Mira-san était vraiment connue du public et donc très populaire. À plusieurs reprises, tout le long de leur trajet jusqu’à Akane Resort, des civils et des journalistes les avaient arrêtées pour un autographe, une photo, ou encore « juste un mot » de la célèbre et charismatique ambassadrice de Fairy Tail. La jeune femme était très appréciée et semblait bien vivre avec cette popularité, répondant toujours avec un sourire enjôleur à tous les assauts qu’elles subissaient.
Seiren, dans ces moments-là, essayaient tant bien que mal de s’en éloigner et de se faire discrète. Trop de monde, trop de tapage. Cela ne l’intéressait pas et même, elle le redoutait quelque peu. La jeune recrue observait du coin de l’œil chacune des situations, pensant que cela devait être épuisant et ennuyant. Mais Mira-san ne se plaignait jamais. Elle devait être d’une nature conciliante, pensa Seiren.
C’était la première fois que les deux jeunes femmes se retrouvaient seules ensemble et, qui plus est, en mission. La jeune mage s’étonnait même de la voir partir en mission. L’ayant toujours vu servir les membres de la guilde, Seiren ne s’était jamais vraiment posée de question sur son rôle de mage, bien qu’elle ait déjà entendu quelque part que Mirajane était au niveau d’une autre célèbre mage de Fairy Tail, Erza Scarlett.
À la guilde, Mira-san avait tenté plusieurs fois d’entamer la conversation avec Seiren, mais cette dernière ne lui avait jamais rendu la tâche facile, puisqu’elle évitait tout simplement de rester trop longtemps au bar de la guilde.
Mais, à vrai dire, ces interruptions incessantes commençaient à énerver Seiren qui s’impatientait un peu plus à chaque fois. Elle n’en montrait rien et se contentait de continuer son chemin à un rythme plus lent, de sorte que sa co-équipière du moment puisse la rejoindre facilement. De plus, il n’y avait pas vraiment de temps à perdre, les vies de nombreux otages étaient en jeu.

Les deux mages étaient finalement arrivés au démesurément célèbre parc d’attractions d’Akane Resort. Et au vu de la foule qui en sortait en toute hâte, les choses sérieuses avaient déjà commencées. Tandis que Mira-san passa sans problème le cordon de sécurité, Seiren fut obligée de montrer la marque de Fairy Tail apposée sur sa nuque. Le garde qui les laissa passer les accompagna jusqu’au lieu de l’incident tout en leur exposant la situation. L’œil lubrique, le garde semblait très intéressée par le mage de rang S… Mais Seiren se contenta d’écouter son rapport.

Le garde : « Il s’agirait d’un groupe de mercenaires tous originaires de Seven. Nous ne sommes pas sûrs de leur nombre, mais selon certains témoignages d’employés du parc, ils sont au moins dix. Nous avons une ligne directe avec le chef du groupe. Et il vient tout juste d’exiger qu’on libère leur leader arrêté et emprisonné non loin d’ici, il y a quelques temps déjà. Si, nous n’obtempérons pas, ils exécuteront un otage toutes les demi-heures. » Il s’arrêta soudainement devant Mira-san et la saisit par les épaules comme pour la prendre à partie. « Nous avons réussi à gagner un peu de temps en leur disant qu’il faudrait une bonne heure pour amener le prisonnier jusqu’au parc, mais ce n’est certainement pas suffisant. Et nous ne savons même pas combien d’otages il y a. Nous avons vraiment besoin de votre aide… »

Le garde était bien entreprenant avec sa co-équipière, mais, après tout, si ça ne la dérangeait pas, Seiren n’avait pas à s’en mêler.
Cette fois-ci, la mission semblait plus corsée que d’habitude, en tout cas, ça l’était pour la nouvelle membre de la guilde.
Il fallait agir vite alors qu’elles ne disposaient que de peu d’informations. Les preneurs d’otages étaient-ils lourdement armés ? Y avait-il des mages parmi eux ? Leur comportement était-il nerveux et donc, facilement enclin à appuyer sur la gâchette, ou, au contraire, semblaient-ils bien contrôler leur propre situation ? Et puis, où était leur porte de sortie ? Comment comptaient-ils s’enfuir d’ici après avoir obtenu la remise en liberté de leur leader ?
Bon, de toute façon, cela ne faisait pas partie de leur politique d’obéir à des mercenaires et de leur donner ce qu’ils exigeaient.
Mais les choses n’allaient pas être faciles. Les trois jeunes gens reprirent leur route jusqu’à une immense bâtisse.


