Oshibana, c’est franchement une ville qui va commencer à me taper sur les nerfs. Vraiment, ils peuvent rien faire tout seul là-bas ? D’abord on leur apprend à se battre, ensuite on les sauve d’une attaque de brigand, et maintenant faut les protéger de tout un gang ? Je maugrée, accoudé sur le rebord de la fenêtre pour regarder le paysage défiler sous la vitesse du train. Oui parce qu’en plus, le truc rigolo, c’est que c’est Oshibana qui m’embauche, mais la mission ne se déroule pas du tout là-bas. Bah, oui, sinon c’est pas drôle. Le gang viendrait d’une île, et pour plus de sécurité, l’opération se déroulera en pleine mer. Bien sûr. Mais qui a pu avoir cette idée stupide ? Exaspéré, je soupire, changeant une nouvelle fois de position et cherchant autre chose pour m’occuper l’esprit. Du sauvetage, mes pensées dérivent vers ma partenaire lors de la dernière mission. Nywell, d’Eagle’s Claw. Le gars de l’administration a été incapable de me dire qui serait mon partenaire pour la mission, mais qu’il y en avait bien un. J’avais beaucoup aimé cette mission avec Nywell, la soirée qui s’en suivi m’a perturbé, mais c’était agréable.
Le train marque l’arrêt à Harujion, et je me redresse en attrapant mes affaires au vol pour sauter du train. Au boulot Miku. Pour une personne qui ne prend pas souvent le bateau, j’aurai été embarqué dans pas mal d’aventure maritime ces temps-ci. Un messager m’attends sur le quai de la gare et ne me laisse pas le temps de souffler : direction le port, immédiatement. Paraitrait que je suis en retard. A croire, pas ma faute, c’est eux qui ont payé le billet de train et qui ont choisi l’horaire, pas moi. Je commence à me faire des films sur la personne qui m’accompagnera. Et si c’était un vieux coincé avec un balai dans le derrière qui m’engueule parce que je ne suis pas ponctuel ? Ou pire, une petite grosse capricieuse mais empotée. Ah, s’iouplait, tout mais pas la p’tite grosse. Perdus dans mes pensées, je bouscule le messager qui s’est arrêté brusquement devant moi. Il râle, je m’excuse, et il échange quelques mots avec un collègue. Je sens le vent marin passer dans mes cheveux, je commence à l’apprécier, à force. Un souffle fort, rafraichissant, qui s’engouffre sans gêne dans les rues de la ville. Le coursier reprend sa route, avec moi qui trottine derrière. Il finit par m’indiquer un bateau qui s’apprête à partir. Non, attendez, qui prend le large là là
« He… Hey ! Attendez moi ! »
Je démarre un sprint du tonnerre, je saute sur une pile de caisse et je m’élance en direction du bateau pour atterrir avec grâce à l’arrière. Enfin, ça c’est dans mes rêves, en réalité, je m’écrase lamentablement contre le sol en bois, tête la première, et glisse un peu plus loin. Des marins s’agitent et se rassemblent autour de moi, je me dépêche donc de me redresser et de m’expliquer
« Je suis Miku Takyio, d’Angel’s Sky. Je suis le mage qui est supposé mener l’assaut contre le gang. - Mais on a déjà une mage embauchée pour ça ! »
De ? Mais oui je sais, abruti, la ville en a embauché deux. Ils sont pas au courant ? Nom d’une pipe en bois, l’administration a vraiment des soucis de communication ici. Je tente d’expliquer ça au marin qui a pris la parole, mais celui-ci se contente de pointer du doigt une personne qui me fixe désormais avec un regard indescriptible. Je fixe alors la magnifique demoiselle, me tient bien droit en rajustant mes habits dérangés dans tous les sens à cause de ma chute, et finit par forcer un sourire un peu gêné
« Bonjour, Nywell ! Ca fait plaisir de te retrouver, comment vas-tu depuis le temps ? Apparemment, on a tous les deux été contacté pour ce travail. »
La gêne est partie, mais je me frotte la nuque, cherchant quelque chose à ajouter sans succès. Si Nywell est là, les membres du gang ne vont vraiment pas faire long feu et la mission sera sûrement plus simple que ce que j’avais prévu.
Sujet: Re: A l'abordage ! Mar 5 Fév - 15:13
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Nywell soupira, accoudée à la balustrade du pont supérieur d’un fier trois-mâts, elle fixait le port avec un léger ennui. Elle était arrivée tôt ce matin, et le bateau ne devait partir qu’en début d’après-midi, l’attente était rudement longue. La patience de la jeune fille arrivait à son terme, pour finir de l’achever, un marin souffla dans son dos qu’une femme à bord portait malheur. Piquée au vif, elle se retourna d’une traite et fit face au fautif, elle pointa son doigt sur lui et l’accusa :
« Ca ? Un matelot de la garde d’Harujion ? A l’entendre gémir et se plaindre à voix basse, on dirait une pipette adepte des commérages ! » L’homme incriminé baissa la tête pour cacher sa honte de se faire rabrouer par une femme, qui plus est, avait raison. Elle poursuivit d’une voix plus douce mais tout aussi ferme :
« Et puis je ne suis pas juste une femme, je suis une mage. Et croyez moi, vous n’apprécierez pas de vous attirer mes foudres ! »
Son avertissement fut entendu par beaucoup, et le capitaine du vaisseau de ligne feint de s’indigner avec charme :
« Mademoiselle Yutani, laissez donc mon officier de quart discipliner les hommes. Une dame de votre qualité ne devrait s’abaisser à cela, puis-je vous inviter à prendre un rafraichissement en cabine ? »
Nywell sourit poliment, et ce malgré elle, un équipage de machistes superstitieux et un capitaine joli-cœur qui avait déjà les yeux sur elle. Elle pensa : « Au secours, que quelqu’un viennent me sortir de là ! ». Mais rien ne se produisit, elle se résolut à accepter l’invitation et se dirigea vers lui. Le voilà qui tel un galant homme, tendait le bras pour qu’elle s’en saisisse. Il annonça d’un air hautain à son second :
« Faites larguer les amarres ! »
Ce dernier relaya l’ordre en aboyant à tout l’équipage, ils s’activèrent à déployer les voilures et à décorder le navire. Nywell jeta un dernier regard vers le port, son potentiel coéquipier ne viendra pas. Elle était curieuse de savoir de qui elle s’agissait, cette mission complexe impliquait les villages de Tully, Oshibana et Harujion. Une opération finale visant à réduire au silence une organisation criminelle qui avait trop attiré l’attention sur elle. Devant le sourire charmeur, accentué par sa fine moustache, du capitaine, elle se résigna à le suivre en cabine. Mentalement, elle réitéra son appel au secours en levant les yeux au ciel, cette fois-ci quelque chose se produisit. Un bruit sourd de quelque chose qui s’écrase sur le plancher résonna, puis les marins s’attroupèrent vers la poupe du navire. La jeune fille vint les rejoindre par curiosité, elle se fraya un chemin parmi la congrégation de matelots lorsqu’elle entendit :
