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Jerenn avait mordu à l'hameçon. Il fallait tout de même que je protège mes arrières. Je ne devais pas être naïve et croire qu'il resterait sur place jusqu'à la fin. Il m'avait presque promis de mettre ma vie en jeu, alors je devais y aller sérieusement aussi. Sortie du nuage après lui avoir envoyé une boule condensée, son arme à feu me pointa directement le crâne. Ne voulant pas démasquer la tactique, je fis comme s'il m'avait vaincue et ne bougeais pas pendant qu'un de mes papillons alla se poser sur son épaule et exploser. Je profitai de la diversion pour prendre un peu de distance et revenir à la charge. Il pointa son arme dans ma direction et tira en s'excusant de s'être trompé. Il tira quatre fois: quatre missiles me pourchassaient. Enfin, c'était ce que je croyais. Il les avait tirés tout autour de moi pour me coincer. S'il croyait que j'étais faite comme un rat, il se trompait!

Je créais donc ce bouclier que je venais tout juste de confectionner et me jeta directement devant l'un d'entre eux pour me sortir de-là. Hélas, les missiles se mirent à ma poursuite rapidement et mon bouclier ne pouvait pas tout prendre. J'attendis donc à la dernière fraction de seconde avant de repousser l'explosion avec la mienne tout en me jetant par en arrière. L'explosion était immense et m'avait secouée jusqu'au mur, brûlant encore une fois une partie de mes vêtements. La fumée était épaisse et je me mis à tousser pour dégager mes poumons encrassés. J'avais mal aux bras. Couverts de brûlures, mon corps à corps était fichu. Mes jambes tenaient encore bon, mais j'allais les utiliser pour justement me déplacer à mon aise dans la salle. Oh non, ce n'était pas terminé. Je n'avais pas tout donné. Je me relevais à l'aide du mur, le regard ténébreux. Je levais les bras au niveau de mes hanches, tremblants. Je me mis en position, silencieuse. Je me décollai un peu du mur et ma prochaine fut mise en action.

Je me mis à créer trois boules condensées qui restèrent statiques en avant de moi. Mon bouclier fut créé, mais il s'envola tout droit sur Jerenn et l'enveloppa de façon à ce qu'il ne puisse pas bouger facilement. Je lançai ensuite mes trois boules qui se séparèrent: une au centre et les autres aux extrémités. La dernière seconde était cruciale. Les boules cessèrent d'être des boules et se transformèrent en nuée pour étendre l'explosion. Le bouclier s'éteignit en même temps et tout explosa. Moi, j'étais à bout d'énergie, je m'effondais de tout mon long sur ce plancher si froid... Oh oui... si froid... Mes brûlures si chaudes me faisaient atrocement mal. Jerenn était fort... il survivrait à ce genre d'assaut. Du moins... il ne se prendrait pas tout dans la figure... Il survivra... pas vrai...? Pas vrai...?

Jerenn...

J'étais toujours consciente, mais paralysée par la douleur et la fatigue. Mon conscient ne voulait pas que je tombe, il voulait que je vois le résultat, il voulait que je vois si ce que j'avais fait avait fonctionné, si... si...

L'attaque de Jerenn avait touché Sybi mais cette dernière ne comptait pas abandonner maintenant, oh que non. L'envie de surpasser Jerenn et de le battre donnait encore la force de se relever encore. Elle ne lâcherait pas, pas avant que ses jambes la porteraient. Jerenn le savait et il faisait exprès de provoquer Sybi pour qu'elle se surpasse.

Jerenn regardait Sybi qui invoquait des sphères de papillons. Puis elle invoqua un bouclier. Jerenn surprit se demandait ce que Sybi ferait avec son bouclier. Sybilia le déplaça pour envelopper Jerenn dans une sorte de cellule magique. Elle voulait l’empêcher de s'enfuir pour avoir le temps de placer ses trois sphères en place pour attaquer Jerenn. Le pistomancien resta immobile tout le long de la préparation et une fois encerclé par le bouclier, il ne tenta rien par curiosité tactique.

