| Sujet: La Peur, Source de Mort Lun 30 Avr - 16:19 | |
|
Adrien Campbell
|
La Peur, Source de Mort
Entraînement & Mission
Rôder, faire semblant de surveiller les parages, espionner tous les passants, le bluff devait arrêter. Je devais faire quelque chose par moi-même. Je ne devais pas attendre qu'on me dise de bouger ou que quelqu'un d'autre prenne l'initiative avant moi. Il fallait que, malgré mon adhésion à la Guilde, j'agisse par mes propres moyens, que j'effectue des missions, que je me rende utile. Lorsque je travaillais à mon compte, je ne me rendais nullement utile, je ne faisais que rôder, propager le chaos et le désordre. Je piégeais des innocents dans le but de me faire les poches avec ce que leur cadavre m'offrirait. Pathétique vie, je me contentais de jouer avec la nourriture plutôt que de la rendre utile à ma cause. J'avais découvert un certain attrait à travailler avec les membres de la Guilde, enfin, pas tous. Je trouvais que le travail d'équipe facilitait la tâche. Moi qui aurais pensé que d'avoir un allié à mes côtés ne ferait que me ralentir. Cependant, Magnus s'était montré rapide et coopératif. Sa compagnie ne me dérangeait nullement et si on devait me mettre avec quelqu'un, ce serait bien avec lui que je souhaiterais accomplir la mission.
Vous connaissez la sensation lorsqu'on parle de vous? Et bien je la ressens constamment. Avec ou sans raison valable, c'est comme si quelqu'un me suivait partout. C'était à faire mourir de paranoïa. Je secouais la tête. Les bruits désagréables que dégageaient cette Guilde me donnaient mal au crâne. Je sortis prendre un peu l'air. Je marchais, faisant les cents pas à mon rythme. Quelque chose me tracassait, quelque chose me rongeait, mais je ne pouvais pas le détermine. Je sentais cette sensation me parcourir les veines dans un frisson monstrueux. Je sentais mes ongles s'engourdir, je sentais la vibration résonner dans mes dents, une salive engourdissant emplit ma bouche. Qu'est-ce qui m'arrivait? Je me mis à l'écart, question d'être le seul à constater ce changement. Étaient-ce les pouvoirs de la goule qui m'engouffrait dans sa souffrance éternelle? Je tombai à genoux tout en constatant que mes ongles étaient devenus d'un noir charbon. Je ne voulais pas savoir l'état physique de mes dents. D'après ce qu'on disait sur cette créature noircie par le cannibalisme, elle arrivait à paralyser sa victime en lui injectant son venin par ses ongles ou par la morsure. J'allais modifier un peu cette vision des choses...
J'étais mage et le pouvoir qui me possédait, je devais l'entretenir et l'utiliser à ma manière et ne pas le laisser me contrôler comme celui-ci le désirerait. Ma phase d'évolution passée, j'essayais de détecter la magie dans ce venin nouvellement arrivé. La magie qui le recouvrait, puisqu'il fait partie de mon corps, n'appelait qu'à être contrôlé. Un venin de la paralysie: il suffisait de me permettre de le combiner avec mes autres techniques. J'étais habile au corps-à-corps, mais je ne cherchais pas à tout prix de me lancer de tout mon long vers le danger. Il me fallait faire des tests sur des êtres vivants. J'invoquais alors mon chien et mon humain morts-vivants dans le but de voir la progression magique du venin. Je donnais ce que je croyais être la particularité du venin au chien. Celui-ci se mit à baver de plus belle. Il sauta ensuite sur mon mort-vivant humain. Ses crocs s'accrochèrent à sa peau, injectant et mélangeant la substance paralysante à son sang. Je voyais mon humain se débattre quelques secondes avant de figer complètement. Je poursuivais mon observation et conclus que la paralysie persistait pendant 5 minutes. C'était bien évident que l'utiliser sur un corps supposé mort est le meilleur moyen de voir une capacité à son plein potentiel. Je supposais qu'une personne moyenne avec un minimum de volonté propre pouvait bouger d'elle-même un peu avant cela. J'hochais la tête et rappelai mes créatures. Le nom que j'allais donner à cette technique était «Paralysis Venom». Je regardais mes ongles à nouveau. Certains avaient repris leur couleur, d'autres étaient toujours noir. Ainsi, cette couleur jouait le rôle de sablier du temps d'utilisation du venin... intéressant...
