C’est arrivé comme une traînée de poudre. Vous ne savez pas comment, ni pourquoi, mais quand vous avez entendu les premières discussions, votre oreille s’est tendue tout naturellement pour écouter la suite. Il n’est pas anodin d’entendre des rumeurs dans les bars et les tavernes, dans les cabarets, dans les bas quartiers et dans l’ombre des villes. Non, ça, vous en avez même l’habitude mais à chaque fois qu’une rumeur se repend, il y a une part de vérité comme une part de mensonge.
Mais aujourd’hui, laquelle prédomine sur l’autre ?
On murmure, on chuchote, on regarde à droite et à gauche de peur de dire quelque chose de travers et enfin, on le dit « Il paraîtrait qu’Iceberg ait envoyé un type bizarre, c’est ma voisine qui me l’a raconté. »
Iceberg envoyant un type « bizarre » ? C’est une plaisanterie. Une grossière blague. Mais la réalité est telle que cela vous travail. Tous autant que vous êtes. Parce que vous n’êtes pas bêtes, vous savez quel est le mot caché derrière « type bizarre » et cela, ne vous plaît pas. Pourtant, vous ne pouvez agir librement car le moindre écart de conduite de votre part pourrait entraîner une catastrophe sans précédent. Une catastrophe telle que le pays sombrera. Vous en avez conscience et cela vous ennuie plus que jamais.
Alors comment agir quand on a les pieds et les mains liés ? Vous y réfléchissez à deux fois, peut-être même quatre ou cinq fois. Soit vous agissez en toute connaissance de cause et avec prudence, soit vous ne faites rien, en vous disant « Baaah, ce n’est que du vent ».
Mais si le vent amenait la tempête ? Une tempête comme jamais encore vous n’en avez vécu une ?
Les rumeurs. Quel étrange chose qu'une rumeur, un souffle, un murmure qui se répand, quelques mots dont le pouvoir peut prendre des proportions dévastatrices pour qui sait les manier, pour qui sait démêler le vrai du faux, qui s'est voir dans ce tissage complexe qu'elles constituent.
Voilà comment tout avait commencé, dans un tissage de mensonges et de menaces, du murmures sous couvert d’intérêts et d'argent mêlés. Le bruit annonciateur d'une menace planant sur Fiore. Un sourire qui c'était dessiné, un réseau qui s'était réveillé. Un engrenage complexe mit en mouvement sur un simple coup de vent, sur cette menace se profilant dans l'ombre de l'horizon.
Tout s'était mis en place, tout s'était mis en mouvement sur ce vent, sur cette ombre d'une guerre planant qu'ici et là certains avaient entendu, qu'en terre étrangère a émergé pour se laisser porter jusqu'à attirer le regard de l'oeil. Celle du sang et de la glace.
Tout s'était enclenché, tout s'était profilé, les informations remontant, une prise de contact dans l'ombre, celle d'un marché, d'une proposition, d'un échange d'argent et d'informations. D'un contact établit dans l'ombre. Un contact dangereux, à double tranchant alors que l'oeil s'était exposé pour la première fois depuis longtemps.
Des bouts de papiers subtilement donné, d'une main à l'autre en échange du bruit retentissant des joyaux. Une regard prédateur, un sourire carmin sur un visage étrangement attirant, celle d'une silhouette dans l'ombre, la silhouette d'une femme à la chevelure de jais. Un accent chantant battant au rythme d'une vengeance attendue depuis longtemps.
L'échange s'était opéré, révélant le fonctionnement des organes où attendaient dans l'ombre l'oeil depuis des mois. Le fonctionnement d'une milice répugnante, l'identité de ses têtes hauts placés, l'adresse de leurs habitations, les connaissances connues sur leurs habilités, à eux comme à celles de grand visage ayant déjà sauvé cette terrible Fiore qui n'était qu'une terre d'espoirs déchus et désuets. Un coup de massue attendant de s'abattre, un crachat au visage de cette reine impétueuse pensant pouvoir tout réglé.
Et dans l'ombre les deux silhouettes s'étaient séparées. La femme avait rabattue sur son visage un peu trop connue le capuchon sombre et était retourné à son auberge par le dédale de ruelles, comme si de rien était. Vigilante et carnassière, prêtant l'oreille au moindre bruit, à la moindre rumeur un peu trop suspecte, car c'était ici et maintenant que tout se jouait, l'oeil ne pouvait se permettre d'être découvert si l'homme du Nord manquait de discrétion et se faisait interpellé. Le message devait arriver à son destinataire et la sirène aux allures de lionne comptait bien tout faire pour qu'il en soit ainsi et que ses plans se déroulent sans accrocs et interruptions.