« Je suis Miku Takyio, d’Angel’s Sky. Je suis le mage qui est supposé mener l’assaut contre le gang. - Mais on a déjà une mage embauchée pour ça ! »
Elle pressa le pas et émergea au premier rang, en voyant Miku, le visage de la jeune fille s’illumina. Elle éclata d’un petit rire perlé qu’elle couvrit de sa main en devinant la mésaventure de son atterrissage. Sous son regard amusé et compatissant à la fois, elle l’observa se redresser et réajuster ses habits, un peu gêné il lança tout de même :
« Bonjour, Nywell ! Ca fait plaisir de te retrouver, comment vas-tu depuis le temps ? Apparemment, on a tous les deux été contacté pour ce travail. »
Elle croisa les bras sous sa poitrine et rejeta sa tête légèrement vers l’arrière, avec une surprise feinte elle s’exclama gaiement :
« Monsieur Takyio ! Quel surprise de voir que vous et moi allons devoir faire équipe à nouveau. Je me porte plutôt bien merci ! »
Sachant pertinemment qu’elle avait dû l’ennuyer ou le déstabilisé en étant aussi formelle, elle s’élança vers l’avant pour lui attraper le bras et l’emmener avec elle vers le capitaine. Les marins s’écartèrent prestement, elle pencha sa tête vers lui et lui susurra à l’oreille :
« A vrai dire j’ai cru devenir folle. Entourée de machistes superstitieux et d’un bellâtre de bas étages me faisant du gringue, j’ai faillit balancer tout le monde par-dessus bord ! Ta présence est plus que bienvenue ! »
Elle présenta Miku au capitaine de vaisseau, elle dodelina de la tête et sourit avec allégresse tout au long de l’introduction, ce qui ennuya fort le capitaine, effet voulu par la jeune fille. Elle termina avec l’innocence guillerette d’une noble demoiselle :
« Et bien capitaine ? Et ces rafraichissements ? » L’homme se confondit en excuses et leur fit signe d’entrer tout en leur rappelant de faire attention aux bas plafonds…
Sujet: Re: A l'abordage ! Mer 6 Fév - 20:34
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« Monsieur Takyio ! Quelle surprise de voir que vous et moi allons devoir faire équipe à nouveau. Je me porte plutôt bien merci ! »
Je fais la moue à la salutation de Nywell. Monsieur ? Mais c’est quoi ça encore, monsieur c’est pour les vieux. Je croise les bras et m’apprête à bouder, ça tombe bien, puis qu’elle m’attrape le bras plus facilement, m’empêchant de continuer dans mon élan de caprice enfantin. Je retiens un sourire amusé à ses messe-basse, je préfère ne laisser aucun indice aux marins à propos de ce qu’elle raconte, surtout que je sens un vague de jalousie déferler sur le navire au point d’en être oppressante. Ma magie n’est pas toujours des plus facile à vivre, mais dans ce genre de situation, j’ai appris à rire du malheur des autres, étonnement. Je veux dire, c’est vrai, c’est pas comme s’ils avaient une chance avec elle, a fortiori si on considère ses commentaires. Le must reste le capitaine auquel on pourrait ajouter une aura violacée sans le moindre effort. Je le regarde avec un air professionnel, n’arrivant pas à lui sourire pour une raison qui m’échappe. Je dois vous avouer que toute cette rivalité environnante perce peu à peu dans mon esprit qui cherche ce qui pourrait faire l’objet d’envie malsaine. C’est tout trouvé :
« Enchanté, capitaine. J’adore votre chapeau. »
Je veux le même, aurai-je bien ajouté si mon côté raisonnable n’était pas intervenu. Voilà les mots que j’ai réussi à caser avant de descendre les escaliers étroits et franchement casse-gueule. Ma taille fait que je rentre sans trop de soucis et je fais bien attention à ce qu’il n’arrive rien à Nywell non plus, par principe. Une fois à l’intérieur porte close, je me détends, comme libéré de la vague de sentiments négatifs. Elle n’a pas disparu, mais au moins, on je la ressens beaucoup moins. Il n’y a là qu’un garde du corps calme et droit comme il se doit, probablement un homme de confiance du capitaine. Au centre de la pièce se trouve un large bureau avec de vieilles cartes de couleur ocre déployées dans tous les sens, ainsi que quelques accessoires faisant honneur à la marine nationale. Le capitaine s’empresse d’aller fouiller dans une armoire avec mauvaise volonté et j’en profite pour glisser à Nywell
« Tu crois qu’ils auraient été plus contents de me voir si je m’étais travesti avant de venir ?.. »
Mon air sérieux ne m’a pas quitté d’une semelle, je me demande moi-même si ma remarque n’est qu’ironique. A croire que cet environnement me met la pression. Le chef du navire installe rapidement trois verres qu’il remplit en partie de… vin. Haha, y’a plus d’eau douce ? Je cache ma nervosité en prenant mon verre délicatement. J’ai horreur du vin, je trouve ça beaucoup trop amer. J’ai rien contre l’alcool, au contraire, mais le vin… Le capitaine semble vouloir profiter de mon moment d’inattention pour faire la cour à Nywell, encore. Oui, encore. Il va vite comprendre la puissance d’un mage s’il ne se calme pas rapidement, celui-là, c’est nous qui menons les opérations, et bien que nous ayons besoin de ses talents de loup des mers, il a besoin de notre puissance brute pour venir à bout des ennemis. Comme le veulent les convenances, je goûte le vin en contenant une grimace le temps qu’il termine sa phrase puis je n’hésite pas à interrompre son petit jeu.
« Alors capitaine, quel est le plan ? - Le plan ? Ah oui, le plan, bien sûr. » répond-il agacé. Il lâche non sans mécontentement son attention des yeux de Nywell et contourne la table pour pointer du doigt un point de la carte. « Le quartier général du gang se trouve sur cette petite île. Nous devrions être à peu près ici. Un bateau allié parti avant nous en reconnaissance fait escale dans cet archipel en attendant l’assaut. Nous devons les rejoindre en premier lieu po… »
J’écoute avec attention ce qu’il raconte jusqu’à ce que la porte derrière nous s’ouvre brusquement. Un matelot déconcerté hurle alors à plein poumon, comme s’il était nécessaire de remplir toute la petite pièce décorée de sa drôle de voix.
