C'est le soir mais bon, me voilà à Oshibana, j'ai FAAAAAIIIIIIMMM ! J’espère qu'ils ont des restaurants ici, je m'élance vers le premier qui passe à ma portée, je ne lis pas vraiment l'enseigne, je ne la retiens pas non plus, je vois juste un énorme porc grillé dessus et que le nom évoque rapidement l'idée de bouffe, je rentre en hâte, m'assois à une table, attendant qu'un serveur vienne prendre ma commande... j'attends... j'attends... j'attends... j'attends... je perds patience... j'attends... j'attends... J'en ai marre et vais me plaindre au près du patron. Celui-ci semble discuter avec le personnel, nan mais franchement ils ont rien d'autre à foutre que de poireauter ici, à papoter, alors que d'honnêtes gens comme moi qui ont fait un long voyage épuisant ont grave la dalle.

-Vous pourriez m'expliquer c'est quoi ce délire ? Pourquoi le serveur n'arrive pas ?

-Non mais monsieur, le restaurant n'ouvre que dans une demi-heure. D'ailleurs comment êtes vous rentré ?

-Ben la porte était ouverte.

-Zut, encore la faute à Roger.

-Roger ? C'est quoi ce nom pourri !?

-C'est notre serveur.

-Et il est où Roger ?

-Malheureusement il est malade, j'ai engagé un autre serveur pour les cas comme ça mais, malheureusement encore, son remplaçant est lui aussi malade. Ce soir nous ne pourrons pas faire le service, le restaurant va devoir rester fermer ce soir. A moins que... Il me regarde d'un regard soutenu, celle là je la sens moyen. Cela ne vous direz t-il pas d'être nourri gratuitement ? Bien évidemment après avoir travaillé ici, cela va de soi, en somme un repas comme paiement pour un travail d'un soir. Je le savais.

-Bon d'accord, mais c'est juste parce que j'ai faim, et ce n'est que pour un soir, compris ?

-Oh, oui, oui, bien sûr, le costume du restaurant est dans le vestiaire, c'est la salle juste derrière, il vous reste une vingtaine de minutes, alors pas la peine de trop vous presser.

Et voilà comment je suis passé de simple client d'un jour qui a très faim en serveur d'un soir qui va être nourri mais qui a toujours aussi FAIM.
Enfin bref je rentre dans le vestiaire, retire mes vêtements pour mettre ceux du serveur, apparemment il était plus grand que moi, de trois fois rien mais assez pour que je nage un peu dedans, en fait ça me donnait l'air décontracté mais en même temps chic et sérieux, en réalité ça m'allait tellement bien que j'ai songé à voler la tenue mais bon, ceci n'est pas mon genre alors bon, je leur laisserai le costard.
Bref c'était l'heure, à moi de jouer, il me faudrait cette fois tout mon sérieux, tout d'abord ce fut une famille de snob, ça se voyait, l'air hautain du père et de la mère se sentais à des lieux à la ronde, ils avaient également une petite fille, entre huit et dix ans je dirais. Je m'approche d'eux en souriant :

-Bonjour à vous monsieur, mesdames, quel sera votre commande dans notre modeste restaurant ? Première règle pour plaire aux snobs et aux riches, se rabaisser, à en frôler la fausse modestie, sans toutefois trop s'écraser.

La famille regarde la liste présente sur leur table, par contre la fille, elle, me regarde, mais je ne la regarde pas directement, règle numéro deux, ne jamais regarder les gens dans les yeux si vous ne voulez pas que ceux-ci se sentent agressés.

-Nous prendrons un poulet rôti aux herbes, des haricots verts et de la purée. Me répondit le père, pfff, un repas simple sans aucune originalité, sans doute pour deux raisons, la première étant le manque d'originalité et de choix du restaurant, ensuite afin de voir le talent du cuisiner, la cuisine étant le point clé de tout restaurant, si ce que je pense est correct alors il ne s'attaquera tout d'abord qu'à la cuisse du poulet et quelques haricots, mais il ne touchera pas forcément à la purée, c'est un plat trop facile à préparer, il l'a sans doute pris pour sa fille.