Les dès était jeté et un redoutable ennemi de Fiore venait de faire enfin son entrée à visage découvert.
L'Oeil s'était ouvert pour ne plus se refermer.
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Sujet: Re: Event Général - Qui est pris qui croyait prendre Ven 8 Juil - 10:53
Les choses qui vous échappent ont plus d'importance que les choses qu'on possède. Δ Somerset Maugham.
Il n’y eut pas une piste. Pas une trace. Comme évaporée à travers les monts et les rivières. Depuis combien de temps la cherchais-tu à présent ? Une semaine, peut-être deux et demi quand tu fais le compte. Tu as commencé à la chercher quand toute cette histoire eut pris fin. Cette histoire où l’on dit qu’un homme est mort.
Cette histoire qui la mêlerait à tout ça. Encore. Encore du sang. Encore un mort dans son ombre. « Bacchus Groh est mort. Paraitrait que y’avait cette rouquine démoniaque avec lui ». Bacchus Groh, tu ne le connaissais pas. Pas personnellement du moins. Bacchus Groh ce n’était qu’un gars, qu’un maître parmi tant d’autres, ce n’était que celui qui fut désigné « leader » par la force des choses. Il se pouvait très bien qu’il n’ait rien demandé mais quand cela vous tombe dessus, on ne peut détourner les talons. Bacchus, maître de Quatro Cerberus est mort :
Enya Taylor y est mêlée.
Elle pouvait très bien y être mêlée de près comme de loin. Le truc c’est que depuis ça, elle n’est pas apparue. Nulle part. Enya s’était terré dans son coin comme à son habitude. Grande habituée de la fuite et de la planque temporaire. Enya Taylor n’est qu’une boule de regrets, de peur et de haine. Et c’est CA qui terrorise le pays ? Ce petit bout de femme que l’on calme en criant plus fort qu’elle ?
Décidément….Il en faut peu.
Qu’est-ce que ça sera si un jour, la guerre venait à frapper à vos portes ? La panique. Le chaos. Le désordre total. La peur. La crainte. De la fièvre et de la fureur qui transformeront des hommes bons…En hommes cruels. C’est comme ça que ça marche les guerres. C’est comme ça qu’on fait tomber un pays. En y changeant sa nature même.
Adieu Fiore…bonjour Anarchieland !
Et c’est alors que tu tournes dans une ruelle à sa recherche, que tu vois cette silhouette te passant sous le nez. Encore une. Toujours une. Comme un spectre habitant les bas quartiers. Les ruelles sombres. Sur le moment, tu n’y prêtes pas attention. Tu ne sais même pas si c’était vraiment quelqu’un ou juste le fruit de ton imagination. Tu as toujours eu tendance à « voir » des choses. Dans la rue, tu te renseignes. C’est facile. Avec ton visage, on te prend pour elle.
« Vous n’êtes pas comme elle. »
Les mots forts et réconfortants d’Adrien te reviennent en mémoire. Tu n’es pas elle. Tu ne le seras jamais. Sœurs jumelles mais maudites, tout vous oppose, jusqu’à votre essence. On t’indique une auberge dans le coin. Le genre d’adresse louche et suspecte aux premiers abords mais comment faire autrement ?
Alors que tu t’apprêtes à franchir les portes, un étrange sentiment t’envahis. Loin de l’insécurité, quelque chose au plus profond de toi te dérange. Une petite voix te murmure silencieusement, une phrase que tu ne t’étais que trop répété : «Arrête de lui courir après ».
Si seulement ça pouvait être aussi simple. Si seulement, on pouvait tourner le dos à la famille. A cette famille. A elle. Comme aimant, elle attire et fascine à sa façon. On a cette envie de la comprendre, de l’apprendre …de l’aider d’une certaine manière. C’est ce qu’elle dégage.
C’est son pouvoir le plus dangereux. Elle attire les gens comme du miel et finit par les écraser comme de vulgaires insectes. C’est sa force.
Franchissant les portes de l’auberge à visage découvert, tu n’as peur de rien et pourtant des regards se retournant sur toi, il y en a.
Il y a ce type assis au comptoir te regardant d’un air alléchant puis il y a l’autre gros balourd au fond de la salle donnant l’impression qu’il voulait te faire le portrait.
« - Alors messieurs…Si on discutait vous et moi ? »
Ce genre de comportement, provocateur, sans crainte, culotté…Tu te rappelles de quand tu l’as eu pour la dernière fois et alors un nom te reviens en mémoire :
C’est dans cet établissement que l’histoire commence déjà à se jouer. Soledad, amante de l’ombre, tu aperçois dans la lumière ce visage que tu ne connais que trop bien pour l’avoir fréquenté et pour le croiser encore entre tes murs de temps à autre quand le cœur lui en dit.