Un petit espace pour renforcer l'effet d'une attaque, d'une attaque explosive. Les trois boules d'énergie sont la suite de la combinaison.... bien joué Sybi, Un bon usage du bouclier qui sort de l'ordinaire. Les trois sphères.... Boom ?! C'est le plus plausible.... Il me reste plus qu'à …..

Jerenn fit tourner ses armes puis boom, les trois sphères se déployèrent en une immense nuée de papillons autour du pistomancien qui disparut dans l'explosion.

Jerenn...

Quelque secondes plus tard.... Jerenn souffla la fumée résultante de l’explosion avec son aura. Éclatant les derniers Shell shot qui avait résisté à l'explosion par la même occasion. Jerenn, juste avant l'explosion, avait créé une seconde cellule magique plus petite avec ses boucliers. Il s'était baissé pour diminuer la surface à défendre. L'attaque de Sybi avait détruit huit des douze boucliers de Jerenn.

Bien joué Sybi.... Belle combinaison, un peu trop gourmande en énergie et un peu long à préparer. Il vaut mieux faire cette attaque en début de combat par surprise. Le bouclier dans le dos et sur le coté jusqu'au début du champ de vision de l'adversaire et la nuée qui vient de face.

Jerenn présentait des brulures sur les bras et le visage, des morceaux de son shell shot s'étaient logés dans ses avant bras ou avaient causé de coupures en étant éjectés par l'explosion de la nuée. Le pistomancien s'en remettrait. Il alla jusqu'à Sybilia allongée au sol.

Bien joué, Sybi, tu t'es bien battue... Maintenant c'est l'heure de se faire dorloter par l'infirmière.

Jerenn prit Sybi sur son dos pour la ramener à l'infirmerie de la guilde. L'infirmière était déjà prête à recevoir ses deux patients conscient que dans l'arène en dessous de la guilde, ils n'y étaient pas aller de mains mortes. Jerenn déposa Sybilia sur le premier lit laissant l’infirmière faire son boulot. Jerenn prit le second lit et s'assit dessus attendant son tour tranquillement.

Je ne pouvais pas y croire... je ne pouvais simplement pas croire ce que mes yeux voyaient... Il arrivait à tenir encore debout. En plus, il n'avait presque rien comme blessure... Incroyable. Je me sentais de plus en plus pathétique, de plus en plus je voyais des choses et moins j'arrivais à comprendre comment ces gens arrivaient à être aussi forts... Je serrais les poings et le goût de frapper le sol me traversa l'esprit. J'avais si mal, je ne me sentais plus du tout le corps. Je sentais les larmes me monter aux yeux, je me sentais grincer des dents. J'étais trop pris intensément dans ma bulle pour décrypter les paroles de Jerenn. Il n'y avait que mes yeux qui me permettaient d'avoir un contact avec l'extérieur. Je vis Jerenn s'approcher et me prendre sur son dos... encore... En quoi pouvais-je bien être utile dans cette société de mage? Papa... que ferais-tu à ma place? Je suis en train de désespérer totalement... Aurais-je vraiment le courage de le surpasser? Aurais-je la force de me rendre jusqu'au bout?

Je serrais inconsciemment mon étreinte autour de Jerenn, je ravalai ma salive et essuyai une larme avec mon épaule. Le parcours n'était pas long, l'infirmerie était tout près et l'infirmière était déjà prête à nous recevoir. Allais-je un jour apprendre comment une vie de mage fonctionne réellement? L'infirmière demanda à Jerenn de me déposer sur le lit. Elle lui ferma ensuite le rideau au nez. Qu'avait-elle l'intention de me faire? Je me mis à serrer les draps de toutes mes forces et à me secouer d'un côté et d'un autre grâce aux dernières forces qui me restaient. Je vis la jeune femme sortir une seringue dans l'intention de me la planter dans le bras. En me débattant, ma main se décrocha du drap et l'aiguille transperça la peau de ma main. Je n'avais pas assez de salive pour crier, pas assez d'énergie pour souffrir un peu plus. Mon corps se leva lourdement par ma propre volonté. L'infirmière essayait de m'empêcher de bouger, mais ses douces paroles n'arrivaient pas à quoi que ce soit.