Je rentrais à la Guilde et me dirigeais vers le panneau affichant les missions à effectuer. Une qui avait lieu à Magnoria me représentait plutôt bien. J'avais l'habitude d'écarter les gens de leur trajectoire, de provoquer des frissons de dégoût à quiconque. J'avais l'habitude d'être victime de conversations dégradantes et de questionnements complexes. J'arrachais l'affiche et la portais à ma bouche pour l'avaler d'un coup. Je pris le train et me rendis à Magnoria, là où un vieil homme devait m'attendre. Arrivé au parc en question, je m'assieds à côté de lui. Cette fois, contrairement à mes habitudes vestimentaires, j'avais opté pour un long manteau noir et des gants. Je ne voulais pas révéler tout d'un coup. Ces enfants devaient être dégoûtés au plus haut point, alors il fallait y aller graduellement. La vieil homme portait une longue barbe grise, peu de cheveux lui couvraient le crâne. Habillé de vieux vêtements pourris, je me demandais ce qu'il faisait dans la vie.
| Vieil homme : «C'est vous?» |
| Adrien : «C'est exact.» |
| Vieil homme : «Écoutez, il y a ces morveux là-bas. Ils me cassent les pieds avec leurs cris joyeux et leur amitié qui pour eux, dure pour toujours. Vous savez si vous pouvez faire quelque chose pour les traumatiser pour le reste de leurs jours?» |
| Adrien : «Cela est sa spécialité. Faites-les s'approcher et partez. Il viendra vous chercher quand ce sera terminé.» |
Le vieil homme rassembla les enfants en disant que j'avais une histoire très intéressante à leur raconter. Parler m'était la dernière option possible. Il était donc clair que je ne parlerai pas, mais que j'allais agir. Les enfants vinrent s'asseoir en cercle tout autour de moi. Je les regardais les uns après les autres de mes yeux jaunes. Je leur fis signe de retourner jouer. Ils se consultèrent du regard avant de quitter. Le vieil homme était parti, alors il ne pouvait pas voir ce que je faisais. J'avais quelques idées en tête concernant ma façon de m'y prendre. Il me fallait de mettre leur vie en danger sans les tuer. Je ne savais pas combien de temps ni la quantité qu'ils devaient subir tous et chacun pour être traumatisés, mais il me fallait quand même commencer à quelque part.
Mon chien mort-vivant fit son apparition. Assis à mes côtés, il me fixait de ce qui lui restait de yeux. J'aperçus un enfant en train de jouer avec son propre chien à lui lancer un frisbee. J'ordonnais donc à mon chien d'aller s'amuser lui aussi un peu avec eux. Mon chien, alors que l'autre s'élança dans les airs, agrippa la gorge de son semblable avec ses crocs et le plaqua au sol. Secouant sa tête de gauche à droite dans le but de l'égorger violemment, je me mis à sourire en coin. Mon chien leva la tête vers l'enfant qui avait les larmes aux yeux. Il se mit à lui courir après. Le jeune s'enfuyait à toutes jambes en criant et en pleurant tout ce dont il était capable. Le chien le regardait quitter le parc et revint auprès des autres. Un d'entre eux se faisait tourner sur une sorte de plateforme. Il remarqua le chien, le sang à la bouche, mais ne fit rien. Pour avoir toute l'attention voulue, il sauta sur la plateforme à son tour et s'avança en grognant. L'enfant se jeta hors de la plateforme qui tournait toujours et courut pour sauver sa peau. Le chien se tourna vers une petite fille qui se tenait de toutes ses forces sur une échelle horizontale de métal. Il s'approcha, fourbe, il sauta et attrapa la robe avec ses dents. Le vêtement tenait bon jusqu'à ce que l'animal le secoua avec force de tous les côtés. La fillette se mit à crier et à ordonner à mon chien de la lâcher. Le vêtement déchiré, il bondit maintenant au niveau de ses jambes pour l'effrayer. Elle accéléra son déplacement en pleurant et s'enfuyait à son tour du parc. Le dernier enfant avait tout vu de la manoeuvre du chien. Il croyait qu'assis sur sa balançoire il ne craignait rien. À se pousser le plus haut qu'elle pouvait l'amener, il se croyait hors-de-portée. Le chien réussit à attraper le bas de son pantalon avec ses dents et de stopper l'élan d'un