Le ciel était couvert de nuages et dans le port, de fortes bourrasques faisaient branler les navires qui s’y étaient arrêtés pour la nuit.
Une fois n’est pas coutume, il était sorti marcher dans les endroits les plus ténébreux de la ville.
Ce soir là, il avait envie, peut-être besoin, de réfléchir aux derniers évènements et informations qu’il avait reçues. Pour cela, un environnement dépourvu autant que possible de lumière était ce qui accommodait le mieux sa marche. D'une part car l'obscurité avait une présence apaisante, et d'autre part car les zones d'ombre dissimulaient les motifs et les reliefs des habitations, ce qui laissait le champs libre à son imagination.


Il ne pouvait pas rentrer chez lui.
Le fait était accompli devant lui. Même s’il en avait eu envie, son pays n’existait plus. Ses biens, ses relations, tout ce à quoi il pouvait se rattacher avait disparu. Si le manuscrit était exact, des centaines d’années le séparaient de son existence antérieure. Y songer ne servait à rien.
Ce vide complet était aussi l’occasion de commencer quelque chose de nouveau dans le royaume de Fiore, sans avoir à porter son passé. Il voulait des réponses, mais en soi, elles ne lui apporteraient aucun élément ni marge de manœuvre supplémentaire. Le mieux à faire était de focaliser ses ressources sur le présent.
Ces pensées à la fois incertaines, confuses et portées vers l’avant donnaient à son visage des traits sévères, que n'améliorait pas la faible lumière de la lune. Il marchait seul, sans réellement faire attention à ce qui l’entourait. Des idées très simples se mêlaient à quelques lointains souvenirs et à quelques fragments de rêves étranges qu'ils faisaient depuis peu...

Sans s’en être rendu compte, il était arrivé dans une ruelle un peu plus animée. Elle était bordée d’échoppes illégales, de tavernes et d’autres commerces actifs la nuit dont sortaient des individus de toute sorte : marins ivres, prostituées ou simples commerçants venus goûter à la décadence. Il allait rebrousser chemin en voyant cette lumière malsaine et le bruit résonnant de quelques tavernes, mais il connaissait déjà la rues qui la croisait. Or pour que ses pensées continuent à affluer dans une stricte liberté, il devait aller dans un endroit encore inexploré pour lui. Il se résolut donc à traverser cette ruelle,

Il jeta un rapide coup d’œil aux personnes présentes, mais ne voyant rien d’intéressant, il choisit de passer son chemin. Un homme ne lui laissa cependant pas ce loisir et l’agrippa par la manche en l’incitant de sa voix alcoolisée à entrer dans un piteux casino. Il fallait dire que par rapport aux haillons et tenues de seconde main visiblement populaires dans le quartier, ses habits pourtant classiques le faisait passer pour un homme riche.
Goubkine déclina l’invitation, poliment dans un premier temps, puis quand l’autre devint trop insistant, il s’agaça jusqu’à ce qu’une pierre fuse du sol heurtant la tête de l’impertinent et le laissant mort au beau milieu de la rue. Il n’était pas d’humeur à ce qu’on perturbe ses pensées ce soir.


D’habitude il ne tuait pas en public, mais il savait que personne dans cet endroit misérable n’appellerait les forces de l’ordre, ni n'oserait faire un seul geste contre lui. D’ailleurs il n’y avait aucune preuve. Même si tout le monde avait compris ce qui venait d’arriver, aucune trace n’avait été laissée.

Et pourtant une sorte de malaise s’était formé. La société nocturne s’insurgeait silencieusement contre ce « bourgeois » qui venait se pavaner et se permettait de tuer un des leurs. Ils ne pouvaient rien faire, leur crainte du mage les en empêchaient, mais les regards se portaient sur lui avec une haine désormais collective. Il ne répondit qu'en détournant la tête vers un groupe de femmes de mauvaise condition qui se dispersèrent quand il les fixa, devinant les intentions meurtrières qu'il ne comptait pas refréner.

