« Chaud » et « hostile » furent les premiers mots qui lui vinrent à l’esprit. Qui aurait cru, qui aurait pu imaginer un tel paysage dans le pays ? En tout cas, pas la jeune femme. Seiren commença alors son errance. Parce que, oui, dans un tel décor, il ne s’agissait que de cela. Une errance. Surtout quand on possède un mauvais sens de l’orientation comme Seiren.
Heureusement, il y avait, ici et là, quelques étranges formations rocheuses, plus ou moins hautes les unes par rapport aux autres. La jeune mage avait eu raison d’écouter au moins une des rumeurs (le désert), puisqu’elle put marquer son passage près des rochers à l’aide d’une craie… Bien que… La probabilité qu’elle retrouve ses marques à son retour soit faible. En effet, de violentes bourrasques de vent apparaissaient de temps à autre. Le sable se mêlait évidemment au vent brûlant pour fouetter tout ce qui se trouvait sur son passage. Seiren en fit l’expérience et appris vite à esquiver ces étranges formations qui ressemblaient à des mini-cyclones.

Après une heure de marche qui lui sembla être bien plus longue et qui, surtout, fut totalement infructueuse, la jeune femme décida de s’accorder une pause et de s’hydrater un peu. Seiren commençait à regretter d’avoir accepté cette mission. Surtout pour un homme qui ne lui avait même pas adressé la parole. Certes Seiren n’était pas très bavarde, mais pas à ce point-là.

La jeune mage reprit finalement ses recherches après avoir attachée ses longs cheveux en chignon tellement la chaleur l’incommodait. Où qu’elle aille, le paysage était sensiblement le même. À cela s’ajoutait une chaleur de plus en plus étouffante, telle une prison invisible. Seiren ne se sentait vraiment pas bien dans ce décor et espérait terminer cette mission au plus vite.

Après d’interminables minutes, la jeune femme eut la sensation qu’elle était en train de monter. Une dune ? Apparemment non, puisqu’un des pieds de Seiren rappa soudainement, la forçant à poser un genoux au sol. Sol qui était brusquement aussi dur que de la roche. Et c’était bien le cas. La demoiselle était effectivement en train de gravir une formation rocheuse, dont une grande partie était ensevelie dans le sable.
En se redressant, elle put prendre conscience de toute la hauteur du rocher. Elle s’apprêtait à rebrousser chemin quand un détails rouge fit le déclic dans son esprit.

Bien que croire en la chance ne fasse pas partie de ses principes, pour une fois, Seiren se laisserait bien tenter. Simplement pour pouvoir quitter plus rapidement cette vallée infernale.

Son ascension débuta. Elle aurait pu utiliser une de ses techniques pour rejoindre, d’un coup d’un seul, le sommet et ces buissons, mais elle essayait de se tempérer et de n’utiliser sa magie qu’en cas d’extrême nécessité. Après tout, son endurance n’était toujours pas optimale, et encore moins sous ce soleil de plomb.

Profusion ! Les petits buissons rouges pullulaient un peu partout sur ces hauteurs. Regroupés par « mottes », la cueillette allait être plus rapide que ce qu’elle aurait cru. Dans un regain d’énergie, la jeune femme s’empressa de s’atteler à la tâche, remplissant un à un les précieux sacs en toile que le chef lui avait remis un peu plus tôt. Ayant eu l’ordre d’en rapporter un maximum, Seiren ne se privait pas, mais prenait tout de même soin, de ne pas abîmer les jeunes pousses.

Après avoir fait le plein, c’est en voulant redescendre que Seiren remarqua un buisson isolé, sur le versant ouest de la zone rocheuse. Elle déposa ses sacs au sol et emporta le moins rempli d’entre eux, avant d’activer sa technique de déplacement Denba ~ Saikousokudo no kifuku. Comme suspendue dans les airs et face au dernier buisson, la jeune mage récoltait les épices avec une toute nouvelle délicatesse.

Mais… Le temps si propice à la tranquillité se rompit au moment où une étrange bête sortit de nulle part et s’avançait obstinément vers Seiren. Ou plutôt vers son butin qu’elle ne lâchait pas des yeux. Et quels yeux ! Comme paralysée, Seiren restait bloquée sur la taille anormale de cette bête. Car d’ordinaire, les insectes ne sont pas aussi gros…

Une drôle de sensation parcourut le dos de la jeune mage. La peur? Ou du moins la sensation d’être devenue une proie, oui. L’insecte, démesurément grand par rapport à ce que l’on a l’habitude de voir, était obnubilé par le contenu du sac que Seiren serrait contre elle. Et tout à coup, il fonça droit sur elle.
Mais l’esquive fut facile. La première ainsi que la deuxième fois. À la troisième tentative, la bestiole rentra dans le rocher au lieu d’atteindre sa cible. Seiren en profita pour lui porter un coup de jambe et le faire valser plus bas.
La jeune femme ne comprit pas de tout suite, pourquoi soudainement, elle ressentait comme un entrechoc de vibrations… Des vibrations qui se déplaçaient et s’accumulaient en masse non loin de sa position.

Avoir assommé le premier insecte n’avait pas été très judicieux. Car, à présent, ce n’était plus un seul insecte, mais tout un essaim qui fonçait droit sur elle.
Seiren remonta en un instant sur le sommet et récupéra au vol les inestimables sacs. L’essaim l’avait déjà rattrapée lorsqu’elle décida de s’éloigner des buissons et de descendre de là. La jeune femme n’aimait pas ça. Cette impression d’être en fuite…
Heureusement pour elle, les insectes se mouvaient ensemble comme si ils n’étaient qu’un.

La pression des ondes électriques se resserra. La matérialisation des ces mêmes ondes s’accéléra. Et instantanément, les insectes furent électrocutés comme foudroyés sur place. Les autres bêtes qui n’étaient pas encore dans la zone ciblée par Seiren, firent immédiatement demi-tour.
Et cette fois-ci, la jeune mage garda active sa technique de déplacement jusqu’à ce qu’elle ait atteint la frontière de la Web Valley.