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This will be the Day
 MessageSujet: This will be the Day    This will be the Day  EmptyDim 12 Jan - 17:21

Misto
Misto

Eagle's Claw

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This will be the Day

PV - No one





L’adolescente remonta son col, ignorant la neige dans laquelle elle s’enfonçait jusqu’aux genoux. Les esprits dialoguaient tranquillement dans sa tête alors que la demoiselle passait outre le bandeau de sécurité qui l’amenait chez elle. Sa maison. Enfin. Elle passa sous le porche détruit, tête basse et couverte par sa capuche, main dans les poches de sa cape où l’on devinait facilement le contour des gardes des deux fleurets attachés à sa taille. Son cœur ne put s’empêcher de battre la chamade en apercevant, derrière le cordon de sécurité délaissé, la ruine du bâtiment principal des lieux. Un vieux temple à la bouddhiste réduit en cendre dont on ne pouvait plus que contempler les deux piliers porteur brisé et rouge délavé qui restaient debout malgré les assauts du vent. Un vestige de sa tranquillité et de son usage passé qui tira une simple larme à la jeune femme quand elle s’en détourna.

Les graviers crissaient sous ses pas sûrs et mesurés tandis que son esprit tout entier était tendu vers son environnement. Elle savait que le monstre reviendrait ici. Un tueur revient toujours sur le lieu du crime. Soit parce qu’il a oublié quelque chose soit pour se souvenir. Se souvenir du sang versé et du plaisir éprouver. Se souvenir de cette faim dévorante qui lui avait fait dévorer toute les âmes de cette maisonnée. Toute ? Non. Misto en était une preuve vivante. Une preuve de laxisme et de chance qui tremblait à l’idée de ce qu’elle s’apprêtait à faire. Les loups lui accordaient volontiers les sobriquets qui la rapprochaient de la stupidité et de la folie. Elle faillit presque leur donner raison et esquisser un mouvement pour rentrer mais un son l’en empêcha. Un bruit si lointain et pourtant si familier. Une simple sonorité qui fit trembler à l’unisson les neufs esprits qui se partageaient le petit corps de la jeune fille. Le ronflement d’une créature plus grosse qu’eux. Et surement bien plus dangereuse. Les pas sûrs devinrent murmures alors que tous se déplaçait pour savoir d’où il provenait. La chevelure brune de la jeune femme brilla brièvement à la lumière du soleil de midi et demi quand elle se pencha pour observe la bête qui dormait paisiblement sur les pavés enneigés.

Sa main serra brusquement la latte de bois qui dépassait du mur noirci. Elle était là. La Wyvern de cauchemar qu’elle cherchait depuis si longtemps. La créature, sombre et mouchetée de neige immaculée, respirait lentement en laissant échapper quelques rares grognements. Sans doute un rêve plaisant souffla l’un des loups en esquissant un début de matérialisation près de la mage. Celle-ci l’arrêta net et s’accroupit, prise de tremblement. La peur. Une peur indicible et un vieux souvenir. Une réminiscence d’un passé pas si lointain qu’elle l’aurait cru. Sans Nom l’avait pourtant prévenue. Malgré ça, elle ne pouvait s’empêcher de frissonner comme une gamine horrifiée. C’était ce qu’elle était mais en même temps c’était ce qu’elle avait oublié. Ce qu’elle voulait laisser derrière elle pour grandir et évoluer. C’est en faisant abstraction de la douleur de son échec passé qu’elle fit un pas hors de sa cachette, mains sur la garde des fleurets, prête à tout s’il le fallait.

La Wyvern avait eu le temps de s’éveiller. Le temps de gouter cette peur mais, plus que tout autre chose, cette âme multiple qui s’avançait dans le plus grand silence avec une volonté certaine de la tuer. La créature remua paresseusement ses écailles jusqu’à ce que sa tête soit fasse à cette menace inconnue. Elle ouvrit un œil, puis l’autre, posant ses pupilles aux couleurs changeantes sur la drôle de gamine qui jouait à cache-cache avec sa capuche. Le monstre renifla avant de bouger une de ses pattes pour gratter son pauvre nez. Les griffes raclèrent le cuir sans chasser la démangeaison et elle éternua bruyamment, éparpillant ses filets de morves verdâtres aux quatre vents.