-Bien monsieur, je vais porter votre commande sur le champ, en espérant votre attente courte et agréable. Lui soufflai-je de la voix la plus douce possible, en lui laissant au passage un petit sourire, en effet un grand sourire était un signe de moquerie ou de sourire forcé. Mais à peine eu-je le temps de me retourner que la petite agrippa ma manche, je me retourne calmement, la regarde avec un sourire, que voulait t-elle ?

-Pardonnez moi monsieur mais, votre boucle d'oreille elle représente quelque chose ?

Une question bien pertinente pour quelqu'un de son âge, comment pouvait-elle savoir que ma boucle d'oreille avait une signification ? Enfin, lui répondre ne serait pas négatif, au contraire, cela enjouerait la fille, les parents également, de plus cela étancherait sa soif de connaissance.

-Comme vous pouvez le voir mademoiselle, ma boucle d'oreille est constituée de deux demies lunes et d'une lune pleine, l'une des demies lunes et tournée vers le haut, c'est mon passé, il me tourne le dos, m’empêchant de le modifier même si je le connais, la deuxième demie lune est tourné vers le bas, ou vers la lune pleine, cette demi lune est mon future, comme il est devant moi je peux le modifier mais je ne peux pas le voir car la plus grande partie est caché, enfin mon passé et mon futur forme mon présent, qui est la lune pleine, cela répond-il à votre question mademoiselle ?

-Oui, merci monsieur.

-Tout le plaisir était pour moi ravissante jeune demoiselle.

Je me dirige donc ensuite vers les cuisines, je vois les cuisiniers qui attendent la commande, je leur la tend, ils se mettent aussitôt au travail.
Sans être des cuisiniers d’exception ils n'étaient pas non plus des cuistots du dimanche.

Je scrute alors la salle du restaurant, un couple venait d'entrer, j'avais pensé au début à retirer ma boucle d'oreille mais la présence de la fille m'en dissuada, si elle me voyait sans ma boucle d'oreille alors qu'elle venait de me poser une question dessus il n'y a même pas cinq minutes cela lui déplairait, ce que je ne voulais pas. Je me dirige donc cette fois vers le couple, la boucle toujours accrochée à mon oreille. Ce couple semble plus modeste que le premier, ils commandent une dinde, du homard et des fruits de mer, ainsi que des verres d'alcool (enfin c'était plutôt l'homme qui a demandé plus que la femme, j'ai peur quand à sa demande). Encore une fois je fus interrompus avant d'avoir eu la moindre chance de partir, c'était l'homme, non pas le truc bateau, pas le truc BATEAAAUUU. Il m’emmène plus loin, afin de s'entretenir avec moi en secret, le pire c'est que je sais ce qu'il va me demander, pourquoi moi ? Pourquoi ce soir là ? Et surtout pourquoi un truc aussi connu quoi, mais quel manque d'originalité dans cette ville.

-Pardonnez moi, mais...je voudrais que vous mettiez cette bague de fiançailles dans le verre de ma compagne, cela serait-il possible ?

NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON mais mec c'est le truc le plus bateau du monde, bon dieu, trouve autre chose, je sais pas, n'importe quoi mais pas ça, en plus une demande en mariage dans ce resto c'est pas le top.

-Bien monsieur. Je lui souris tout de même, il partit, visiblement heureux en me faisant signe de la main et en se rasseyant, je donnais la seconde commande et apportais les plats de la première, par chance il n'y avait pas encore de nouveaux arrivants.

Je servis donc la petite famille, pas super passionnée par le repas. Il n'avait pas l'air de trouver les plats extraordinaires mais pas mauvais non plus, au final ils avaient l'air de vouloir manger ici ce soir, c'était déjà ça.