coup sec en le tirant vers lui. Il se mit à courir en faisant traîner l'enfant sur toutes les surfaces. Il s'arrêta dans le sable et lui mordit le pied sans y mettre toute la pression de sa mâchoire. L'enfant se mit tout de même à crier de peur, la surprise était plus effective que le résultat. L'enfant, malgré le courage qu'il essayait de faire preuve en affrontant mon chien, prit peur et battait en retraite. Alors que je me levais de mon siège, mon chien s'évapora. Le parc était maintenant désert, laissant au centre de celui-ci, un cadavre de chien décapité. Je m'avançais au centre celui-ci pour m'assurer qu'aucun ne s'était caché. Justement, un des enfants s'était réfugié à l'intérieur des racines d'un arbre. Je me mis à sourire en coin. J'attrapais la jeune fille par le collet et la soulevait à mon niveau. Elle avait les larmes aux yeux, mais s'empêchait de pleurer. c'était en léchant mes lèvres que je lui dis:
| Adrien : «Pars avant qu'il décide de te dévorer. Pars et ne plus jamais vous reviendrez...» |
La fillette ravala sa salive et partit à toute vitesse. La peur qui reflétait dans ses yeux me confirmait qu'elle ne reviendrait pas. Je quittais le parc et me rendis à la cabane du vieil homme. Celui-ci avait observé la scène de son perron. Se balançant en avant et en arrière sur sa vieille chaise berçante, il m'applaudit en me voyant arrivé. Je n'en fis rien et lui adressais un regard glacial, à la limite du meurtrier. Il cessa de montrer son contentement bruyamment et me montrait son sourire le plus laid. Il lui manquait de nombreuses dents dans la bouche, alors le spectacle n'était pas vraiment agréable à regarder. Il caressa sa barbe tout en évaluant la somme qu'il devait me verser. Il devait aussi prendre compte que même si j'avais traumatisé les enfants ce jour-là, d'autres différents viendront les remplacer. Il ne semblait pas s'en soucier. Il me donnait mon argent. Je le remerciais d'un signe de tête et quittai le quartier. Cependant, alors que j'allais en direction du train qui me ramènerait, une voix féminine retentissait à travers le bruit routinier de la gare:
| Jeune femme : «Attendez! Monsieur! Attendez s'il vous plaît!» |
Je m'étais arrêté de marcher presqu'en soupirant. Je ne me retournais pourtant pas. La jeune femme fit claquer ses pas contre le sol en vitesse et se posta devant moi. Munie d'un sac à dos format géant, elle me rappelait cependant quelqu'un. Je fronçais les sourcils tout en essayant de me souvenir de son visage à quelque part. Oui, cela me revenait... c'était la jeune femme que j'avais sauvée des flammes d'Oméga. Je conservais mon calme face à cet événement fâcheux. Je ne disais rien, la femme reprenait son souffle. Que recherchait-elle? Pourquoi avais-je tombé sur elle au milieu d'une gare? Je voulais seulement rentrer. Je ne voulais pas devoir affronter les questionnements d'une femme que j'avais jadis sauvée. Je ne faisais que la regarder calmement. Elle me pointa du doigt et se mit à parler d'un ton presque accusateur:
| Jeune femme : «Vous! Vous-là! Vous êtes celui qui nous a sauvés, pas vrai? Je vous ai cherché partout! Vous êtes tellement discret que personne ne daigne me répondre...» |
| Adrien : «Que veux-tu?» |
| Jeune femme : «Je voulais seulement vous remercier et euh... vous dire que mon petit frère et mon père vont bien... et c'est grâce à vous.» |
| Adrien : «...» |
| Jeune femme : «Vous ne dites rien? Vous vous en fichez... C'est bon, c'est tout ce que j'avais à dire... Adieu...» |
| Adrien : «Au revoir.» |
La femme repartit dans un soupir, le dos rond de déception. Elle ne se sentait pas bien. Voyager autant pour me retrouver et affronter un mur, cela devait la démolir intérieurement. Je lui avais sauvée la vie, mais le reste, cela m'importait peu. Les mains dans mon long manteau noir, je quittais pour retourner à la Guilde. L'ambiance était la même depuis mon départ. Voulais-je vraiment la subir à nouveau? Je restais à l'extérieur, en attendant qu'un miracle subvienne et qu'une brise de lumière vienne me frapper...
|
|
|