Qu’est-ce qu’Enya ferrait là ? Sans toi ?
La question se pose mais au fond, tu sais que ce n’est pas elle car de cette personne ne se dégage pas la même chose. C’est la même personne et pourtant, elle a l’air différente en bien des points. Enya aurait-elle oublié de te mentionner ce détail-là ? Aurais-tu eu la malchance de passer à côté d’une information comme celle-là ?
Pourtant, pour toi, les dés sont jetés. La machine est en route et personne ne viendra contrecarrer tes plans.
Personne…Sauf ce petit bout de femme qui dégage ce petit quelque chose qui te titille, qui te dérange. Vas-tu passer à côté, étant sûre de toi ? Ou vas-tu l’approcher et tenter de savoir si c’est une alliée ou une ennemie ? Parce que tu sais très bien que ce monde est trop petit pour que tout ne soit que hasard et coïncidence.
Une porte qui grince, des regards salaces qui s'arquent et se braquent dans les lueurs tamisés de bougies crasseuses. Une silhouette qui se démarque, un visage bien connu à la crinière couleur d'automne.
Un éclair de surprise qui traverse le regard félin. Prédateur attendant patiemment, une main qui se crispe au rythme des iris qui détaillent le corps féminin s'avançant à découvert, examinent sa démarche, ses expressions. Quelque chose qui ne va pas, une pièce qui n'est pas à sa place alors que quand elle avance aucune pression ne vient envahir l'air puant du simulacre de taverne où tout venait de commencer, quelque chose qui ne va pas, ce mauvais pressentiment qui se faufile et se distille, dérangeant et inquiétant. Une inquiétude très différente que celle que peut susciter la présence bien connue d'Enya Taylor.
Quelque chose ne va pas. A sa place l'ombre féminine attend quelques instants avant de finalement se lever, un besoin de savoir, un besoin de pouvoir, une nécessité de contrôler cette donnée totalement inattendue, le danger d'un calcul peut-être erroné. Sur les épaules fines la capuche sombre retombe pour libérer la chevelure corbeau dansant en boucles ténébreuses. Des regards surpris pour certains, avides pour d'autres chiens qui se retournent sur cette ombre silencieuse ayant révélée son visage.
Elle entre en mouvement, ses pupilles d'opales luisante d'un éclat prédateur alors que son bassin ondule tel un serpent envoutant au rythme de ses pas. Le bruit grinçant d'une chaise de bar qui racle le parquet alors qu'elle prend place aux côtés de celles qu'elle savait désormais ne pas être celle qu'elle connait. Une voix intriguée où retentit l'accent étranger.
" Ce n'est pas très prudent de pénétrer dans ce genre d'endroits à visage découvert. En tout cas quand on est dépourvue d'un membre cherchant désespéramment le chemin vers la fleure la plus proche. "
Un sourire se voulant moqueur et rassurant. Un regard emplit de détermination farouche. Les événements devaient restés sous contrôles.
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Sujet: Re: Event Général - Qui est pris qui croyait prendre Dim 24 Juil - 9:40
Les choses qui vous échappent ont plus d'importance que les choses qu'on possède. Δ Somerset Maugham.
On te regarde avec un visage exprimant toutes sortes d’expressions. Comme une sorte de mélange, un choix non fait entre plusieurs sentiments. Peur. Panique. Interrogation. Surprise. Il n’est pas difficile de deviner ce à quoi pensent ces hommes et il n’est pas non plus difficile à qui ils pensent quand ils voient ton visage. Ils ne pensent certainement pas à toi, non. Plutôt à elle. Alors certains s’écartent, d’autres prétextent de devoir partir sur l’instant et deux autres restent plantés là à te regarder dans le blanc des yeux, se demandant certainement comment tu comptes les tuer.
Et puis, à cet instant, il y a une voix qui retentie. Une voix se distinguant de l’usuel, du commun. Un accent marqué. Tu te retournes, tes cheveux roux foutant l’air tandis que tu aperçois la femme derrière toi. La silhouette marquée par des courbes prononcées. Des formes généreuses.
Un regard qui ne semble vouloir ne se poser que sur toi.
Tu ne la connais pas mais la lueur dans ses yeux semblent en dire long sur toi. Un léger frisson te parcours quand tu comprends que cette femme en sait probablement plus long sur toi que toi-même. Cela te met mal à l’aise. Te sentir à nue ainsi, aussi facilement.
« - Ce n’est pas très prudent de se mêler des conversations d’autrui sans y avoir été invité d’avance également. »
Tu choisis tes mots avec soins, avec une précaution que tu n’as plus prise depuis longtemps. Du moins, tu ne t’étais plus donné cette peine depuis un moment maintenant. Le moindre de tes gestes peut trahir le fait que tu ne sois pas « elle », que tu ne sois pas ta sœur mais exceptionnellement aujourd’hui, tu en as besoin.