Le mage continua son chemin, ne se souciant pas de ces êtres faibles et inutiles à ses yeux. Il eut un rictus de mépris au moment de s’engouffrer dans une autre ruelle, qu’il espérait plus isolée.
Son choix avait été bon, et il se retrouva à nouveau seul, marchant lentement ; ses pensées retournaient vers quelques projets ambitieux mais encore peu consistants.

La vampire était allongée sur un toit de pierre. Le vent doux de la nuit caressait ses longs cheveux qui pendaient. Elle savoura le parfum de l'iode. Le seul détail qui la frustrait était un ciel voilé. Alicia aimait la lune. Elle appréciait sentir la lumière lunaire sur sa peau, elle qui craignait le soleil.

La journée avait été plutôt frustante dans son ensemble d'ailleurs. Elle était d'abord venue pour déguster un plat typique de poissons réputé dans tout Fiore, et dont on disait qu'il enchantait les papilles. Au final, le plat était certe goûteux, mais il ne valait pas un serveur...saignant... Il y a ensuite eu ce couturier, qui ne lui avait proposé que des frippes. Elle avait été obligée de le punir.
La jeune femme soupira. Sa journée avait été exécrable. Mais la nuit était pleine de promesses. Elle saisit un petit jeu de cartes qu'elle transportait toujours. Elle en tira une.
"As de trèfle"
Alicia sourit. Cette nuit serait source de divertissement. Elle se redressa. Elle contempla les ruelles d'Harujion. Elle regarda ces êtres rire, boire, se divertir de façon peu morale... C'est sous l'éclat de la lune que les mortels révélaient leur vraie nature. Ils se vautraient tous dans la médiocrité, la luxure, la débauche et la bêtise.
*Ecoeurant*
D'un autre côté, cela arrangeait ses affaires. Ses proies étaient d'autant plus faciles à trouver. Mais cela laissait Alicia quelque peu insatisfaite.
*C'est comme la restauration rapide. Service rapide, mais la nourriture est infecte, et on a encore faim après...*
Elle pouffa. Elle tira une nouvelle carte.
"Deux de Carreau"
Une rencontre? Voilà qui devenait intéressant. Elle enfila ses sandales. Ses habituelles robes et bottes étaient peu adaptées à la traque nocturne, et surtout, se salissaient terriblement vite. Aussi portait elle un chemisier et une jupe rouge. Beaucoup plus commode pour courrir.


Elle se laissa couler le long du mur. C'était son monde. Celui de la nuit. Elle avança vers les rues les plus animées. C'était là qu'il se produisait toujours les évènements les plus intéressants. Elle dépassa une prostituée outrageusement maquillée qui tentait d'aguicher un potentiel client. Alicia se contenta d'attirer son regard. L'homme déglutit nerveusement, puis sembla se désintéresser de la femme de joie. La vampire gloussa.
*C'est si facile*
Elle biffurqua vers le secteur des salles de jeux. Elle avait toujours une chance insolente, et était une excellent joueuse. Elle avait ainsi gagné de grosses sommes, s'était fait des ennemis, et par la même occasion, des déjeuners.
*Ils sont si mauvais perdants... D'un autre côté, s'ils cessaient de me regarder, ils pourraient peut être jouer.... Je suis décidément irrésistible...*
Puis soudain elle tiqua. Une douce effluve venait d'atteindre son nez sensible. Un parfum subtile, qu'une seule chose au monde pouvait émettre.
*Du sang frais*
Elle pressa le pas. Elle arriva devant l'un des casinos. Un homme gisait à terre, dans une mare de sang. Sur le côté de sa tête, elle aperçut un trou de la taille d'un impact de balle. Si il y avait eu un coup de feu, elle l'aurait entendu. La foule chuchotait, appelait, jurait. Un homme était mort, mais aucun n'avait le courage d'appeler les forces de l'ordre. Ils avaient tous bien trop à perdre.
"L'autre homme lui a lancé un roc gros comme une pastèque! Ma femme que c'est vrai!"
Alicia sourit malicieusement. Tout d'abord, au vu de l'impact, elle venait de remporter la femme d'un badaud. Ensuite, cela résultait vraissemblablement de l'attaque d'un mage.
*Les guildes légales ne se laisseraient pas aller...*