Le garde leur indiqua que c’était une attraction très prisée par le public. Un château-parcours. Chaque salle était décorée selon un thème bien précis. Chaque couloir et escalier pouvait renfermer des pièges ou bien déboucher sur des passages secrets, qui eux-mêmes pouvaient amener vers d’autres animations comme le labyrinthe à miroirs.
Le garde précisa que leurs équipes pensaient que les preneurs d’otages devaient avoir avec eux le concepteur du château et donc le directeur du parc, car personne n’avait été en mesure de trouver un plan de l’attraction.

Seiren glissait ses yeux violets sur toute l’imposante structure, comme à la recherche d’une brèche, un moyen d’entrer. Comment une dizaine d’hommes pouvait surveiller un tel lieu à eux seuls ? Les mercenaires pouvaient être plus nombreux, il fallait se préparer à cette éventualité. Il devait forcément y avoir une faille. Elles allaient devoir être très prudentes pour ne pas mettre le feu aux poudres. À elles deux, était-ce vraiment possible de régler ça ?

« Comment procède-t-on Mira-san ? Il faut qu’on infiltre les lieux et qu’on trouve là où ils ont rassemblé les otages. Et si, au passage, on peut mettre hors d’état de nuire quelques mercenaires, on pourra s’en sortir… Est-ce qu’on se sépare pour couvrir plus de surface ? »

Seiren avait totalement ignoré le garde et s’était adressée à Mirajane en la regardant droit dans les yeux, comme elle le faisait toujours. Mais elle avait encore du mal à tutoyer les gens de la guilde et elle s’adressait à eux de façon encore très formelle.
Puis, elle se tourna à nouveau vers le château, l’air pensive et au fond d’elle-même, quelque peu inquiète. Était-elle vraiment de taille pour une mission pareille ?

La jeune femme s’était contentée d’un hochement de tête suite à la réponse de sa co-équipière. Puis, elles ne perdirent pas plus de temps en bavardage et commencèrent leur infiltration avec Mirajane en tête. Seiren aurait pu essayer de passer par les airs, mais elle aurait pu être facilement repérée. Elles avancèrent petit à petit jusqu’au château, Isaya ne voulait pas non plus se précipiter et restait volontairement en arrière pour pouvoir couvrir Mira-san si besoin. Mais, une fois à l’intérieur de l’attraction, l’obscurité les saisit… Une voix, puis une lumière enflammée et Seiren se sentit entraînée en arrière par sa partenaire. Le choc passé, la jeune femme comprit qu’elles venaient d’essuyer leur première attaque et que Mira-san l’avait protégée.
Cette dernière interpela immédiatement leur agresseur. Sa voix habituellement douce avait changé de tonalité. Sérieuse, autoritaire, un peu froide. C’était assez surprenant, Seiren n’aurait pas cru pouvoir entendre la jeune femme aux cheveux argentés parler ainsi.

Un des preneurs d’otage : « Comme si j’allais répondre ! Tout ce que tu as besoin de savoir, c’est que tu vas venir avec moi… »

L’homme avait répondu pile au moment où Mirajane intima Seiren d’un signe de ne faire aucun bruit. Il avait la voix rauque et cela avait résonné dans toute la salle, faisant écho à la noirceur ambiante. À ce rythme-là, il allait prévenir ses acolytes, si ce n’était déjà fait.
Et soudain, la même lumière que précédemment se fit sentir. Il se préparait à frapper. Mais en même temps, il indiquait sa propre position.
La jeune mage ne savait pas du tout ce qu’avait Mira-san en tête. Et elle-même se disait qu’elles allaient devoir improviser si cela continuait.
Seiren pensa alors à deux options : foncer et tenter une attaque éclair sur lui, au risque de dévoiler la présence de mages dans l’enceinte du château ou alors… Se rendre en tant qu’otage et pouvoir ainsi plus facilement retrouver les autres otages.