Je me levai du lit. Debout sur mes jambes tremblantes, j'avais clairement une bulle qui avait pété à quelque part. Je ne savais plus ce que je faisais. J'avais l'impression d'avoir quitté mon corps et que je flottais. Je n'arrivais plus à penser correctement ou à voir quelque chose de visible. J'avais un seul chemin de tracé: le dernier endroit où j'avais vu Jerenn. L'infirmière me retenait à un bras en me suppliant. Qu'avais-je fait pour être née aussi faible? Qu'avais-je fait pour perdre tout ce qui m'était de plus précieux? Je posai une main sur le rideau où le visage de Jerenn avait été vu pour la dernière fois. Je ne mimais que des lèvres son nom. Je m'écroulai au sol, à genoux, tremblante, en pleurs. Je hoquetais mes émotions et me réfugiai contre le buste de l'infirmière qui m'était présenté. Je ne savais pas combien de temps j'avais pleuré ni le temps que j'avais passé à l'infirmerie, mais on racontait que je faisais souvent des cauchemars et que je n'arrivais pas à me réveiller... On disait aussi que je prononçais de temps à autre «Papa» et le nom de Jerenn. Ils n'étaient pas énumérés un à la suite de l'autre, ils étaient seulement relevés lors de mes phases de sommeil les plus calmes...

Sybilia était jusqu'au bout d'elle même dans ce combat, son corps blessé, sa magie épuisée et son esprit malmené. Le coup de grâce du combat était le fait que Jerenn avait très bien géré la puissante attaque de Sybilia et en était ressorti presque sans blessure. La jeune femme sombra dans un sommeil intense pour récupérer physiquement et magiquement. Pourtant le combat continuait pour son esprit qui semblait torturer par le passé et que Jerenn avait malencontreusement réveiller lors du combat. L'infirmière pansait les blessures de Jerenn, inquiet pour Sybilia. Son visage montrait une triste mine permanente accompagné de soupirs lorsqu'il fixait Sybilia dans son sommeil. Une nouvelle fois l'infirmière vint lui porter conseil.

Jerenn-kun, tu est inquiet pour elle ?
Oui, je crois que j'ai commis une erreur en l'obligeant à aller si loin. J'ai réveillé une vieille et profonde blessure. Je me suis trompé.... fait chi** !!! Elle voulait progresser et quand j'ai vu sa détermination dans ses yeux, je me suis dit que je devais le faire. Cependant, je suis parti du principe qu'elle était dans le même état d'esprit que moi... Encore une erreur qu'il n'aurait pas commis.
Jerenn-kun, tu es trop dur avec toi-même. Tu ne possèdes pas l'expérience de ton maitre. Tu ne crois pas qu'il a commis cette erreur lui aussi au début de ton apprentissage.
Si bien sur que si. Néanmoins, il y a quelques différences entre nous. Je sais pas pourquoi ce qui m'a aidé à tenir et aller de l'avant, elle ne l'a pas eu et je pense qu'elle ne l'a plu. Je dois y remédier...
J'ai fini... Laisse la se reposer et après parle lui. Cela devrait l'aider
Encore une fois, merci doc, heureusement que vous êtes là vous aussi. Certains membres de la guilde seraient perdus sans vous.
Merci pour le compliment Jerenn-kun mais tu ne verras pas pour autant mon tatouage...
Ah ah ah... je savais que vous diriez ça doc... ça fait du bien de rire... encore merci.

