Une question persistait. Se répétant comme un cercle sans fin. Elle était là, dans ma tête, revenant encore et encore sans jamais vouloir s'en aller. Une question persistait et la réponse ne venait pas.
"N'as-tu pas envie de faire les choses bien pour une fois ?"
Les choses bien ? Quelles étaient-elles ? Qu'est-ce qui était bien ? Qu'est-ce qui était mal ? Comment pouvions définir nos actes sans même savoir les fruits portés ? Comment savoir ce que l'on faisait pouvait être définit comme "bien". Sauver le monde et tuer le méchant, c'est bien ça ? On oublie toujours dans les belles histoires que le héros TUE le méchant. Mais cela importe peu n'est-ce pas ? Tant que l'intérêt général prime sur l'intérêt d'un seul individu ? Tant que le mal s'efface cela importe peu non ? Ce mal qui nous ronge, grignotant chaque parcelles de notre âme. Ce mal qui nous entraîne toujours plus bas, toujours plus au fond. Mais s'il n'existait pas...Comment savoir ? Si on était tout le temps heureux et que tout allait bien dans le meilleur des mondes, comment savoir que l'on est heureux ? C'est parce que nous sommes malheureux que nous savons quand nous sommes heureux. C'est parce qu'il pleut d'abords, que le soleil arrive ensuite. C'est parce qu'on a mal que la douleur s'évanouie et que le soulagement apparaît. Si il n'y avait pas toutes ces contradictions en nous, dans le monde lui-même, comment savoir ce que l'on est ? Ce que l'on ressent ?
Si j'avais envie de faire les choses bien ? Si j'avais envie de faire quelque chose sans manipuler, voler, mentir ? C'était ça la question non ?
Pourquoi faire ? Qu'est-ce que cela m'apporterait de plus ?
Je n'ai que trop souffert en faisant le bien. J'ai perdue des gens que j'aimé en faisant le bien. Je n'ai pas envie de faire le bien. Le bien fait souffrir. Je ne veux pas souffrir. Ça fait trop mal. A l'intérieur de moi.
Perdre...Fait mal.
Pourtant me voilà dans ce bâtiment abandonné, couvert de toiles d'araignées à chaque recoins et reprenant ses allures de manoir hanté comme la première fois que je suis venue ici. Les planches craquent, une odeur de fumée persiste dans le hall et le silence règne en maître sur le domaine. Il n'y avait plus personne. Tous étaient partit. Tous avaient tourné la page.
Peut-être devrais-je faire autant ? Pourtant, je restais là, revenant chaque soir, en me disant que quelqu'un m'attendra derrière la porte. Mais il n'y avait jamais personne. Et il n'y aura jamais personne. Ils sont partit. Encore.
Assise sur un canapé, un coussin dans les bras, je fixe la cheminée, m'imaginant un grand feu crépitant de partout, m'imaginant leurs rires et leurs crises. Ce n'était pas une guilde...C'était juste un foyer pour cas sociaux et désespérés. C'était juste ça.
Alors je partis. Fermant définitivement la porte derrière moi, sac sur le dos, je partis. Il fallait que j'avance. Le pays n'allait pas m'attendre et il a cessé de le faire depuis bien longtemps. Il fallait que je rattrape le temps perdu. Il fallait que je reste dans cette marée géante prête à m'engloutir.
Il fallait que j'existe.
Prêt du village voisin, un vieux bar. Une taverne d'ivrognes se plaignant de la situation, se plaignant des mages. Des gens n'ayant pas conscience de ce qui leur arrive dessus. Que c'est drôle, ce genre de personne.
J'écoute les derniers bobards. Les dernières rumeurs. Parce qu'il y a toujours une demi-vérité dans les commérages. Toujours.
On parle des guildes. On parle des groupes. On parle de ce que l'on a vu ou de ce que l'on croit avoir vu. On parle de ce que l'on a entendu ou de ce que l'on a écouté à la radio. Lu dans le journal. Vu au lacryma vision. On dis toutes sortes de choses.
Trop de choses.
Puis on parle de cette guilde, de ce groupe. On parle d'une rumeur, d'un murmure dans le vent. Ça m'intéresse. Je ne sais pas pourquoi. Je sais seulement que tout ce qui fait en secret éveille et suscite ma curiosité. C'est tout. On parle d'un groupe dans le sud. Certainement pas le mien.
"- Dis donc mes braves si vous m'en racontiez plus"
Enlevant mon capuchon, montrant mon visage, le leur manque de se liquéfier dés qu'ils le reconnaissent. Ils bafouillent, se perdent dans leur explication trois fois trop longues pour moi et il parle d'un mec, qui a entendu d'un mec qui a lui-même entendu d'un autre que...Et vous connaissez la suite.
Quelque part, j'étais curieuse, assez pour faire le voyage et demander à tous ceux qui croiseraient mon chemin. Me renseigner, c'est tout ce qu'il me fallait faire. Avoir des informations, les faire passer, circuler, c'était tout ce qui était possible de faire en attendant de trouver une idée de génie pour mon grand retour sur la scène nationale.
En sortant du dernier bar du coin, il y avait cette présence. Un homme ? Non. Bien trop discret pour. Une femme donc. Intéressant.
"- Alors, on me cherche ?"
Je connaissais que trop ce genre de petit tour vicieux pour savoir comment ça fonctionnait. On allait pas s'abaisser à ça quand même? Voyons très chère...Sais-tu seulement à qui tu a à faire ? Jouons franc jeu sans cacher la moindre carte dans nos manches.