Naturellement, Seiren préférait attaquer, mais là, trop de vies étaient en jeu. Se laisser aller à une impulsion de combattante n’était pas la meilleure voie à suivre aujourd’hui. Il y avait bien trop de risques. Et entre les deux jeunes femmes, si Mirajane était aussi puissante que les rumeurs le sous-entendent, il valait mieux que ce soit Seiren qui aille dans la gueule du loup. Ainsi Mira-san aurait le champ libre pour agir. La jeune femme brune oublia alors la recommandation de sa partenaire et sortit de leur cachette, après avoir adressé un regard déterminé à sa complice.

« Attendez ! Ne tirez pas. »

D’un seul coup, de nombreuses torches s’allumèrent et éclairèrent la salle. L’homme se trouvait un peu plus haut sur une sorte de balcon qui surplombait tout. Il ordonna à Seiren de monter et elle s’exécuta, lui, la mettant en joue et, elle, les mains en l’air…
Pour jouer le jeu, la jeune mage essayait tant bien que mal d’afficher la peur ou au moins la nervosité sur son visage. Mais cela ne semblait guère convaincant.
Le preneur d’otage agrippa le menton de Seiren et l’observa en détails.

« C’est un bien mignon cadeau qui s’offre à moi. Je devrais peut-être en profiter un peu avant de te donner au reste du groupe… »

Le sourire et le regard sournois, l’homme entreprit une fouille de Seiren, sans aucun ménagement… Se concentrer sur la mission, se concentrer sur la mission, la vie des otages était la priorité. La jeune femme se répétait cela comme des mantras pour se calmer et éviter de réagir trop brutalement. Mais quand il toucha à ses cheveux, Seiren se retourna instinctivement et le frappa au visage d’un coup de poing surprenant.

« Ne me touchez pas. »

Le violet de ses yeux s’était fait plus sombre. La main sur ses cheveux, au niveau de sa nuque… Seiren avait bien cru qu’il allait découvrir la marque de Fairy Tail si il avait continué.

« Timide, mais avec du caractère… Intéressant. Mais… »

Il la frappa au visage avec la cross de sa mitraillette. Seiren se rattrapa à la rambarde pour ne pas tomber au sol. Du sang perla depuis son front. Puis, il ligota ses mains dans son dos à l’aide de liens de serrage en plastique. Il s’assura de bien serrer les liens jusqu’à ce ça coupe légèrement la peau de la jeune femme qui ne broncha pas. Malgré elle, l’expression de son visage exprimait le défi.

« Le boss n’aime pas les têtes-brûlées, alors si tu veux vivre, tiens-toi tranquille. Ou bien tu seras la première à perdre à notre petit jeu… »

Le preneur d’otage la tira ensuite par le bras pour qu’elle passe devant, pointa son arme dans son dos. Après quelques mètres, il demanda par radio qu’on vienne le relever de sa position… Il arrivait avec un otage en plus…

Alors qu’il la conduisait vers les autres otages, un bruit sourd venant de l’arrière les arrêta. L’homme la laissa seule dans un couloir pendant à peine quelques secondes. Seiren déduisit qu’il ne pouvait s’agir que de Mira-san et préféra ne rien entreprendre d’autre pour l’instant. Mais à sa grande surprise, il revint indemne et sans faire la moindre remarque. Étrange… Qu’était-il arrivé à sa co-équipière ? Vu la personnalité que semblait avoir son preneur d’otage, si il avait tué quelqu’un, il s’en serait vanté immédiatement, donc il n’en était rien.
Tandis qu’ils parcouraient le long couloir, défilait sous les yeux de Seiren des tableaux aux portraits burlesques. Et pendant une seconde elle se demanda vraiment qui pouvait aimer venir dans un tel endroit. Après quelques minutes de marche, ils pénétrèrent dans une salle lumineuse… La réflexion de nombreux miroirs aveuglant dans un premier temps Isaya. On se serait cru dans un palais des glaces. Leurs reflets se perdaient à l’infini et donnaient même le tournis. Mais le preneur d’otage parla dans le vide… Enfin c’est ce qu’elle crut au départ, mais une voix de femme lui répondit dans un écho cristallin… Et à ce moment-là, les miroirs se mirent à danser, prenant leur place dans les airs et dévoilant un nouveau passage.
La pointe de l’arme dans son dos l’obligea à avancer, puis, quelques mètres plus tard, Seiren tomba brusquement à terre près des autres otages… Poussée par son bourreau.