« Bâtiment ennemi repéré, il se dirige droit vers nous ! »
Bâtiment, terme marin technique désignant les navires. Je tourne la tête vers Nywell, complètement blasé. Les soldats de terre nous ont déjà fait démonstration de leur incompétence, voilà le tour des marins. Nous nous dirigeons à toute vitesse sur le pont pour constater qu’effectivement, l’affrontement allait avoir lieu plus tôt que prévu. Je marmonne de mauvaises pensées sur cette bande d’empotés que le capitaine semble entendre, en conséquence, il réagit au quart de tour, prêt à prouver à Nywell qu’il valait quelque chose. Ah, les mecs et leur orgueuil
« Préparez-vous au combat moussaillon ! »
Cette phrase, bien qu’un peu ringarde, me fait sourire, et je vérifie que Nywell est toujours là pour lui lancer un regard complice et de placer ma main sur la poignée de mon épée, prêt à la dégainer. Préférons la méthode classique pour démarrer, les armes de destructions massives viendront avec le boss.
Sujet: Re: A l'abordage ! Mar 26 Fév - 18:25
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En toute honnêteté, la présence de Miku était une bénédiction, sa légèreté la fit sourire plus d’une fois. Elle se retint même de rire devant sa référence au fait qu’il aurait dû se travestir ! Nywell se saisit du verre de vin avec une légère appréhension, elle qui d’ordinaire ne buvait jamais d’alcool, elle ne savait pas trop quels effets le breuvage aurait sur elle. Elle sentit une fois de plus le regard pesant du capitaine avant que Miku ne le rappelle subtilement à l’ordre. Elle avala une gorgée avec courage, puis elle épia furtivement le jeune homme qui discuter stratégie avec le commandant du navire. Elle fut captivée par la blondeur de ses cheveux, elle réalisa qu’entre lui et Solis, elle avait vraiment un faible pour les chevelures dorées. Elle profita de leur conversation pour terminer son verre et se resservir discrètement. Ce ne fut qu’au bout du 3ème verre qu’un quartier maitre fit irruption pour annoncer l’apparition d’un bâtiment ennemi. Elle remonta sur le pont à la suite du capitaine et de Miku, lors de l’appel au combat à la fois viril et désuet de l’officier, elle éclata de rire. Les pommettes un peu rouge sous l’effet du vin, elle ressentit ses inhibitions la quitter. D’un geste joueur et espiègle, elle lui ôta son chapeau et s’en coiffa, puis elle monta sur la balustrade tout en se tenant au cordage. De sa voix féminine mais ferme, elle hurla à pleins poumons :
« Hissez la voilure et la poussez la barre à tribord pour mettre le navire parallèle ! Ouvrez les écoutilles et sortez les canons ! Une salve en bordée devrait les recevoir à merveille. Marins sur le pont, préparez les planches et les cordes pour l’abordage. »
Sur ce, elle se pencha pour apercevoir que ses ordres avaient été entendus, les écoutilles s’ouvrirent et le bout des canons en sortirent pour pointer sur le trois-mâts adverse. Le tout sous le regard éberlué du capitaine, surpris par tant d’assurance et par ce comportement tout à fait choquant pour une demoiselle. Nywell dégaina son arme et en plaça la lame en direction du ciel, puis elle patienta et l’abattit en ordonnant : « FEU ! » Les tirs d’artillerie résonnèrent les un après les autres dans un vacarme assourdissant et de la fumée grise s’échappa des écoutilles. Elle put observer à loisir les boulets déchirer la voilure adverse, perforer la coque et même renverser un mât. Le navire ennemi allé entrer en collision avec le leur, il n’y aurait pas de seconde salve. Un marin lui tendit une corde d’abordage qu’elle enroula autours de son bras libre. Ni une ni deux, elle courut vers l’arrière pour prendre son élan, et alors que les grappins de l’ennemi mordaient le pont supérieur, la belle s’élança vers l’avant. Elle voulait être la première, elle attendit que la courbe de la corde fût haute dans le ciel pour se laisser tomber sur le pont adverse. Se réceptionnant avec l’aisance d’un félin, elle fit étinceler ses yeux d’une lueur bleutée, et à l’aide de ses reflexes triplés elle se fendit pour empaler un premier adversaire. Elle retira sa lame et tournoya sur elle-même pour infliger des blessures mineures aux deux assaillants qui voulaient s’en prendre à elle. Reculant de quelques pas, elle généra une sphère de foudre qui rebondit inoffensivement sur le bois avant d’exploser et de souffler quelques forbans. Nywell s’était parée de son plus beau sourire suffisant, elle parait, contre-attaquait et esquivait avec trivialité et amusement. On aurait dit une gamine qui jouait aux pirates, mais ce jeu était étrangement cruel, même pour elle qui ne rechignait pas à tuer. Elle était déjà à moitié couverte de sang et elle riait à gorge déployée. Etait-ce l’effet de l’alcool ? Quoiqu’il en fût, Nywell était d’une humeur encore inconnue à ce jour. Et ce n’était pas les pirates tremblant de peur face à la diablesse argenté qui allait l’arrêter ! La jeune femme dégagea une nouvelle fois sa lame du corps d’un ennemi qu’elle laissa pour mort. Elle porta un regard intéressé sur le liquide rouge et gluant qui ruisselait sur sa main, puis elle approcha son visage et le lécha. Peut-être confondait-elle vin rouge et sang ? Elle s’essuya la bouche avec une mine déçue, ses lèvres ainsi maquillées, elle avait vraiment l’air effrayante…
Sujet: Re: A l'abordage ! Jeu 7 Mar - 19:42
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Je lorgne du coin de l’œil Nywell qui boit un verre, puis deux, et peut être même plus pendant que je suis occupé à fixer les indications du capitaine. Je n’aurais pas cru, tiens, mais après tout cette demoiselle est pleine de surprises, je n’ai donc fait aucun commentaire. Mais maintenant que nous sommes sur le pont, je constate l’ampleur des dégâts. Je suis un peu jaloux d’ailleurs, qu’elle ait récupérer le chapeau du capitaine et pas moi, c’est trop injuste ! Je sens bien que quelque chose cloche dans son aura émotionnelle, mais je suis incapable de préciser ce dont il s’agit. Et la voilà qui se met à diriger l’équipage, réduisant le capitaine au rôle plus qu’inutile de figurant, ce qui me fait doucement rire. Un macho remis à sa place par une femme, c’est jouissif. Néanmoins, la plaisanterie tourne court devant la violence de la scène. La bataille commence, il est temps de se concentrer un peu plus. Tout s’est enchainé très vite. Tandis que de féroces grappins s’accrochent à notre navire, je vois Nywell jouer à Jane, mais sans Tarzan pour s’élancer de l’autre côté. Je dégaine ma lame et coupe quelques grappins, cherchant à rejoindre la proue du navire. Je suis vite stoppé dans mon élan par un soldat ennemi que j’envoie à la flotte sans pitié. Je suis inquiet. Très inquiet.