La brune poussa un grognement dégouté en laissant tomber sa veste. Elle avait tout juste eu le temps de tourner le dos pour ne pas se prendre un jet de substance visqueuse sur le visage. A présent délivrée de la rassurante protection sombre et silencieuse de sa cape, elle faisait fièrement face à la Wyvern. Leurs regards se croisèrent et se reconnurent. Un grognement naquît lentement au fond de la gorge de la créature avant de s’élever dans les airs, prenant la note douce-amère du rire grailleux qui n’était pas sorti depuis des années. La voix de la créature rejoint le rire, libérant son son si unique de pierres crissant l’une contre l’autre.

« Te voilà donc de retour après tant d’année, petite. Et seule en plus. Que de suicidaire dans cette famille on dirait. »

Misto resta stoïque, ne relevant pas la pique. Son Maitre n’avait pas été suicidaire, il avait sacrifié ses âmes à son profit pour la garder en vie. C’était son marché. Fusion contre liberté.

« Je ne suis pas seule. Je ne l’ai jamais été. »

Une gamine effrontée. Sa voix tremblait un peu mais elle était décidée. La créature se surprit à se demander si c’était cela une « écervelée ». Puis une nouvelle question remplaça l’autre. Quel goût pouvait bien avoir son âme … ?

« On est toujours seul devant la mort, fillette.
- Ne prend pas ton cas pour une généralité Wyvern. »

Le monstre tressauta encore, se contenant pour ne pas éclater de rire. Elle était divertissante cette petite. Vraiment amusante avec sa crédulité et ses vains espoirs enflammés. Tellement humaine et pourtant si cruelle. Pauvre petite. Naitre d’une telle mère pour être le jouet d’une famille toute entière… La créature se redressa sur ses pattes, s’étirant comme un chat sans la quitter des yeux.

« Que me veux-tu, mage ?
- Je veux ma revanche Wyvern. Je veux que tu payes pour ce que tu as fait. »

Les iris de l’écailleux s’étrécirent dangereusement alors que sa vision normale passait dans le spectre des âmes. Des milliers de reflets irisés vinrent lui chatouiller la rétine alors qu’elle fixait cette demoiselle. Les neufs couleurs brillaient de mille feux dans le petit cœur tourmenté de l’enfant. La Wyvern pouvait presque y voir ce qu’elle avait vécu et goûter à ses millions de camarades et de mission qui l’avait façonnée. Elle poussa un soupir d’aise en se dressant fièrement sur ses deux pattes arrière, dévoilant son ventre blanc aux reflets nacrés et ses membres supérieurs à demi atrophié. La créature aurait pu être belle, avec ses couleurs froides et ses ailes fibreuses. Seulement un sixième sens avertissait systématiquement les observateurs et les imprudents du danger. Celui d’un prédateur dont le pouvoir semblait tellement étrange qu’il ne saurait être comprit.

Misto serra les dents pour ne pas s’enfuir. Ses jambes, plantées dans la terre gelée, semblait refuser tout mouvement. Et que dire de ses mains hésitantes sur le cuir huilé des gardes de ses fleurets ? Les huit âmes réagirent à temps pour lui éviter le premier coup de la part du monstre ailé. Runi, sous les traits de Miku, la saisit à bras le corps et courut en dehors de la zone qui se distendait lentement mais surement pour faire apparaitre des âmes tourmentés. Il lui administra une claque pour l’aider à se ressaisir et disparut aussitôt. La lame de Rolf étincela à la lumière du jour et elle s’éveilla enfin. Son premier pas la rapprocha du danger alors que, rapière au clair, Misto trancha le premier revenant magique sans oser regarder son visage. Elle n’avait pas besoin de dessin pour reconnaitre ceux qui lui avait été volé. Son pied heurta la seconde âme à la tête alors qu’elle serrait les dents pour ne pas se fondre en excuse et rester concentrée. Frapper des morts la révoltait au plus haut point. Mais elle n’était pas là pour faire sa précieuse mais bel et bien pour se battre. La jeune femme balaya la réminiscence des siens, pourfendant sans sourciller ses reflets fautés alors que son cœur battait la chamade. Elle avait peur. Peur de ce qu’elle pourrait rencontrer alors que le combat ne faisait que commencer. Peur de ce qu’elle avait à perdre alors qu’elle venait à peine de s’élancer vers la créature à présent bien éveillée.

