Quand on aime quelqu'un, on nourrit pour lui des craintes et des rêves. Il cristallise nos peurs et nos espoirs. Nos plus beaux élans naissent de cela. Ce lien nous anime, nous motive, nous porte, nous construit. La seule chose qui compte, c'est d'avoir quelqu'un pour qui espérer mieux. L'essentiel, c'est d'avoir quelqu'un pour qui trembler. Δ Gilles Legardinier.
Ils se sont dispersés comme les nuages dans le ciel. Ils se sont dispersés pour ne laisser derrière eux qu’un lourd silence pesant. Un silence mortuaire. Tu n’as jamais eu l’occasion de lui parler, de la rencontrer personnellement, de lui adresser quelques gentillesses et sans doute, si tu en avais eu la chance, tu ne l’aurais pas fait. Tu n’es pas comme un de ces idiots qui courberait l’échine dès que tu voyais sa silhouette à l’autre bout du couloir. Non.
Alors ils se sont dispersés, tous ces autres que tu connais sans connaître. C’est dans ce genre de moment que l’on se rend compte à quel point la guilde est grande. A quel point les individus qui la composent sont singuliers à leur façon. C’est dans ce genre de moment que tu as pris conscience que tu n’étais pas la seule, certainement, à t’être fait recueillit comme un petit chaton errant entre deux boites dans une ruelle. Peut-être qu’à un moment donné, ils ont tous été toi et tu as été eux quand l’heure avait sonnée.
Alors même si les funérailles sont passées maintenant, tu es là, le regardant s’éloigné. Tu es là, le suivant des yeux. Ce Roi qui, silencieusement, pleure.
« - Tu n’y vas pas ? »
Une voix derrière toi, te fais perdre de vue cet homme. Tu reconnais l’armure, tu reconnais la posture, dos appuyé contre le mur, silencieux, les yeux braqués sur toi, l’air boudeur comme un petit enfant à qui on venait d’interdire de sortir.
« - Et toi alors ? - Je t’ai posé la question le premier. - Je préfère lui laisser quelques minutes…Avec elle. - Avec la Reine. C’était la Reine, Sara. - Non. C’était VOTRE Reine, pas la mienne. Un souverain doit être reconnu pour assurer sa légitimité et pour compter sur le soutien et la loyauté de ses sujets…Elle n’avait rien venant de moi. Je ne vais pas mourir ou me taillader les veines pour une femme ne s’étant jamais présentée à moi. - Faut-il toujours que tu sois comme ça ? Bornée, campée sur tes positions ? - Je ne serais pas moi si ce n’était pas le cas. En attendant, t’as pas un service de sécurité à assurer Terence ? - Tout le monde a eu sa journée… - Et donc tu me tiens compagnie ? - Bof, pas vraiment, je te surveille. T’es la seule qui reste silencieusement dans son ombre. Qu’est-ce que t’espères de lui sur le long terme ? - Sincèrement ? Aucune idée. Mais si tu veux une réponse immédiate, je te dirais : J’espère qu’il sera le Roi qu’il a promis d’être. »
Etre Roi dans un pays où il y a déjà une Reine. Quand on y pense, c’est une situation assez conflictuelle. Etre Roi….Etre Reine. Ça sonne tellement chevaleresque, comme dans les contes mais sa vie n’est pas un conte de fées, ça ne l’a jamais été. Ça, il suffit de le regarder pour le savoir.
Alors, faussant compagnie à Terence, tu pars à sa recherche, à sa rencontre. Encore une fois. Plus pour voir quel être tu auras en face de toi que par curiosité : L’homme, le Roi, le veuf. Les trois en même temps, sans doute…
« - Et maintenant ? Qu’est-ce que vous comptez faire, votre Majesté ? »
Quand on aime quelqu'un, on nourrit pour lui des craintes et des rêves. Il cristallise nos peurs et nos espoirs. Nos plus beaux élans naissent de cela. Ce lien nous anime, nous motive, nous porte, nous construit. La seule chose qui compte, c'est d'avoir quelqu'un pour qui espérer mieux. L'essentiel, c'est d'avoir quelqu'un pour qui trembler. Δ Gilles Legardinier.
Tu ne sais pas vraiment si tu as un jour eu des rêves. Plutôt des objectifs à atteindre. Et à chaque fois, ils changent. Ils ne restent jamais les mêmes. Jamais bien longtemps. Alors quand il parle de rêve, tu ne sais pas trop si tu dois comprendre s’il parle des siens…Ou des leurs. De ces autres qui étaient avec toi. De ces autres qui faisaient aussi partis de Golden et qui avaient, sans trop le comprendre, l’entière confiance d’un roi déboussolé. Qui était resté pour lui ? Qui avait compris ? Personne. Ils étaient tous repartis après la cérémonie, chacun retournant à leurs occupations et tu ne peux les blâmer. Tu aurais sans doute fait de même si tu avais quelque chose à faire. Autre que de veiller sur une âme en détresse. Une âme égarée.