Il y avait donc un mage meurtrier qui se promenait dans les rues d'Harujion. Alicia remonta sur les toits. Elle n'avait eu vent d'aucun mouvement de Purple Burgloss ce soir. Si l'homme appartenait à une autre guilde illégale, elle pourrait peut être s'en emparer.
*Je pourrais le mang... lui soutirer des informations utiles...*
Bien qu'il n'y ait pas de "guerre" entre les guildes de l'ombre, il valait mieux toujours avoir un coup d'avance. Alicia laissa la douce étreinte de son pouvoir envahir son coeur. Désormais, elle arrivait à faire durer la métamorphose plus longtemps, mais il valait toujours mieux ne la sortir qu'au besoin. Elle commença à sauter de toits en toits. Elle était une experte en traque. Et au besoin, Kou pouvait l'aider...

Elle trouva enfin ce qu'elle cherchait. Une aura. Un homme seul dans une ruelle.
*Parfait*
Elle se laissa tomber devant lui.
"Bonsoir."
Elle le détailla du regard. Un peu vieux pour elle. Au moins n'avait il pas un tatouage ostentatoire de guilde légale.

Enfin débarrassé de la malsaine agitation qu’il avait lui-même créé, il marcha seul pendant un moment. Il s’éloignait des bruits de la ville, profitant du calme retrouvé dans cette rue déserte. Perdu dans ses pensées, il sentit cependant une présence différente dans les environs.

Il venait à peine d’interrompre sa réflexion pour rechercher l’origine de ce pressentiment que la créature en question apparut juste devant lui. Elle semblait avoir sauté du toit juste au dessus de lui. Cela ne pouvait qu'être une personne atypique.

Sa première réaction fut de repérer rapidement les pierres des environs s’il devait se défendre. Juste un coup d’œil rapide, sans même un geste. Il en voyait quelques unes. Trop peu pour des techniques élaborées, mais en nombre suffisant pour les plus basiques.
Il remarqua aussi le silence dans cette ruelle. On entendait à peine les bruits de la ville nocturne.

Goubkine l’observa rapidement. On voyait tout de suite qu’elle ne faisait pas partie du même registre que les habitants de ce quartier. Son attitude et son allure avait un caractère majestueux qui était absent chez tous ceux qu’il avait croisés aujourd’hui.
D’ailleurs elle ne serait pas venue à sa rencontre si elle n’avait pas une certaine confiance et sûrement quelques atouts pour survivre.
Se doutant qu’il pouvait avoir affaire à des pouvoirs magiques, il se tenait sur ses gardes, cependant, elle s’était montré à lui avant de faire quoi que ce soit. Elle avait donc un intérêt à dialoguer avec lui. En tout cas, sa présence avait assurément un lien avec l’homme qu’il avait tué une minute auparavant. Et pourtant elle ne laissait pas transparaitre d’émotion, comme si cela l’indifférait.

Il n’avait encore jamais eu de discussion avec un mage. Et sans connaître les intentions de la jeune femme lui faisant face, il était curieux d’en savoir plus. Pour une fois qu’il rencontrait une personne un peu moins inutile que les autres…
Oubliant toutes les hypothèses sur lesquelles il avait réfléchi, il se concentra sur elle.

Tout comme lui, elle le dévisageait. Elle lui semblait très jeune, et pourtant son regard laissait deviner une maturité bien supérieure à la moyenne.