La seconde commande fut fini, j’apportais donc les plats à la table du couple, ils commencèrent à manger, j'apportais ensuite les verres et la bouteille d'alcool, bien évidemment la bague se trouvais dedans, mais au lieu de servir d'abord la demoiselle afin que la bague tombe dans son verre je servis tout d'abord l'homme, je lui chuchotais d'ouvrir sa main sur la table, ce qu'il fit, comme prévu la bague tomba dans son verre, je fis une légère pichenette sur le verre qui trembla dans un bruit de verrerie, je me servis du son et de ma magie afin de faire sauter la bague hors du verre et d'un Note Bullet afin de frapper la bague au vol et la faire changer de trajectoire, en plein milieu du creux de la main du jeune homme, tout aussi étonné que sa belle d'en face. Maintenant il ne pouvait plus reculer. Je lui fis un clin d'oeil complice il sourit pour me remercier, il se mit à genou devant sa dame.

-Anna, veux-tu bien m'épouser ?

La jeune femme en resta émue, une larme au coin de l'oeil, puis lui sourit à son tour.

-Oui. Un seul mot, oui, un mot si anodin, si courant qu'on y fait plus attention mais c'était pourtant le mot que tout homme attendait, désirait, et que si il l'obtenait, rentrait dans le plus beau jour de sa vie, ce mot qui était à la fois la conclusion de cette instant magique et le début d'une autre vie.
Ils s'embrassèrent et s'enlacèrent, le spectacle semblait plaire au personnel, à la famille d'à côté mais également au passant qui voyait l'évènement depuis la fenêtre.
La clientèle afflua ensuite plus vite, je fis donc plusieurs aller-retours entre la salle principal et les cuisines, toujours avec le sourire, tantôt en train de parler à une table en prenant leur commande, tantôt en train d'amuser des enfants en faisant tournoyer des couverts dans les airs avec des Note Bullet lancées sur le bout du manche.
Bref la soirée se passa bien, sans encombres. La famille snob partit plutôt satisfaite me semble-t-il, le couple partit fou de joie, l'homme me remercia encore au passage.
Le restaurant ferma sans accroc, tous les visages souriants du restaurant été partis, je fis un rapide passage au vestiaire afin de reprendre mes vêtements, je retourne donc voir le patron, il devait être une heure du matin ou pas loin, je demande mon dû, au départ les cuisiniers sont récalcitrants à l'idée de faire un repas de plus, surtout en dehors de leur temps de travail, heureusement la patron leur a bien fait sentir que sans moi leur paye de la journée serait passée à la trappe, je me goinfre donc de pâtes à la sauce bolo', de pommes de terre et autre féculents, enfin ma faim s'était calmée.

-Merci, le vieux, c'était un bon repas, par contre m'exploiter toute une soirée pour un repas c'est un peu léger. Je veux quand même de la rémunération.

-Non, mais tu t'y crois trop petit, sais-tu que ce que tu as mangé coûte environ deux fois plus que ce que tu aurais gagné ce soir ?

-...ben dans ce cas on est quittes, c'est bien toi qui a dit que je mangerai gratis ici, alors salut.

-Oui, oui, on est quittes que lorsque cela t'arrange. Va, et au plaisir de te revoir.

-Idem, salut.

C'est bon, j'avais fini ma soirée, je n'avais plus faim, et je n'avais plus à être sérieux, ce qui, au bout d'un moment est assez épuisant. En sortant je lus l'enseigne, « Au Cochon Dodu », au plaisir de te revoir mon ptit cochon grillé ♥.

Je partis donc au centre-ville, afin de trouver un hôtel, je prends encore une fois le premier qui me tombe sous la main, heureusement il ne semblait pas bien cher, je pris donc une chambre individuelle pour un soir, le patron ne semblait pas vraiment content de se réveiller à cette heure ci pour un client, j'eus donc une chambre assez soft, un lit, une table et une chaise, la chambre en elle même n'était pas gigantesque mais bon je m'en contenterais, une bonne nuit de sommeil ne me ferait pas de mal pour le long voyage qui m'attendait.