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[Mission ; Lewyn]
 MessageSujet: [Mission ; Lewyn]   [Mission ; Lewyn] EmptyLun 28 Mar - 21:20

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Par une journée grisâtre, Lewyn arriva à Oak City. Le ciel semblait faire la moue et se complaire dans une parfaite léthargie : pas une souffle de vent, pas un rayon de soleil, pas même une goutte de pluie. Le temps était donc propice à la conspiration activité à laquelle le jeune homme se découvrait un certain intérêt depuis sa discussion avec Yutsuko Ami. Elle tenait vraiment à tuer dans le feutré et le rôle de faucheuse silencieuse excitait son imaginaire.


Il pensait à ses deux cibles, un mage d’eau et une vieille femme cloitrée derrière les quatre murs de l’enceinte de sa demeure et une flopée de serviteur : domestique, garde du corps et autres vampires. Il savait que toute cette populace parasitait au mieux les richesses de cette femme dont les capacités mentales déclinaient pour ne laisser place qu’à un caractère capricieux et aigri.


Perdu dans ses réflexions, il arriva sans se rendre compte devant l’huis de sa proie. Les murs étaient hauts et la piétaille assez nombreuse pour faire le boucan nécessaire lors d’une intervention en force et ainsi gâter tout le travail d’approche. Il passa son regard sur les fenêtres à la recherche d’une hypothétique faille dans le système, une simple lucarne où il pourrait se faufiler et commettre le méfait prévu. À l’un des étages, il vit une jolie tête brune surmontée d’une coiffe blanche.


La jeune fille qu’il dardait de ses regards de feu s’en aperçut, néanmoins elle gardait le plus souvent possible ses globes rivés à son livre. Parfois seulement, elle vérifiait la présence de ce jeune mystérieux qui persistait à attendre une marque de sa faveur. Elle rougissait, avait honte de rosir et s’empourprait encore d’avantage pour finir dans la confusion la plus totale ; il fallut un quart d’heure avant que ses doigts relâchent le roman qu’elle lisait et que son attention toute entière soit focalisée vers le beau inconnu qui la contemplait sans ciller. Elle céda à la brusque envie de faire éclater sa joie en signe manifeste, symphonie de mimiques qui, relâchant les traits de son visage, leurs donnait une beauté qui n’était pas la leur. Puis, espiègle et curieuse de vivre enfin ce que les héroïnes de ses lectures connaissaient, elle quitta son perchoir en quête de deux bras vigoureux et de la chaleur d’un torse parfumé où elle pourrait finalement y trouver une place confortable.


De l’autre côté de la vitre, Lewyn avait négligemment dirigé sa vue vers cette servante qui bien que n’étant pas laide, n’avait rien d’extraordinaire, aussi se mit-il à chercher quelque chose qui lui serait plus utile. Il remarqua par pur hasard l’intérêt qu’elle lui portait et décida de rentrer dans son jeu et par-là même s’essayer à une distraction quelconque étant donné que tout ce travail d’espionnage l’ennuyait. Après quelques minutes d’attente, il commençait vaguement à se lasser de cet échange silencieux et niais, indigne de ses préoccupations. Il fut presque soulagé de la voir quitter son juchoir en lui faisant signe. Pendant l’attente subséquente, il se dit qu’il pourrait toujours utiliser à son avantage cette donzelle contre quelques mensonges qui ne lui coûteraient rien.


Vint alors le moment de la rencontre fatidique, d’un côté du ring, une femme de chambre le cœur battant à se rompre et la chair réchauffée par les mensonges lyriques qu’elle se servait en salade, de l’autre côté, un prédateur au sang froid, aux canines effilées et à l’esprit affuté. Après un court dialogue, Lewyn fit connaissance d’Elodie et dans sa tête l’échiquier prenait forme avec cette pièce maîtresse en sacrifice pour la victoire.


Quand les mots se firent plus faciles à échanger, elle aborda le sujet préféré de tout larbin : son maître, en l’occurrence une veuve riche à millions qui paraît-il conservait dans une pièce fermée à clé une relique d’une valeur inestimable. Il fut difficile au jeune homme de supporter stoïquement ce bavardage souvent oiseux, de feindre d’y accorder une once d’intérêt, cependant il parvenait à faire bonne figure et l’imagination aidant, Elodie le pensait profondément amoureux et admiratif. Elle n’en devint que plus expansive et les détails se firent chaque jour plus nombreux. Il fallait au mage un grand effort de concentration pour avoir une idée relativement précise sur le meilleur moyen d’entrer chez elle, mais aussi à propos de ce mystérieux objet qui s’est avéré être « une source ultime de connaissance » selon les dires de la vieille sous la forme d’une babiole « grossièrement taillée et sans aucune vraie valeur de couleur beige et de la taille d’une pomme » selon la femme de chambre.