Jerenn laissa un mot sur la table d'appoint à coté de Sybilia lui disant de le rejoindre dans la tour ouest de la guilde dès qu'elle aurait la force de venir ou de parler.

Jerenn attendit au sommet de la tour ouest de la guilde. Le bruit des pas sur les dernières marches. Des pas appuyés, une preuve que Sybi n'avait pas totalement récupéré mais elle voulait savoir ce que Jerenn avait à dire.

Le soleil se couchera bientôt, ça fera un beau panorama.

Il soupira, un grand souffle de soulagement, Sybilia était venue.
T'as pas attendu de récupérer plus. La curiosité a été plus forte que la douleur, je connais ça.

Jerenn s'appuya sur les remparts fixant le ciel qui s'éclairait petit à petit d'étoiles.

Ta dernière attaque était très bien, bien pensé, bien mis en œuvre. Cette attaque m'a montré tes progrès. Cependant toi tu n'as retenu que le fait que j'en sois sorti avec quelques blessures, tu n'as retenu que l’échec. Pourquoi ça ? Tu devrais plutôt être fière des progrès accomplie en si tu peux de temps. Et si tu n'es pas fière de toi, je le serais pour toi. Je suis fier de toi Sybilia, tu deviendras une grande mage, et tu m'auras surpassé avant que de t'en rendre compte.

Dit toi que tu es encore en vie pour essayer de me battre.

Tiens regarde ce coucher de soleil, le temps de la défaite ne dure que le temps qu'il faut au soleil pour éclairer de nouveau notre maison.

Ton combat contre moi... je suis désolé, je t'ai entendu à l'infirmerie, j'ai réveillé une blessure profonde. J'ai compris ce que j'étais pour toi, tu me considères comme ton rival, la personne que tu dois surpasser, n'est-ce pas ?

Je sais pas ce que j'ai fait pour que tu penses ça, mais avant tout je suis un ami Sybi pas ton rival. Si cela t'aide pour te pousser à progresser qu'il soit ainsi, je t'affronterai autant de fois que tu le souhaiteras mais le jour où tu me battras tu fera quoi ? Si je devais mourir avant que tu y arrives, que vas-tu faire après ? Tu baisserais les bras parce que le seul objectif que tu t'es fixé n'est plus là. Trouve toi une raison qu'on ne peut t'enlever que personne ne pourra t'enlever quoi qu'il se passe.

Allez viens là, je suis passé au marché pendant que tu faisais la marmotte dans ton lit. L'infirmière m'a dit que t'aimais les fruits et en particulier les framboises. Manges-en et regarde le coucher de soleil assise sur ce banc. T'as bien mérité du repos, après la pâté que tu m'as mis.

Jerenn s'assit en dégustant une fraise. Sybilia hésita un instant mais elle prit quelques framboises puis s'assit sur le banc à coté de Jerenn. Le soleil dardait ses derniers rayons puis laissa la place à la lune.

C'est beau, tu ne trouves pas ? Je trouve que c'est une bonne raison de se battre. Un beau panorama, la lune, le ciel étoilé, des amis avec qui partager ce moment.