« Assurez-vous d’empêcher les ennemis de monter à bord, et laissez-nous régler ça. »
J’observe Nywell se battre sans retenue, ôter la vie de ses adversaires en y prenant un malin et malsain plaisir. Ca ne peut pas être que l’alcool, c’est de la folie. Déconcentré, une main inconnue me fait basculer par-dessus bord, me forçant à me raccrocher à une fenêtre un peu plus bas. Cette position étant bien trop dangereuse pour ma survie, je rebondis tant bien que mal vers une corde qui me ramène sur le navire ennemi, non loin de Nywell toujours perdue dans sa folie douce. Je ne peux pas la laisser continuer.
« Nywell, calme toi, le but n’est pas de devenir boucher profes… »
Le champ de bataille me force à me défendre, et je ne suis même pas sûr qu’elle m’ai entendu. Je repousse un premier pirate d’un coup de sabre dans les genoux, puis un deuxième d’un coup de coude dans la tête et je profite des épaules d’un troisième pour sauter vers Nywell… Avant de me rendre compte qu’elle a disparu. Bordel, j’en ai marre.
Axel, tu peux m’aider ? Pourquoi tu demandes, ‘bruti ? Bouge tes fesses, grouille ! « Flurry of the dancing flames : Axel »
Deux spirales de feu prennent forme autour de mes mains avant de se changer en chakrams métalliques rouges. Enragé par cette attaque surprise et le comportement inattendu de Nywell, je lance l’un deux vers les voiles du navire pour les enflammer. Souhaitant repousser un adversaire, je lui tranche accidentellement la gorge. Putain. Je grimace de douleur en ressentant sa peine, faut vraiment être con pour faire une erreur pareil. A bout, je pousse un hurlement qui, malheureusement, attire l’attention vers moi.
« Blazing Dance ! »
Les bras tendus à l’horizontale, je commence à tourbillonner. Je tourne, tourne et tourne de plus en plus vite, ma magie formant des flammes crépitant autour de moi jusqu’à me changer en une véritable toupie enflammée repoussant tous mes ennemis, mais surtout, qui brûle le navire à petit feu. Lorsque je m’arrête, ma tête tourne à m’en faire perdre l’équilibre, mais je m’appuie contre la base du mât pour compenser. J’en profite pour admirer les marins de mon propre navire respecter les consignes remarquablement bien et empêcher les ennemis de prendre refuge dans notre camps. Lentement, je reprends mes esprits et dématérialise Axel en le remerciant, quand celui-ci me fait une remarque perspicace
Dis, sur un navire équipé, y’a pas de la poudre à canon.. ?
Oh God. Ni une ni deux, je cours vers Nywell qui s’est parfaitement bien débrouillée face à ses adversaires, l’attrape par la taille et utilise une corde pour faire Tarzan et Jane dans l’autre sens. Nous atterrissons dans un roulé-boulé sur le parquet du navire, le capitaine nous fixant avec mépris tandis que le bateau pirate explose. C’était moins une… Je me redresse, un peu haletant suite à tout ce qui s’est enchainé trop vite pour moi, et je reviens subitement à la réalité en voyant Nywell. Mon esprit bouillonne et c’est presque malgré moi que je la plaque contre le bois du navire de guerre, une main sur son épaule, l’expression bien trop sévère sur le visage.
« Mais ça va pas ! Qu’est-ce qui t’as pris de foncer comme ça ? Et, et… C’est quoi ça ? Ca t’éclates ou quoi ? C’est si rigolo de jouer à la guerre, de tuer des gens ? »
La tournure plus gamine de ma dernière phrase me fait réaliser la situation. Une partie de l’équipage forme un cercle autour de nous, l’autre étant trop occupée à faire prisonnier les rescapés de l’assaut. J’apparais probablement comme une tapette incapable de tuer de sang-froid ses ennemis, tel que devrait le faire un soldat viril, mais je n’en ai rien à faire. Ce qui me fait reculer pour libérer Nywell, c’est le sentiment de culpabilité de m’être laissé aller à ma colère qui commence à m’envahir. Je suis encore trop sous le choc pour baisser le regard, mais la gravité de celui-ci laisse peu à peu place à une pointe de mélancolie noyée dans une incompréhension totale.
Spoiler:
Sujet: Re: A l'abordage ! Ven 8 Mar - 19:07
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Nywell se dandinait avec une joie malsaine sur le pont du navire ennemi, usant de tout son arsenal de tranches, tailles et coupes. Ses gestes étaient saccadés, elle l’était là sans vraiment l’être, les barrières de sa mémoire venaient de céder. Elle se croyait dans son passé d’enfant soldat, assurant sa survie en éliminant physiquement tous ses adversaires. A la frontière du passé et du présent, elle errait sur ce bateau, laissant libre cour à une violence qui lui était si quotidienne il fut un temps. Puis un certain flou s’empara d’elle, elle se mit à hésiter, à ne plus savoir distinguer sa droite de sa gauche… Comme si elle revenait à elle-même, elle se posa la question : mais que faisait-elle ici ?
