Le sourire dans la tristesse

Encore un matin qui commence comme d'habitude. Ha non ! N'allez tout de même pas croire que Mirajane en a marre de sa routine. Non non non, ne vous dites pas ça ! Justement, elle l'adore cette routine. Ce qu'elle fait ? Oh elle débarque dans l'auberge de Fairy Tail en distribuant des sourires et des "salut la compagnie" à qui mieux mieux, elle se plante derrière le comptoir et elle commence à essuyer les verres, oui dès le matin, elle est comme ça Mirajane. Ensuite, elle s'occupe de plein de petits trucs assez inutiles à énumérer parce que pour la suite des évènements, cela ne sert strictement à rien donc je vais faire une parenthèse là dessus. Elle allait encore solliciter Happy pour transporter des affiches parce que le pauvre minou s'ennuie encore quand quelqu'un vint la solliciter elle-même.

- Mirajane ?

Elle leva la tête prestement. Logan. Ha... Bon...on va lancer le protocole des situations critiques. Elle attrapa un torchon et essuya un verre pendant qu'il lui parlait. Chose qu'elle ne faisait jamais. Deux choses en même temps. Parce que ce n'était pas vraiment le chic de Mira.

- Oui ? Tu as besoin de quelque chose ?
- Je me demandais...tu serais d'accord pour m'accompagner en mission ?

Dans la tête de Mirajane, tout le petit monde s'excita, courant dans tous les sens en hurlant. En apparence, elle avait juste rougi. C'était joli, sur sa peau blanche des petites peaumettes un peu rougies. Cela faisait ressortir le bleu de ses yeux c'était joli. Elle ne pouvait pas refuser bien entendu.

- Bien sûr ! Avec plaisir même !
- Tu es vraiment un ange Mirajane! Merci pour ton aide!

Aidé...c'était un bien grand mot, elle lui avait juste dit qu'elle serait libre pour l'aider mais rien qu'a voir son sourire elle aurait pu sautiller. Elle ne fit que sourire en inclinant la tête. Elle aimait tant cette guilde, ces gens. C'était un amour inconditionnel. Je peux presque dire qu'elle aurait pu faire des câlins à tout le monde si elle pouvait. Elle allait entamer la conversation avec Logan quand une Juvia sauvage apparut. Wow, Mirajane connaissait la pratique du camouflage par Juvia mais tout de même, elle n'était pas au courant que cela pouvait aller jusqu'à des attaques surprises. Non, ce n'était pas vraiment une attaque surprise. Mirajane se mit à rire devant les paroles pressées de Juvia. Elle a une feuille de mission dans les mains et la tend à Mirajane. Il suffit de rendre le sourire à des enfants dans un hôpital. Mirajane qui débordait de tendresse en ce moment ne pouvait qu'accepter cette mission. Surtout si c'était avec Juvia. Elle ne la connaissait pas très bien, mais c'était une jeune fille emplie de ressources et d'intelligence. Bien que seulement de rang D, cette mission allait être très intéressante. Oui, allait, car Mirajane accepta immédiatement, un sourire se dessinant sur ses lèvres.

- Avec joie !

Mirajane voit Juvia tourner les talons. Serait-elle en train de sautiller ou Mirajane se faisait des idées ? Elle se retourne vers Logan.

- Si tu avais besoin de moi maintenant, c'est un peu râpé

Dit elle ne souriant, gênée. Mais c'était bon, c'était juste pour l'avenir. Très bien alors. Mirajane finit la journée en repensant à la demande de Logan mais surtout à la mission qu'elle allait devoir accomplir le lendemain. Oh des enfants ! Cela allait être mais tellement chouette ! Le lendemain matin, alors qu'elle finissait tout juste de se préparer, quelqu'un toque à sa porte. Mirajane ouvre. Juvia. Mirajane l'accueillit avec un grand sourire. La pauvre était gênée de la déranger. Mirajane sourit.

- Tout à fait ! On y va ?

Dit elle en embarquant Juvia et en fermant sa porte derrière elle.

Le sourire dans la tristesse

Mirajane embarquait Juvia derrière elle, prenant la direction de l'hôpital, situé à Kunugi. Le trajet se déroula dans la bonne humeur, Mirajane souriant devant la candeur immuable de Juvia. Mais cette joie oisive ne fut que de courte durée, en tout, le seul moment du trajet. Arrivées à l'hôpital, la pression monta. Mirajane réalisait seulement à ce moment là dans quoi elle s'était embarquée. Là, il n'était pas question de se battre et de penser avec ses poings, là, la vie d'enfants était entre ses mains et elle allait devoir les amuser pour les détourner de leurs propres conditions. Ce qui n'était pas une mince affaire. Une jeune femme blonde les accueillit en silence, et sans un mot, Juvia sortit le papier de la mission. Mirajane hocha la tête pour affirmer quelque chose, dont en fait elle ne savait rien. Peut être jugeait-elle nécessaire le fait de confirmer leur présence. Elles traversèrent en suivant la jeune femme les différents secteurs de l'hôpital pour finalement arriver au service de pédiatrie. On se saurait décrire la tristesse profonde qui se dégageait de ces dessins colorés, de ces papiers peints aux motifs soit disant amusants. Les enfants perçoivent la tristesse sous-jacente des clowns soit-disant heureux, et on avait jugé bon le fait d'en coller partout ? Une figure traumatisante pour certains, ou ridicule pour d'autres. Les jouets gisaient dans leurs coffres comme s'il s'agissait d'un cercueil dont on en exhumait certains chanceux lorsque cette pauvre salle de jeux se trouvait occupée. Des feutres aux couleurs probablement passées s'alignaient dans les pots à crayons sur lesquels on avait gribouillé, et des piles de feuilles, d'anciens dossiers médicaux sûrement s'empilaient en bazar sur les étagères. Cette pièce respirait la tristesse et Mirajane préféra détourner les yeux. Comment réussirait-elle à redonner le sourire à des enfants si elle même se trouvait mortifiée à la vue d'une salle vide et triste comme la pluie. Sans mauvais jeu de mots à l'égard de Juvia. Simplement, Mirajane ne se trouvait pas au bout de ses peines.