« Y’a-t-il un crime à être libre ? Un crime d’être ce que je suis ? Qu’est-ce que le crime fillette ? »


Wyvern plongea son regard dans celui de la petite. Elle ignorait profondément le sens de ses mots. La créature les gouta en les faisant rouler sur sa langue, ignorant délibérément le cri tourmenté des âmes qui naissaient et mourraient dans un bien drôle de ballet. Des repas consommés dont l’énergie lui appartenait. Rien de plus que des objets, des jouets pour tromper son sommeil vide de reptile. Un nuage de buée s’éleva de ses naseaux, lui obstruant la vue délicieuse de cette demoiselle se battant contre sa propre imagination. Il n’y avait rien ici. Rien que le silence et la neige à perte de vue autour des ruines encore brulante de ce feu sans âme que la créature avait semé lors de son dernier passage. La bête inspira douloureusement, fermant les yeux pour modifier son illusion.

Misto se figea, parcourue d’un brusque arc de souffrance. Sa main laissa choir son arme et ses genoux se dérobèrent sous son poids. La tête entre les mains, elle serra les dents en laissant couler les larmes le long de ses joues. Les images voltigeaient, se percutant avant de disparaitre ou de s’arrêter sous ses yeux comme les poupées d’un théâtre désarticulé. Souvenirs, sensations, visages… Son front heurta la terre alors qu’elle luttait, les yeux clos, pour ne plus voir ni sentir ce qu’on lui imposait. Chaque image, chaque détail si insignifiant… Une pensée s’imposa douloureusement, faisant branler la poitrine de la mage ainsi que sa volonté. Les traits épurés, le visage souriant au milieu de cette crinière blanche comme le plus pur des glaciers d’Iceberg, la cicatrice fine et presque oubliée. Tout était là, debout et fier dans l’esprit de la jeune Shida dont le cœur saignait encore. Un murmure s’échappa, troublant la quiétude et faisant vibrer les larmes. Murmure se transformant lentement en morsure odieuse s’élevant dans l’air rafraichi.

« Nywell… »

Le souvenir s’ancra, prenant peu à peu son propre chemin et ses propres libertés. Naquit sous les yeux de l’adolescente la mort écarlate, s’étalant sur la chemise blanche que sa sœur affectionnait tant, grandissant alors que son regard prenait cette teinte vide et qu’une perle vermeille pointait sur ses lèvres. Le corps de la brune tressaillit sous les sanglots, mêlant la réalité et le passé alors qu’une main tremblante se tendait vers la créature qu’elle était censé braver. Le murmure ternit se mua en cri brisé.

« NYWELL ! »

Le reptile contempla la fille. L’afflux de magie l’avait légèrement … modifiée. Cela l’intriguait. Le stupéfiait de voir cette chevelure brune devenir rouge comme l’était cette chemise de femme sous les coups invisibles d’un prétendu assassin. La gamine luttait, malgré le flux de sentiment que le monstre provoquait en elle. Résistante mais vaine alors que le brun clair disparaissait lentement comme un mauvais souvenir. Le vermeil luisait alors que la mage encaissait l’assaut mental, se perdait dans cette vision d’horreur jusqu’à ce que le tremblement de son corps cesse.

L’adolescente regardait sa sœur mourir encore et encore, impuissante. Sa tête pulsait, lui faisant serrer les mâchoires alors que sa colère montait. Colère contre elle, contre ce sort. Contre cette certitude fausse que la magie lui répétait sans cesse. Les yeux fermés, elle glissait lentement sa main vers ses lèvres, réunissant chaque parcelle de volonté de d’énergie encore libre. Elle ne saignait pas avec le corps mais avec son âme. Il n’y avait pour elle qu’un seul moyen de changer la donne. Ses dents s’enfoncèrent dans sa peau lisse, laissant le sang jaillirent et envahir son palais de son goût métallique. La vision s’estompa légèrement quand la jeune femme resserra un peu plus ses mâchoires sur la plaie. Elle cligna des paupières pour chasser ses larmes et fit glisser son autre main sur le sol pour s’en servir d’appuis. Son genou se plia docilement alors qu’elle retrouvait une position assise. Ses paupières s’ouvrirent et ses prunelles étincelèrent.