A cet instant précis, elle reconnu Miku qui fonçait droit sur elle pour la saisir à la taille. Et fort heureusement pour lui, car sinon elle aurait abattu son sabre sans discernement ! Elle n’eut le temps d’objecter que déjà ils repartaient tout deux en sens inverse à l’aide d’une corde. Nywell prit note du sang dont elle était couverte et du regard soulagé de ses ennemis de la voir ainsi s’éloigner. Avait-elle… Disjonctée ? Sa question ne trouva pour réponse que l’imminente explosion du navire ennemi causé par la rencontre des flammes et des stocks de poudres. Ils atterrirent avec fracas sur le pont de leur propre navire et chose extraordinaire, Miku la plaqua contre le plancher avec un air sévère : « Mais ça va pas ! Qu’est-ce qui t’as pris de foncer comme ça ? Et, et… C’est quoi ça ? Ca t’éclates ou quoi ? C’est si rigolo de jouer à la guerre, de tuer des gens ? »
Nywell paru choquée, voir le jeune homme dans cet état était inédit ! Prise de remords, elle se redressa dès qu’il retira sa main et s’excusa avec sincérité :
« Ah… Je suis désolée Miku ! Non ce n’est pas marrant je… C’est juste que je ne sais pas ce qui m’a pris. Enfin si je sais mais c’est trop compliqué à expliquer. Je suis désolée et NON je ne prends pas de plaisir à tuer les gens ! »
En voyant l’expression du visage de Miku, la jeune fille fut véritablement peinée, elle n’aurait jamais cru possible qu’ils puissent atteindre une telle incompréhension. Elle se releva et se massa les tempes, désemparée, elle souffla :
Elle s’éloigna sans demander son reste, la foule compacte de marins s’écarta sur son passage. Quant au capitaine il se garda bien de tenter de suivre cette furie argentée, au vu de ses exploits pour le moins meurtriers. Une fois accoudée au bastingage et après que chacun eut repris ses activités, Nywell fixa ses mains tremblotantes et murmura : « Mais qu’est ce qui ne va pas chez moi ? » Une fois la nuit tombée, elle se résigna à regagner sa cabine, elle n’avait pas échangé le moindre mot avec Miku depuis cet incident. Elle prit un léger souper avant de passer un short et un débardeur noir en guise de pyjama. D’ordinaire, elle ne dormait jamais la nuit, sujette à des terreurs nocturnes et autres cauchemars violents, elle rattrapait son manque de sommeil durant la journée. Ses cernes sous les yeux étaient la preuve qu’elle avait poussé son corps un peu trop dernièrement. La fatigue accumulée et combinée au doux roulement du navire qui la berçait lui fit fermer les yeux sans qu’elle ne puisse résister… Elle les rouvrit sans tarder, mais cette fois dans un grand laboratoire aseptisé, elle avait 11 ans. De sa hauteur de petite fille, elle observa le lieu gigantesque, elle tremblait comme une feuille morte. Son bourreau portait un masque de taureau en acier, sa voix neutre retentit comme le couperet d’une sentence :
« Tu as faillit Nywell, tu connais le prix de l’échec n’est-ce-pas ? - Non… Non, pitié, je vous en supplie non… » S’entendit-elle dire malgré elle.
Deux imposantes paires de mains s’emparèrent de son corps frêle et la soulevèrent du sol. Elle traina des pieds tout en hurlant la peur au ventre de ce qui allait s’ensuivre. Cette torture était la pire de toute, elle avait cru y mourir la dernière fois… Elle se débattait du mieux qu’elle pouvait et lorsqu’ils l’amenèrent devant l’objet de ses tourments, elle redoubla d’efforts. Les traits tirés par l’effroi, le cœur au bord de l’implosion à chaque pas de plus vers… Elle se redressa d’une traite… Livide, transpirante et haletante, elle se rendit compte qu’elle était sur son lit, elle posa ses mains à plat sur son visage comme pour vérifier que tout était là. Elle essaya ensuite de calmer son cœur et sa crise de panique naissante, son visage exprimait la terreur à l’état brute. D’insupportables frissons parcouraient son corps en permanence, elle se sentait nauséeuse et tellement vulnérable qu’elle voulait pleurer. Elle cessa de respirer au son de sa voix :
« Nywell ? » Elle s’étrangla de surprise, Miku était là ? Il avait tout vu ? Elle figea son visage et réajusta ses cheveux de sorte à ce qu’il présente un long rideau argenté couvrant son visage. Elle fixa la fenêtre et pivota son visage de trois-quarts, seul son nez aquilin et sa paire de lèvres aux reflets violacés dépassaient. Ces mêmes lèvres s’animèrent, d’une voix glaciale et aux relents quasi-meurtriers elle lui ordonna d’un ton sans appel :
« Dehors ! »
Sujet: Re: A l'abordage ! Dim 10 Mar - 11:55
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Désolée, elle était désolée. Le désarroi s’insinue avec perfidie désagréable, et je la regarder quitter les environs pour se rendre à l’autre extrémité du navire. De très mauvaise humeur, j’agresse verbalement les marins toujours plantés là de sorte qu’ils se remettent tous au boulot sans demander leur reste. Pour ma part, je prends place aux côtés du navigateur pour nous assurer de notre bonne direction, mais je n’y connais strictement rien en repérage maritime. Résultat des courses, je m’excite tout seul, m’énervant plus encore avant de jeter l’éponge et de m’assoir au bout du bateau, à même le sol. Je pousse un long soupir, las de cette colère dont j’aimerais bien me débarrasser. Comme s’il s’agissait de la source de tous mes problèmes, j’ai naturellement évité Nywell tout le reste de la journée. Je ne savais pas quoi penser, je n’aime pas être dans cet état et déjà je réfléchis à une manière de me faire pardonner mon irrespect quand je serai plus calme. La solution m’est apparu tout naturellement lorsque je croise un mousse en train de tailler du bois pour le sculpter. Intrigué, je m’approche du jeune marin plein de vie qui m’invite à me joindre à lui. Et c’est ainsi que je trouve l’activité artistique qui aura raison de ma mauvaise humeur, me plongeant dans une intense concentration. Je n’aurai jamais cru que la sculpture pouvait être aussi relaxante, comme quoi.
Les nuits sont froides en mer, j’aurais dû être plus prévoyant dans mes habits. Ca reste supportable, et puis, c’est seulement le temps de ma garde. Je me suis organisé avec un bout de l’équipage pour tourner dans une heure. Les quelques marins encore debout sont parfaitement calmes, occupés à remplir leurs rôles pour ne pas s’endormir, jouant aux cartes quand ils n’ont rien à faire et buvant du rhum pour se réchauffer. J’ai pas géré aujourd’hui, pas du tout même. Appuyé contre la petite rambarde, je regarde le résultat de mon travail du jour. Incapable de donner forme humaine au bois, je me suis contenté d’un éclair sur un socle. Un cadeau de gosse incompétent, vraiment. Tellement pourri que j’ai pas osé aller lui offrir et m’excuser. Finalement, je lève les yeux vers l'obscurité infinie de la nuit sur l'océan. Je prie pour qu'elle me porte conseil, mais à la place, c’est une toute autre porte qui s’ouvre à moi.
Inquiété par une aura émotionnelle perturbée, je me retourne en direction des cabines. C’est elle, je suis sûr que c’est elle. Qu’est-ce qui peut bien se passer ? Soucieux du fait que ces sentiments négatifs ne s'effacent pas – au contraire, ils ne faisaient que croitre – je presse le pas jusqu’à l’intérieur, traverse le couloir et toque avant d’entrer malgré l’absence de réponse. J’étais loin de me douter de la suite. Nywell est parfaitement endormie, mais quelque chose cloche. Les draps en bataille, l’oreiller prêt à rejoindre amoureusement le sol, et Nywell… Nywell qui s’agite dans tous les sens en marmonnant des phrases incompréhensibles, mais sans s’y tromper remplies de craintes. Nywell dont la sueur perle le front tant elle semble en état de choc. Nywell qui, soudainement, se redresse dans un bruit étouffé. Je ne dis pas un mot, la pièce noire me semble tout d’un coup plus oppressante, étroite. Seule sa respiration haletant ponctue le bruit du bateau qui tangue, et c’est avec une certaine hésitation que je brise le silence.