Un sommeil profond... un sommeil se rapprochant du coma. Je n'arrivais plus à tenir, mon corps était meurti de la tête aux pieds. L'infirmière m'avait injectée quelque chose pour m'aider à dormir. Ma volonté était si forte pour me maintenir réveillée. Je voulais revoir Jerenn, je voulais... Je tombai endormie rapidement dans le lit. Je n'avais plus conscience de l'extérieur, mais de l'intérieur, je pouvais vous garantir que ça bougeait énormément. Je me revoyais au centre de notre village. J'étais très jeune à l'époque. L'attaque avait été effectuée en plein jour, personne n'était préparé. Dans notre demeure, j'étais en train de tricoter et de coudre pour la fabrication de nos vêtements. Ma mère quitta la maison en nous avertissant qu'elle allait chercher à manger pour le repas du soir. Je lui souris, elle me sourit. À peine quelques minutes après son départ, j'entendis par la fenêtre les habitants s'affoler et de crier des ordres à tout le monde. Ma curiosité me poussa à aller voir. J'ouvris la porte et rafla de me faire frapper de plein fouet par un homme qui courait. Je me mis à courir à mon tour dans le but de retrouver ma mère. Je criais «Maman» sans relâche jusqu'à ce que je vis son panier au sol, son foulard qui traînait sur un corps en train de se faire déchiqueter par un loup au poil hérissé. Je me précipitais sur lui et le frappai de toutes mes forces alors qu'il déchiquetait le corps de ma mère. «Lâche ma maman!» m'écriais-je. Puis, je me mis à crier à mon père pour qu'il vienne la sauver. C'était en me retournant que je vis un autre loup de la meute bondir sur moi. Il n'eut pas le temps de m'atteindre que son corps explosa en centaines de lambeaux. Mon père venait à ma rescousse. Il envoya ses libellules turquoises exploser le loup qui dévorait ma mère. Puis, il me tira dans ses bras. Je l'entendis pleurer, alors je pleurais aussi. Ce fut la dernière étreinte que j'eus depuis...

Je me réveillais à cause de la douleur et parce que j'avais repris un peu des forces. Je m'assieds sur le lit et vis qu'un petit message portant mon nom attendait que j'y donne mon attention. Je le prenai et lus rapidement ses quelques lignes. C'était Jerenn qui me convoquait à une des tours de la Guilde. Je ne pouvais pas rester au lit. Si j'avais l'occasion de lui parler, c'était maintenant. Je poussai les draps et sortis du lit en me pliant en deux. La douleur était encore bien présente. Je ne pouvais pas laisser passer cette chance, il fallait que je m'y rende, que je risque de perdre conscience pour parler à mon rival... Il fallait... Je sortis de l'infirmerie en me tenant aux murs. L'infirmière me vit passer sans dire un mot. Une main au niveau du ventre, je montais les escaliers à un rythme lent, mais possible. L'écho de mes pas se fit entendre tout en haut où m'attendait Jerenn. Il me fixait de ses yeux, moi, je n'avais plus la force de le regarder en face... pas après une défaite aussi lamentable. Il eut la même idée que moi: s'appuyer les bras contre la barrière qui nous empêchait de tomber tout en bas. C'était un bien meilleur support que ces murs lisses.

Il brisa la glace en me disant que le soleil allait bientôt se coucher. Avais-je dormi aussi longtemps? Je consultais mon ventre par la pensée qui avait totalement perdu l'appétit. Il parla d'abord de ma curiosité avant d'entamer le sujet de notre entraînement. Je l'écoutais, silencieuse, le visage détruit par la tristesse. Il me dit que je devais voir le bon côté des choses derrière ce combat. C'était vrai que je n'y voyais que la défaite, je n'y voyais aucunement ma progression. À force de voir les défaites qui s'accumulent, à force de toujours demander l'aide de ceux qui m'entourent pour m'en sortir vivante, en quoi pouvais-je voir la progression? Et si ces bandits que je croisais étaient tous de la même puissance? Et si leur puissance se montrait en diminuant? Alors... alors ce serait moi qui devenait de pire en pire... Je regardais le soleil qui s'éteignait à l'horizon comme s'éteignait mon espoir et ma volonté.