« Je vous ramène un petit rat. »

Avec cette chute, le sang issu du coup qu’il lui avait porté tout à l’heure s’infiltra dans son œil droit. Bien qu’assise devant le groupe d’otages terrorisés, elle se redressa quelque peu pour pouvoir appréhender- aussi discrètement que possible- ce nouvel environnement. Elle cligna de l’œil, gênée, puis compta… 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7… Non 6 criminels dans la pièce, l’un d’eux était sortit tout de suite après leur arrivée. Tous n’étaient pas armés, cela laissait supposer qu’il y avait des mages parmi eux. Tout autour d’elle, encore des miroirs, mais juste sur 3 murs et derrière les otages une porte coulissante. Dans son entrebâillement, Seiren crut reconnaître une sorte de terrasse. De l’air iodé pénétrait la salle par ce côté-là. Selon ses souvenirs, ils ne devaient donc être qu’au premier ou deuxième étage du château. Quant aux prisonniers, ils étaient pour la plupart jeunes, quelques enfants. La jeune femme avait du mal à les compter, elle risquait de devenir suspecte si elle continuait à regarder ainsi tout autour d’elle. Mais ils étaient tous recroquevillés sur eux-mêmes, cherchant sciemment à éviter le contact visuel avec les criminels. Et ces derniers n’avaient même pas pris la peine de cacher leur visage. Avaient-ils donc vraiment l’intention de ne laisser aucun témoin derrière eux ?

Celui qui semblait être le chef était confortablement installé dans un fauteuil et transpirait l’ambition comme si un désir de conquête et de reconnaissance l’animait. Au moment où il allait se lever, une voix masculine s’échappa d’une radio.

« Monsieur... Il y a du mouvement à l’extérieur, mais toujours pas de fourgon en vue… Terminé. »

Cette simple phrase s’étouffa dans un grésillement désagréable. Le chef se leva, fit quelques allers-et-retours devant l’assemblée soumise, un sourire prétentieux aux lèvres. Il regarda sa montre, puis frappa dans ses mains comme pour applaudir faisant sursauter tous les apeurés.

Le chef : « Bien, bien. Il reste quinze minutes avant que… » Il s’avança soudainement parmi les otages et saisit le menton d’un jeune homme. « Tu ne meures ! » Puis il se retourna aussi sec et fit un autre pas, vers Seiren cette fois-ci. « À moins que TU ne meures, petit rat… »

Sa voix dérailla dans un rire sarcastique, suivi par ceux de ses compagnons armés. Tout ceci ne semblait être qu’un jeu pour lui. C’était à se demander si récupérer leur leader était vraiment son objectif. Mais ses gestes et ses paroles avaient insufflé un mouvement d’effroi, pour ne pas dire de panique parmi les otages. Et les pleurs d’un enfant inconsolable et les mots vainement rassurants qu’essayait de lui souffler sa mère firent perdre patience à l’un des hommes… Qui en voulant frapper l’enfant avec son arme pour qu’il cesse de geindre, frappa la mère. Le choc imposa le silence. Même Seiren ne l’avait pas anticipé. Elle serra les dents et les poings rageusement. C’était intolérable !
Et à la surprise générale, le chef prit violemment son homme à partie bien que sa voix se faisait étrangement calme.

« Tu veux prendre une initiative ? … Tues. Mais ne blesses pas. Pas de petits jeux de pseudo-délinquants ici… Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? »

Il avait terminé sa phrase en pointant l’arme de son homme vers les otages, forçant sa main à en saisir la gâchette. Tout le monde avec les yeux braqués sur eux et leur folie.
Pendant ce temps-là, Seiren s’était subtilement déplacée, de sorte à être au milieu, devant le reste des otages et face à la plupart des malfaiteurs.
La tête baissée, les yeux clos, elle se concentrait depuis quelques secondes déjà, puis dans un murmure imperceptible, elle prononça un mot…

« Jiba… ~ …Shindou... »

Petit à petit, tout le monde pouvait ressentir comme une légère secousse, une vibration qui s’intensifiait lentement. Le sol, mais surtout les miroirs tremblaient.

« … no houshasen. »

Le sol se craquela subitement et les miroirs éclatèrent en mille morceaux, arrosant d’une pluie tranchante les hommes armés. Instinctivement, les otages effrayés reculèrent, mais ce n’était pas suffisant. Eux aussi pouvaient être atteints par les bouts de miroirs brisés. La jeune mage éclaircit doucement sa voix et activa une autre technique dans un simple souffle.