« Bonsoir. »

Tout simplement. De la même façon que lui quelques jours plus tôt. C’était à la fois un salut et une invitation à engager la conversation. Il reporta donc à plus tard l’envie de tuer cette gêneuse, et répondit également sur un ton cordial.

« Bonsoir... »

S’ensuivit un léger silence.
En temps normal, c’était à lui qu’il convenait de révéler son nom le premier. Ou bien ça aurait dû l’être si elle n’avait pas surgi de nulle part. Sauf qu’il n’avait aucune envie de se dévoiler maintenant. Il se contenta de soulever son chapeau - qui jusqu'à présent dissimulait le haut de son visage - et de sourire. Non pas le sourire stupide de ceux qui ne trouve rien à dire, mais plutôt un sourire amusé. Il rompit le court moment de silence :

« Vous n’êtes pas un peu jeune pour vous promener de nuit dans ces quartiers ? »

C’était moins direct que de demander ce qu’elle faisait ici, et ce qu’elle lui voulait ; et la forme de la question, une moquerie sans en être une, lui permettrait de voir comment elle réagirait.

Il attendait à présent sa réponse, en la fixant avec toujours cet air amusé.

"Bonsoir..."
Un léger silence avait suivit la salutation. Alicia s'en réjouissait intérieurement. Enfin un peu de méfiance. S'il était tombé à ses pieds en la suppliant d'en faire son esclave, elle aurait été déçue.
*Peut être pas au début, j'aurais d'abord joué avec... mais après...*
Mais ce silence, et le fait qu'il esquive volontairement la question de l'identité, montrait qu'il lui offrirait un peu de résistance.

Il souleva son chapeau, et dévoila le haut de son visage.
*Il se découvre devant une dame... Au moins la galanterie n'est pas tout à fait morte...*
Présomptueux? Peut être. Rien ne prouvait qu'il le faisait pour elle. Il pouvait juste avoir besoin de mieux la voir.
*Comme je le comprend...*
Il n'y avait rien d'agressif dans ses gestes du moins. Joueur ou inconscient?

Il se mit à sourire. Mais à sourire de manière amusée.
*Bien bien bien... Résiste... L'estocade n'en sera que plus belle...*
« Vous n’êtes pas un peu jeune pour vous promener de nuit dans ces quartiers ? »
*Ah dommage... Question piège*
Elle lui sourit en prenant une allure volontairement fragile.
"Je ne fais que m'amuser..."
*Tu n'imagines même pas à quel point*

Le ciel s'éclaircit à cet instant. La lune recouvrit l'endroit de sa lumière crue. Bénéficiant d'une bonne nyctalopie, la jeune femme n'avait pas besoin de ça pour voir l'homme. La lumière ne fit qu'accentuer les contraste du visage de son interlocuteur. Alicia savoura la sensation de lumière lunaire sur sa peau. Elle avait attendu ça tout la soirée. Sentir la lune se refléter sur sa peau d'albatre...
*Mais pour l'instant, j'ai autre chose à finir...*

Elle sautilla vers l'homme, s'accrochant à son bras.
"Si cet endroit est si dangeureux, vous raccompagnerez bien une jeune fille comme moi?"
Alicia savait pertinemment que l'homme ne se laisserait pas avoir. Mais au vu de la tournure des évènements, il se pourrait bien qu'il décide de jouer avec elle.
*Il est trop futé pour un mage de ces guildes légales... Voyageur ou mauvais garçon?*
Il lui fallait d'abord trouver le moyen de trancher. Dans ces rues balayées par le clair de lune, dont les recoins regorgeaient d'individus mauvais en tout genres, elle trouverait. Et une fois qu'elle aurait trouvé....

"Je ne fais que m'amuser..."

Son sourire s’accentua légèrement en entendant sa réponse. Elle choisissait elle aussi de ne pas se dévoiler. Sa réponse était simple et assez vague pour vouloir dire n’importe quoi sans avoir besoin de mentir. C’était habile.