« Elle n’est pas morte, laissa-t-elle échapper malgré sa main qu’elle tenait toujours fermement. Elle ne sera jamais morte. Que ce soit dans ta réalité ou dans une autre. »

La Wyvern l’observait en train de se remettre sur pied, un sinistre sourire sur les lèvres. Brave petite. Si jeune et déjà si butée. Férocement décidée à fuir la réalité. La créature en rirait presque. Une enfant à qui on avait volé sa jeunesse mais qui tentait de se la créer malgré tout. Pittoresque. Risible. Utopique. Le monde n’était ni beau ni gentil. Le monde n’était que laideur et conflit. Ce n’était qu’une terre parcourue de cendre entretenue par la folie des hommes. Et elle n’était que l’erreur crée par une société mourante. La conscience innocente d’une paix utopique qui mourrait avec elle. Vaine créature trop pure. Pas assez réaliste ni mature.

Misto avait réussi à se remettre debout. Sa paume blessée avait saisi son fleuret, la laissant de marbre bien que la douleur irradie toujours les tempes. Son regard croisa celui du monstre à écailles qui regardait son hémoglobine goutter lentement sur le sol poussiéreux. Le silence s’installa sur la scène, contemplant les deux silhouettes adversaires et immobiles. La magie pulsait dans leur cœur, laissant autour d’elles des auras fébriles et fragiles. L’air ondulait entre elles, soulevant la crinière couleur de sang et caressant tendrement les écailles irisées. Rien ne bougea. Rien ne cilla lorsque les huit âmes de la jeune femme se matérialisèrent à ses côtés. Huit âmes dont chacune avait emprunté l’apparence de quelqu’un en qui elle croyait avant de disparaitre. Elle n’était pas seule. Elle ne le serait jamais. Sa main se serra sur la garde de l’arme alors qu’ils s’élançaient tous ensemble vers la Wyvern. Comme un seul homme.


La créature se secoua en voyant la mage parcourir la distance entre elles. Sa grosse patte se leva et frappa au hasard sans se préoccuper de toucher ou non. Les âmes surgirent autour du monstre, se déployant pour barrer le passage de la jeune femme. L’éclat de l’arme aveugla fugacement le monstre qui fit onduler la membrane fine de ses ailes. Le combat changeait de dimension. La Wyvern l’avait bien compris. Elle poussa un rugissement chargé de magie, forçant toujours plus d’âme à se lever pour elle.

Si je dois tomber, je ne tomberais pas seule.

Misto esquissa une parade avant de dégainer sa seconde lame. Elle n’avait pas besoin de voir pour se débarrasser de ce qui s’approchait. Pas besoin d’yeux pour voir les esprits de ceux qu’elle avait connu et aimé se relever pour essayer de la faire chuter, de la faire abandonner. Les fleurets fendirent les airs, coupant les créatures dans un parfait concert où ils étaient les instruments et les effets de lumière. L’adolescente oublia son environnement et se mit simplement à danser entre les différentes personnes qui surgissaient pour l’attraper. Les loups se débattaient de leur côté pour se libérer de leur propre cercle de créatures réveillées.

Si nos cœurs doivent être brisés, ils le seront pour le salut de celui en qui nous avons choisi de croire.

La bataille faisait rage. Les âmes naissaient et mourraient au rythme effréné de la volonté de la rousse qui déchargeait toutes ses années de recherche et de patience dans des enchainements élaborés sur l’instant qui l’avait nécessité. Il n’y avait plus aucune technique académique juste des réflexes de combattante qui peu à peu perdait l’entrain avec lequel elle avait commencé. La cadence d’enfer faiblissait progressivement, au même tempo que les rangs d’esprits encore debout. Osulf se décida à ouvrir le bal magique pour finir l’escadron de cœurs encore debout.

Fehu Uruz Jela.

Les racines quittèrent la terre morte pour s’enrouler autour des esprits. La jeune Shida s’immobilisa un court instant le temps de trouver la Wyvern. Celle-ci survolait la scène, tranquillement soulevée par des ailes aussi large qu’elle. Un sifflement franchit les lèvres de la jeune femme alors qu’elle sautait sur la racine la plus proche.

« J’en ai assez d’attendre. Il est temps de mettre un point final sur cette histoire. » hurla-t-elle à plein poumon en prenant appuis.