« - Si je vous réponds…Qu’allez-vous faire de ma réponse ? Compatir parce que la situation a été commune ou simplement l’ignorer ? Vous me demandez si j’ai perdu des êtres chers. Toute ma famille, oui. J’ai perdus des amis chers dans une guerre qui n’était pas la mienne pour servir une cause que je ne pensais pas juste de base. J’ai perdus un amour en défendant des hommes qui n’ont fait que me chasser comme la peste de mon pays natal. »
Un silence passe. Quand t’y repenses, il y a cette boule qui se forme au fond de ta gorge. Aujourd’hui, tu ne pleures plus. Ni pour lui, ce père aimant, ni pour eux, ces amis et amours perdus à jamais. Aujourd’hui, tu ne pleures même pas la Reine. Aujourd’hui, les larmes sont muettes et si elles venaient à écouler, elles seraient dénouées de sens.
« - Mais ma vie n’a pas d’importance. Ou pas comme cela devrait être. Ma vie m’appartient et ce que j’ai perdus fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Ça fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Les pertes, la douleur, le chagrin…La haine, la colère, la culpabilité…Tout ça, on finit par le surmonter. Toujours. Ça prend du temps et de l’aide, mais on y arrive. »
Autour de vous, le silence pesant te rappelle au fait qu’il y a désormais quelque chose qui te retient ici. Devant lui. A côté de lui.
« - Vous y arriverez…A réaliser vos rêves. Croyez-moi. Vous êtes quelqu’un de fort, plus que ce vous ne pouvez imaginer et vous y arriverez. Parce qu’avoir des rêves, c’est ce qui nous raccroche à la vie. »
Terence n’est pas là. Il ne vous espionne même pas d’un œil prudent. Il t’a laissé partir toi et seulement toi comme il t’a laissé passer ce jour-là quand l’annonce est tombée. Qui pourrait bien retenir la colère d’un roi ?
Qui pourrait bien retenir les océans déchaînés de son cœur et la terre tremblante de son âme ? Sans doute nul sur terre. Ni toi, ni lui…Ni personne. Personne ne peut comprendre ce qu’il ressent présentement, personne ne peut savoir ce que ça fait, d’avoir ce trou dans la poitrine. Ce vide. Cette douleur. Personne ne peut ressentir ce qu’il ressent car même la simple empathie ne suffit plus.
« - Je ne suis pas conseillère du roi. J’en ai pas le titre et encore moins l’honneur…Mais sachez ceci si cela peut apaiser votre mal : Vous aurez toujours quelqu’un sur qui compter. Que ce soit moi, ou Terence qui excelle dans le fait de vous servir, vous et vos objectifs ou que ce soit les autres membres de Golden. Tous ne jurent que pour ça. Ne vivent que pour ça. Réaliser vos rêves qui sont progressivement devenus les leurs. »
Quand on aime quelqu'un, on nourrit pour lui des craintes et des rêves. Il cristallise nos peurs et nos espoirs. Nos plus beaux élans naissent de cela. Ce lien nous anime, nous motive, nous porte, nous construit. La seule chose qui compte, c'est d'avoir quelqu'un pour qui espérer mieux. L'essentiel, c'est d'avoir quelqu'un pour qui trembler. Δ Gilles Legardinier.
Un titre « spécial ». Parfois tu oublies qu’ils en ont tous un. Un de ces titres se révélant être l’équivalent d’une place sur l’échiquier. Roi, Reine, Fous, Cavaliers, Tours, Pions…C’est vrai que jusqu’à présent tu t’en foutais un peu que ce soit du titre ou des autres. Malgré le but « commun » que vous aviez, aucun de vous n’avez de lien particulier avec les autres. Vous n’étiez pas du même sang, vous n’étiez pas les meilleurs amis du monde et vous ne le serez sans doute jamais d’ailleurs…Tu les connais sans les connaître comme ils savent qui tu es sans en savoir plus. Tu n’as pas à parler de ta vie et la leur ne t’intéresse pas. Tu sais mettre un nom sur un visage mais ça s’arrête là. Il faut que s’arrête là. Le copinage n’a jamais été ton fort…
« - Vous savez entre ce titre que vous octroyez et celui qui se mérite comme l’amitié, je préfère nettement être votre amie qu’être votre pièce. »
Certains partaient parfois à l’étranger, négocier, discuter, mettre en place des accords entre Golden et ces pays voisins mais toi, toi tu étais resté là depuis le début. Ecoutant, regardant ces autres s’activer autour d’une seule et même figure. Autour du Roi. Autour de la Reine.