* Voilà qui est intéressant… *

Après avoir passé tout ce temps seul ou bien en compagnie d’escrocs sans intérêts, rencontrer une femme avec un peu de subtilité était rafraichissant, et son apparence ne gâchait rien...

"Si cet endroit est si dangeureux, vous raccompagnerez bien une jeune fille comme moi?"

Elle s'accrocha à son bras.
Tout d’un coup, c’était plus que suspect. Lui avait réfréné un réflexe de défense pour la laisser s'agripper. A présent il la surveillait scrupuleusement.
Elle était passée de la jeune femme réservée et cachant son jeu à une fille directe et ouverte, et pour ainsi dire facile. Elle cachait forcément quelque chose. Voulait-elle s’amuser à ses dépens ?
Si c’était le cas, elle pourrait le payer cher.
Évidemment elle ne se souciait pas du danger puisqu’elle était venue le rencontrer, lui meurtrier. Alors que tout le reste de la ville serait prêt à se damner pour un moment avec elle, c’était lui qu’elle allait voir. Le menu fretin ne devait plus lui suffire ...

Il pensa d’abord à entrer dans son jeu, en prenant le rôle de l’homme conquis et voir où cela le mènerait, mais c’aurait été trop simple. Sans esquisser le moindre mouvement, il décida d’abord de la tester, pour voir jusqu’où elle pouvait aller…

"Qui vous dit que je suis plus fréquentable que la vermine que l’on trouve par ici ? "

Répondre à une question par une autre question. Une tactique vieille comme le monde, mais terriblement efficace. D’autant plus que ses questions gagnaient en précision.

La première, sur sa présence ici, avait été facile à éviter.
Pour la deuxième, elle n’avait pas beaucoup de choix. Reconnaître qu’elle savait que le meurtre avait eu lieu serait en contradiction avec sa peur supposée de l’endroit. Elle pouvait feindre d’ignorer ce qui s’était passé et s’en sortir avec une pirouette. La réponse lui importait peu, c’était la manière qui comptait. Cela lui donnerait une meilleure estimation de son habileté, même si pour cela ils s’approchaient de la question de son identité.

Et il avait encore en tête quelques questions intéressantes à poser, mais il ne souhaitait pas avoir l'air trop curieux pour l'instant.

Ils étaient toujours debout au même endroit, et il n’avait pas fait un pas, attendant les réactions de la jeune femme.

*Allez, montre moi ce que tu vaux…*

Ensuite ils pourraient se mettre en marche...

Alicia jubilait. Elle l'avait senti tressaillir quand elle lui avait sauté dessus. Son manège était parfaitement règlé. Au mieux, les gens se contentaient de la demoiselle en détresse. Dans le cas contraire, il les rendait le plus confus possible.
*Catégorie 1 ou 2? Dis moi tout...*

Sa tension sanguine diminua, et il se détendit presqu'aussitôt.
*Bon joueur, j'admet...*
La vampire avait encore besoin de quelques éléments pour parfaire la scène. Mais elle tendait sa toile. Lentement, mais sûrement. Il ne pouvait plus rien faire.
"Qui vous dit que je suis plus fréquentable que la vermine que l’on trouve par ici ? "
*Zut... Il ne se laisse pas ferrer...*
Alicia eut la fugitive envie de bouder. Elle aimait les proies coriaces, mais celui ci ne rendait pas les armes.
*Il esquive toutes mes questions...*
Il avait été facile d'éviter le qui, et le pourquoi. Là, la vampire allait devoir jouer finement. Elle pouvait continuer de jouer les vierges effarouchées idiotes, en lui mettant une claque, et en s'enfuyant en criant au violeur. Une fin qui avait le mérite de lui assurer le succès, mais qui s'avérait être assez peu satisfaisante.
*Quoi que ce serait comique pour une fois... Rien que voir sa tête me suffirait...*
Une autre solution était de jouer les niaises avec un discours sur le prince charmant.
*Peu convainquant... Il empeste la mort... Quoi que je ne sais pas si le nez des mortels y est sensible...*
Elle pouvait admettre qu'elle savait pour le meurtre. Mais comment expliquer son attitude?
*Décidément, pour une soirée mal débutée, tu es bien distrayant...*