Ses jambes se détendirent comme un ressort alors qu’elle atterrissait sur le dos de l’aigle gigantesque qu’était devenu Asulf. L’oiseau prit de la vitesse, laissant sa passagère se préparer à l’assaut suivant. Seulement, il n’y a pas qu’une actrice mais bien deux.

La Wyvern poussa un nouveau cri qui irradia les tympans de la jeune femme et de l’âme. Le père, surprit, cessa de battre des ailes et chuta comme une pierre, sa passagère sur le dos. Privée de vue, la jeune femme se laissa choir, goutant de tous ses sens la sensation de vide sous elle. Inspirant pleinement, elle lâcha ses deux fleurets et changea de tactique. Le Requiem remplaça l’Uta alors que la mage déployait le Ragnarök Soul. La plaque de glace lui permit de contrôler sa chute et elle reposa ses pieds sur la terre ferme sans trop de dégât. Sa cheville craqua sauvagement quand elle heurta le sol un peu plus fort que prévue, éclatant en une myriade de douleur diverses et variées. La jeune fille se surprit à découvrir des muscles qu’elle n’avait jusqu’alors jamais ne serait-ce qu’envisager. Elle ferma ses poings bleutés et fit disparaitre le sort avant de lever la tête. Si le monstre volait, cela ne durerait pas longtemps. La première note qui quitta ses lèvres vrilla les sens de la Wyvern. Mais ce n’était qu’une partie du concerto.

Je peux tomber mais je n’aurais qu’une chance de réussir ma manœuvre.

Le Fimbulvetr se leva en réponse à la mélodie de Misto. La musicienne avançait dans le champ de bataille en guettant ses armes. Armes qu’elle retrouva bientôt dans les mains de quelqu’un qu’elle aurait voulu loin de tout ça. Une grande jeune femme au visage dissimulé par un masque opaque encadré par des cheveux bruns. Une voix chargée de chaleur retenue.

« Arrête-toi là. C’est terminé. »

Les deux armes pointée sur sa gorge, la jeune fille ne quittait pas l’âme parfaitement contrôlée par la Wyvern qui se débattait entre Charybde et Scylla pour ne pas tomber. L’adolescente ne bougea pas d’un pouce et libéra un nouveau flot de magie. Deux des loups de la meute se matérialisèrent à ses côtés pour fuser vers l’agresseur. Les rapières changèrent momentanément de cible alors que les esprits fournissaient à Misto une diversion bien minutée. Son poing se chargea de magie pour libérer à nouveau le sceau du Ragnarök. L’opposante fut attrapée à même le visage alors que la rousse libérait sa volonté. L’âme gela avant de disparaitre sans laisser de trace. Un nuage de poussière envahi la scène, projetant la jeune fille dans le flou du combat. Les loups levèrent leur regard vers la chef de meute, impatient de prendre part à la bataille. La musicienne ferma les paupières et soupira avant de hocher la tête. Huit hurlements s’élevèrent dans la poussière avant de se taire. La jeune fille récupéra ses deux fleurets, bercée par le son doux-amer des grognements.

La Wyvern respirait difficilement. La cage thoracique en miette, elle restait parfaitement immobile dans la tempête de neige et l’écran de fumée qu’elle avait créé en tombant. La membrane de ses ailes était détériorée ou simplement gelée par endroit, lui coupant toute retraite par les airs. Le monstre lâcha un soupir douloureux en se redressant, faisant claquer ses mâchoires. Ses yeux aveugles remarquèrent la petite qui se débattait avec un vieux souvenir. La chanson n’avait pas cessé de lui chatouiller les oreilles et de la priver de l’occasion inespérée de la faire flanchée par illusion. L’écailleux resta immobile avant de remuer ses pattes avant. Un premier hurlement à sa gauche la força à pivoter alors que les bruits de cavalcade sur sa droite la firent frémir. La Wyvern était cernée. Privée de la plus simple des libertés et emprisonnée au centre de la tourmente. La tourmente qu’elle avait elle-même provoqué. Le monstre n’avait plus qu’une solution. Se battre à son tour.


Les loups se jetèrent sur la créature à l’instant même où celle-ci lançait sa contre-attaque. Les écailles blanches et nacrées rougeoyèrent, transformant le lézard blanc en véritable brasier sur deux pattes. Si la jeune demoiselle connaissait la chanson du froid, l’animal à sang froid possédait exactement son contraire. Une large tempête de flamme se déclencha, balayant purement et simplement les huit loups de la zone. La Wyvern hurla une nouvelle fois pour fêter sa victoire.