« Jiba ~ Hiketsu ! »

Les débris tranchants, mais aussi les hommes qui se trouvaient sur sa ligne de mire, face à elle… Tous furent projetés violemment en arrière. S’assommant dans un tintement sur les murs fissurés…
Seiren se recourba sur le dos, pliant ses jambes sur elle-même pour pouvoir faire passer ses mains liées devant elle. Puis elle se releva, prête à évacuer les otages par la porte coulissante. C’était là la diversion idéale. Elle s’en était persuadée elle-même, lorsque le doute de voir arriver Mirajane l’avait saisit un peu plus tôt…

Elle avait du mal à le croire elle-même, mais la diversion avait fonctionnée. Et petit à petit, les otages étaient sortis par la fameuse porte coulissante qui menait non pas sur un balcon, mais sur une passerelle extérieure. La jeune femme leur avait soufflé d’essayer de rentrer dans l’autre aile du bâtiment en attendant qu’elles les rejoignent.
L’homme qu’elles avaient rencontré un peu plus tôt semblait avoir convaincu ses camarades de sortir du château pour faire on-ne-sait-quoi. Seiren n’avait pas pu entendre de là où elle était, mais elle trouvait cela bien étrange. Mira-san y était pour quelque chose ? Pendant qu’elle évacuait la dernière personne, elle se demandait bien comment sa co-équipière avait bien pu agir, puisqu’elle-même n’avait rien vu…
Mais juste après, Seiren n’en crut pas ses yeux quand elle comprit que « son » preneur d’otage n’était personne d’autre que Mirajane. D’abord, confuse, elle se demanda quand l’échange avait eu lieu, puis se souvint rapidement que l’homme s’était absenté quelques instants après avoir entendu un bruit sourd. Mais alors pourquoi ne pas l’avoir mise dans la confidence dès le départ ? Pour être plus crédible ? Mirajane voulait certainement s’assurer de la bonne réussite de son plan et l’inexpérience de Seiren aurait pu tout gâcher. En tout cas, l’effet de surprise avait bien fonctionné. Aussi bien sur le chef fourbe que sur la jeune mage.

L’expérience en combats de Mirajane se sentait et donc la différence de niveau entre les deux jeunes femmes également. Seiren n’avait fait jusque-là que ce qu’elle avait pu, saisissant la moindre occasion. Mais pour un mage de l’envergure de Mira-san, tout aurait été plus simple et réglé depuis longtemps. Peut-être avait-elle compliqué la situation en étant trop téméraire… La preuve, elle était même distraite à un moment si important qu’elle eut à peine le temps de se décaler pour éviter l’épée du chef des mercenaires. Alors lui aussi était mage… Après tout, c’était fort plausible, vu qu’il n’était pas armé comme ses subordonnés. Isaya vit Mirajane réagir rapidement et bloquer le passage par lequel elles étaient arrivées. Puis, cette dernière s’adressa haut et fort à elle :

« Seiren, je me charge de lui, rejoint les otages et dit leur de s'éloigner le plus possible de cette porte et se s'allonger sur le sol ! Une fois que tu es sûre qu'ils sont en sécurité, essaie de descendre du château et prévient les autorités de Fiore. Elles doivent absolument venir sauver ces enfants. Puis, rejoins-moi si tu le peux ou je me débrouillerais sans toi. »

Sans attendre, Seiren hocha la tête par l’affirmative avant de s’éclipser à son tour par la porte coulissante qu’elle referma derrière elle.
Les otages étaient toujours là, encore apeurés, agités et agglutinés de l’autre côté, essayant d’ouvrir le passage, mais en vain.

« Calmez-vous s’il vous plait. Je suis mage de Fairy Tail et je vais vous sortir de là, ne vous inquiétez pas. »

Le calme revint doucement tandis que la jeune femme se pencha par-dessus la balustrade en pierre. Pourquoi ? Et bien parce qu’elle avait décidé de les faire descendre directement par-là. Au lieu de re-rentrer dans le château et risquer de tomber sur d’autres mercenaires, autant être directe. Après tout, il n’était qu’au deuxième étage. Avec ce qu’elle avait en tête, c’était faisable.