Ils n'avaient pas encore bougé d'un pouce. Et Alicia ne savait toujours pas quoi choisir. Il fallait qu'elle soit créative, afin de faire avancer cette juteuse rencontre.
*Et pourquoi pas une pique directe?*
Elle leva ses yeux innocents vers l'homme. Elle utilisa un de ces pouvoirs.
*Eye of the vampiress*
Ses yeux dégageaient à présent un effet hypnotique grâce à leur beauté. Un piège parfait pour un mortel innocent. Mais elle espérait bien que celui ci y résisterait.
*Un charme direct est le meilleur moyen de faire réagir un mage...Sauf si il y cède...*

Elle passa ensuite à la seconde phase.
"Vous dites vous même qu'il s'agit de vermine... Et puis, vous êtes meurtrier, non?"
*Un petit coup pour le plaisir*
Elle le fixa intensément de son regard envoûtant.
"Un meurtrier est le meilleur garde du corps que je pouvais trouver, non? Et je sais que vous ne ferez rien à une jolie jeune fille pure et innocente..."
*Que je suis mesquine....*

Un court instant était passé après sa question. Pendant qu'il attendait, il la fixait dans les yeux, et s'aperçut qu'elle le fixait à son tour, mais avec un regard tellement plus intense. Comme s'il venait de se rendre compte à quel point elle était attirante, et combien ses yeux étaient profonds et délicats...

Il serait resté des heures à contempler cet être à l'apparence parfaite, comme s'il était dans un rêve, encore un de ses rêves...
Il sortit cependant de son émerveillement quand une anomalie le dérangea. Il avait senti dans son esprit un flux. De la même sorte que lorsqu'il utilisait ses pouvoirs, sauf que cette fois il n'avait rien à voir avec ça.
Ainsi c'était elle !

Tenter de l'avoir par la magie, elle ne doutait de rien...
Mais elle avait du sentir que le charme s'était brisé, sans quoi elle n'aurait pas eu besoin de parler.

"Vous dites vous même qu'il s'agit de vermine... Et puis, vous êtes meurtrier, non?"


Comme il s'en était douté, elle savait pour son meurtre, mais l'avait elle vu à l'œuvre ? Au final cela avait peu d'importance. Le fait qu'elle ose lui affirmer de telles paroles en face, sans exprimer de peur ou de gêne l'amusait beaucoup, bien qu'il tentât de le dissimuler.

Il allait enchainer, car la réponse ne le satisfaisait pas totalement, mais ce fut elle qui reprit.

"Un meurtrier est le meilleur garde du corps que je pouvais trouver, non? Et je sais que vous ne ferez rien à une jolie jeune fille pure et innocente..."

Cette fois elle marquait un point. Il n'en attendait pas moins d'elle.

*Ne rien te faire... tout dépendra de toi ma chère...*
C'était à son tour de lui envoyer une petite pique.

"Vous êtes bien jeune et charmante en effet..."
Et pour l'innocence ? Peut-être une autre fois.

Changeant d'approche, il accepta de la voir tenir son bras et s'apprêtait à marcher. Il demanda sur un ton un peu trop enjoué pour être honnête:

"Bien, où allons-nous ?"

Troisième question. Pouvait-elle encore l'esquiver ?
Jusqu'à présent, elle avait tenu à ce qu'il l'accompagne. Si elle évitait encore la question, lui donnerait-elle envie de continuer ?

Maintenant qu'il état entré dans son jeu, la suite s'annonçait encore plus intéressante...