*Cette idiote ne sait manifestement pas reconnaître un lacryma et l’autre est gâteuse au point de se vanter d’en posséder un. Si je le prends, je pourrai peut-être y trouver des informations à mon propos, il me le faut à tout prix.*


Le mage d’eau causait moins de problèmes, il eut plus de facilité à rassembler les informations le concernant : c’était une racaille qui travaillait en solo, n’était pas regardante quant aux tâches qu’elle devait effectuer et pouvait se damner pour quelques Jewels en rab. Comme il vivait seul, il ne présentait pas d’autre défi que son pouvoir.


Il fit fabriquer un double de ce qu’il convoitait ; de toute façon elle n’avait aucune famille pour hériter d’après des sources serviles donc personne pour faire l’inventaire d’une ancienne sénile au cerveau cramé par le poids de l’âge et la solitude meurtrière qui l’entourait, mais savait-on jamais. Il fallut encore louer une voiture magique pour le grand jour où un dessein ambitieux allait se mettre en place et bien d’autres choses encore, mais l’intrigue souffrirait des révélations impertinentes qui pourraient être faites.


Ce matin-là, Lewyn se réveilla de bonne heure stimulé par le chef-d’œuvre qu’il allait mettre en place. Il ne traîna pas au lit contrairement à ses habitudes, à la place il fit sa toilette et vérifia encore une fois le contenu de sa sacoche et de ses deux grands sacs. Il était prêt à partir et attendait fébrilité le moment venu. Il était encore bien trop tôt et il s’impatientait assis sur le bord de son lit à revoir mentalement ce plan qu’il avait sculpté avec tant d’applications, chaque pièce semblait s’emboiter parfaitement, ne laissant pas un seul défaut dans ses calculs. Il mangea parcimonieusement au déjeuner puis retourna à sa chambre revoir encore et toujours les rouages de sa formidable machine. Le crépuscule le surprit alors qu’il mimait pour la énième fois le geste avec lequel il voulait tuer la vieille dame, il se décida à se lancer transporté par l’excitation et tendu par l’immensité de sa tâche.


Quand il arriva chez sa compagne, elle l’accueillit avec un air inquiet à la vision de la sacoche qu’il transportait, elle voyait bien qu’il était sous une certaine tension et se fit plus cajoleuse. Lewyn pensait presque à la sauver ce témoin pourtant crucial quand une explosion lui força la main. De l’autre côté de la demeure, le ballet venait de commencer et l’assassin profita de la surprise de la fille pour la piquer au niveau du cou, elle s’endormit aussitôt sous l’effet des sédatifs. Une fois dans les bras de Morphée, il puisa dans son balluchon un déguisement de médecin : bavette, calotte, grand tablier blanc et des gants. Ainsi, il se cacherait le visage tout en usurpant une identité généralement digne de confiance. Il mit même deux lentilles de couleur bleue et utilisa à son avantage le souk que mettait l’une de ses cibles en bas pour ouvrir la salle où se trouvait le lacryma convoité pour le remplacer par un caillou sans valeur. Il referma rapidement la porte à clé. En bas, il entendait encore du bruit, par contre il voulait faire au plus vite pour éviter qu’on le surprenne à roder dans les couloirs. Son rythme cardiaque faisait un tango enfiévré quand il atteignit la vieille dame abandonnée par son garde du corps parti combattre le mage d’eau.


« Madame, vous venez de subir une attaque magique par le poison, ouvrez la bouche et inspirez profondément que je puisse vous administrer votre cure. »


Il faut dire qu’après avoir subi les affres du temps, l’encéphale de sa proie était à un état de dysfonctionnement avancé. Elle s’exécuta devant le ton péremptoire que prenait généralement les médecins et Lewyn en profita pour jeter une olive dans son gosier. Ridicule certes, mais rudement efficace ; la vieille se griffa la gorge à s’en arracher la peau pendant que sa peau prenait une couleur bleue. Elle s’effondra sur le sol après un court moment et le jeune homme vérifia sa mort avant de repartir exécuter le second acte de son drame : se débarrasser du mage d’eau.