« D’accord, écoutez-moi bien. Je vais vous faire descendre, pour atterrir sur la pelouse, le tout comme si nous étions dans un ascenceur. Restez calme. N’ayez pas peur. Je vous demande juste de bien rester au milieu de la passerelle. Restez bien serré les uns autres. Une fois en bas, courez droit devant vous aussi vite que possible. Je passerai devant vous, détruire les barriers en fer là-bas et informerai les gardes du Conseil pour qu’ils vous mettent tout de suite à l’abri. Est-ce que c’est clair ? Tout le monde a compris ? »

Elle avait accompagné son petit discours de quelques gestes indicatifs sur la marche à suivre. Son autorité naturelle avait fait le reste et tout ce petit monde se tint prêt. Seiren ferma les yeux et se concentra. Cette fois-ci, elle allait devoir être beaucoup plus précise car elle voulait détacher la passerelle du mur et pour ça, les vibrations devaient être extrêmement ciblées et puissantes pour que cela fonctionne du premier coup. D’abord, on localise les ondes… Ensuite, il suffit de se lancer.

« Jiba ~ Shindou no houshasen ! »

À la première secousse, les otages commencèrent à paniquer, mais Seiren ne leur laissa pas le temps de se rendre compte de ce qu’il se passait, car en un craquement sourd, la passerelle se détacha et, gravité oblige, chuta.

« HIKETSU! »

Sans se laisser distraire par les cris de surprise des otages, la jeune mage s’était immédiatement agenouillée pour activer sa technique de rejet directement sous le groupe. Ainsi, elle espérait en affaiblir l’effet pour garantir une descente moins brutale. Ils se posèrent tout de même avec lourdeur. Certes, il y aurait eu peut-être plus discret comme solution, mais il n’y avait pas de temps à perdre et Seiren avait préféré agir plutôt que tergiverser.

Elle essayait tant bien que mal de ne pas effrayer les otages plus qu’ils ne l’étaiten et son apparence calme devait aidé, mais elle craignait qu’avec le bruit qu’elle avait causé, les mercenaires arrivent plus vite que prévu. Seiren activa alors sa technique de déplacement et ouvrit la voie. Un premier tour furtif : personne en vue. D’un geste, elle leur indiqua d’avancer. Mais ils n’étaient pas assez réactifs, trop apeurés.

« Allez on y va. Les parents, prenez vos enfants dans vos bras et courez. »

Le rappel à l’ordre passé, ils s’exécutèrent finalement et Seiren put s’en tenir à son plan. En un rien de temps, elle détruit les barrières de fer et briefa le garde qui les avaient, Mira et elle, guidées jusqu’au château. Puis elle repartit vers les otages qui arrivaient et les entraîna à aller plus vite. La mère qui avait été blessée tout à l’heure en protégeant son fils était à la traîne. Et à ce moment-là, les mercenaires arrivaient de part et d’autre de l’attraction, prêts à récupérer leur moyen de pression. Mais c’était sans compter sur Seiren qui en envoya valdinguer trois sur son passage. Avec sa technique de déplacement sur les ondes électriques, ils n’avaient même pas eu le temps de tirer. Tout s’était passé très vite et quand elle se retourna, tous les otages étaient entre de bonnes mains, tandis que les renforts prenaient place et encerclait le château.

Rassurée, Seiren pouvait retourner auprès de sa co-équipière bien qu’elle pouvait parfaitement imaginer qu’elle ait déjà terminé…
Isaya repassa par la porte coulissante et n’essaya même pas de se faire discrète… De totue façon, avec sa technique de déplacement activée, c’était impossible au vu du halo bleuté qui s’échappait des ses bottes et de ses gants. Mais fatalement, lorsqu’elle ouvrit la porte, tous remarquèrent d’abord qu’il manquait quelque chose au décor. Mais ce n’était pas ce qu’il y avait de plus surprenant. Car à son retour à l’intérieur, trois protagonistes s’étaient joints à la bataille. L’homme dont Mirajane avait emprunté l’identité, un autre mercenaire encore inconnu et une jeune femme qu’ils tenaient en joue.