Spoiler:

"Vous êtes bien jeune et charmante en effet..."
Alicia savait qu'elle venait de marquer un point. Il avait cependant éludé le côté innocent. Son interlocuteur n'était donc pas tout à fait dupe.
*Au moins je suis charmante...*
Mais il acceptait de rentrait de son jeu.


Il lui laissa soudain plus de liberté quand à son bras. Et avant que la vampire ne puisse réagie à ce changement, il lança soudain d'un ton joyeux:
"Bien, où allons-nous ?"
Le changement était un peu gros. Il était passé du "je piège tu pièges" à l'état d'imbécile qui succombe. Mais un tel changement était innatendu.
*Pas plus que le mien, en y réfléchissant...*
Toutefois, il venait de lui laisser plus ou moins l'avantage. Il s'en remettait à elle et se "soumettait" volontairement. D'un autre côté, il surveillait toujours ces paroles. Et elle ne pouvait bien sûr pas le conduire chez elle. Mais jouer l'esquive ne pouvait marcher plus longtemps.
*C'est en plantant ses griffes qu'on achève la proie*

Il était donc temps qu'ils passent à l'étape supérieure. Alicia devait d'abord tester ses capacités pour voir si il était utile. Il ne pouvait pas appartenir à une guilde sombre. Il aurait su qui elle était. Les jeunes filles comme elle ne courraient pas les rues. Elle pouvait donc librement le tester, et peut être le convertir à sa cause...
Mais avant tout, un test. Elle lui saisit donc le bras fermement, puis l'entraîna vers les quartiers de jeux. Elle y trouverait son bonheur.

"Avant de rentrer, vous ne voudriez pas venir avec moi par là? Je souhaiterais voir une salle de jeux, mais j'ai peur d'y aller seule..."
Elle était sûr d'avoir vu l'homme qu'il lui fallait en venant. Restait à y conduire son nouvel ami. A jouer les demoiselles en détresse encore un peu.



[HRP: Navrée, c'est un peu court]

La question sur leur destination n’était pas anodine. Il lui avait laissé la liberté suffisante pour voir ce qu’elle voulait. Cela ne réduisait pas son champ d’actions pour autant. Après tout, celui qui dirige l’échange est celui qui pose les questions, et pour l’instant c’était surtout lui qui en posait, et sans se découvrir.

"Avant de rentrer, vous ne voudriez pas venir avec moi par là? Je souhaiterais voir une salle de jeux, mais j'ai peur d'y aller seule..."

Peur d’y aller seule… Espérait-elle vraiment lui faire gober ça ?
Elle ne devait pas s’attendre à ce qu’il accepte aussi facilement de l’accompagner, d’où ce soudain changement. Il pouvait rebondir sur l’innocence dont elle s’était parée à peine quelques secondes plus tôt, peu compatible avec une salle jeu, mais il préféra s’abstenir. Ils étaient tous les deux en train de se tester, cela ne le surprenait qu’à moitié.

La question était maintenant de savoir ce qu’elle avait l’intention de faire dans cette salle de jeux. Il était d’ailleurs prêt à parier qu’elle y était allé plus d’une fois, joueuse comme elle semblait. Mais elle n’était pas venue jusqu’à lui pour avoir un compagnon de jeux… pas ce genre de jeux en tout cas…
Reste qu’il avait pris le parti de la laisser mener la danse. Il se laissa donc conduire aux quartiers de jeux.

Il restait aux aguets, mais son visage arborait un sourire enjoué. Continuer à jouer celui qui est subjugué par ses charmes ou changer encore de registre ?
Il décida de garder le même esprit pour l’instant. Trop de changements lui compliqueraient le personnage qu’il avait à jouer et pouvait le pousser à des erreurs. Autant rester dans cette ligne de conduite, qui de toute façon ne la trompait pas – enfin il s’en doutait.

