Cela faisait déjà deux journées entières qu'Eikō marchait en direction de Magnoria. Son balluchon noir sur l'épaule droite, une main glissée nonchalamment dans sa poche gauche. Il faisait déjà chaud et le soleil déjà haut dans le ciel, semblait ne pas prendre compte de l'ombre des arbres bordant la route, chauffant continuellement les habits pourtant blancs du jeune garçon. " Mpffff...", s'exprima t il, comme agacé de cette situation. Magnoria ne semblait pas à plus d'une demi journée de marche. Il pourrait selon lui bientôt parcourir les rues en compagnie d'amis, de frères de guilde. Cette idée le réjouissait, et pourtant.
Pourtant depuis deux jours, il était seul. Sans maître pour lui rabattre les oreilles lorsqu'il ne faisait pas preuve de rigueur, lui donner une tape dans le dos lorsqu'il était trop mou. Bref, sans personne, cette longue route lui avait semblé ressembler à ce qu'il avait déjà connu. A la différence que cette fois ci, il avait un but. Et qu'il l’atteindrait.

Mais pour le moment le temps n'étais pas à ses désirs et petits rêves personnels. Pour le moment il lui fallait agir, ou le soleil qui s'accentuait de plus en plus côté Est, droit dans son dos, allait finir par faire fondre ses dernières provisions de nourritures. Et quelles provisions... Eikō se souviendrait toujours, de ce que lui disait le maître à ce sujet ... "Manger ! Boire ! Survivre ! Manger ! Boire ! Survivre !..." Autant dire qu'il savait se montrer pédagogue.
Ainsi, Eikō choisit de bifurquer de son chemin vers la gauche, pour pénétrer plus profondément dans les bois. Le chemin y était plus difficile, puisqu'il lui fallait sortir sa main de sa poche pour se maintenir sur un arbre si jamais il trébuchait, mais il y faisait beaucoup plus frai. Après quelques minutes de marches, il sentit comme un air différent : quelqu'un, pas très loin, était entrain d'utiliser de la magie. L'atmosphère en était plus lourde, plus pesante. Eikō, intrigué, curieux, décida de se rapprocher du lieu concerné, en silence, suivant à l'instinct les effluves prenantes de pouvoir.

Il y vit une jeune femme aux cheveux longs, assise en tailleur, se concentrant sur... quelque chose. Oh, Eikō n'avait jamais été intéressé par les jeunes femmes. A vrai dire, il n'en avait pas croisé souvent, pendant toute ses différentes marches, et jusque là, la seule compagnie féminine dont il se souvenait était celle de Miss Roberta, une ancienne grosse bonne qui apportait parfois quelques légumes de son jardin au Maître et à lui même. On pouvait donc en conclure que Eikō n'avait jamais vraiment été intrigué par les charmes féminins. Et il n'y avait rien non plus dans ce qu'il voyait là, qui aurait pu titiller sa curiosité. Dans les faits, il ne pouvait voir que les longs cheveux et l'émanation de magie qui se dégageait.

Eikō se décida, pourtant, comme à nouveau volontaire pour un nouveau labeur. Clarifiant mentalement sa voix, il se permit de se rapprocher, à quelques mètres distance, et d'engager :

"Excusez moi, mademoiselle, puis je vous aider ?"