« Ne croit pas me tuer. On ne vient pas à bout de la folie avec seulement une poignée de loup. »

Les camarades de Misto qui s’étaient levés pour reprendre l’assaut s’immobilisèrent en plein mouvement, privée de volonté par la créature qui les força à changer leur camp. Les hurlements frustrés des mâles éclipsèrent la rage suintante de la seule femelle qui luttait corps et âme contre la soumission.

« Ansuzgardaraiwo Osulf !
- Ne crois pas gagner comme ça crevard de lézard. Je t’ai fichu dans un vase il y a plusieurs siècles, il n’est pas trop tard pour recommencer. Kenaz Hagalaz Isa »

Une multitude de stalactite se formèrent au-dessus du monstre en flamme. Dix, quinze, vingt. Au fur et à mesure qu’Osulf crachait ses runes, leur nombre grossissait jusqu’à se réunir en un seul dont l’ombre obscurcit le ciel au-dessus de la Wyvern.

« Ehwaz Tiwaz Wyrd »

La stalactite géante, qui n’avait pas bougé depuis sa création, se retrouva soudainement soumise aux lois de gravité et de masse et chutant lourdement sur le dos de la créature enflammée qui ne prit même pas la peine de bouger. Elle augmenta simplement sa chaleur avant de s’élancer, les loups sur les talons. Osulf poussa un nouveau hurlement de rage avant de recréer ses pics de glaces pour les lancer sur les esprits charmés. Elle manqua ses cibles et dû se résoudre à partir d’elle-même. Elle se volatilisa, laissant la jeune Misto livrée à elle-même face à la catastrophe.


L’adolescente tressaillit en entendant un grognement familier. Un vague sourire las s’étira sur ses lèvres alors qu’elle serrait ses gardes à s’en faire blanchir les jointures. Alors qu’un premier loup émergea de la poussière, elle révoqua le Requiem. La Wyvern se retrouva seule et proche alors que déjà la jeune rousse s’élançait. Les deux adversaires n’avaient pas eu besoin de se concerter pour savoir que la prochaine fois ce serait l’une d’entre elles qui s’écrouleraient. A jamais.

La queue de la Wyvern balaya le sol, enflamma l’air gelé sur son passage. Et si Misto n’avait en aucun cas les moyens d’esquiver, elle n’était pas encore à cours d’idée. Elle hurla a plein poumon quand elle sauta sur l’appendice enflammé, bien décidée à remonter à vive allure jusqu’à la créature.

« Judgement… Soul »

Réunissant ses deux armes, elle grimpa sur le corps enflammée en dédaignant ses plantes de pieds au supplice et ses bottes qui brulaient petit à petit. Le monstre s’ébranla, bien décidé à l’éjecter avant qu’elle ne parvienne là où elle le souhaitait. Mais Misto n’était pas seule. Henning se matérialisa face à la Wyvern, lui empruntant son apparence pour la saisir à bras le corps. Il ignora l’odeur de roussi qu’il dégageait et passa le flambeau à Runi, Rolf et Asulf qui s’élancèrent à la suite de Misto pour frapper au hasard dans la cuirasse. Brynjolf finit par rejoindre la jeune femme en volant, veillant sur ses arrières alors que la Wyvern vomissait un flot ininterrompu de lave pour chasser l’esprit qui la tenait immobile. La mage puisa dans ses dernières ressources pour parvenir jusqu’à la tête du monstre. Elle glissa bien malgré elle pour se retrouver sur son nez, croisant son regard alors qu’elle se redressait toujours armée de son épée à deux mains. Un premier mouvement de tête la désarçonna et un second la fit simplement tomber de son perchoir. Retrouvant la sensation de chute, Misto regarda la mâchoire de la créature se rapprocher d’elle à vue d’œil. Elle cligna des yeux, perplexe et pourtant réaliste sur la suite des évènements. C’était la fin. Sa fin.

La Wyvern éprouva un vif sentiment de victoire quand ses crocs se refermèrent sur l’humaine. Elle s’apaisa, faisant mourir ses flammes alors que les esprits face à elle la lâchaient, effondrés. La créature l’avait gobé. Sous leurs yeux. Sans qu’ils n’aient rien pu faire. Henning fut le premier à baisser les bras. La copie blanche de Wyvern s’étiola un instant avant de grossir et de s’étendre. Le Kraken enroula ses tentacules autour de la gorge du monstre à écaille, les traits déformés par la colère.