Jerenn essayait de me faire changer d'avis en se disant fier de moi. Comment pouvait-il me voir progresser? Pourquoi n'y voyais-je pas la même chose? Il fallait, d'après lui, que je vois le point où j'étais encore en vie pour pouvoir le battre. Puis, il poursuivit en voulant me faire comparer ma défaite au soleil. Ensuite, il me révéla qu'il avait entendu ma conversation en pleurs que j'avais eu avec l'infirmière. Mon corps baissa d'altitude et mon menton alla retrouver le confort de mes bras couverts de bandage. Il me demandait si c'était vrai que je le considérais comme un rival. J'hochais de la tête pour lui répondre. Il poursuivit en me disant que d'abord, il était mon ami. Mon... ami? Cela me faisait du bien de l'entendre. Je me souvenais justement ces «amis» au village qui étaient plus des voisins qu'autre chose. Depuis mon arrivée à Fiore, j'avais rencontré quelques personnes, mais ma fréquentation courte avec ces gens n'avaient pas fait d'eux des amis comme tel. Le reste eut l'effet d'une flèche directement au coeur. Il avait raison... je ne pouvais pas le considérer comme étant mon rival pour toujours. Je devais penser à autre chose, me trouver un autre objectif que de vouloir détruire mon seul et unique ami. Je devais penser à quelque chose qu'on ne pouvait pas m'enlever... Quoi donc? Je soupirais en me disant que j'avais tout mon rétablissement pour y penser.

Jerenn m'invita à venir manger des framboises à ses côtés. Des framboises, mon fruit favori... J'hésitais à le rejoindre parce que la faim n'était pas au rendez-vous, mais par respect, je succombais à la demande. Je m'assieds à ses côtés en pigeant quelques unes de ces merveilles de la nature. Je ne comprenais pas pourquoi il disait qu'un paysage aussi beau pouvait donner l'idée à quelqu'un de se battre. Partager un moment avec des amis, cela pouvait se faire. Je le faisais à ce moment-là. Je regardais ce que le ciel nous offrait comme spectacle. Je ne savais pas quoi dire, j'étais bouche-bée par la déclaration de mon ami, sans mot en me rendant compte que tout ce que j'avais pensé dernièrement ne faisait aucun sens... Mes lèvres décidèrent d'articuler finalement dans un soupir:

Quels sont tes objectifs à toi, Jerenn?

Je ne savais pas si c'était la douleur qui me poussait à pencher de ce côté ou si c'était intentionnel, mais ma tête alla trouver refuge sur son épaule...

Les deux mages assis sur le banc, regardant le ciel étoilé, la lune. Jerenn avait tenté de remonter le moral de Sybilia et de lui faire comprendre qu'il vaut mieux voir le verre à moitié plein qu'à moitié vide. Lui faire comprendre que tout ne s'arrête pas parce qu'on échoue.

Quels sont tes objectifs à toi, Jerenn?
En voilà une bonne question... Pour l'instant j'essaie de tenir une promesse faite à mon maitre. Une fois que cela fait.... je sais pas trop. Cependant je me pose pas la question, je pense que je suis déjà entrain de le faire, l'objectif de la nouvelle Phantom Lord me convient bien. Je rencontre des gens, je bosse. Ma vie de mage me plait, je m'amuse beaucoup. Pour l'instant ça me va, je prends du plaisir à vivre, je pense que c'est suffisant. Puis peut être que quelque chose arrivera qui me donnera un autre objectif, une autre raison de vivre.... Qui sait ce que l'avenir nous réserve.

Sybilia posa sa tête sur l'épaule de Jerenn devant le panorama. La fatigue, la situation s'est prêté ou alors c'était pour trouver du réconfort. Jerenn ne manqua pas de faire une petite remarque pour taquiner son amie. Il souriait et rigolait à l'avance de sa remarque

Bin alors, on cherche du réconfort chez son rival.... T'es sur que je le suis vraiment ? Je te taquine Sybilia, reste là tant que tu voudras mais ne t'endors pas, si je te porte mes blessures vont de nouveau s'ouvrir et l'infirmière me tuera et j'ai envie de vivre.

Jerenn rapprocha la corbeille de fruit pour ne plus avoir à se lever et regarder le ciel étoilé en mangeant des fruits en tout genre avec Sybilia, qui vu son état, devrait dormir sous peu.

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