Dans son cœur brillait les derniers éclats de sa confiance. Dans sa volonté s’étiolait les dernières larmes que lui avait arrachées le chagrin. Rien n’était plus étrange que de voir ce visage juvénile et déchiré regardant droit dans les yeux ce lieu où elle avait appris à voler de ses propres ailes. C’était un des rares moments ou la guilde était entièrement vide de monde qu’elle avait choisi pour ça. Un des seuls instants où personne ne saurait et personne ne la suivrait. Le visage tourné vers la lueur de l’aube, elle s’enfonça droit dans l’ombre des arbres pour finalement y disparaitre comme un vaste rêve éveillé. Arrivée au bord du promontoire rocheux, elle laissa ses yeux dérivés le long du l’eau qui s’écoulait près de là avant de faire signe à son camarade qui l’attendait là. L’oiseau gris et gigantesque s’ébroua avant de baisser le coup pour que sa maitresse s’installe. Elle avait un long voyage à faire et encore plus à préparer. Le soupir de la jeune fille se répercuta contre les parois alors qu’elle s’accrochait au plume pour ne pas tomber alors que l’esprit d’Osulf se laissait choir du promontoire. Elles rasèrent l’eau quelques secondes avant de finalement décoller face au soleil couchant pour empêcher quiconque de les suivre des yeux. Le mot que la mage avait laissé à ses compagnons était déjà bien plus que ce qu’elle aurait dû….

Chers Aigles,


Je ne sais pas par où commencer. Je ne me souviens même plus pourquoi j'ai écris ça. Ah si. Au moment où vous lirez ses lignes, je serais à Iceberg. Mais qu’importe, cela n’a pas la moindre importance. Dans le doute je vous laisse ses - peut être - derniers mots.Vous avez été bien plus qu’une bénédiction pour moi mais il est grand temps que j’arrête d’être une enfant et que je devienne enfin celle que j’aurais dû être depuis bien longtemps. Et c’est pour ça que je pars. Vous n’y êtes pour rien. A vrai dire je peux même affirmer que tout est ma faute. Je suis en route pour mon chez moi. Pour faire ce que j’aurais dû faire bien avant et je sais que j’ai de forte chance d’y rester à jamais. Aussi je vous le demande à tous, veillez sur Wilfried. Et accessoirement courrez hors de la guilde dès qu’il verra la lettre parce que je crains que son humeur ne soit … massacrante. Il risque d’être hors de lui un bon bout de temps vu ce que je lui impose ... Tout ce que vous devez savoir s’il vous le demande, c’est que je suis retournée là où tout a commencé. Quiconque tentera de m’arrêter ou de me suivre ne dois pas s’attendre à de la reconnaissance ou à un accueil chaleureux. Je suis prête à payer le sang versé et la trahison mais je refuse de vous tuer. Je m’en sais parfaitement capable et ça m’horripile.

Il y a parmi vous des gens prometteurs qui, j’en suis persuadée, réussiront sans mal à défendre leur guilde bien aimée. Mais j’aimerais vous rappeler une chose. Si la fleur qui éclot dans l’adversité est la plus belle de toute, elle a besoin de soin, d’attention et plus particulièrement d’aide. Entraidez-vous. Et vous deviendrez alors la guilde la plus puissante que l’on est jamais vu.

Je ne reviendrais peut-être pas. J’ignore si je survivrais ou même si les évènements ne m’auront pas rendue sénile. J’espère que ce ne sera pas trop l’anarchie quand je rentrerais. J’ai déjà intérêt à revenir en bonne santé, je sais ô combien le Chambellan est rancunier.
Je vous aime, même si vous en doutez fortement en ce moment même,


Misto.