?! Mais bien sûr, comme si une chienne que j'aurais rencontré dans la rue suppliant de trouver un nouveau maître pouvait être ma famille. Je suis un assassin, ma famille, je la descend. les autres, je les descend aussi. Et toi, la clocharde comme les autres ne fera pas exception à cette règle.
Les sensations de Rosa se désactivaient progressivement, les paupières de la jeune femme devenaient lourdes et sa vision trouble, ne voyant presque qu'une vision fantomatique de son meurtrier. Son rire fou, ses mots démoniaques. A son tour, le corps ne devint qu'un vulgaire légume, un poireau qui avait perdu son sens de l'équilibre, qui s'écrasa lamentablement contre le sol. Et comme si cela n'était pas suffisant ... *Spouik, Spouik, Spouik* Jiro : Crèves ! Crèves putain ! CRÈVES !!!!
Trois autres aiguilles vinrent percer trois parties aléatoires du corps de la jeune femme. L'homme ne visait pas du tout, le besoin ne s'en faisait de toute façon pas ressentir. Si ce n'était pas une cible mouvante, ce n'était qu'un jeu d'enfant pour Jiro d'atteindre sa proie. Par contre, la férocité avec laquelle il avait lancé ces aiguilles, c'était tout autre chose hors du commun.
Ainsi périt Rosa ...
Et tous ses espoirs, ses rêves, ses ambitions, ses objectifs, son existence furent réduit à néant l'espace d'une seconde. On met tant de temps a vivre, et pourtant, la mort vient nous arracher de ce monde en seulement une fraction de seconde. Le temps qu'une, deux, trois, quatre aiguilles qu'on pouvait désormais associer à des faux viennent taquiner notre corps fragile. Les souvenirs, les personnes rencontrées, les succès, les défaites, tout cela disparait en l'espace d'un seul instant. C'est à ce moment là que nous nous rendons compte que ... nous ne sommes que des bouts de viande et de chair qui murissent avant d'être consommés par l'autre. Qu'est-ce c'est que ça ? Qu'est-ce qu'il se passe au juste ? Pourquoi ces images me traversent-elles l'esprit ? Ai-je vraiment quitté ce monde, assassinée par Jiro ?
Rosa rouvrit progressivement les yeux et ses bras étaient toujours sur le corps de Jiro, la douleur était toujours là, et pourtant, il n'y avait aucune raison qu'une telle douleur existe. Il n'y avait pas de marques d'aiguilles, ni de sang qui coulait. Il n'y avait aucune raison de souffrir. Rosa avait jeté un coup d’œil rapide dans le dos de Jiro pendant qu'elle l'enlaçait, elle n'avait pas détecté d'armes ou d'objets potentiellement mortels. Ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'il y en avait effectivement une, mais elle n'avait jamais été utilisée. A la place des mots haineux qui s'étaient diffusés dans sa tête, elle entendit d'autres mots plus chaleureux, qui la rassuraient presque. Les mots qui la sauvaient de son cauchemar et qui étaient garants de son salut.
Jiro : J'accepte d'être votre famille. Ensemble, nous pourrons avancer et sortir de ce chemin tumultueux où nous étions figés aujourd'hui. Je veux qu'on me rende bon. Brave. Et je veux aider les autres. Je ne souhaite à personne de rentrer dans l'infâme instance que j'ai connu, et je serai prêt à tout faire pour éviter que les gens vivent ça. Et pour mes crimes... Je ne sais pas si un quelconque dieu me surveille, mais si oui, j'aimerai qu'il voit à présent que je suis prêt à me repentir. A compenser les horribles pertes que j'ai causées par une aide sans limite aux personnes. A commencer par vous.
