Cette jeune femme était des plus étranges. Pourquoi m'avoir suivi? Pourquoi s'intéresser à mon cas? Insister? Rester? Se confier? Parler? Je ne suis pas resté sur place bien longtemps car l'envie de me confier n'était pas présente. Je suis reparti avec un cliquetis de clés entre les doigts. Je n'ai plus rien à faire à Fiore, je n'ai plus personne vraiment. Je ressens le besoin de retourner auprès de ma famille à Bosco. J'ai besoin de prendre une pause d'aventure, de trouver quelque chose de stable à faire, à accomplir plutôt que de mettre sans cesse ma vie en danger. Celestia va me manquer, Bacchus manquera aux autres, mes potes reposent en paix et le reste, ils survivront. Je suis déçu de me séparer d'Abigail parce que c'était une fille très spéciale, mais je n'ai pas l'impression que j'aie été spécial pour elle.

« Hyun? Tu n'es pas avec notre fille adorée? »

Non, je ne suis pas avec elle. Elle n'existe pas, elle n'existe plus. Elle n'a jamais été votre fille, seulement votre jouet préféré, votre esclave pour vous enrichir. Je ne dis rien, je reste silencieux et je m'avance dans la maison gigantesque jusqu'à ce que j'atteigne leur salon où le père fume sa pipe en lisant le journal. Il fronce les sourcils en me voyant. « Qu'est-ce que tu fais ici? On t'a dit de ne plus jamais remettre les pieds ici! T'as été une mauvaise influence pour notre fille! » Je ne réponds toujours rien et dépose les clés sur la table du salon, me retenant d'exploser de rage devant des parents aussi égoïstes et superficiels. La mère, les mains sur ses bras appuyée sur le cadre de porte, et le père qui s'apprête à se lever pour me sortir de leur manoir de force.

« C'est tout ce qui reste d'elle. Respectez au moins son âme... »

La mère est choquée, le père est furieux. Elle veut savoir ce qui s'est passé, il veut me foutre une raclée, mais je suis déjà sur mon départ. Ils ne méritent pas de savoir. Je continue ma démarche presque de façon précipitée. Je ne veux pas avoir affaires à eux, je ne veux pas me battre avec lui, je veux seulement que pour une fois dans leur vie, qu'ils la traitent comme une fille, un membre de leur famille.

Je poursuis ma marche jusqu'à chez mes parents. C'est mon père qui ouvre et qui me regarde de bas en haut pour s'assurer que je n'ai rien de casser avant de me serrer dans ses bras et de me souhaiter un bon retour à la maison. Ma mère qui passe derrière lui avec un panier de vêtement s'arrête avant de se joindre à l'échange d'amour familial. Ça me fait du bien, j'en avais besoin. Il me fait entrer et me guide jusqu'à ma chambre qui n'a pas changée d'une miette. Ma petite soeur me croise dans le couloir et vient à son tour me serrer dans ses bras. Elle est contente que je sois revenu. J'entre dans ma chambre et ferme la porte derrière moi, me couche sur le dos sur le lit et je regarde le plafond.

Et maintenant?

Je me cherche du boulot. Barman apparemment me va bien. Je travaille au bar situé près de chez moi et je vis une vie normale. Ça me fait du bien, mais je ne sais pas combien de temps je vivrai comme ça. Je couche toujours avec celles qui s'offrent avec un sourire et c'est à se demander si un jour je deviendrai assez mature pour bâtir ma propre famille... Ma soeur a rejoint le bar où je travaille où elle est serveuse. Elle me taquine, mais au moins, notre vie est loin des dangers que j'ai vus de Fiore...