Tu veux savoir ce qu’il se passe et tu veux savoir qui elle est également. Cette femme se tenant là. La femme dansante dans les flammes invisibles de la tromperie.
« - N’ai-je pas le droit de prendre du bon temps avec ces messieurs ? Aurais-je commis un crime ? »
L’arrogance dans ton intonation est faite pour l’imiter. Pour avoir passé deux semaines en compagnie d’Enya dans cette grotte à Minstrel, tu ne sais que trop bien l’imiter. Le privilège de la sœur. C’est facile d’imiter quelqu’un qui n’a rien d’inhabituel. Enya est commune.
Tu arques un sourcil, mains sur les hanches avec un léger sourire provocateur et taquin. Tu sais qu’elle fera sans doute le premier pas te révélant alors sa relation avec ta sœur…Parce que cela ne peut être que ça. Ici, tout le monde te prends pour elle, alors pourquoi serait-ce différent cette fois ci ?
On ne t'y trompera pas. La tromperie c'est ton domaine d'expertise Soledad et tu sais, que malgré ses efforts, elle n'est pas la femme que tu penses qu'elle est. Ce petit bout de femme devant toi n'est pas Enya Taylor.
Mais alors qui est-ce ? Quelqu'un essayant de se faire passer pour elle? Elle a tout de commun avec : La ressemblance physique, la voix, l'arrogance dans la démarche et dans son intonation...Qui oserait?
Il faut que tu en saches plus car ce petit problème pourrait en devenir un gros pour le bon déroulement de ton opération.
Lève le voile de la vérité, par la force si nécessaire, le choix t'appartient ....Et qui sait ? Peut-être qu'une surprise ou deux t'attendent derrière ?
Les choses qui vous échappent ont plus d'importance que les choses qu'on possède. Δ Somerset Maugham.
Elle ne te répond pas. Tu te contentes alors d’hausser les épaules et de retourner à tes occupations avant qu’elle ne vienne te déranger. Regardant ces messieurs dans le blanc des yeux, tu te fais toute mignonne pour avoir ce que tu veux et au moment où tu t’assois à côté, une seule pensée te traverse l’esprit comme une voix résonnant en toi : « Pense comme elle ». Combien de fois tu t’étais répété cette phrase ? Combien de fois te l’avais-tu dis pour essayer de te sortir des pires situations où, tous ceux ayant une dent contre elle, semblaient te tomber dessus un par un.
« - Donc…Revenons-en à nos moutons messieurs si vous le voulez bien. Je serais fortement intéressé par ce que vous disiez tout à l’heure. Je suis du genre commérage aussi… »
Un petit sourire accompagné d’un petit clin d’œil tandis que tu commandes un second verre et à cet instant, la présence de cette femme à l’accent étranger semble s’effacer de ta mémoire. Elle n’est pas là. Elle n’a jamais été là.
« - Non mais vous savez…Nous on sait rien….C’est juste que… - Ah ! Pas de chichi entre nous les gars...Voyons…Je vous en prie. Continuez. Mieux ! Faites comme si je n’étais pas là. Promis, je ne fais qu’écouter. - Non mais c’est vrai…on sait rien du tout…C’est juste des rumeurs. - Justement ! J’adore les rumeurs. Y’a toujours une petite part de vérité dans les rumeurs. Le « on dit » part toujours de quelqu’un. »
A Fiore, les rumeurs se propageaient comme une vilaine grippe. Rapidement. Il suffisait d’un rien pour en lancer une et seulement quelques joyaux pour avoir la bonne information du bon gars. Parce que oui, il y a toujours eu ce gars. Celui qui sait tout. Celui qui a tout entendu, tout vu.
Ce gars qui sait surement plus qu’il ne veut toujours l’admettre.
« - Hey…Si on vous dit ce que vous voulez…Vous nous tuerez après ? Non parce que vous savez….Vous êtes…Enfin…Voilà. - Je suis qui je suis. Je ne peux pas le changer, pourtant croyez-moi, j’ai déjà essayer… »
Mais c’est dans le sang. C’est inscrit dans l’histoire. C’est une question de destinée pourrie. Enya est un virus, une peste et pourtant, malgré tout tes efforts pour être le remède, tu es encore loin du résultat souhaité. Tu ne seras jamais celle que tu penses devenir et tu commences même très mal….Tu pensais que rejoindre Adrien, ton Roi, ferait de toi quelqu’un de bien mais dès que tu as le dos tourné, tu entends des choses sur Golden.
Des choses qu’il ne vaudrait mieux, ne pas ébruiter pour aujourd’hui.