Titre : Rude crachat Crédit : bebebe ♥ Feuille de personnage Maîtrise Magique: (10638/35000) Mérite: (272/400)
Exubérance
« CE FRÉMISSEMENT INCERTAIN QUI, TOUJOURS, SEMBLE SUR LE POINT D'EXPLOSER »
« L'écarlate des yeux glisse avec attention d'un côté à l'autre en tentant de plonger le regard dans cet amas infini et sans forme que constitue la multitude de troncs, de sous bois, de branchages et d'irrégularités du terrain. Devant lui, la palette de marrons et de verts se fond en un horizon qui déjà est généreux s'il se laisse entrapercevoir l'espace de quelques instants. Là, dans le calme feint et le silence des bois, rien ne vient troubler les bruits épars des chants des oiseaux, le clapotis tranquille de cette petite rivière au devant et le froissement discret du souffle dans les cimes. Et pourtant.
Pourtant, il le sent, son instinct le lui hurle. Ça imprègne l'air, la terre, sa chair, comme une sensation diffuse et éphémère qui se laisse deviner par à coups, pleine d'incertitude et d'appréhension. Il y a là un parfum indéfinissable, celui d'un quelque chose qui laisse planer une méfiance latente, un quelque chose de profondément animal et farouche. Et ça suinte, ça s'insinue entre les muscles et les pensées, ça pénètre les os et les idées. Il le sent, Uriel, cette fragrance dans sa respiration, cette chose qui se dérobe, secrète, mais qui semble flotter alentours comme avec le seul désir d'être découverte.
A l'affût, il patiente, accroupi dans le creux d'un rocher. Un observateur extérieur se serait demandé pourquoi, quelle est cette chose qu'il semblait guetter, mais un observateur extérieur n'aurait pas pu discerner le musc subtil de la présence de l'une d'entre elles. Mais elle qui ? Ce n'est pas la première fois qu'il perçoit ce frémissement familier dans l'atmosphère, qui jamais ne s'approche des abords de la forêt, jamais ne se montre lorsque quelqu'un l'accompagne et toujours reste dissimulé dans les mystères du cœur de cette sylve qui court jusqu'à l'horizon. Le temps passe, s'étire, et puis, la chose semble s'atténuer rendre à la forêt sa propre vie, ses propres préoccupations. Le monde semble reprendre son souffle mais, quelque part, le jeune homme n'en est pas moins rassuré. Est-ce un nouveau stratagème ? Intuitivement, quelque chose lui chuchote de fuir, mais une fascination intense l'empêche de s'en aller et suscite en lui une obsession presque irrationnelle. Le chœur des voix s'est tu en son sein et semble ne pas réagir, tout juste présent là, aux bordures de la conscience. L'affaire qui s'en vient n'est pas de leur ressort, ça, le mage l'a bien compris. C'est une affaire entre lui et Kunugi, une affaire entre la forêt et cette dépouille humaine qu'il se traîne.
Alors il quitte son abri, l'oreille aux aguets, une certaine inquiétude dans le regard et le corps prêt à s'élancer si jamais. Au-delà de cette rivière c'est le territoire de la forêt, celui qu'il est interdit aux humains de franchir et, malgré cette appréhension qui foulait le cœur comme une angoisse éphémère, au fond, il savait bien que c'était un appel à la transgression. Franchissant le seuil de la rivière en sautant d'un rocher humide à un autre, il parvint de l'autre côté sans encombre et posa le pied sur la berge. Désormais, le voilà du côté interdit.
Un frisson incontrôlé court le long de son échine et assaille sa peau et ses muscles, brise le calme relatif des lieux et agite, en son esprit, la promesse d'une course nerveuse. Il y a quelque chose, en lui, quelque chose qui n'a pas sa place ici. Eux tous, mais aussi une partie de lui-même. L'un après l'autre, il s'y ferme, à ces figures faites de mystères opaques et d'une insondable volonté. Tour à tour, il ne reste plus que lui et lui seul. Alors il s'avance, prudemment au début, puis de plus en plus vite, court, s'élance, franchit sans comprendre le relief, les aspérités, ces dérobades traîtres qui semblent chacune tenter de le faire tomber. Il s'enfonce dans les secrets sacrés du lieu avec, à ses trousses, une peur irrationnelle dont il ne saisit pas l'origine. Peu à peu, plus rien n'a de sens, plus rien n'a d'importance, plus rien sauf la certitude de fuir ce péril anonyme qui fond sur lui droit jusque dans le cœur. Il fuit, jusqu’à n'en plus pouvoir, jusqu'à pousser son corps dans les derniers retranchements, l'adrénaline en surcharge dans ses veines, la sueur au front et l’œil ahuri de ces choses qui martèlent son esprit. Alors il se retourne et c'est une force formidable qui écrase son esprit, la force fascinante des choses de la vie.»
Sujet: Re: Exubérance Mar 5 Juil - 18:44
Uriel Rudraksha
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Titre : Rude crachat Crédit : bebebe ♥ Feuille de personnage Maîtrise Magique: (10638/35000) Mérite: (272/400)
ENTRAÎNEMENT 6000 et 7000 MM
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