Elles entrèrent finalement dans une pièce assez grande simplement rendue trop petite à cause de l'amas de fils et de machines respiratoires. Dialyses et machines respiratoires offrant des ronflements, comme une musique d'ambiance. Les médecins et les enfants avaient dû s'y habituer car, contrairement à Mirajane, ce bruit infernal ne semblait pas, ou plus, les gêner. Comment cela était il le ciel possible ? Mirajane put fugacement lire la tristesse dans les regards inanimés des enfants, ridiculement pâles et frêles dans leurs grands lits impersonnels d'hôpital. La pièce sentait l'alcool à soixante-dix degrés, les compresses usagées et les boîtes de médicaments. Boîtes de médicaments vidées et distribuées dans de petits gobelets en cartons qu'une infirmière posait sur des plateaux afin de faire la distribution, tout sourire comme si on leur offrait le plus beau cadeau de leur vie. Mirajane pensa qu'on leur offrait simplement un sursis et des souffrances comme une dream pack. Mirajane fit le tour de la pièce, marchant lentement dans l'allée centrale, regardant en souriant -en essayant difficilement de cacher sa tristesse- chaque visage triste, offrant de ci de là quelques paroles agréables. Elle vit du coin de l’œil la salle des préparations. C'était donc là que se situait tous les médicaments...

Les deux jeunes femmes finirent par saluer poliment les médecins et reprirent la direction de Magnoria en silence. Marchant sur les pavés de l'extérieur de l'hôpital, Mirajane resta comme enfermée dans ses pensées. La voix de Juvia la tira de sa contemplation. En effet, cette ose de médicaments lui semblait pharamineuse, seulement, elle n'était pas médecin, elle ne pouvait pas juger. Elle n'avait aucune compétence en médecine alors elle ne voulait pas se risquer à juger la quantité de médicaments, de toute façon ce n'était pas ce qui lui était demandée. Cependant...elle en pouvait s'empêcher d'être du même avis que Juvia. Comment de si petits corps frêles et fragiles pouvaient ingérer une telle dose de médicaments, d'anti-douleurs en tous genres et autres substances contrôlant leur vie ? Comment pouvait on avoir la conscience tranquille après leur avoir donné cela ? Mirajane savait bien que c'était dans leur intérêt que les médecins faisaient cela, mais n'était-il pas dans leur intérêt que de leur faire avoir une vie normale et surtout décence ? Comment retourner à la vie après avoir vécu cela ? Comment se remettre après avoir été branché à une machine qui diffusait un boucan incroyable ? Comment ré-apprendre à manger autre chose que des pilules colorées ? Surtout, que devenait le statut de la vie ? Comment donner de valeur à la vie quand on nous a démontré qu'on pouvait la contrôler à partir de branchements ingénieux et de pilules indigestes ? Comment trouver un sens après tout cela ? Mais c'était pour cela qu'on avait appelé des mages. Pour leur faire voir le bout du tunnel. Mirajane ferait en sorte que ce bout du tunnel soit beau et ensoleillé.

- Oui j'ai vu...simplement, on ne peut rien y faire pour l'instant. Ce qu'on peut seulement faire, c'est tenter de leur redonner le sourire...

Mais comment ? Comment rebâtir quelque chose tombé en ruine. Et encore, le mot de ruine résidant tout à fait énorme par rapport à ce qui se déroulait sous les yeux de Mirajane. Ce n'étaient pas des ruines, leur soif de vie semblait être retournée à l'état de poussière. Toute joie de vivre avait déserté, à tel point que cela avait vidé Mirajane. Et autant dire que ce n'est pas une mince à faire. Mirajane commençait à douter de ses capacités à leur redonner le sourire.

- Simplement, je commence à douter de nos capacités à remplir cette mission Juvia...

Puis elle se mura dans un silence de plomb jusqu'à leur arrivée et elle rentra directement chez elle, sans passer à l'auberge. Le lendemain, elle vint pour chercher Juvia. Elle avait mit toutes les forces de son côté car elle savait que psychologiquement, elle en aurait plus que besoin. Elle embarqua Juvia comme elle l'avait fait la veille.

- J'espère que tu es prête parce qu'on a du pain sur la planche !

Elle prit place dans le train, toujours en direction de Kunugi, face à Juvia. Elle se mit dans un état d'esprit joyeux. Elle n'avait pas d'autres choix de toute façon.

- Alors...de quelle manière on va aborder ce problème ?

Car là était la question, si elles n'avaient pas de plan d'attaque, elles risqueraient de faire un sacré bide.