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Jouer sa vie à pile ou face ? Pourquoi pas ?
 MessageSujet: Jouer sa vie à pile ou face ? Pourquoi pas ?   Jouer sa vie à pile ou face ? Pourquoi pas ? EmptyVen 16 Aoû - 17:34

Damaz Elandez
Damaz Elandez

Ajatar Virke

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Élévation mortelle




ENTRAINEMENT



 C'est le regard déterminé qu'il s'avance, pénètre dans l'entrée malgré l'envie grandissante de gerber, les bruits l’oppressent, l'odeur d'enfermement et d'excréments... Monstre est le seul mot qui lui vient à l'esprit alors que ses yeux se perdent sur les cages de l'allée... Chats enfermés... Horrible et détesté, son regard change de forme sans même qu'il en ai conscience alors que sa main vient caresser les barreaux d'acier pour toucher la fourrure immaculée...

Les yeux d'émeraudes le transpercent alors qu'il imagine sa souffrance, l'enfermement et le défilement de ces humains pitoyables le regardant, le regardant tel un objet, bête curieuse pour les amuser... Il les hait. Affirmation qui s'ancre dans son esprit alors qu'une main se pose sur son épaule, il sursaute alors que ses yeux perdent leur lueur d'animalité, vieux petit ridé lui demandant ce qu'il désire... Il veut le bouffer, il se retient, se recul légèrement alors que sa bouche s'ouvre laissant échapper une voix rauque et chamboulée ayant du mal à s'exprimer...

" Ca va aller ? "

Il secoue la tête, reprend contenance, de l'assurance, son regard se pause à nouveau sur le félin attentif le fixant de ses yeux plaintifs et pourtant fiers, fier et altier malgré sa prison de fer et d'acier.

Sa voix lâche l'objet de sa visite, le souhait désiré, le vieux écarquille les yeux, interloqué, il reprend une certaine contenance pour finalement l’emmener plus loin dans la boutique. Dans l'arrière boutique, lugubre et fermée au public, adresse privée, commerce illégal d'animaux interdits symboles de danger. La faible lumière s'allume dans un grésillement désagréable, révélant le verre luisant, les cages de verre luisant, il s'avance, son regard se perd sur les écailles obscures et immaculées, des dizaines, dizaines de reptiles enfermés dans un espace confiné... L'envie de gerber qui le saisie, il veut le lacérer, le mutiler !
Il se contient, il reviendrait, il reviendrait, il le promettait. Juré.

Minet qui s'avance dans l'allée alors que dans son esprit il revoit l'image du brun qui l'attirait, de ce serpent méprisant et pourtant prisé, diable incarné dont il était devenu bien malgré lui la propriété. Propriété... Mot totalement erroné, n'ayant de sens que pour cet homme qui voyait déjà le monde à ses pieds, il le savait, il les avait comme il savait, comme il voulait voir que derrière son apparente miséricorde teintée de cruauté il n'était pas ce monstre que tous voyaient... Sa présence ici l'attestait. Il la revoit, elle, sublime et mortelle, il a franchit le pas, il veut savoir, il veut comprendre et pouvoir, dépasser ses limites... Les mots résonnent dans son esprit avec un cliquetis qui l'emmène au bord de l'asphyxie Transforme-toi en serpent. L'impuissance qui en avait découlé, le constat de son incapacité, de sa faiblesse d'esprit, médiocrité. Aujourd'hui cela changerait, oui tout changerait, d'une façon ou d'une autre...

Ses yeux balayent les vivariums, pythons et boas gisent là confinées, semblant mort dans leur léthargie et pourtant on sait, il sait. Sait qu'ils n'attendent que de dévorer celui qui leur offrirait la liberté. Puis il se fige, serpent noir comme l'ébène enroulée, léthargique et pourtant ses yeux le fixent de leurs pupilles acérés, immobiles et statiques... Sa voix détonne à l'attention de l'homme, fasciné. " Qu'est-ce ? "

Il s'avance, son visage ridé affiche une pointe de peur malgré son air assuré.

" Le Cobra Princier...  Simple serpent en apparence... Rien de princier, noir de jais à la gueule affinée.
...
Mais lorsque que la colère le gagne ou qu'il est attaqué se révèle alors toute sa royauté, bien au delà de son cousin. Sa collerette luit de rouge et d'orangé pour y danser tel des flammes animées.  Princier... Et mortel. Il est capable de projeter à l'instar d'un de ses petits cousins un acide empoisonné. 

Vous désirez celui-ci ?"


" Oui " La voix a retenti, froide et intraitable, le choix était fait dans la fascination qu'il l'avait emporté, le vieux le reconduit au comptoir et lui demande d'attendre pendant qu'il prépare son paquet... Vieil peau décérébrée.

