Solis patientait sur les quais de la gare de Clover. Assis sagement sur l'un banc prévus cet effet, il surveillait du coin de l'oeil les mouvements des passants, en serrant ses clés. L'enjeu de la mission en dépendait.
Il avait été mandaté par la vieille dame qui tenait la boutique d'objets magiques de la ville. Clover étant enclavée dans les montagnes, et puisqu'il n'y avait qu'un seul de moyen de s'y rendre (le train), les visiteurs se faisaient rares. Si bien que la petite grand mère était la seule tenancière de ce genre d'échoppe en ville. Elle gagnait toutefois plutôt bien sa vie, grâce aux fréquentes réunions des maîtres de guildes.
Cependant, la destruction de leur lieu de réunion par des membres de Fairy Tail avait provoqué, malgré la reconstruction en cours de l'édifice, un creux dans les recettes de la marchande. Elle avait de plus reçu des menaces de la part de contrebandiers qui souhaitaient s'emparer des puissants objets magiques qu'elle possédait. Si la boutique possédait un charme de défense, il fallait malheureusement qu'elle aille chercher un colis qui contenait les derniers articles qu'elle avait commandé. Ne pouvant se défendre par elle même, et n'ayant pas de membre de sa famille disponible, elle ne pouvait pas aller chercher son paquet, sans risquer la perte des marchandises, dont certaines seraient dangeureuses entre de mauvaises mains. C'est là que Solis devait intervenir.
Le train entra en gare. Solis se leva et avança vers la bordure du quai. Il présenta un coupon de la part de la tenancière à l'un des machinistes. Il présenta également son tatouage, sur l'homoplate gauche. L'homme regarda avec beaucoup d'intérêt le mot, puis examina attentivement le tatouage. Il s'excusa finalement:
"Désolé d'être aussi méfiant, mais vous comprenez... Wagon 9..."
Solis le remercia puis se dirigea vers ledit wagon. Il pénétra à l'intérieur. Il fronça les sourcils en constatant que le wagon était vide. La porte claqua derrière lui. Il vit le machiniste par le hublot lui adresser un petit signe de la main en souriant.
"Désolé mon pigeon, mais on a besoin de ces bricoles!"
Solis pesta.
*Je me suis fait avoir comme un débutant!*
Il regarda fixement le traître machiniste.
"Tu vas le regretter."
Solis tendit une de ses clés devant la porte. Le machiniste blêmit, puis s'enfuit.
"Ouvre toi, porte de l'aigle. Aquila!"
Le plus grand tragédien de l'histoire des esprits apparut devant Solis.
"Comment puis je vous servir, mylord?"
*Tiens, il a encore changé de titre...*
Solis posa la main sur la porte du wagon.
"Blindée... Tu crois que le plafond est aussi solide que les murs?"
Aquila tendit sa puissante lance devant lui.
"Que trépasse si je faiblis!"
Il déploya ses ailes, ce qui, vu l'espace restreint, envoya Solis tester le mur blindé. Aquila s'accroupit, accumulant son énergie, puis bondit, transperçant le toit. Solis avança en titubant vers le trou, puis sortit avec l'aide de l'esprit. Le faux machiniste franchissait les portes de la gare à cet instant, un colis sous le bras.
"Arrêtez le!"
"Venez mylord!"
Aquila saisit le bras de Solis puis décolla. Un instant de pure terreur. Non seulement Aquila volait un peu haut pour une gare disposant d'un plafond, mais en plus, il peinait à retenir Solis, lui garantissant une mort certaine si ses forces venaient à l'abandonner. Aquila ne le reposa qu'à la sortie de la gare.
L'homme s'apprétait à pénétrer dans une ruelle quand l'esprit de l'aigle vint se poser devant lui.
"Dégage sale piaf!"
Solis arriva en courant, coupant toute possibilité de retraite au malandrin.
"Rends moi les objets."
"Crève, charogne! Ema, Basil! J'ai besoin d'aide!"
L'auteur du larcin sortit une épée courte d'un fourreau caché sous son costume de machiniste. Une femme court vétue, et un homme bedonnant se laissèrent tomber d'un toit et le rejoignirent.
"Mon pauvre David... Tu es vraiment un incapable..."sussura la jeune femme
Elle avisa Aquila qui les menaçait.
"Oh! J'adore le poulet grillé.." ronronna t elle
"Je préfère le poulet en gelée!" retorqua le petit homme rond.