« Nywell ? »
Je n’étais pas le bienvenue, rien qu’à sa réaction, je pouvais déjà le senti, le ton employé derrière n’était que confirmation. Lui en voulait-elle encore pour tout à l’heure ? Non, il y avait autre chose, quelque chose derrière ce cauchemar. Un frisson me parcourt l’échine et je fais malgré tout un pas vers elle, inquiet.
« Je ne partirai pas tant que tu ne me diras pas ce qui ne va pas. »
Réagir comme ça n’est vraiment pas dans mon habitude, mais j’ai quelque chose à me faire pardonner. Je refuse par conséquent de l’abandonner dans cette situation, avançant d’un pas de trop dans sa direction. Je reçois un violent coup dans le torse, inattendu, qui me repousse en arrière. Nywell toujours très sûre d’elle m’immobilise à l’aide d’une clé de bras pour ensuite me foudroyer au sens propre d’une décharge électrique. Je bénis Laxus et ses entrainements morbides qui me permettent de rester debout sans trop payer le prix fort. Secouant la tête pour me remettre du choc, je lève le pied pour donner un coup dans le mur devant moi et nous propulser tous les deux contre un mur, j’arrive alors à me défaire de l’emprise de la mage d’Eagle’s Claw. Nous nous retrouvons face à face sur nos gardes, muets. Mon cadeau a dû tomber à terre pendant que je ne faisais pas attention, je ne le retrouve plus. C’est pas l’essentiel, à vrai dire.
« Nywell… Qu’est-ce qui ne va pas ? Je sais qu’on ne se connait pas très bien toi et moi mais… » Lentement, je me redresse quittant ma position de combat pour une tenue plus conventionnelle « Je refuse de lever la main sur toi comme ça. Je suis là pour toi, je veux t’aider, pas te blesser. »
Je m’attends à un Tu ne comprends pas, à défaut de bien cerner ce qui se passe ici. Je pourrais utiliser ma magie, tricher pour apaiser ses sentiments dès maintenant par un simple tour de passe-passe. Mais qui mieux que moi sait à quel point ce genre de stratégie vicieuse ne mène qu’à la frustration, puis à l’échec ? Pour tout avouer, je suis torturé. Qui suis-je pour m’imposer ainsi en tant qu’ami auprès d'elle ? Ai-je le droit de forcer le passage, de me prétendre prêt à l’aider alors que nous n’avons passés que quelques jours ensemble ? Est-ce que je le mérite ? Une personne aussi charismatique doit avoir des amis tout aussi admirables, et pourtant… Pourtant j’ai vraiment envie de l’aider, moi aussi, quitte à prendre quelques électrochocs supplémentaires. J'encaisserai tant qu'il faudra.
Sujet: Re: A l'abordage ! Mar 12 Mar - 15:18
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Son avertissement n’avait-il donc pas suffit ? La phrase de Miku lui arracha une grimace colérique. Elle voulait sauver les apparences, personne, non personne ne pouvait la voir dans cet état. C’était tout bonnement impensable, elle était au fond du gouffre, hantée par son passé troublé et son armure était pétrie de failles. Son masque craquelé laissait entrapercevoir la personne qui se cachait au plus profond d’elle. Cette gamine en mal d’amour, à l’enfance volée, vulnérable, hésitante et incomplète. On était loin du portait habituel que Nywell se plaisait à brosser d’elle-même, soudain, tout devint clair, Miku devait mourir.
Enfin, ce qui était limpide dans sa tête, pouvait facilement passer pour de l’hystérie et de la folie aux yeux d’une personne saine d’esprit, tel que Miku. Elle jaillit de son lit et fit émerger de sous ses draps son genou qui vint heurter le jeune homme en pleine poitrine. Alors qu’il reculait sous les effets de l’impact, elle passa une des ses mains autour de son épaule et l’autre lui agrippa le poignet qu’elle se mit à tordre afin de bloquer Miku. La foudre surgit de son corps malgré elle pour venir se déverser dans l’organisme du blondinet. Ce dernier prit appui sur le rebord du lit et renvoya les deux protagonistes en arrière pour heurter le mur, se dégageant ainsi de l’emprise de Nywell. Ils prirent leur distance et s’observèrent en chiens de faïences, leurs gardes levées. Il adopta une posture normale et sa voix résonna :
« Nywell… Qu’est-ce qui ne va pas ? Je sais qu’on ne se connait pas très bien toi et moi mais… Je refuse de lever la main sur toi comme ça. Je suis là pour toi, je veux t’aider, pas te blesser. »
Dans cette étroite cabine éclairée à la lueur vacillante d’une bougie, Miku ne pouvait voir le visage de Nywell caché par les longs fils d’argents qu’étaient ses cheveux. Derrière ce rideau, ces yeux étaient vides, le bleu étincelant qui d’ordinaire habitait son regard céda sa place à un morne gris. Les poings serrés et tous les muscles du corps tendus, elle abaissa les bras et s’approcha lentement du jeune homme, signifiant ainsi ses intentions non hostiles. Pas à pas elle s’approcha, sans pour autant desserrer la mâchoire, elle s’arrêta à une cinquantaine de centimètres de lui. Elle leva son bras avec douceur et lui tendit la main, signe qu’elle acceptait son aide. Puis une violente lumière embrasa toute la pièce, un puissant flash de lumière aveugla Miku. Profitant de son désarroi, elle le fit trébucher d’un croche-patte et se jeta sur lui pour l’étrangler en saisissant sa gorge à l’aide de ses deux mains. A califourchon sur lui, elle tenta de le maintenir au sol tout en exerçant une forte pression grâce à son hystérie nerveuse. Les traits déformés par la colère, elle annonça froidement :
« Tu dois mourir Miku, je suis forte, plus forte que n’importe qui ! Je n’ai besoin de personne ! »
Une autre voix se fit entendre, là ou se tenait Nywell, la silhouette translucide d’une petite fille âgée d’une dizaine d’années fit son apparition. Vêtue d’une robe trouée et poussiéreuse, elle arborait la même couleur de cheveux et d’yeux que celle qui attentait à sa vie, elle expliqua calmement :