À ce moment de l’histoire, il convient de faire un court récit des préparatifs négligé pour des raisons scénaristiques :


Le matin des évènements, Lewyn envoya les deux lettres d’Ami. Non pas qu’il se sentait d’humeur épistolaire, mais il se devait de rassembler ses deux victimes en un point pour les tuer au même moment, ainsi il soulèverait moins d’interrogations. L’idée lui vint de les opposer l’une à l’autre et le mage d’eau reçut la lettre suivante :


Citation :
« Il y a une servante dévergondée qu’il faut à tout prix punir, elle a séduit un homme qui m’est cher, ou plutôt qui m’était cher, mon garde du corps. Je vous enjoins de les tuer tous les deux sans aucune discrétion pour que tous mes autres serviteurs apprennent que je fais la loi, moi seule. Cela vaut vaudra des problèmes avec les autorités, mais une récompense de 500 000 Jewels serait assez pour vous dédommager de ces désagréments, non ? »


La seconde lettre fut adressée à la vieille dame le matin aussi et elle contenait les mots de menaces suivants :


Citation :
« Un homme viendra au crépuscule vous dérober votre vie par cupidité envers vos richesses, c’est un mage d’eau puissant. J’ai pris un risque en vous informant, aussi gardez cette missive secrète. »


Le garde du corps se retrouva donc en faction dans l’attente de la venue de son ennemi et le combat s’engagea au moment même où Lewyn bécotait Elodie. Il arriva en hurlant à tue tête :


« Je vais te tuer Elodie, il est où ce salopard de garde du corps ? »


C’était l’idée qu’il se faisait du boulot qu’on lui avait attribué et il s’en sortait relativement bien puisqu’il débarqua dans la pièce où j’avais caché la belle après avoir visiblement triomphé de son adversaire. Il se préparait à achever la servante quand il reçut une piqure à la nuque.


C’était une situation embêtante sans être pour autant imprévue car voici le raisonnement que se fit Lewyn :


« Si les deux finissent à égalité, je passe chercher les deux à l’entrée avec la voiture pour achever le travail. Si le garde du corps gagne, c’est tant mieux, mais si le pistolet à eau l’emporte, je devrais trouver le moyen d’expliquer sa disparition avec celle de la fille. »


On était manifestement dans la troisième éventualité. Aussi, Lewyn cacha péniblement les deux dormeurs dans les sacs avant de les traîner à sa voiture. Heureusement pour lui, on découvrit le corps inanimé de la bique flétrie et le cri inhumain qu’il entendit avait rallié l’assistance. Avant de sortir du bâtiment, il arracha les pans de tissus qui faisaient office de tunique pour le véhicule et dessous se trouvait la parfaite imitation d’une ambulance. De cette manière, il ne fut pas embêté par les barrages de police qui avaient été mis pour retrouver l’homme qui avait pris d’assaut la forteresse.


Il faisait nuit quand Lewyn eut l’occasion de retirer son déguisement et de reprendre son souffle ; ses deux victimes étaient encore profondément endormies. Il les plaça sous un arbre l’un en face de l’autre et mis un couteau dans la main de l’homme. Toujours ganté, il poignarda indirectement la femme avant de faire pareil avec sa seconde cible et les laissa face à face dans le dernier acte de sa pièce de théâtre ; celle qui racontait comment l’amoureux jaloux avait tué la femme qu’il aimait avant de se donner la mort. Plus tard, les journaux arriveraient à la même conclusion ajoutant au travail du jeune homme une ironie rafraîchissante.


Le lendemain, il avait remis la voiture en l’état et l’avait ramené à son louer. Il venait de laisser choir le dernier fil qui reliait ses doigts à ses marionnettes et le rideau venait de masquer le crime parfait.


Il ne put se renseigner beaucoup sur la nature du collier, une chose était sûre, chacun lui disait qu’il était empreint de magie indéfinissable. Par contre, il arrangea avant de revenir ses comptes pour céder sa fortune à Yutsuko Ami sans avoir rien fait d'irréversible, il comptait sur leur prochaine entrevue pour prendre une décision.


À Purple Bugloss, on ne pourrait que se pâmer de plaisir en écoutant son rapport, même s’il allait omettre de parler de son larcin. Quant à l’histoire de ce collier enchanté, il allait soulever une polémique avant que l’alliance puisse être entérinée.

   
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