« - A une seule condition ! C’est vous qui payez la note à la fin ahahaha ! »
Et puis faire faux-bonds à Terence n’est qu’un plaisir parmi tant d’autres. Il partira à la recherche du Roi disparu quand il s’apercevra qu’il est parti avec toi.
« - J’ai une question à vous poser à mon tour. M’en voudriez-vous si je refuse…Enfin…si je m’abstiens plutôt de faire copine-copine avec les autres membres ? Je respecte le fait qu’ils soient là, qu’ils vous servent et tout ça…C’est juste que je ne suis pas quelqu’un qui aime s’enticher d’un « ami » et qui aime raconter sa vie à tout le monde. Donc si un jour, un membre venait à se plaindre de mon comportement jugé « antisociable », m’en voudriez-vous à ce moment-là ? »
Tout le monde devait le savoir maintenant. Ta ressembler avec cette femme te trahissait et tu ne pouvais cacher le fait qu’Enya était ta sœur mais ce que tu ne voulais pas, ce que tu ne voulais plus, c’est que l’on t’approche pour elle, pour savoir des choses sur elle, sur le genre de relation malsaine que vous pourriez avoir, sur le comment du pourquoi tu vis ta vie à l’ombre de celle de ta sœur alors que tu es différente. Tu sais que tu es différente. Mais tu n’as pas besoin de te faire analyser de façon psychiatrique par un tiers qui se serait dit que ça serait cool d’avoir une Taylor pour amie. S’il y a bien quelque chose que tu as en commun avec ta sœur, c’était sans doute cet aspect-là. Le rejet des autres. La crainte des autres.
« - Vous savez, je les entends les rumeurs parfois des domestiques mais ce n’est pas ça qui m’affecte le plus…C’est juste que j’aimerais que l’on ne se mêle pas de ma vie ou de celle de ma sœur. Pour ce que je sais, elle a sans doute trahit plus qu’elle n’a eu confiance en qui que ce soit et moi, c’est l’inverse…Et à force de trahison, j’ai appris à me sentir bien seule. J’aimerais juste que ce point-là soit clair entre vous et moi. Justement parce que vous êtes mon ami aussi. »
N’est pas né, celui qui arrivera à briser cette carapace que tu t’es forgé. N’est pas né, celui qui arrivera à entrer dans ton monde par la grande porte. Ton monde est fait de feu et de cendres. Ton monde est fait des enfers de la terre. Ton monde est fait du sien.
Quand on aime quelqu'un, on nourrit pour lui des craintes et des rêves. Il cristallise nos peurs et nos espoirs. Nos plus beaux élans naissent de cela. Ce lien nous anime, nous motive, nous porte, nous construit. La seule chose qui compte, c'est d'avoir quelqu'un pour qui espérer mieux. L'essentiel, c'est d'avoir quelqu'un pour qui trembler. Δ Gilles Legardinier.
Il arrivera un moment, tu le sais, où il faudra s’expliquer. Il arrivera un moment, où il faudra leur dire, à ces autres qui ne comprendront certainement pas, qui tu es et pourquoi tu es ici. Au début, cela ne devait être l’affaire que de quelques mois, juste pour la voir, pour la rencontrer, pour la connaître elle et non pas son alter-égo démoniaque…Mais la femme que tu as rencontré est bel et bien la triste peinture que la société a fait d’elle : Enya Taylor, LA criminelle du pays. Sa réputation ne change pas selon les pays et tu ne le sais que trop bien pour l’avoir suivie ne serait-ce qu’à Fiore, Joya ou Minstrel. Partout où elle va, tout finit par n’être que peur, désolation et bain de sang. Elle est comme ça, elle se nourrit de ça et personne ne pourra sans doute jamais comprendre ô combien elle doit être seule dans ce monde dépravé.
Alors, dans l’espoir de la changer, un jour, tu es resté. A fiore. Tu as intégré Golden Crown car de nos jours c’était le seul et unique moyen que tu avais de garder un œil sur elle, que ce soit de près ou de loin. Golden avait des espions partout, dans chaque région importante et tu sais, qu’un jour ou l’autre, ta sœur, ferra parler d’elle. A ce moment-là, tu prendras congé et quand viendra l’heure, tu l’arrêteras. Toi-même. Tu arrêteras ce que ta famille à créer. Ce monstre qui n’aurait jamais dû exister.
Tu t’en ai fais un devoir.