« Tu dois la comprendre Miku, elle est terrorisée. Elle ment, elle est fragile, et fatiguée. Fatiguée de paraitre forte en toutes circonstances. Elle a besoin des gens mais refuse de se l’admettre. Regarde la bien et observe une personne qui a passé sa vie sur ses gardes, incapable de profiter du moindre instant, trop pessimiste et soucieuse pour cela. Vois les ravages infligés à une jeune femme qui n’a jamais connu l’amour ni l’affection. Elle joue des rôles et se pare de mille masques pour combler l’incommensurable vide qui l’habite. Personne ne la connait vraiment, pas même Misto, ta magie te permet de me voir et de m’entendre. Je ne te ferais qu’une seule requête, aide-nous. Enlace-la, transmet lui la véritable chaleur humaine, emplis-la de ta compassion, fais régner le calme dans la tumulte de son cœur. Ton empathie est un don Miku, use le à bon escient, sauve la… »
Puis la petite fille se tut, son image superposée à celle de Nywell qui serrait les dents et tentait de l’étrangler avec la force du désespoir alliée à celle de la folie. La scène était des plus suréalistes…
Sujet: Re: A l'abordage ! Mar 12 Mar - 23:21
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Ne l’écoute, ne l’écoute pas crie mon pouvoir dans mon esprit. Et pourtant, j’ai tellement envie d’y croire que même moi, le mage émotionnel que je suis, tombe dans le panneau. Cette main tendue vers moi incarne tant d’espoir que je ne peux m’empêcher de m’avancer vers elle dans un souffle soulagé. Croyez moi, j’aurai mieux faire de croire mon fidèle ami car la suite, je ne l’ai pas vue venir. Un violent flash lumineux éclaira la pièce, brûlant mes pauvres yeux qui s’étaient adaptés à l’obscurité. Je n’ai le temps de voir qu’un visage fantomatique d’une Nywell assassine avant de reculer, trébucher et me retrouver sur le dos. S’il suffisait d’un choc contre le sol froid et dur, j’en serais bien heureux, mais voilà Nywell qui tente de… de m’étouffer ? Sérieusement, mais qu’est-ce qui lui prend tout d’un coup ? Je retiens tant bien que mal mon pouvoir qui veut réagir malgré moi sous ces émotions bouleversantes.
« Tu dois mourir Miku, je suis forte, plus forte que n’importe qui ! Je n’ai besoin de personne ! »
Je l’aurais fixé avec stupeur si je n’avais pas été si occupé à desserrer son étreinte pour survivre. Je reconnais ce discours, et j’ai en écho une scène passée dans une prison d’eau extrêmement désagréable… Si je cède à la colère de Nywell, je risquerais d’enflammer le navire et tous nous tuer. Elle pense réellement me tuer pour l’avoir vu dans un état de faiblesse ? La sortir d’un cauchemar, c’est la faire entrer dans cet état de transe à coup sûr ? Quand je commence à voir une jeune fille au travers même de la silhouette de mon assaillante, je me dis que je commence vraiment à manquer d’air au point que mon cerveau commence à délirer. Je vois double… Mais c’est alors que la jeune fille se met à parler, comme si j’étais en état de l’écouter ! N’ayant pas d’autre choix, complètement à sa merci, j’entends cette voix qui me donne l’impression de perdre conscience. Etonnement, son discours tient debout, je réalise alors que je n’ai pas affaire à une vue de l’esprit. De cette présence qui demande de l’aide découle une douceur rassurante… En dépit de mes mains qui poussent contre celles de la jeune femme pour inspirer un peu d’air. Le contraste est si frappant que j’ai l’impression d’être dans un film, une situation trop improbable pour être authentique.
L’aider. Fragile. Fatiguée. Ses mots résonnent dans mon esprit en détresse. Mais qu’est-ce que… Aide nous ? Cette jeune fille… serait le passé de Nywell ? Incapable de répondre à ce monologue, je sors d’une sorte d’état secondaire lorsqu’elle se tait, revigoré d’une nouvelle force de vivre. Ma situation devient critique, et je sens mes capacités m’échapper. Il faut faire vite pour ne pas tout flamber mais mon urgence a été remplacée par une assurance sereine grâce à cet objectif qui m’a été confié.
* Emotion Link. *
Un tout petit cœur se met à scintiller sur mon poignet droit, ainsi que sur celui de la jeune blonde. Nous voilà liés. Liés moralement et physiquement, si bien qu’elle suffoque comme si elle était aussi étouffée que moi, le reflexe la poussant à porter ses mains à sa gorge pour vérifier qu’elle va bien. Libéré de son étreinte, je la repousse avant de reculer comme une bête apeurée, inspirant à grand coups pour reprendre mon souffle. Je sens toute ses émotions, et elle sent toutes les miennes. Bien. Qu’elle sache que j’ai eu peur de mourir, je n’ai rien à lui cacher. Elle peut expérimenter ce que je ressens, de ma peine à mon incompréhension, de mon inquiétude à envie de l’aider à sortir du gouffre. En réalité, elle n’a pas le choix. Tout, absolument tout lui traverse l’esprit comme si nous ne faisions qu’un. Je regarde alors l’enfant Nywell qui se tient aux côtés de la Nywell d’aujourd’hui, compatissant. Pour expliquer à l’adulte qu’elle peut dévoiler ses faiblesses sans craintes, il me semble logique de m’ouvrir à elle comme preuve de bonne foi. Aussi je n’annule pas le sort, décidé à lui envoyer mentalement ce flot d’émotion qui me traverse et à atténuer le sien. Finis les discours, les évènements m’ont bien prouvé que c’était insuffisant, et puisqu’elle le demande…
« Shifting Bolt. »
J’entre dans l’esprit de la mage d’Eagle’s, je plonge en plein dans ses émotions pour y chasser la mélancolie, la peine et la colère, mettre un terme à son désespoir. Tandis que mon pouvoir lutte à bannir ces tumultes de son cœur, mon corps s’avance lentement vers elle, pas par pas. Cet affrontement mental… Je vaincrai. C’est elle-même qui me l’a demandé. Des images furtives de son passé traversent mon esprit sans que j’y comprenne grand-chose, et lorsque j’arrive enfin en face de ce qui persiste de la furie hystérique, il ne me reste qu’une chose à faire : l’emplir de sérénité et ainsi l’apaiser. Et la magie ne peut tout faire toute seule seule.
