C'était une belle journée. Le soleil tapait agréablement contre les bâtiments de la ville de Magnoria, et semblait se refléter sur les pavés des ruelles. La place était belle en ce jour, colorée, chaleureuse. Les passants discutaient, s’esclaffaient devant des vitrines miroitantes d'objets plus rares les uns que les autres, certains buvaient un thé, assis à la terrasse d'un café. Magnoria respirait l'été, et l'effluves des odeurs florales de saison mélangées au parfum général de la ville semblait créer une osmose parfaite.

C'est dans cette situation qu'Eikō arriva en ville. Ses premiers pas, il ne s'en souviendrait guère : il ne faisait que regarder ses pieds. Magnoria l’intéressait peu. Les habitants de la ville l’intéressait peu. Seule Fairy Tail, semblait avoir un quelconque intérêt à ses yeux. Fairy Tail, la guilde dont les "on dit" racontaient qu'elle était incroyablement fraternelle. Que ses membres se battaient non pas pour l'entité "Guilde", mais pour protéger ceux qu'ils aimaient. Et que chaque tatoué devait une personne à aimer.

Eikō releva la tête, il venait d'arriver sur la grand'place. D'un geste de la main, il retira sa capuche, ses cheveux blancs lui tenaient déjà bien assez chaud. Il était d'ailleurs aujourd'hui habillé comme une fois sur deux : par ces temps de chaleurs, il avait revêtit son habit blanc à la capuche noire. . Il jeta un rapide coup d'oeil autour de lui. Il n'y avait rien, pensa t il, qui ressemblait ici à une guilde de mage. Il lui faudrait probablement courir rues après rues, ou bien "demander" à quelqu'un. Et c'était ce qu'il redoutait le plus, quelques mois auparavant. Mais aujourd'hui, Eikō était changé. Il allait pouvoir demander son chemin. Son seul problème était qu'il ne savait guère par où commencer...

C'est alors que son estomac lui fit comprendre par un grognement sourd, que son dernier repas remontait à une bonne dizaine d'heures, qu'il avait préféré utiliser pour la marche. Ne disposant d'aucune réserve de joyaux, Eikō enleva son balluchon et alla se poser sur un banc. De son sac de fortune, il sortit ses dernières réserves de nourriture : des gâteaux en forme de petits bonhommes, qu'il avait du confectionner lui même. Son maître avait de drôle de manière d'apprendre la rigueur, et comme il le disait, "En pâtisserie, il faut toujours être rigoureux ! Le moindre gramme de sucre en trop, et tout est à recommencer ! Eikō ! Rigueur !"... Quel drôle de maître. Eikō commença à manger, et attendrait la fin de son court repas pour aborder un passant, en espérant que celui ci connaisse bien Fairy Tail.

Qu'il était bon, ce petit gâteau. Bien sûr, il s'agissait là du dernier élément cuisiné en compagnie du maître. Les autres suivants dénombreraient maints petits défauts, de cuisson tout d'abord, et de finition, l'un ayant été trop beurré, l'autre trop sucré, et les deux derniers s'étant collés ensemble, ce qui ne laisserait pas le choix à Eikō : il faudrait les séparer, de la tête, des mains et des pieds. Se laissant aller à ses pensées, il ne vit même pas arriver le jeune homme qui lui adressa soudainement la parole :

"Bonjour", avait il lancé. Eikō avait alors levé la tête, surpris, ne sachant que répondre. Cet homme semblait être sur de lui. Souriant, ce grand brun mince à la chevelure étrange avait cette assurance de ceux qu'on voit aux marchés à la criée. Il semblait savoir où il allait, il semblait connaître les lieux. Pour Eikō, c'était la personne toute indiquée, et il l'avait abordé en prime, ce qu'il n'avait pas vu faire depuis cette lointaine année avec le maître... Eikō était donc prêt à poser son unique question, préparée depuis longtemps dans sa tête et dans son coeur, Eikō savait, connaissait les mots pour l'enchaîner de la manière la plus polie possible, Eikō s'y apprêtait, tête droite, regard ferme, tenant les deux gâteaux maintenant séparés dans ses mains lorsque... lorsque le jeune homme enchaîna :

" Excusez-moi si je vous dérange, mais je n'ai pu m'empêcher de remarquer que vous sembliez perdu. Puis-je vous aider ? "

Eikō n'était pas perdu ! Juste égaré. C'était tout du moins ce qu'avait l'air d'exprimer son visage. Mais bien sûr, pour n'importe quel inconnu, oui, bien sûr, il était perdu. Il déposa ses gateaux, épousseta méthodiquement ses mains, et se leva, s'inclinant lentement mais fermement devant sa nouvelle rencontre "Du respect, il faut faire preuve de respect envers l'inconnu, l'inédit, l'insolite, envers tout ce qui sort de ton appréciation du jour après jour. Du respect. Toujours....

"Bonjour, mon nom est Eikō, puis se redressa, en se permettant de continuer regarder maintenant le jeune homme droit dans les yeux : Je ne suis pas perdu, non, je suis juste... il jeta un oeil autour de lui ... à la recherche de quelque chose.

Pour Eikō, cette dernière phrase était un fiasco. Il cherchait Fairy Tail depuis près de deux jours, il avait du marcher sur des routes boueuses pour arriver à Magnoria. Pourtant il n'avait même pas réussi à aller droit au but, a terminer sa phrase, à exprimer ce pourquoi il était là. Comme s'il était poussé par un besoin de secret intense. Prenant son courage en patience, il ne se fit guère prier et enchaîna sur une nouvelle phrase : "A vrai dire, vous pouvez certainement m'aider, je cherche la guilde de la ville, une guilde de Mages, très connue. Il s'agit de Fairy Tail... si vous pouviez m'indiquer...

Il s'était soudain arrêté de communiquer. Ses mots ayant presque dépassé sa pensée, ou sa pensée n'ayant fait que se concentrer sur les mots, il n'avait même pas remarqué que son interlocuteur respirait la puissance du mage. Il devait se reconcentrer. Fronçant maintenant les sourcils, il cherchait tout signe distinctif d'une quelconque appartenance à la guilde Fairy Tail.