Il s'impatiente devant le comptoir, mais qu'est-ce qu'il fait ? Enfin sa silhouette apparaît, un lourd panier entre ses bras qu'il pose sur le comptoir de bois. Le prix est énoncé, excessivement cher il le paye sans sourciller, le soir même il l'aurait certainement récupéré, et si ce n'était pas le cas, eh bien c'était que personne ne le reverrait jamais, et nul besoin d'argent pour cette destination envisagée.
 « Prenez garde il peut être très agressif... »

Et dans son regard le minet sait, sait que seul un mot tourne dans l'esprit du vieux ridé, clignotant dans des lettres d'une couleur rouge acérée « Fou ». Il s'en moque, un faible sourire alors qu'il prend délicatement le panier et se dirige vers la sortie sans se retourner. S'éloignant du monde environnant de tout ces humains grouillant au son d'un cœur pulsant, seul signe que le joyau qu'il transportait était bel et bien là... Là et éveillé.

***

Le calme, le silence, il s'arrête, son regard se perd sur le panier d'osier avec un sourire légèrement blasé, il était temps de tout jouer, quitte ou double, perdre ou gagner.

Il pose le panier doucement pour le faire basculer, le couvercle tombe et il se recule. Il attend, un instant. Le silence, rien, il s’apprête à avancer, voir s'il va bien, moment que choisis la silhouette sinueuse pour s'extirper, son corps s'allonge, noir d'onyx pour se dérouler et s'extirper de ce qui le contenait, la forme reptilienne s'allonge sur plusieurs mètres, prédateur létale de cinq mètres de longueur foulant le sol de ses écailles silencieuses.

Son cœur se serre, se fige alors qu'il se retourne, que ses pupilles fixent le minet de leur mortelle agonie, il est beau, indéniablement beau, beau et froid. Aucune expression dans ce regard, il reste statique, se toise l'un l'autre dans un échange mélancolique, empreint de tension.

Puis le mouvement, un pas fait vers lui dans le but d'effacer cette distance qui sert son cœur qui ne veut que comprendre. La collerette se déploie, splendide et ignoble, les couleurs chatoyantes viennent frapper sa vision choquée alors que le sifflement se fait entendre, crachat étouffé dans l'air. Menaçant...

Il refoule la peur face à cet être, être dont au final il sait que l'agressivité n'est que la meilleur défense pour laquelle opter, il avance, un pas, les crocs claquent dans l'air, sifflent, un mouvement vers l'avant pour intimer le respect, le faire reculer. Il se fige.

L'être reptilien reste statique à l'observer, oui, il sait. Ses yeux changent de forme alors que les crocs émergent, nulle menace, simple impression, pour l'impressionner sans pour autant tenter de bouger, l'agresser.

Les écailles foulent le sol pour s'approcher lentement, mortellement, alors que le crachat fétide est expulsé, que le minet part en arrière pour l'esquiver alors que ses mains réceptionnent son corps marqué de l'agilité du félidé pour finalement se redresser, une légère douleur sur l'épaule ou le tissu n'a pas sut résister à l'assaut empoisonné.

Son regard se perd dans les yeux du reptile alors que ce dernier semble se calmer, que la collerette se replie face au calme maintenue du minet, que leurs regards se perdent l'un dans l'autre... Liés.

Compris dans une action pourtant si simple... Non agression, sagesse et respect, se défendre quand l'on est chassé, attaquer pour manger. Compris, alors que les yeux perdent l'éclat félidé, que les pupilles se fendent d'avantage et que le jaune vient s'y perdre, que dans son âme le princier à rejoint la panoplie des enragés, larme de joie alors que sa compréhension à enfin dépasser un cap qu'il pensait ne jamais pouvoir franchir, règne animal étendue à cet être qui l'incarnait. Magie atteignant un nouveau degré dans la compréhension d'un règne animal qu'il adulait.

Il se détourne, s'en va lentement, sa silhouette sinueuse va se perdre dans les fourrées, un simple mot susurré entre les lèvres rosés, un merci étouffé et porté par le vent dans ce moment rêvé. Il était prêt, prêt et le prouverait.

***

Le journal s'envole dans la rue déserté, gros titre et fait divers y sont marqué de lettres dévalées, Braquage à l'animalerie de Caldonal, le propriétaire a été retrouvé au petit matin, mort sans qu'aucun coup ne lui été porté, vraisemblablement empoisonné, cages vidées et locaux saccagés, il semblerait que l’honnêteté n'était pas son fort et que des reptiles étaient secrètement objet de transaction dans l'arrière boutique où on été retrouvés des vivariums désertés... L'enquête est ouverte pour élucider ce crime et surtout son mobile...


   
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