« Anyah ! Prend ça, et ça, et encore ça ! »

Monsieur le roublard tout là haut pourquoi vous me faites ça ? En tailladant la bestiole, je me rends compte petit à petit qu’un truc collant et visqueux nargue mes lames comme de la morve, en version toxique je suis sûr. Mais damn, qu’est-ce que ça colle… Et d’ailleurs, c’est problèmatique là. J’ai donné un coup un peu trop fort, et voilà ma lame coincée dans le tentacule de l’hideuse créature… Bien sûr, comme un crétin, je m’accroche de toutes mes forces au manche de mon épée ce qui fait que lorsque le Trogii déplace son tentacule en l’air, je suis le mouvement, collé audit tentacule. Pas le choix, je m’accroche à la créature, remerciant mon pouvoir de me protéger des épines. A force de tirer, je réussis à retirer ma lame de la créature… Et je réalise qu’il est déjà trop tard.

En effet, le Trogii avait enroulé ses tentacules autour de son corps, et comme j’étais dessus, avec la glue, je suis désormais fusionné au corps de la bête, à quelques centimètres de sa grande gueule d’ailleurs. Et collé par le popotin et le dos, pour ajouter au comique de la situation. Du coup, je regarde Solis avec un grand sourire abruti quand des spores se mettent à nous tomber dessus. Zut de flute. Je respire et me rend compte de l’effet que ça provoque, ça fait drôlement mal en fait, j’ai l’impression d’avoir des crampes partout. Faut croire que mes muscles magiques en métal ne sont pas immunisés. Je prends donc une grande inspiration et retiens mon souffle pour ne plus inspirer ces espèces de pollen, jetant un regard à Solis pour bien lui faire comprendre de faire de même.

Bon, je fais quoi moi maintenant que je suis collé à un pachyderme végétal ? Solis a encore ses étoiles rigolotes. Je n’vais pas rester planté là, collé comme un insecte dans une toile d’araignée. Surtout que ça ne semble pas déranger le gros balourd plus que ça, je me demande même s’il a remarqué l’excroissance que je forme sur son corps. Avec ses dents crochues là, tranchantes comme des lames de rasoirs. C’est flippant. Mon regard alternant entre Solis et la bestiole, je m’étonne à imaginer le mage blond avec le même genre de dent, ainsi que des feuilles de laurier à la place des cheveux… Bah tiens, photosynthèse humaine. Et si je me changeais en plante ? Nah, trop dur à faire. Faut rester sur du basique… Bon bah…

Emotion Wave.

Voilà, un bout de flamme collé à la plante. Elle va pas apprécier bien longtemps d’avoir le feu aux fesses, j’en suis sûr. Puis avec de la chance, la glue va durcir et se rompre. N’empêche que même si je m’enfuis en courant après ça pour rejoindre Solis, en admettant que j’ai assez de souffle pour faire ça, je sais toujours pas comment on va faire avec ces particules volantes empoisonnées.

Beuheuheu, il en rien à faire de moi, ce gros tas d'carbone végétal. J'ai beau lui mettre le feu au fesses, rien n'y fait, il se concentre sur Solis. Il m'a même fait... Un espèce de gros câlin épineux qui a déchiré mes vêtements. Heureusement, ils tiennent encore, et j'ai échappé aux épines. Et sa léchouille...

« Errrk ! Mais c'est dégueux, lâche moi, grognasse de géranium en pot ! »

N'a pas l'air de la déranger plus que ça... Eh merde, j'ai parlé, j'ai laché mon souffle. Y'a des jours comme ça, j'ai vraiment envie de me mettre des claques. Vu la douleur que ça entraine, je ne me décide pas à respirer de suite. Oui, j'hésite entre inspirer et mourir étouffé, normal. Sauf que, ne vous inquiétez pas, je n'hésite pas bien longtemps, voilà qu'une tornade nous arrive dessus... Attendez, une tornade ? What the... Je n'ai pas le temps de comprendre quoi que ce soit, que me voilà virevoltant dans tous les sens, avec notre ami le Trogidae. Bien rapidement, je m'en trouve décollé, tournant dans la tornade sans RIEN piger à ce qui se passe.

Dans la tornade, je rencontre mon ami Solis, tout aussi ébourriffé que moi. Je lui décoche un grand sourire, sans m'être rendu compte d'un léger détail concernant mon... accoutrement. Toujours en flamme, je finis par être plaqué contre un mur tandis que la tornade disparait. Je suis un peu sonné, mais pas autant que notre amie la plante géante qui continue à se mettre des poings dans la figure. Une vraie bête de catch. Aussitôt que j'ai retrouvé mon équilibre, je me met à hurler.

« Solis, c'est maintenant ou jamais, finissons le ! »

Ce n'est que maintenant que je comprends ce qu'était cette tache bleue et filiforme au centre de la tornade. Ce dragon est un des fidèles serviteurs de mon coéquipier... Eh bah, quelle chance il a d'avoir un allié aussi puissant à ses côtés. D'un switch, je me change en métal, réajuste mon chapeau et fonce droit vers le Trogi pour lui asséner un bon coup de point. J'étais parti pour une vulgaire imitation du Falcon Punch, mais le Dragon m'épaule aussitôt d'une grêle magique. Des grelons gros comme des patates, vous auriez du voir ! Enfin, vous voyez probablement, comme tout Fiore devant ses écrans. Aller hop, je fais un magnifique saut, puis plonge vers le Trogii le poing en avant, au milieu des grêlons, tel un super héros : Final Punch !

La grosse bêbête s'écroule alors sous cet attaque combinée, et je me tourne vers Solis avec un grand sourire, la main levé vers le ciel, mes doigts formant le symbole V de la victoire. Puis j'annule ma transformation. Economie d'énergie, mon amie. Sauf que pour une raison inconnue, Solis me regarde d'un air plus gêné que victorieux, à moins que ce ne soit de la stupéfaction... Et c'est là que je réalise que... Que...

Que je suis un boxer couleur turquoise dans les rues de Magnoria, avec un chapeau sur la tête et un bracelet au bras. Le tout, filmé par les télélacrimas environnants.
...
......
« ...... Héhé... Coucou ? »

Attendez, je suis comme ça depuis la tornade...? J'ai fait mon super punch en... Oh, saloperie de dieu roublard... Je me frotte la nuque. Zut alors, c'est un peu embarassant tout ça... Enfin remarque, j'ai de la chance, ne suis pas tout nu mais... Mais je l'aimais bien ce gilet moi ! Croisant les bras et prenant une tête volée à un gamin boudeur, je me retourne pour mettre un dernier coup d'pied dans le corps du Trogii déjà inconscient.

« C'était mon gilet préféré. »

Puis je commence à fouiner dans la rue, à la recherche d'un bout de tissu, ou quelque chose qui pourrait y ressembler. Crotte. Moi ça me dérange pas plus que ça, mais mon boxer est... un boxer. Donc par définition, colle à la peau, et laisse apparaitre mes formes. Je shoote du pied dans un lacrima dangereusement proche. Je sais que j'ai de beau abdominaux, mais arrêtez donc de matez, pardi. Si Ania était là, elle m'aurait trainé par la peau des fesses chez un tailleur. Mais avec cette barrière de protection, impossible. Je finis par trouvé un morceau de toile bleu gris, que j'enroule autour de ma taille comme un espèce de pagne. Ca fera l'affaire en attendant. Je m'accord encore cinq minutes pour chercher, puis je me concentre à nouveau sur le festival. Ah oui, hors de question de perdre pour ça. N'empêche, une seule pensée me vient à l'esprit... Et cette pensée c'est :

Pauvre Solis...