Les mains d’Adrien te surprennes et te sortent de ces pensées que tu continues de cacher non sans mal à ses yeux. Adrien, le Roi de Golden Crown et peut-être, le Roi de Fiore, est quelqu’un déchiré…Non pas parce qu’il a perdu sa Reine et la seule personne capable de faire tourner le monde, non…Adrien est comme ça depuis…Bien longtemps maintenant. Il suffit de le voir dans ses yeux. Il n’a pas toujours été le roi bon et compatissant…Il a été un autre. Un autre différent. Un autre qui se cache constamment dans son ombre aujourd’hui. Près à resurgir. Adrien, tu espères qu’un jour, il fera plus que comprendre tes choix….même si pour l’instant, tu ne peux lui demander de se mêler de ça.
« - Prier à l’Eglise ? Même si j’ai un lien étroit avec cette dernière, je m’en passerais bien aujourd’hui ahahah. Mais je ne suis pas contre une petite promenade en votre compagnie. »
Tu lui souris affectueusement et tu repenses à votre première rencontre. A Terence jouant aux cartes toute la nuit avec toi. Les servantes disent qu’il passe beaucoup de temps avec une certaine Nicky quand elle est à la guilde…Non pas que cela te rendes jalouse pour un sous mais la pauvre doit tellement se fourfoyer si elle pense un seul instant que ce diablotin est « gentil ». Quelle erreur.
« - Dites-moi…vous n’avez pas peur que je sois comme « elle » ? »
Quand on aime quelqu'un, on nourrit pour lui des craintes et des rêves. Il cristallise nos peurs et nos espoirs. Nos plus beaux élans naissent de cela. Ce lien nous anime, nous motive, nous porte, nous construit. La seule chose qui compte, c'est d'avoir quelqu'un pour qui espérer mieux. L'essentiel, c'est d'avoir quelqu'un pour qui trembler. Δ Gilles Legardinier.
Tu n’es pas seule. Tu ne l’as jamais été malgré ce qu’il s’est passé auparavant. En arrivant à Fiore, tu as rencontré Zadig et d’autres. Peu d’entre eux ont su voir la différence majeure qu’il y avait entre Enya Taylor et Sara Taylor, tout le monde continue de vous confondre…ou seulement de te confondre avec elle. Comment ne pas leur en vouloir ? Tu n’es pas elle mais tu lui ressembles. A l’identique. Deux gouttes d’eau. Deux sœurs. C’est vrai que seul le reflet dans le miroir te trahis et te rappelles parfois à son souvenir mais même en l’ayant confronté, tu sais qu’au fond d’elle, il y a quelqu’un d’autre. Il y a quelqu’un comme toi.
Les rumeurs sur elle ne tarissent pas. Blue Pegasus ? Et ensuite quoi ? La vie vers l’enfer sur terre ? Pourquoi avoir commencé là-bas si c’était pour en finir ici ? Pourquoi avoir bien commencé si ce n’est pour tourner de cette façon ? Personne ne lui a dit, à ce moment fatidique « ne fait pas ça » ? N’y avait-il personne à ce moment-là pour l’arrêter ? Parce que tout le monde le sait…que maintenant, c’est trop tard.
Alors tu te retournes vers lui et tu lui souris. Un de ces sourires francs et sincères. Parce qu’il avait raison. Il a souvent eu raison. Sur toi, sur vous tous.
« - Je ne suis pas « elle », c’est vrai. Je suis moi et je crois qu’au fond…Je suis bien pire ahah »
Tu te rappelles alors de cette journée avec Zadig. De tout ce qu’il s’est passé. De ta course poursuite avec la milice…De votre accident plus tard, de votre pseudo romance dans la rivière. Tu te souviens de cette journée où tu as pu sortir de ce rôle de « jumelle maudite ». Cette journée où tu as pu être toi.
« - Le jour où vous aurez une couronne d’or sur la tête, si et quand ce jour arrivera…Dites-vous que vous en êtes là grâce à tout le monde. Je vous l’ai dit. Si je ne suis pas seule, vous êtes loin d’être seul également, mon Roi. Vous avez un château, des serviteurs et surtout…Des amis. Pleins d’amis. »
Pleins d’amis, peut-être trop. Pourtant, il n’y avait aucun signe de félonie à l’intérieur de Golden. Personne n’oserait tromper un Roi si bon malgré son passé. Parce que oui, les rumeurs courent. Les rumeurs courront toujours. Comme à leurs habitudes. Adrien, il était de ces hommes au sombre passé, trop sombre pour être raconté…Alors peut-être qu’un jour, son passé le rattrapera. Peut-être qu’un jour, on viendra prendre la tête du Roi mais avant que ce jour ne puisse arriver, vous vous tiendrez devant la porte, comme le dernier rempart entre lui et l’humanité qui lui demande des comptes.
Personne ne serait assez fou pour venir jusqu’à vous. Jusqu’à lui. Quoi que…Il doit bien y avoir deux ou trois personnes assez folles pour tenter l’aventure malgré tout.
« - Bon ! Quel est le menu ? J’ai faim, j’ai faim !!!! »