Jouer n’était pas vraiment son passe-temps favori. Sauf si l’on considère que s’amuser en bernant des simplets correspond à la définition de « jouer ». De ce fait, il ne fréquentait les salles de jeu qu’occasionnellement.
Ce soir serait une exception.

Mais il devait continuer à la surveiller et à se rendre compte de quoi elle était capable. A voir ensuite si elle pouvait lui être d’une certaine utilité.

« Si vous y tenez ce sera un plaisir de vous tenir compagnie. Quel est votre jeu préféré ? »

Encore une question ?
C’était plus pour engager la conversation, une question sans grand intérêt après une phrase de courtoisie. La réponse l’intéressait à peine, il n’y avait pas de piège, et elle pouvait facilement esquiver celle-ci. Mais le fait de se tester mutuellement n’empêchait pas de détendre un peu l’atmosphère.
Du moins, elle pouvait se piéger elle-même par sa réponse. Mais il n’attendait aucune information précise cette fois.
Presque aucune arrière-pensée (si cela était possible chez lui), le but était plus de l’évaluer sous un jour différent, rien de méchant. Même s’il ne relâchait pas sa garde et espérait toujours découvrir les intentions qui la conduisaient à la salle de jeu.

Il se laissa donc mener jusqu'à cette salle en se montrant très docile...

L'homme s'était laissé entraîner sans trop y redire. Il arborait un sourire aussi franc que la naïveté d'Alicia. Mais c'était là tout l'intérêt du jeu après tout. La lady avait envisagé de vraiment jouer une partie d'un jeu quelconque avec son interlocuteur si elle ne trouvait pas ce qu'il lui fallait. Mais il n'y avait pas de raison. IL avait été là pendant si longtemps qu'il n'y avait pas de raison pour qu'IL ait bougé.

« Si vous y tenez ce sera un plaisir de vous tenir compagnie. Quel est votre jeu préféré ? »

Alicia fut surprise. Elle ne percevait aucune malice, ou même un piège. C'était une question banale. Mais elle devait rester concentrée. Cette question était peut un piège bien déguisé? Elle entraîna l'homme vers la salle la plus proche en réfléchissant. Une réponse simple serait assez facile, mais manquerait de panache. Aussi, la vampire décidé de donner un réponse franche à un piège inexistant.

"Mon jeu favori? J'aime les jeux de cartes. J'aime berner et bluffer mon adversaire. Puis l'acculer lentement jusqu'à lui prendre tout ce qu'il possède."

Une réponse qui surprendrait certainement son interlocuteur. Et qui tranchait nettement avec son attitude et ses paroles précédentes. Mais le faire tourner en bourrique était plutôt jouissif.

Elle le conduisit au plus proche casino. Un établissement crasseux, où se réunissaient les ivrognes du quartier pour perdre le peu qu'ils avaient. Elle aurait volontiers participé au vol de leur ressources en jouant, mais elle avait autre chose de prévu. Et l'homme qu'il lui fallait venait d'apparaître.

*Marcel Mulier. Un violeur connu, bien que la justice n'ait pas assez de preuves pour l'arrêter.*

L'homme idéal. Il ne manquerait à personne. Elle freina brusquement, comme si elle venait de le voir, puis serra le bras de son "compagnon". Elle leva vers ses grands yeux "innocents", tachant d'avoir l'air terrifiée. Une tâche ardue pour elle qui avait soit vécu dans une cage dorée, soit vécu comme prédateur. Mais elle avait vu beaucoup de sphères de projection.

"Cachez moi. Cet homme là bas, il est vraiment méchant..."

Elle tendit sa fine main blanche vers Marcel. Il avait généralemnt un accolyte avec lui, mais elle ne l'appercevait pas.

"Protégez moi! Tuez le."
Une demande peut être un peu franche. Mais si son "ami" cédait...
*Mordras tu? Peut être que tu sauras m'être utile...*