La conceptrice de l’attraction : « Pitié ! Laissez-moi partir ! Je ne suis que la conceptrice du château, je n’ai aucune valeur ! »

La même voix que dans la salle des miroirs. Passé outre le fait qu’elle semble bien jeune pour avoir créé cette attraction- un génie comme on dit ?- elle avait dû être retenue dans la salle de contrôle par l’homme au visage inconnu et l’autre s’était réveillé. Ils avaient réussi à mitrailler la porte que Mirajane avait bloquée tout à l’heure. Seiren fronça les sourcils, ses yeux violets exprimant une toute nouvelle gravité. Ce n’était pas fini. Mais, comme pour tous les déstabiliser, elle annonça avec arrogance :

« À l’heure qu’il est, les gardes ont déjà mis les otages en sécurité et sont en ce moment-même en train de nous encercler. Alors, on continue à jouer ? »

Les choses s’étaient soudainement accélérées. Entre des esquives de lames à la toute dernière seconde, des attaques qu’elle n’eut même pas le temps de parer puisque Mirajane s’en chargeait avec brio et puis, la transformation de cette dernière en démone… Seiren comprit ce que voulait vraiment dire être mage de rang S. D’ailleurs à ce moment-là, la jeune recrue avait bien sentit la puissante magie qui émanait de sa partenaire, ne serait-ce que par la taille des sceaux, mais aussi par la pression que son corps avait ressentit. Quand le démon se tourna vers elle- tellement opposé à ce qu’est Mirajane- que Seiren ne put s’empêcher de penser pendant un instant qu’elle allait se faire manger toute crue. Absurde, bien évidemment. Même sous cette forme, il était inimaginable que sa co-équipière s’en prenne à elle en oubliant qu’elles sont du même camp.

Tout ce que faisait Mira-san semblait si facile pour elle et en résultait une redoutable efficacité, alors que sa puissance n’était même pas totalement dévoilée. Elle prenait les choses en charge, venant même s’opposer aux attaquants de Seiren. Elle ne faisait que l’aider et ne pensait certainement pas à mal, mais Isaya se sentait un peu frustrée et en colère… De ne rien pouvoir faire elle-même, à part esquiver et parer des attaques qui n’aboutissaient même pas… Mais aussi, de laisser Mirajane prendre autant de responsabilité, comme si elle voulait porter un fardeau toute seule. La preuve en était, qu’elle avait sauvé la conceptrice du château, battu la plupart des assaillants et parfois même avant qu’ils n’attaquent. C’était impressionnant. Et Seiren se sentait bien inutile.

Alors que même deux adversaires se dressaient enfin devant elle, Mirajane en emporta un à son passage. La démone partait affronter le chef des mercenaires dans les airs à l’extérieur de l’attraction. Qui aurait cru qu’il aurait utilisé sa magie de cette façon… pour léviter à son tour. Mais Seiren laissa les deux puissants à leur combat, préférant se concentrer sur celui qu’elle engageait avec le mage du vent qui avait réussi à bloquer à deux reprises Mira-san.
La partie n’allait pas être simple.

Isaya se positionna, prête au combat tout en fixant l’homme qui lui faisait face. De ce qu’elle avait vu, il pouvait violemment frapper en concentrant sa magie dans son poing, mais aussi créer des barrages. Les deux mages se toisèrent pendant un long moment, mais il fallait bien tenter quelque chose. L’homme bougea ses doigts. Sa technique de déplacement toujours active, Seiren s’approcha de lui en un éclair, armant son poing pour lui asséner un coup, mais sa barrière s’activa, projetant la jeune femme contre le mur dans lequel se marqua l’impact.
Bien qu’elle cracha un peu de sang, Seiren repartit à l’attaque avant même de mettre un pied à terre. Feintant d’attaquer de front, elle se déplaça immédiatement sur la droite, puis sur la gauche, puis à nouveau à droite, devant et derrière. Elle apparaissait et disparaissait rapidement sous les yeux du mage qui commençait à s’étourdir. Mais quand elle décida de frapper pensant avoir une ouverture par l’arrière, Seiren fut à nouveau bloquée et renvoyée à l’autre bout de la pièce.
Le temps qu’elle reprenne ses esprits, il se tenait au-dessus d’elle, le poing levé et frappa.

« HIKETSU ! »

In extremis, elle put parer le coup en le bloquant. Mais il insistait, forçant et appuyant encore et encore tandis qu’elle s’enfonçait un peu plus dans le sol. Seiren serra les dents, elle n’allait pas tenir longtemps comme ça. Et osa de tenter quelque chose.

