Alors d’abord une tortue géante cracheuse de feu et maintenant un monstre vert tentaculaire et vêtu d’un tutu… Seiren soupira en voyant le mastodonte faire la toupie en guise de présentation certainement. C’était à se demander où ils allaient les chercher ces bêtes de foire. Mais il fallait bien avouer qu’elle semblait dangereuse avec ses grandes dents pointues et ses tentacules surmontés d’épaisses épines. Et ces choses allaient vraiment être gênantes. Autant Ao était lourdeau, mais là, elle pouvait bouger plus vite, attaquer et parer en même temps. Les choses se compliquaient pour l’équipe. Vaniteuse et capricieuse, le Trogiidae semblait très sûre d’elle. À tel point qu’elle jeta son dévolu sur Valentin. La fée eut à peine le temps de réagir qu’un canard déguisé bloqua l’attaque non sans mal. Seiren fit comme si elle avait prêté attention à la petite voix qui lui avait intimé de passer à l’action maintenant. Mais en réalité, cela avait été évident pour elle qu’il fallait agir tout de suite. Nullement besoin de le lui rappeler.

Technique de déplacement activée, couplée à la matérialisation de l’électricité environnante, Seiren longea le tentacule en frappant de toute part. Et en quelques secondes, elle avait remonté le bras allongé et se retrouvé maintenant à la hauteur de la tête de la bête verte. Bras armé, la vague d’énergie électrique apparue autour de son bras avant d’être brutalement relâchée et d’envahir la gueule d’un Trogiidae hurlant de stupeur. La danseuse perdit légèrement l’équilibre, mais rien de bien probant vu sa masse corporelle… Et d’un mouvement réflexe, un autre tentacule vint surprendre Seiren et l’éjecter contre la barrière de protection que les organisateurs avaient mis en place pour protéger les bâtiments.

Le choc lui coupa la respiration et la jeune femme retomba au sol, sur les fesses.
Kof ! Kof !
Isaya se releva en prenant appui sur le mur et en profita pour rassembler ses esprits. Ces grands trucs, il va falloir les trancher pour être tranquille. Mais la quantité de magie que cela requiert… La jeune mage déglutit. La tension était palpable. Le regard de Seiren se porta sur Valentin qui était hors de portée du monstre pour l’instant. Heureusement que ses esprits avaient de l’initiative, sinon la situation serait encore plus délicate à gérer…

Hiiiiiiiii !
Juste le temps de faire deux pas à droite. Écarte les jambes. Lève les bras et on évite de justesse des épines suintantes d’un liquide peu ragoûtant. On relie les points et la silhouette de la fée apparaît… Ce serait un vrai plaisir de jouer plus longtemps, si seulement le manteau de la jeune femme n’avait pas été planté dans le mur et qu’elle ne se débattait pas pour l’en sortir. Elle tire, tire, tire et… Crac !

Après un magnifique roulé-boulé arrière, Seiren s’est enfin dégagée -non sans perdre un bout de son manteau- et zieute la plante verte jusqu’à ce qu'elle se rende compte que Valentin n’était plus là. Il est petit, mais quand même, où est-ce qu’il avait bien pu se fourrer... Elle le chercha du regard, avant de tomber sur Bugs, adossé nonchalamment contre une vitrine. Avec sa classe habituelle, il lui montre du doigt le petit bonhomme qui s’est fait embarquer dans la gueule de la sale bestiole.

C’était trop. D’abord elle, puis son manteau. Et maintenant, le p’tit Valentin. Et même si il n’avait pas du tout l’air effrayé, même plus, outrageusement confiant et toujours accompagné d’un drôle d’esprit toonesque… Trop c’était trop !
Seiren repart illico à l’attaque et survole son partenaire, rassurée qu’il ait réussi à s’éloigner. Et elle active le même combo de techniques -déplacement et hyperconcentration de l’énergie des ondes électriques- avec un petit plus, juste au cas où, son poignard fétiche en main. L’esquive des tentacules est plus facile. Elle s’y est habituée, d’autant que la Trogi garde toujours le même rythme et répète souvent les mêmes mouvements. Et quand un truc louche s’agite dans sa bouche, c’est tout de même normal que la bêbête soit plus distraite. Alors Seiren en tire partie pour progresser dans son ascension, tout en accumulant une énorme quantité d’énergie, biien plus importante… Consciente qu’il en fallait bien plus que ce qu’elle avait emmagasiné lors de sa première attaque.

BOOM !!
La fée profite de l’explosion pour foncer par la gauche et atteindre la gorge de la ballerine verte. Et le bleu électrique apparaît, englobant cette fois bien plus que ses jambes. Elle frappe. L’élan à haute vitesse associé au phénomène électrique déchire la peau et Seiren transperce la chair. Elle ressort à droite et remonte tout de suite vers le haut de la tête qui chute déjà, emportée par la douleur. Elle plante son poignard juste au-dessus de l’œil de la Trogidae dans un mouvement retourné. Mauvais calcul, la cible a été loupée. Mais il faudrait se contenter de ça, car Seiren préfère s’éloigner de ce sang qui gicle un peu trop à son goût. La vilaine plante verte a la voix qui porte. Elle nous casserait presque les oreilles.

« Tu vas bien Valentin ? »

Le regard un peu inquiet se porte sur le petit bonhomme pendant un instant… Mais son reflet dans la vitrine la pétrifie. Piteux état, oui c’est ça. La jeune femme tente de remettre un peu d’ordre dans ses cheveux ébouriffés et lisse les plis de ses vêtements, déchirés et tout de même tâchés. Exaspérée, elle ne peut que soupirer avant de se détourner de ce miroir peu flatteur.

« Bon. Et si on essayait d’avancer ? »