| Sujet: I found something that I didn't expect Ven 22 Mar - 3:45 | |
|
| Matthew Béryl Mac Cahallan How to find anything but what you wanted Retrouver un chat sur une île. Quelle tâche ingrate. Quelle mission indigne de toi. Et pourtant, tu as été forcé de l'accepter. En tant qu'exécutant du conseil, tu es régulièrement envoyé en mission à diverses endroits. Et cette fois, ta destination est une toute petite île. Ton commanditaire, un paysan vivant en ermite, et ton objectif, retrouver un animal de compagnie. C'est ridicule vu comme ça, mais... Il faut bien que quelqu'un s'occupe des tâches ingrates. Et ce quelqu'un, pour cette fois, c'est toi. Mais c'est bien la première et dernière fois. Tu restes à la proue du bateau, accoudé au bastingage, regardant la coque fendre les flots rapidement. Ta destination se dessine déjà à l'horizon, droit devant vous. Tu soupires. Il va être temps pour toi d'y aller. L'endroit n'est pas très grand. La zone de recherche sera donc moins longue à arpenter. Tu espères juste que c'est un chat de salon, qui sera allé chercher un endroit pour s'allonger bien tranquillement. Tu n'imagines pas devoir courir après un chat de gouttière, qui te ferait arpenter tout le périmètre de l'île derrière lui... Quoique. Si, tu l'imagines bien. Et c'est justement pour ça que tu aimerais éviter cette situation.
Tu entends alors le capitaine t'interpeller. Ton canot est prêt. Et non, ils ne vont même pas faire l'effort de te déposer à terre. Tu vas devoir ramer jusqu'à la plage. Tu secoues la tête... Et dire qu'il y a encore quelques semaines de ça, on se serait empressé de se porter volontaire pour accomplir cette basse besogne. Tu finis par soupirer, en descendant le long de la corde à noeuds pour t'installer dans le frêle esquif. Tu commences à ramer, t'éloignant petit à petit du navire, qui recommence à manoeuvrer. Tu maintiens ta cadence, ta barque avançant tranquillement vers le rivage alors que l'imposant navire commence son demi tour. Tu le regardes s'éloigner, tout en t'approchant d'avantage des rives, que tu finis par atteindre, sentant la coque de ta barque frotter le sable au fond de l'eau. Tu descend alors, prenant bien soin de retirer chaussures et chaussettes et de remonter tes jambes de pantalon au préalable. Tu n'as pas envie de les foutre en l'air avec le sel d'eau de mer... Tu les laisse dans la barque, que tu tires pour la mettre sur le sable, hors de portée de l'eau. Mais de toutes façons, la marée finira par remonter. Tu pourras remettre ton embarcation à l'eau à ce moment. De toutes façons, le navire revient te chercher ce soir. Tu as donc la journée pour mener ta mission à bien. Tu restes quelques instants là, les pieds dans le sable, qui te colle horriblement à la plante des pieds. Ce qui est normal après tout. Mais tu n'aimes pas tellement cette sensation. Tu aurais préféré avoir les pieds secs. Comme quoi, on a pas toujours ce qu'on veut. La preuve, tu es ici. Tu soupires. Tu jettes un dernier coup d'oeil au rivage, avant de te diriger vers le centre de l'île. Tu regardes les alentours. C'est un endroit très peu accidenté, beaucoup d'herbe, et une minuscule forêt. Tu n'auras aucun mal à retrouver ce chat...
Tu arrives à la petite ferme après quelques minutes de marche, apercevant de loin le vieillard, assis sur un banc devant chez lui. Tu approches, le saluant de loin. Il semble inquiet. Il te regarde arriver, commençant à babiller avant même que tu aies pu dire un mot, et débitant son flot de paroles sans te laisser en placer une.