« SHINKINKAN ! »

Réaction immédiate. La technique de rejet se dissipa pour faire place à la situation inverse. Le mage du vent était attiré comme un aimant vers Seiren qui profita de l’effet de surprise et du fait qu’il maintenait son poing armé pour lui asséner un brutal coup de pied dans l’estomac, l’éjectant du même coup en arrière. À son tour de lâcher un hoquet sanguin.
La jeune mage se releva et plongea sur lui toujours étendu au sol. Sa technique de manipulation des ondes électriques activée, elle voulut à nouveau le frapper dans l’abdomen avec ses jambes jointes, mais le bouclier de vent l’en empêcha… La faisant heurter le plafond de plein fouet.
Son adversaire se tenait maintenant bien droit sur ses jambes, un sourire arrogant aux lèvres, alors qu’elle venait de poser un genou au sol et tentait de ne pas afficher sa douleur. Mais toujours confiante, elle ne craignait pas de le fixer droit dans les yeux. De plus, elle avait remarqué certaines choses. L’espace sur laquelle était déployée sa barrière, diminuait petit à petit après chaque utilisation. Et il ne semblait pas pouvoir activer cette défense lorsqu’il passait au combat rapproché. Il fallait tenir ça en compte. Le travailler au corps pour que se défense s’effondre. Ou bien l’amener au combat au corps à corps. Mais à ce rythme, c’était elle qui allait flancher avant. Peu importe ce qu’elle déciderait, il fallait encore le surprendre, sinon sans ça, elle ne pourrait pas l’avoir.

Au loin, ils pouvaient entendre à quel point le combat faisait rage pour Mirajane et le chef des mercenaires. Des frappes dévastatrices, des coups de lames qui tranchaient l’air, c’était intense de ce côté là aussi. Les sons à la fois lourds et stridents de leurs attaques résonnaient un peu partout. Elle aurait voulu voir ça, mais elle devait d’abord en finir ici. Et d’ailleurs, il fallait qu’elle pense à remercier sa co-équipière, car elle venait de lui donner une idée.

Seiren se releva brusquement et annonça sans attendre : « SHINKINKAN ! »

Le mage de vent fut surpris. Pas par l’attaque qu’il avait reconnue, mais seulement parce que lui aussi s’était laissé distraire par le combat de son chef. Attiré sur Seiren et ne pouvant rien faire d’autre que se préparer à frapper le premier, il se rapprochait dangereusement, lorsque… à, à peine quelques petits mètres d’elle, l’attirance céda brutalement.

« DENBA ~ RAITEI NO SEISAKU ! »

Sans attendre, Seiren accéléra la matérialisation de l’électricité qui entourait le mage du vent. Intensifiant… Intensifiant… Et intensifiant encore la puissance électrique des ondes qui, maintenant, le frappaient de haut en bas, à l’image de la foudre frappant la terre. Le bras gauche tendu devant elle, plus elle guidait les ondes pour frapper et plus sa main se refermait sur elle-même… La lueur bleuté de l’électricité illuminant les yeux violets de la jeune femme, concentrée. Les cris de douleur du mage s’amplifiaient eux aussi au fur et à mesure, se répercutant dans la salle et ailleurs, tandis que son corps tremblait frénétiquement sous les assauts survoltés des ondes. Seiren réussit à tenir assez longtemps pour qu’il s’évanouisse.
Mais en stoppant sa technique, le contrecoup fut écrasant. La forçant à s’agenouiller. Elle avait dû mal à reprendre son souffle, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Son bras gauche tremblant, comme un écho à l’utilisation de cette technique. Il lui fallut attendre quelques minutes avant de pouvoir se relever et respirer à un rythme plus normal.
Mais le silence qui régnait maintenant et la tension magique disparue… Était la preuve qu’elle avait réussi.

Des gardes du Conseil pénétrèrent dans la salle en toute hâte et se rendirent bien vite compte qu’ils arrivaient après la bataille. Ils se chargèrent de ligoter le mage du vent et semblaient s’être déjà occupés du reste des mercenaires.
Seiren tourna la tête vers la fenêtre, avant de se diriger doucement vers le trou béant qu’elle avait elle-même causé dans la façade… En espérant… Non. En ayant la certitude que Mirajane dominait la situation…