Rend la nous.

Asulf poussa un hurlement de rage avant de disparaitre, noyé par le chagrin. Runi et Rolf restèrent, eux, immobile, comme abasourdi alors que la colère se transformait en folie sur les traits de l’Insoumis. Les tentacules du poisson serrèrent à l’extrême le cou qui lui était offert, privant la créature d’un air au combien nécessaire. Le lézard se surprit à penser qu’il aurait préféré mourir des mains de la petite plutôt que de ses fichus ancêtres. Elle n’imaginait pas que ce n’était qu’une question de temps.

La lame intangible de Misto transperça le palais de la créature, protégée des restes de lave présente entre ses dents et sa langue poisseuse. La Wyvern hurla à plein poumon mais ne réussit pas à sortir autre chose qu’un râle ténu. La musicienne s’agrippa à l’oiseau qui l’accompagnait et jaillit de la gueule de l’animal. Elle n’avait dû qu’à Brynjolf de ne pas finir brulée vive. L’âme la posa sur le museau de la créature et la brune se perdit dans le regard ombrageux de l’écailleux. Elle avait une dernière bataille à mener sur un autre plan.

Le monstre s’engouffra dans l’esprit ouvert de la jeune femme, cherchant à nouveau à l’assaillir et à la faire craquer avec ses propres souvenirs mais elle ne trouva rien. Rien d’autre que du vide lisse auquel on avait chargé de protéger la vie de la jeune fille. Misto l’attendait, sereine, accompagnée de ses huit âmes. Son regard pétillait alors que son regard autrefois rouge était devenu vert sous l’effet conjugué des magies. Rousse et verte, elle toisait le monstre qui l’avait tant fait souffrir et tant fait hésiter. Cette créature qui, à l’issue de près de plusieurs années, lui avait volé son enfance aussi surement que sa famille et ses amis. Pour la première fois depuis bien longtemps, Wyvern se surprit à avoir peur. Peur du final de ce combat qu’elle savait inexorable.

L’adolescente sautilla un instant dans le vide avant de se poser à nouveau entre les naseaux du lézard. Radulf la suivait tranquillement, les yeux vissés dans ceux de la créature de cauchemar. Puisant ses dernières ressources dans la réserve magique presque épuisée de la jeune femme, il se dut se résoudre à utiliser un sort qu’il aurait souhaité oublier. Misto toucha les écailles irisées du bout des doigts avant de se laisser guider par les pensées de l’esprit conseillé. Sortant un ocarina, elle commença à jouer sans plus penser à autre chose que la mélodie que l’âme lui avait donnée.

« Œil pour œil, dent pour dent, remet toi au sommeil perpétuel du jugement… Illusion Dream, Guilty Soul. »

Le contact mental se rompit, projetant Misto dans son corps. Il en était d’ailleurs plus que temps. Privée de tout support, le corps endormi de la Wyvern chutait douloureusement vers le sol, emportant sa passagère épuisée et vidée de magie. Comptant sur un dernier effort, la jeune fille planta ses deux fleurets dans la peau du monstre et attendit patiemment la fin de la chute. Elle s’endormit, les mains crispées sur les gardes de ses armes, laissant derrière elle la douleur. Elle ne se réveilla pas quand le corps lourd du lézard heurta le sol. Elle ne bougea pas non plus quand, alerté par le bruit et les flux magiques, une troupe de mage itinérant s’approcha des lieux. Ce soir-là, ils firent une halte plus longue que prévue pour décrocher la malheureuse demoiselle à bout de force qui se détachait nettement de la couleur blanche nacrée des écailles. Ils repartirent le lendemain, la jeune Misto à leur bord, et, dépassé par certaine de ses blessures, durent se résoudre à faire un détour par un guérisseur de leur connaissance, perdu dans les montagnes près de Ljolsaheim.

Et la jeune rousse, pendant ce temps-là, rêvait d’une silhouette brune et cachée sous un long manteau. Elle voyait ses lèvres bouger mais n’avait, jusqu’à présent, toujours pas réussit à saisir ce qu’elle souhaitait lui dire.

© Lutèce Factory @ Misto



   
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