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Ce texte est la suite de : Reprise

Enfin repu, il avait pu passer la nuit sous un toit, et avait même pu s’informer sur les derniers évènements à Fiore. En ce moment avait lieu une sorte de concours, sous forme de chasse aux monstres. Lui aussi avait auparavant eu des plans similaires, mais il ne se souvenait plus des raisons : certainement pas un concours en tout cas.

Il nettoya un peu son uniforme, pour être plus présentable. Il remercia ensuite vivement le vieux fermier et retourna à Era. Cette fois il prit un sentier que l’homme lui avait indiqué et y arriva sans se perdre.

Arrivant au siège du Conseil, les réactions furent partagées, entre stupeur et joie. Visiblement il s’était fait quelque réputation et quelques amis. D’ailleurs il fut franc dès le début, avouant son amnésie et ses faiblesses à son supérieur. Ce dernier se montra compréhensif, et accéda à sa requête de ne pas végéter pendant sa convalescence. Agon voulait travailler et cela tombait bien, car son supérieur avait précisément une tâche pour laquelle son « profil » était adéquat.
En effet, des soupçons pesaient sur la présence de traîtres dans l’armée. Le point de vue d’une personne loyale, mais amnésique était parfait, car il était sûr d’être objectif, se gardant de tous préjugés vu qu’il les avait oubliés.

Après avoir reçu un uniforme neuf, Agon partit donc vers la caserne, où s'entraînaient les soldats du Conseil. Le prétexte officiel, puisqu’il en fallait un autre qu’une inspection, était une remise à niveau physique. La reprise était censée être progressive pour ne pas créer de choc trop violent dès le début, le lieutenant en charge de l’unité à laquelle il avait été affecté.

Ce matin là, ils s'entraînèrent au maniement des armes à l’intérieur, alors qu’une opération était prévue plus tard dans la journée. Les compétences du mage du Conseil en la matière étaient basiques, mais il avait des réflexes et une agilité suffisant pour contrer la plupart de ses adversaires d’entraînement. En revanche sur les épreuves de force brute, il était nettement moins performant (si on exclut le déplacement de roches...). S’il s’en sortait bien, cela n’était de toute évidence pas une activité qu’il pratiquait souvent par le passé, car aucun souvenir marquant ne lui revint.

L’après-midi, ils chargèrent un équipement adapté, mais choisi entièrement par le commandant, les détails de l’opération étant gardés secrets et connus seulement de quelques gradés. Mais à voir ce qu’ils avaient, on pouvait deviner qu’il y aurait besoin de se dissimuler et qu’une intervention musclée n’était pas à exclure. C’était en majorité des tenues de civils, créées de façon à pouvoir porter une arme sans attirer l’attention. Déjà l’esprit d’Agon était hyperactif, cherchant partout de potentiels indices sur le traître cherché par le Conseil. Regards suspects, crispation des membres, gestes maladroits. Au final, il était impossible de faire la distinction entre la tension due à la mission et celle potentiellement créée par la trahison. On pouvait même chercher ceux qui étaient particulièrement calmes, car sachant “mieux” ce qui les attendaient, mais là aussi il y avait trop de suspects potentiels pour commencer à tirer des conclusions.

...

Et voilà qu’à nouveau il était dans une vaste étendue de steppes. Mais cette fois, lui et les hommes l’accompagnant étaient arrêtés, bivouaquant. Autour d’un petit feu de bois, leur dernière réserve, ils mangeaient et buvaient. La déjà tombante nuit glaciale n’arrivait pas à abattre l’humeur de ces guerriers, dont les rires sonores et les bruits réchauffaient leurs coeurs harcelés par le gel. Seul lui était calme et silencieux, peut-être car il savait ce qui les attendait. Ou justement parce que son imagination le tournait vers ce qu’il savait ignorer de sa route future...

…

Au sein d’un petit groupe de 6 soldats en civils, il fut menés dans la zone de la ville où les commerçants se faisaient approvisionner en marchandises. C’était des entrepôts assez hideux, mais ils lui semblaient étrangement familiers pourtant.
Ils étaient censés chercher des produits qui avaient récemment été volés. Ce n’était pas si difficile, il suffisait de se faire passer pour un acheteur avec des exigences particulières, pour tomber sur les produits en question.
Ils finirent par y arriver, cependant il n’y avait pas de preuves à l’égard du vendeur, et donc il fut décidé de ne pas intervenir tout de suite. On pourrait saisir la marchandise au moment de la livraison en même temps que ceux qui la livraient. Remonter à la source serait facile ensuite.

Du moins c’est ce qu’ils croyaient. Au moment de la livraison, seul le vendeur à l’allure fourbe était présent pour leur annoncer qu’un “incident technique” avait empêché le convoi, qui devait être reporté jusqu’à une date encore inconnue.
C’était bien trop louche, et Agon entreprit de se séparer du groupe pour suivre discrètement le vendeur. L’obscurité aidant, il ne se fit pas remarquer, d’ailleurs le vendeur n’avait pas l’air soupçonneux.
Il se rendit dans un bar bruyant et agité, l’endroit idéal pour ne pas être entendu à cause justement des bruit de fond qui couvrait largement toute parole discrète. L’inconvénient pour ces bandits était que quelqu’un les suivant n’était pas remarqué non plus à l’intérieur. Il pouvait les observer assez tranquillement. Si c’était bruyant, la fréquentation était encore assez acceptable, donc il n’eut pas de mauvaise surprise. En revanche il n’entendit rien de ce qui se disait entre le vendeur et son interlocuteur, un homme aux longs cheveux noirs, aux yeux perçants et au menton agrémenté d’un bouc finement taillé. Cependant il aperçut un papier qui fut glissé par le vendeur, trop subrepticement pour n’être qu’une information banale. L’homme au bouc avait l’air d’être le criminel impliqué dans du vol ou du trafic de marchandise, mais ce qu’Agon cherchait était la preuve d’un traître au sein de l’armée. Il lui fallait ce papier à tout prix.
Il attendit que les deux compères se séparent pour suivre cet homme. Il marchait vite et serrait dans sa main C’était étonnant de le voir seul, avait-il les moyens de se défendre, par magie ? Il valait mieux ne pas prendre le risque. Agon se surprenait lui-même dans sa faculté à ne pas se faire surprendre pendant cette filature, c’était comme s’il connaissait déjà toutes les ficelles du métier...
Soudain, le geste qu’il n’avait osé espérer survint : l’homme chiffonna le papier et le jeta au sol. Agon attendit qu’il disparaisse pour s’en saisir et lire le message. Peut-être qu’il aurait fallu suivre cet homme plus loin, mais devant l’incroyable chance qu’il venait d’avoir, il s’arrêta là. Il n’y avait plus de doute possible : Quelqu’un l’avait informé, ou plutôt quelqu’un avait prévenu le vendeur, et c’est vers lui que devait se tourner l’enquête.

Agon revint au campement, écopant de 3 jours de corvées d’épluchage pour son “escapade” mais cela faisait partie de la mission. Il fallait maintenant qu’il prenne contact avec son supérieur direct, le seul en qui il avait plus ou moins confiance...

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