« Tu ne peux plus vivre comme ça Nywell. Jouer la comédie, te cacher derrière une fausse image de toi. Inspirer la force et le courage n’est pas mauvais, mais se méfier des autres en craignant à tout moment d’être poignardé, ce n’est pas comme ça qu’il faut vivre. Ne t’es-tu pas fait des amis parmi les aigles, de vrais amis ? Misto tient sincèrement à toi, j’en suis persuadé. Je comprends que tu réagisses ainsi si par ton passé on t’a fait souffrir, cependant… » Je marque une pause, cherchant mes mots. « Cependant, je te demande de croire en moi, de me faire confiance. Il existe des gens bons, tu dois juste apprendre à faire confiance, accepter que l’on puisse t’aimer tout comme tu peux aimer. Ton passé… est derrière toi. Ton présent est avec nous. »
Je termine alors mes deux sorts, brisant ce lien magique dans un silence parfait. Je ne peux que lui offrir l’amour d’un frère mais j’espère qu’elle trouvera celui qui nous aidera à la sortir de ce profond traumatisme. Son fardeau me choque tant il me semble lourd à porter, je me jure d'en porter ce que je peux à partir d'aujourd'hui. Exauçant le dernier souhait de l’apparition fantomatique, je passe délicatement les bras autour de Nywell pour la serrer affectueusement contre moi. Mes deux ailes noires que je n’ai même pas senties apparaitre sous l’intense concentration se replient au-dessus d’elle défiant tout maléfice de venir s’en prendre à nous. Dans un dernier murmure à peine perceptible, je lui fais cette promesse qu’elle ne sera plus seule.
Nywell avait trouvé refuge dans son for intérieur, elle semblait en transe, prisonnière d’une demi inconscience. Soudainement, elle se sentit suffoquer, elle lâcha la gorge de Miku pour se concentrer sur la sienne. La sensation d’étouffer cessa subitement. La jeune femme était décontenancée et surprise, elle regarda autours d’elle avec un affolement naissant. Un flot nouveau d’émotions s’empara d’elle, ce n’était pas les siennes, Nywell était maintenant confuse. Elle saisit son visage entre ses deux mains, essayant de comprendre ce phénomène inédit. Puis elle perçue une intrusion dans ses propres pensées, les tréfonds de son être étaient maintenant exposé à la vue d’un autre. En proie à la panique, elle tenta en vain de résister. La voix de la petite fille lui fit part de ses soucis :
« Cela ne sert à rien Nywell, il essai de t’aider. Vas-tu le repousser comme tu as inlassablement repoussé tout le monde et fermé ton cœur ? - Qui… Qui es-tu ? - Je suis la gamine en manque d’affection que tu as enfermé au plus profond de toi, le jour de ton arrestation. Tu vois je n’ai pas grandi depuis. Pas un seul instant depuis n’as-tu daigné m’écouter. Je me languis au fond de toi, mes désirs sont aussi les tiens. Pourquoi m’ignores-tu ? »
Nywell regarda autours d’elle, il n’y avait qu’une immense étendue de blanc et une version translucide d’elle-même âgée d’à peine 10 ans. Elle ressentit la présence de Miku, instinctivement, tout devint sombre, des murailles se levèrent du sol et ses défenses s’érigèrent. Malgré cela, il avança courageusement et se fraya un chemin parmi la nuée de décombres qui peuplait son cœur. Il dispensait du positif à chacun de ses pas, tentant de remettre de l’ordre dans ce champ de ruine. Nywell s’apercevant de cela, certaines de ses défenses se désagrégèrent aussi rapidement qu’elles s’étaient crées. Devant le regard insistant de la petite fille, elle soupira et laissa Miku approcher, une fois en face d’elle, il se lança dans une grande tirade… La jeune fille en demeura interloquée. Croire en lui ? Elle n’avait jamais fait qu’une mission avec lui ! Elle réalisa soudainement que ce monde là était né de ses émotions et que Miku y était entré volontairement avec l’idée de l’aider malgré ses réticences à elle. Ses paroles l’avaient ému, elle se sentait touchée par tant d’effort effectué juste pour elle. Fixant tour à tour le jeune homme et la gamine, elle réalisa que renier une partie d’elle-même, ce n’était jamais que fuir en permanence. Elle abaissa alors la tête dans un sourire, elle s’avouait vaincu. Elle était bien trop lasse de cette solitude et de toujours être sur ses gardes. Et puis si c’était lui… Lui, le blondinet qui lui inspirait tant d’émotions apaisantes. Il avait fait plus pour elle en une nuit que toutes les âmes d’Earthland réunies. Elle ferma les yeux, laissant son reflet enfantin translucide réintégrer son âme, elle serait dorénavant à l’écoute d’elle-même, mieux, elle serait complète !
Elle revint à elle lentement, elle ouvrit les yeux pour sentir l’affectueuse étreinte pleine de chaleur de Miku. Sans mot dire, de peur de briser ce moment intense, elle laissa sa tête reposer sur celle du jeune homme pour l’entendre souffler cette promesse : « Je serais ton ange gardien… »
Il s’en fallut de peu qu’elle ne pleure sous le coup de l’émotion, elle retint ses larmes et laissa échapper un petit rire de joie. Elle se dégagea de l’étreinte lentement et délicatement avant de se relever. Elle attrapa la main de Miku et croisa ses doigts avec les siens, elle l’attira vers elle afin de le relever à son tour. Puis avec un sourire timide, elle l’entraina vers le lit, elle apposa son index sur sa bouche tout en murmurant un « shhhhh » complice pour faire taire ses protestations. Elle le fit s’allonger en premier en posant délicatement sa main sur son torse et en le repoussant vers l’arrière. Elle vint ensuite prendre place à ses côtés, elle passa un bras sous sa nuque et l’autre sur son torse avant de joindre ses deux mains autour de son épaule. Elle disposa ensuite son genou sur sa cuisse à lui, et rabattit son talon derrière le mollet du jeune homme. Ainsi allongée, elle se serra contre lui et enfouit son visage entre le coussin et son cou. Elle caressa de son front la peau de Miku comme le ferait un chat quémandant des caresses. L’empathique jeune homme comprit le message et vint placer sa main dans les cheveux argentés de Nywell. Elle émit un soupir de bonheur et s’abandonna complètement à son ange gardien. Heureuse, elle étira sa nuque pour venir embrasser la gorge de Miku, à l’endroit même ou elle avait tenté de l’étrangler. Elle souffla de l’air chaud à quelques millimètres de sa peau ainsi que ces quelques paroles :
« Tu sais Miku, si après que je me sois endormie, il te prenait l’envie de me voler un baiser… Sache que je t’y autorise… » Elle enfouit plus profondément son visage contre son coussin, espérant que ses cheveux d’argents couvriraient ses joues légèrement empourprées. Jamais elle ne s’était sentie aussi confortable, à peine eut-elle fermé les yeux qu’elle gouta enfin au profond sommeil réparateur qui l’avait boudé jusqu’à présent.