Une flamme s'alluma dans la main de la jeune fille, tandis que l'autre faisait apparaître de petites aiguilles de glace dans ses mains. Aquila serra les dents.
"Mylord, je m'occupe de la ribaude et de la barrique. Je vous laisse vaincre le vil imposteur."
L'esprit se saisit fermement de sa lance, et chargea les deux mages. De son côté, Solis saisit ses lames doubles. Son adversaire sourit.
"Tu vas devoir te battre seul, et je vais t'étriper!"
Il chargea avec son épée. Solis bloqua et frappa à son tour, dessinant une fine entaille sur la joue du machiniste. Ses lames n'étaient pas faîtes pour parer, mais tant qu'il ne saurait pas esquiver parfaitement, il faudrait se contenter de ça. L'homme le regarda bizarrement, puis porta la main à sa joue, et admira les larmes de sang sur ses doigts.
"Tu vas hurler pendant des heures pour me payer ça!"
Il chargea de nouveau, avec la même posture. Solis répèta le même enchainement, taillant cette fois dans l'épaule. Son adversaire grimaça et recula pour voir les dégâts. Solis profita de cette ouverture. Il fonça et frappa, deux tranches franches sur la poitrine. Le machiniste s'écroula. Solis se retourna, pour voir comment allait Aquila. Si le mage de glace semblait blessé, sa compagne était en pleine forme. Vive comme un feu follet, elle esquivait toutes les attaques de l'esprit, contrattaquant avec des orbes enflammés. Les ailes d'Aquila prirent soudain une teinte dorée.
*Oh oh...*
Solis remarqua le paquet à côté du machiniste. Il eut un blanc. Si l'attaque d'Aquila touchait l'une des pierres magiques rares du paquet, il risquait de la détruire. Solis devrait donc la rembourser, et si elle était rare, son prix le serait certainement tout autant. Autre détail plus préoccupant, les sorts chargés dans les objets risquaient de dégénérer si leurs supports étaient détruits. Et un sort qui dégénérait avait de grande chance d'être létal. Pour tout ceux en présence. Solis poussa un couinement catastrophé. Il galopa vers le colis, le saisit, et traîna sa victime évanouie à l'abri.
"Eagle Law!"
La pluie de plumes accérée s'abbatit. Le mage de glace fut fauché, incapable de contrer les plumes avec ses aiguilles de glace. La sorcière eut plus de chance, et contra la plupart des projectiles. Elle fut cependant touchée à la cuisse, et tomba à genoux. Elle serra les dents.
"Fire arrow!"
Une fine flèche de feu jaillit de ses mains et toucha Aquila en pleine poitrine. Celui ci tomba lourdement à terre. La jeune femme triompha, jusqu'au moment où elle sentit le froid caractéristique du métal chatouiller sa gorge. Solis se tenait derrière elle, faisant jouer la lame contre sa jugulaire. Avec son autre main, il tendit la clé de l'aigle.
"Porte de l'aigle, ferme toi."
Aquila se dissipa. Solis se saisit de sa seconde lame, et en appliqua un coup vigoureux sur la tête de la mage. Elle s'effondra. Solis ramassa le précieux paquet, puis comptabilisa les scores.
*Un aigle rôti contre un homme marqué, un autre emplumé, et un femme dans le coma... On s'en sort bien une fois encore..."
Il attacha soigneusement les trois contrebandiers, puis avertit l'armée de leur présence. Puis il achemina le paquet à destination.
"Oui, c'est pour quoi?"
Une adorable vieille femme venait de lui ouvrir la porte à l'adresse donnée.
"Je vous apporte le paquet comme promis. Et en bon état!"
"Oh, comme vous êtes aimable! Venez mon mignon, je vais vous donner un biscuit."
Solis recula.
"Euh... merci madame, mais il faut vraiment que je reparte..."
"Alors laissez moi au moins vous donner un de mes précieux objets magiques en récompense!"
"Je serais déjà payé à la guilde..."
*par vous en plus...*
"J'insiste, tenez."
Solis reçut un médaillon en forme de flèche, dont le pointe avait été remplacée par un globe occulaire à l'intérieur duquel on appercevait une marguerite à demi effeuillée.
"Euh... merci?"
"C'est un artéfact puissant! Il tiendra les démons lubriques à l'écart de vous!"
"Les quoi?"
"Bonne soirée!"
La tenancière du magasin lui claqua la porte au nez. Solis avait la vague impression de s'être fait avoir avec l'objet magique.