Elle versa pratiquement une larme de soulagement qui atteint le dos de l'homme, et lorsque elle avait remarqué qu'elle avait laissé échappé cette goutte de sentiment. Elle se retira petit à petit du corps. Arrivé au niveau de son visage, elle le fixa intensément, comme pour capter quelque chose. Elle essayait réellement de savoir si elle avait bien fait de faire confiance à ses instincts bienveillants. Mais ce fut si bref, elle n'avait même pas eu le temps de se poser la question. Tout ce qu'elle pouvait voir, c'était qu'elle était encore en vie. Et pour elle, c'était une raison suffisante de croire en cet homme qui se qualifiait il y a à peine quelques minutes de criminel. La dernière chose qu'elle a pu percevoir dans son regard, c'était son ouverture, et peut-être une curiosité nouvelle ...
C'était normal, il venait de s'ouvrir à Rosa sans rien recevoir en échange. Et si un nouveau lien devait se créer entre ces deux personnes, pour Rosa, il était nécessaire d'établir tout de suite une relation de confiance avec son interlocuteur. Cela ne faisait pas de toutes, c'était au tour de la libraire de raconter son histoire. Comment était-elle arrivée jusqu'en Fiore ? Comment à-t-elle était élevée ? Ses peurs et ses objectifs ? ... Elle allait révéler le contenu de son livre, un livre qui avait déjà été couvert de sang récemment. Un livre dont les pages déchirées ressentent encore la douleur. Un livre dont on voit encore les ratures ...
Rosa : Je suis née dans un autre continent, dans un village isolé ou c'est une certaine catégorie de personnes qui dominent, celles qui possèdent l'or, la couleur et les terres. Surtout l'or d'abord, ensuite, d'une certaine manière, la couleur est devenue partie inhérente de l'or à cause d'une manière de penser dépassée. Ainsi, ma mère adoptive ... non, celle qui m'a élevée était une riche propriétaire blanche qui exploitait des femmes à tout-faire de couleur. Même mon éducation à éducation a été confiée à cette personne, Constantine.
Rosa marqua une pause avant de prononcer une fois de plus "Constantine". Elle se demandait si elle avait encore la force de raconter son histoire... Après tout, les souvenirs étaient encore trop frais. Sa mère adoptive qui l'avait froidement assassinée sans même la toucher, et en utilisant l'aide d'un mercenaire. Ces visions d'horreurs lui parcourraient encore l'esprit. Elle ne put s'empêcher de laisser couler un torrent de larme pendant quelques minutes... Progressivement, la respiration saccadée, les mots déformés par le chagrins, et le cœur détruit revenaient à la normale.
Rosa : Excusez moi... Je vais reprendre. Constantine m'a éduquée et cette personne était extrêmement importante que toi. Je suis sûre que si ma mère était encore vivante, elle m'aurait élevée de la même manière qu'elle, car après tout. Une malédiction m'a frappée. Je suis moi-même supposée être de couleur noire, mais ma mère ...
La libraire ne savait pas si elle devait vraiment parler de ce passage. Elle ne l'avait même pas mentionné dans son livre, mais elle se rendit compte qu'il était trop tard pour renoncer de toute manière ...
Rosa : Ma véritable mère m'a transformée et m'a échangée contre le bébé de celle qui a usurpé l'identité de ma mère. Je suis noire de peau ... et je ne peux même pas renouer avec mes origines maintenant que tout ce qui m'attachait à mon village m'a été prit. Si je suis en Fiore, c'est parce que j'ai écrit un livre. Le premier en son genre qui critiquait ce mode de vie corrompu. Il eut un énorme succès et fut une victoire, mais cependant, elle a déclenché la haine de ma tutrice qui a décidé d'assassiner ses deux domestiques, estimant qu'elle les avaient trahie. J'avais cependant eu une offre d'emploi ici ... ce qui me permet de survivre.
Le discours de Rosa était farfelu, limite incompréhensible. En fait, elle ne savait pas vraiment par quoi commencer et ce qu'elle devait vraiment raconter. Ses paroles n'étaient qu'un méli-mélo d'histoires. Mais s'il y avait une chose qui était claire, c'était probablement ses dernières paroles.
Rosa : Ma mère a été exécutée car elle a commit un crime dont je veut retrouver les traces. Et mon père, je ne l'ai pas connu. Aujourd'hui, je vit pour trouver la vérité ...
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