| Sujet: Voler les voleurs (Rang D) Dim 15 Avr - 16:06 | |
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| Les deux jours qui suivirent, je retournais à la clairière pour me perfectionner. Le soir du deuxième jour, j’estimais que mon contrôle était désormais plus que correcte et après avoir finis de faire mes comptes, je vis que ces deux nuits supplémentaires à l’auberge changeaient la donne.
| « Je crois bien que je vais rester à Crocus le temps d’effectuer un travail de plus. »
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C'était plus par contrainte que par choix, mais j'avais besoin de quelques Jewels de plus avant de quitter Crocus. ****************************************** Le lendemain, je me levais tôt, me lavais et m’habillais en vitesse, déterminé à trouver un travail. Je sortis rapidement de l’auberge avec un « bonjour » pour l’aubergiste étouffé par la brioche que j’avais encore dans la bouche. Je voulais aller rapidement à la galerie marchande pour m’enquérir du succès de monsieur Satougashis et voir si par le plus heureux des hasards, il n’aurait pas besoin de moi. Je rentrais donc la galerie et me dirigeais à grand pas vers la confiserie. Je finissais d’avaler ma brioche lorsqu’un attroupement attira mon attention. Ce n’était pas mes affaires mais la curiosité l’emporta sur tout le reste. Deux hommes étaient en train de se disputer. Le premier semblait être un marchand particulièrement remonté, les cheveux courts, très bien habillé, il était évident qu’il vendait des produits de luxe tels que des bijoux ou de la mode et s’adressait à un garde qui semblait étouffer dans son uniforme. Ce dernier était rouge, transpirait et c’était aussi lui qui avait la parole : « Monsieur, pour la dernière fois, la garde est débordé avec les expositions qui sont en court, nous n’avons pas de temps à vous consacrer. C’est malheureux pour vous mais malheureusement nous ne pouvons rien faire. »
« Mais je sais que vous êtes pris par les expositions, que diable. Je devais moi-même exposer après demain, mais comment faire si toute ma marchandise a été dérobé ? C’est même scandaleux que ces voleurs aient réussis à s’infiltrer jusque dans mon magasin de parfum, en plein centre de la ville de Crocus. Si vous voulez mon avis, vous n’êtes pas à la hauteur. Et pour couronner le tout, vous n’avez pas le temps, moi je dirais l’envie, de réparer vos erreurs, les failles dans votre surveillance. »
« Monsieur, vous feriez mieux de tenir votre langue ou je vais être contraint de vous mettre en garde à vue pour injure à un agent durant l’exercice de ses fonctions ! » Si ça continuait sur cette voie, les hommes allaient finir par en venir aux mains, et puis, si cet homme vendait du parfum, il aurait certainement les moyens de s’offrir le service d’un mage pour résoudre cette affaire vu que la garde n’avait pas le temps. Et ça tombait bien, il y en avait justement un qui était là et qui tendait l’oreille à cette discussion. Je m’interposais avant que la situation ne dégénère trop :
| « Désolé de m’interposer comme ça, mais je pense pouvoir me rendre utile. Voyez-vous, je suis un mage et depuis tout à l’heure j’écoute votre conversation. Contre une rémunération, je suis prêt à vous aider. Cette solution arrangerez tout le monde : vous car vous retrouveriez votre marchandise, vous car vous n’auriez pas à intervenir et moi, car j’ai besoin d’argent. »
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Les hommes me regardèrent. Un long silence suivit, au moins j’avais eu le mérite d’avoir apaisé leur conflit. Un silence lourd durant trop longtemps à mon gout, si bien je m’apprêtais à partir :
| « Bon, et bien désolé de vous avoir déranger, j’espère que vous trouverez une solution. »
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Le marchand me courut après et me rattrapa seulement quelques mètres plus loin. « Non, attendez. C’est d’accord. Je vous embauche »
J’eus un mal de chien à contenir un sourire. Je demandai à l’homme de me raconter le fin mot de l’histoire. Il me conduisit à sa boutique où les étales étaient désespérément vides. « Voyez par vous-même, ma boutique a été la victime d’un cambriolage, et tous mes parfums ont été volés, la caisse a aussi été fouillée, mais bien heureusement je la vide tous les soirs, ils n’ont donc rien put en tirer. Et moi qui devait exposer mes produits après demain … Comment vais-je faire ? Que vais-je devenir ? »
Je l’incitais au calme, cela ne conduirait nulle part de commencer à se lamenter. Je faisais les cent pas à travers la pièce. Les voleurs n’avait rien pris dans la caisse qui était vidée tous les soirs. Ils avaient opéré de nuit, mais vu l’ampleur du vol, cela était évident même sans l’histoire de la caisse enregistreuse. Ensuite, cet homme était le seul à avoir été victime d’un cambriolage, cela pouvait être utile. Je le questionnais à ce sujet :
| Vous êtes le seul à vous être fait cambrioler, vous vous êtes attiré les foudres de quelqu’un en particulier ? C’est la première fois qu’on vous dévalise ? »
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« Oui, c’est la première fois, et non je n’ai attiré les foudres de personne. Mon parfum coute relativement cher, il est normal que des voleurs si intéresse non ? » Son parfum coute assez cher. Les voleurs sont donc attirés par les choses précieuses, mais cependant le bijoutier qui travaille plus haut dans la galerie n’a pas été victime d’un cambriolage … Peut-être n’est-ce qu’une question de temps ? Je continuais à faire les cent pas quand quelque chose attira mon regard. Au fond du magasin, il y avait une trace de boue sur le rebord de l’étagère la plus basse. J’imaginais la scène : le voleur qui prend appuie sur l’étagère la plus basse pour atteindre les parfums qui sont en haut. Je me penchais sur cette boue, et y trouvais quelques aiguilles d’épicéa.
