La chance est cet instant où le hasard nous fait un clin d'oeil.
 MessageSujet: La chance est cet instant où le hasard nous fait un clin d'oeil.    La chance est cet instant où le hasard nous fait un clin d'oeil.  EmptyDim 3 Nov - 16:13

Anonymous
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Le colosse planta son ancre à côté de l’établi et prit une grande bouffée d’air. Il s’empara de la faux sous le regard admiratif du petit garçon et se mit à faucher les céréales du champ. Il était tôt, le soleil tout juste levé adoucissait le froid matinal apporté par les perles d’eau environnantes ; Will avait toute la journée devant lui.

La veille, il rentrait d’un travail harassant et n’avait trouvé d’endroit où dormir, alors qu’il s’apprêtait à coucher à la belle étoile dans une forêt sombre, il était tombé sur ce jeune garçon craintif et perdu. La vision d’un albinos borgne aux cicatrices difformes ne jouèrent pas en la faveur des évènements, le petit fut tétanisé à l’idée de rencontrer un ogre prêt à le dévorer en pleine nuit. Anubis partit alors immédiatement à sa rencontre dans l’idée de le taquiner, rassurant le gamin par cette illusion qui avait le talent de raviver les flammes du bonheur dans l’esprit de n’importe quel enfant : le jeu. Ainsi rassuré, le mioche eut la langue déliée, il devait avoir tout juste huit ans et prétendait se nommer Ulrich. Wilfried l’invita à grimper sur ses épaules, ce que fit le bambin en crapahutant de ses petites mains souples et agiles, afin qu’ils pussent retrouver le chemin de son domicile. Ils traversèrent la croix et la bannière mais les lieux déformés par la lumière lunaire finirent tôt ou tard à faire écho dans la mémoire du petit garçon.

Quelle ne fut pas la surprise de l’antimage lorsqu’il constata que la maison était vide. Ulrich, tout aussi stupéfait, cogna la porte à plusieurs reprises avant d’utiliser les épaules de son sauveur comme un tremplin pour accéder au toit, abandonnant le pirate sur le porche sans plus d’indication. Le cliquetis de la porte ne se fit pas attendre et l’enfant malicieux eut un rictus héroïque à son exploit. Les pensées du Neptus furent troublés un instant, devait-il entrer? Il hésita devant tant de manigance, si cette mise en scène était celle d’un piège, il était si pernicieux et si bien ficelé qu’il en serait inhumain. Anubis lui montra la voie en entrant sans gêne aucune dans la demeure du courageux bambin, il en décida donc qu’il était en droit d’y pénétrer également.

Ce ne fut guère l’avis de tout le monde. Un objet métallique qu’il ne put identifier vint frapper sa tête par la droite, poussant l’homme vers le mur extérieur de la maison. La main sur le crâne, l’albinos ignora sa douleur ainsi que le cri du jeune enfant du mieux qu’il le put et chercha du regard son agresseur. Son œil bleu de saphir perça l’obscurité mais n’eut aucunement le temps de réfléchir, la silhouette s’était rapproché et déjà un nouveau coup s’abattit sur l’épaule du marin. Celui-ci profita de l’occasion ainsi que du manque de précision de son opposant pour saisir son poignet et l’empêcher de réitérer ses coups, seulement à cet instant il comprit qu’il avait affaire à une femme.

Ulrich, épouvanté : Maman!

Le Léviathan haussa un sourcil. Cette femme qui le dévisageait avec hargne en tentant de se défaire de sa poigne, celle qui l’avait assaillit avec tant d’assurance en dépit de compétences médiocres était la mère du petit garçon. Elle grinça des dents et tenta un coup de genou que le borgne arrêta de son autre main, jusqu’à ce que le gamin vienne se jeter dans la mêlée afin d’expliquer la situation à qui se veut de droit. La rage fit place à la stupeur inquiète, suivie rapidement d’un soulagement sans nom alors que la mère s’affaissait sur son enfant pour le serrer contre son sein. Anubis vint couiner à l’épaule de son maître qui ne sourit point devant cette scène qui, selon lui, ne lui était guère destinée. Il décida de quitter les lieux mais il fut retenu par la paysanne qui se confondit en excuses ainsi qu’en compliments de reconnaissance. Elle le supplia au moins de passer la fin de la nuit ici, se rappelant sa situation initiale, le Neptus accepta sans modestie polie.

Il fut accueilli le lendemain matin par un petit déjeuner complet et préparé avec attention, la matrone, semblerait-il, éprouvait encore un sentiment de culpabilité à l’idée d’avoir agressé l’homme qui avait permis à son fils de rentrer sain et sauf. Jusque-là, le Léviathan avait conservé un air des plus insensibles, ce matin il changea de cap et laissa son enthousiasme de marin envahir la pièce d’un rire rauque. Elle n’avait pas de raison d’être aussi redevable et c’est ainsi qu’il cherchait à le lui faire comprendre. Il apprit cependant au cours du repas qu’il n’y avait plus d’homme dans cette maison depuis un peu plus de trois semaines, le visage d’Ulrich s’assombrit lorsque sa mère évoqua la réalité d’avoir été abandonnés. Il y avait dans l’air un parfum énigmatique, un non-dit qui trainait là, une odeur putride que l’on aurait cherché à dissimuler sous une tonne d’herbes odorantes. Will ne remua pas le couteau dans la plaie, cependant il décida de venir en aide à cette famille dans une situation exactement inverse à la sienne au moins pour la journée.