Bonjour, c'est vous qui êtes venu retrouver mon chat ? Je l'ai encore perdu. Je m'inquiète vous savez. Si ça se trouve, il lui est arrivé quelque chose ! Mais vous êtes là pour le ramener maintenant, pas vrai ? Tu arques un sourcil, et tu te contentes d'acquiescer d'un signe de tête. Mieux vaut ne pas entamer la conversation. Ou alors, tu peux essayer, mais tu risques d'être encore là à l'entendre disserter dans une heure. Oui, à l'entendre, pas l'écouter... Comme si tu allais prêter attention aux digressions d'un vieux sénile incapable de garder son chat enfermé chez lui... Tu fais alors demi tour, te dirigeant vers l'Est de l'île tout en passant une main dans tes cheveux, par réflexe. Tu vas commencer tes recherches là-bas, et tu verras bien pour la suite. Tu sors alors une gourde en métal de la pochette réservée à cet effet que tu as fait installer à ta ceinture. Oui, c'est pratique. Tu en dévisse le bouchon, avant de boire quelques gorgées de rhum. D'un revers de manche, tu essuies la goutte rebelle qui vient de tomber à quelques centimètres de ta bouche, au coin de ta lèvre. Voilà de quoi te donner un peu de courage avant de t'attaquer à cette tâche qui s'annonce... Fastidieuse et ennuyante. Tu marches tranquillement, observant les alentours. Il n'y a presque nulle part où se cacher, et tu repères rapidement une silhouette animale au loin, qui se dirige vers la plage. Tu commences à accélérer le pas, commençant même à courir. C'est bien un chat. Tu le vois te regarder, avant qu'il ne parte d'un bond agile. Il ne va quand même pas... Et si. Il a fuit devant toi. Tu soupires. Quelle plaie ! Tu vas devoir le poursuivre. Mais tu n'as pas envie de ruiner tes vêtements en les trempant de sueur... Tu te contentes de le suivre à la trace, restant à distance, quelques mètres derrière. Tu l'observes qui s'éloigne, avant de le voir grimper à un arbre en lisière de la forêt. Tu soupires. C'est pas vrai. Tu vas devoir le déloger de là-haut... Tu le rejoins alors, le regardant depuis le pied de ce que tu identifie comme étant un chêne. Tu le fixes, alors qu'il te dévisage, chacun restant à observer l'autre. Tu finis par prendre la parole, tout en commençant à grimper à ton tour pour aller le faire descendre de sa branche. Toi, boule de poil, t'as pas intérêt à trop jouer avec mes nerfs... Tu escalades du mieux que tu peux, utilisant branches et irrégularités dans l'écorce pour aller le rejoindre, finissant par tendre le bras pour le chasser de son perchoir. Tu le vois se dresser et feuler, avant qu'il ne se décide à bondir pour retomber agilement au pied de l'arbre, repartant vers le centre de l'île, visiblement fatigué de devoir bouger à cause de toi. Tu le suis du regard quelques instants, avant d'entendre un craquement sonore. La branche sous tes pieds est en train de... Trop tard. Tu tombes lourdement sur le sol, étouffant un grognement de douleur. Tu sens une douleur dérangeante à la jambe droite, mais tu préfères ne rien relever, retournant sur les pas du félin. Tu le suis lentement, boitant légèrement, pour voir où il va se rendre. Et il rentre chez lui. C'est une victoire pour toi, et une bonne chose de faite. Enfin, une victoire... Ce chat t'a quand même snobé. Comme si tu n'étais qu'un vulgaire paysan. Tss. Heureusement que tu devais le ramener au vieillard, sinon, tu n'aurais pas hésité à en faire des moufles. Tu rejoins alors le vieil homme, le trouvant avec son animal de compagnie roulé en boule sur les genoux. Tu n'approches pas plus, et tu te contentes de le regarder en train de doucement caresser la tête de félin, un air serein sur le visage. Tu n'oses pas le déranger, et tu fais demi tour, prenant la direction de la plage. Tu l'entends alors t'interpeller. Tu te stoppe en te disant que tu aurais pu être plus discret, et tu attends de voir ce qu'il a à te dire... Tu souris légèrement, tournant la tête pour répondre d'un évasif « De rien ! », avant de t'éloigner pour de bon. Tu rejoins la plage, enfouissant tes pieds dans le sable se réchauffant lentement. Tu t'assois, ramenant tes jambes pliées contre ton torse, tout en regardant la mer. Tu observes les flots, l'horizon, le ciel et les nuages. Tu souris naïvement. Tu te dis que cette mission aura eu du bon finalement. Chercher un chat, se fatiguer pour le forcer à rentrer, mais au final... Tu as été largement récompensé. Tu ne le pensais pas, mais... Cet air serein, ce sourire apaisé, et ce simple petit mot. Ce merci. Ce ne sont que des choses simples, exprimées par un roturier. Mais pourtant... Elles ont été comme un déclic pour toi. Et elles te suffisent en compensation de ce travail. Oui, c'est étrange. Etrange que tu te sentes si sentimental. Etrange que tu te contentes de ceci. Mais en cet instant furtif, malgré ta douleur à la jambe, tu te sens bien, et ce pour la première fois depuis longtemps. Tu ne sais pas quand tu pourras profiter à nouveau de ce genre de moments. Alors tu fermes les yeux, et tu tombes en arrière dans le sable, te laissant aller. Car il s'agit là d'un de ces moments uniques dont tu dois profiter. Au moins avant que le temps ne te l'ait arraché...
|
|