| «Dites moi monsieur, il n’y a pas une forêt d’épicéa aux alentours de Crocus ? Je ne suis que depuis peu en ville. »
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Ce dernier fit mine de réfléchir, posant son index sur son menton et plissant les lèvres, puis finit par me répondre : « Si, au Sud de Crocus, pourquoi, vous avez trouvé quelque chose ? »
| « De la boue et des aiguilles d’épicéa. Très bien, je vais aller passer cette forêt au peigne fin, vous vous feriez mieux de fermer votre boutique pour la journée, je vous promets que ce désagrément ne le sera pas bien longtemps. »
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***************************** Je me dirigeais donc vers les portes sud de Crocus. Deux questions n'étaient pas encore résolues : tout d'abord comment étaient-ils entrés et sortis de la ville ? S'il y avait des gardes à chacune des entrées, c'était chose difficile. Ensuite, comment avaient-ils transporté toute cette marchandise ? Le magasin était immense, avec plein d'étalage, impossible pour un groupe d'homme de tout emporter sans avoir une charrette ou un moyen de transport quelconque. C'est ainsi que j’arrivais aux portes sud de Crocus avec une interrogation que je posais aux gardes :
| « C’est vous qui étiez en charge de la surveillance hier soir ? Comment des voleurs ont-ils put entrer et sortir avec leur butin sans que vous les voyez ? »
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« Ah, vous êtes le mage qui a décidé d’aider cet homme. On peut dire que vous êtes direct au moins. Les voleurs sont passés par ici ? Ca pourrait expliquer certaines choses. Ecoutez, non ce n’était pas nous, les gardes qui étaient en charge de la surveillance de cette porte, mais ceux qui l’étaient ne se sont pas présenté au travail ce matin. Ils ont laissé leur uniforme dans le vestiaire hier soir et ne sont pas revenus les prendre ce matin. Je peux vous y conduire si vous voulez. » J’acceptais et le garde m’ouvrit les vestiaires des deux hommes chargés de la surveillance de la veille. Je m’attardais avec attention sur leurs bottes. En les retournant pour en examiner la semelle, ce ne fut pas de la boue et des épines que j’y trouvais, mais bien des graines de blé coincé dans le motif. J’interrogeais le garde. Ce dernier me répondit qu’il y avait bien une ferme au delà de ce champ de blé, mais que le fermier été mort il y avait deux ans de ça, et que depuis elle était inhabitée. Je commençais à me demander si cette ferme n’abritait pas les voleurs, et si ces derniers n’avaient pas utilisé une des charrettes destinées au transport du blé pour porter leur butin. Je partis donc en direction du sud.
************************************* Je suivais la route qui se dirigeait vers le Sud-ouest, étant donné que si les voleurs avaient une charrette, il était plus simple pour eux de rouler sur une route pavé plutôt que dans les champs. Cependant, arrivé à un embrochement, je ne savais pas où tourner. J’examinais les environs, à la recherche d’un indice, un épi de blé tombé par terre par exemple, où une trace de boue, mais je trouvais encore mieux que ça : une forêt d’épicéa. Les brigands avaient quitté les sentiers quelque part par là. J’examinais le fossé et trouvais l’emprunte laissé par la charrette à bras des voleurs. Je pénétrais dans la forêt en suivant ces deux lignes parallèles. Cette forêt était dense, et surement pas adapté à la circulation d’une charrette, mais elle permettait au moins de masquer sa présence aux gardes qui surveillaient la porte Sud et la porte Ouest. Après avoir fait quelques mètres dans cette forêt, de la boue était déjà collée à mes chaussures. Plus je progressais en suivant les traces de la charrette, nettement visible dans la boue, plus je me disais que ces voleurs étaient des amateurs. Je suivais la trace de la charrette jusqu’à la lisière de la forêt où j’atterrissais dans un champ de blé. Le garde m’avait dit que la ferme était inhabitée, mais quelqu’un prenait pourtant le soin de travailler dans ce champ qui me semblait bien entretenu, si on excepté la bande d’épis aplatis suite au passage de la charrette. Je suivais ce chemin tout tracé, jusqu’à la ferme qui se voulait abandonnée. Je me glissai dans le champ pour être plus discret, au cas où les voleurs soient encore à l’intérieur et je jetai un coup d’œil entre deux épis.
La charrette était encore là, le chargement toujours dessus, cela ne faisait plus aucun doute. Mais il ne semblait y avoir aucune lumière, aucun mouvement à l’intérieur de la ferme. Je risquai donc à m’approcher, et avançai donc courbé jusqu’à une fenêtre. Un coup d’œil discret à l’intérieur confirmait mes impressions, il n’y avait vraiment personne. Et il semblait ne jamais y avoir eu personne, la lampe à pétrole sur la table du salon semblait ne pas avoir servit depuis des lustres. Et je trouvais dommage que des personnes dans les campagnes soient encore réduites à s’éclairer à la bougie. Quoiqu’il en soit, c’est sans demander mon reste que je saisis les bras de la charrette et que je la tirais jusqu’à Crocus, satisfait de cet argent si facilement gagné. |
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