Il passa donc sa journée à s’occuper du champ en remerciement pour leur hospitalité présente et future, il faut dire que le Neptus n’avait pas aussi bien mangé depuis un certain temps. Il ne cessa de trancher les épis de blé en pensant à Calixte, ainsi qu’à Garet. Que seraient-ils devenus s’il les avait délaissé ainsi? Aurait-il était capable d’un tel comportement? Qu’est-ce qui pouvait pousser un homme à laisser ainsi sa famille derrière lui? Ces questions mûrirent avec un calme scandaleux dans l’esprit du guerrier, il croyait bien que jamais les réponses ne lui seraient données, alors il se concentrait sur ces énormes tas à rapporter sous les toits solides de la ferme. Toutefois, une nouvelle fois les évènements lui donnèrent tort. On avait toujours appris au corsaire que les chevaux étaient annonciateurs de mauvaises nouvelles, c’était pour cette raison que les poissons et les oiseaux étaient de bien meilleurs amis des marins. Ce ne fut jamais aussi vrai que ce jour où deux cavaliers débarquèrent, portant sur eux les insignes du Conseil de la magie.

Ulrich et Anubis stoppèrent toutes activités alors que les sabots frappaient le sol avec la ferme intention de s’imposer. Wilfried eut une de ces grimaces affreuses et monstrueuses dont il avait le secret, il cracha et rejoignit la petite famille.

Officier, implacable : …dans le cadre de cette enquête, nous venons nous assurer de l’absence de butin en ces lieux. Il est également de notre fait de mener un interrogatoire en ville à tous les mages suspects qui seraient entrés en contact avec cet homme, y compris sa famille.
Collègue, réalisant l’arrivée du Léviathan : Lieutenant…

Ils devaient mesurer un mètre soixante-dix, soixante-treize si l’on se montrait généreux sur les proportions, aussi l’arrivée de l’antimage ne les laissa pas de marbre. On lisait une certaine gêne inquiète sur leurs visages alors que l’albinos les dépassait avec mépris avant de se placer, volontiers, entre eux et la famille. Il les dévisagea d’un regard interrogateur, y’a-t-il un problème, semblait-il demander avec candeur.

Officier : Nous… Nous allons donc utiliser une magie de scan sur chacun d’entre vous, ainsi que sur votre propriété, afin de déterminer la présence significative de magie.

L’homme faillit rire, mais il sentit Ulrich déjà peu rassuré par l’arrivé de ces arlequins costumés se serrer un peu plus derrière lui. La femme s’avança, contrainte d’y passer la première selon un quelconque protocole aussi idiot que le boulot de ces gens-là. La demoiselle qui accompagnait l’officier démarra sa magie qui se manifesta par des projections lumineuses jaunes orangées tout autour de la matrone, l’aspect n’était pas sans rappeler la magie Archives que Will avait déjà vu à l’œuvre à Enca. Après quelques instants, le soldat secoua la tête négativement et s’approcha du Léviathan. Il rit intérieurement de l’appréhension qui suinta de l’employée du Conseil, toute en sueur, avant de lancer le sort. Une nouvelle fois, elle secoua la tête négativement, visiblement soulagée de ne pas avoir à emmener Wilfried en ville.

Officier : Et le petit dernier…
Wilfried, presque menaçant : C’est un mioche. Laissez le tranquille.

Ulrich serra la main de l’albinos, dépourvu de toute autre alternative. Le Léviathan fit bien comprendre qu’il ne le lâcherait point, au grand dam des deux mages. Ne souhaitant pas trop contrarier le colosse, le larbin jeta son sort sur les deux individus à la fois, concluant une nouvelle fois sur l’absence de magie. L’antimage jeta un regard défiant aux deux abrutis de première classe tandis que ceux-ci pénétraient dans la maison afin de s’amuser à scanner tout et n’importe quoi. Imbéciles. Ulrich profita de cet instant pour questionner le géant du regard.

Wilfried : C’est bon.
Ulrich : Ils ont emmené papa. Une pause. Ils disent qu’il a été emprisonné, pour usage illégal de la magie.
Wilfried, ne sachant quoi répondre : Ne les écoute pas.

Les deux membres du Conseil ressortirent bredouille du bâtiment ce qui provoqua un juron victorieux de la part du représentant d’Eagle’s Claw. Ils repartirent, plongés jusqu’au cou dans cette illusion d’avoir bien fait, d’avoir effectué un travail bon et pur dans l’intérêt de tous. Ils se trompaient déjà sur deux points : ils avaient mal fait leur travail et ils n’œuvraient aucunement pour le bien de tous. Ulrich était un mage des plantes, le guerrier l’avait aperçu faire surgir de petites pousses de terre en jouant avec son fennec roux.

Mère d’Ulrich : Comment…
Wilfried, imperturbable : Comment quoi?

Le silence s’installa, elle scrutait son œil bleu et profond à la recherche d’une réponse qu’elle n’aurait pas. Elle haussa les épaules et laissa la complicité du silence se répandre, ils reprirent tous leur tâche, les pensées tournées vers ce qui venait de se passer. Le dîner du soir se déroula dans la joie et la bonne humeur, le Neptus ne les quitta que le lendemain matin, la tête emplie de nouvelles questions. Il était venu en aide à un mage, certes âgé de sept ans seulement, sans réellement savoir pourquoi. Garet fit écho à cette situation, peut être souhaitait-il que ce jeune Ulrich, un jour, lui prouve que les mages n’étaient pas de si mauvaise nature que cela, ou alors il lui avait laissé ce répit pour mieux l’exterminer plus tard. Rien n’était clair, pas même pour l’antimage lui-même. Dure réalité sans réponse qu’était la vie.


   
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