Sujet: Somewhere only we know | Chris Ven 3 Juin - 14:10
Enya Taylor
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Titre : Ultimax Bourrinator Crédit : Bourrina Factory Feuille de personnage Maîtrise Magique: (29280/35000) Mérite: (1654/2000)
Somewhere only we know
''Mais venait-il de me dire que je possédais encore un fragment de son cœur ?'' - Abbi Glines
Je n’en ai plus pour longtemps, je le sais. Au début, j’avais commencé à compter les heures, les jours, puis les semaines et enfin les mois. Je mourrais petit à petit mais ce n’était pas d’une maladie quelconque ou d’un quelconque sort du destin, non. Je mourrais parce qu’il me tombe dessus toute la misère que j’ai semé. Il n’y a que récemment que j’en ai pris conscience, comme si soudainement, je m’en étais souvenue alors que j’avais commencé à oublier et à mettre cette idée de côté. Moi qui commençais tout juste à survivre aux emmerdes du quotidien. Je lui ai survécu à lui, à elle et à eux tous. Encore et toujours, je suis resté cette mauvaise herbe que l’on arrache sans cesse mais qui finis toujours par repousser malgré tout. Malgré les intempéries, malgré les coups de pieds, malgré ces mains venues pour m’enlever de ma terre. Je suis restée là.
Et puis il y a eu sa main.
Sous elle je suis resté cachée et j’ai poussée. Sous elle, quelque part, j’ai cherché une sécurité que je ne trouvais pas ailleurs et que je n’ai sans doute, jamais retrouvé ailleurs. Mais sous elle, j’ai commencé à mourir aussi.
Il ne le sait probablement pas et ne le saura qu’à la dernière minute, qu’au dernier moment, comme d’habitude. Il y avait des choses d’une évidence même qu’il ne voyait pas et des choses, parfois incompréhensibles, qu’il devinait non sans mal. Je ne l’ai sans doute jamais compris et je ne le comprendrais sans doute jamais mais ce que j’aimais c’était justement « ça ».
« - Alors ? T’as décidé ? - Non. Pas encore. - On t’a laissé du temps pourtant, il serait temps. - Je sais mais je n’ai pas de réponse à te donner pour l’instant, j’ai trop de questions en suspens. Moi aussi je veux des réponses, il n’y a pas que vous. - Tu sais, depuis quelques temps, tu es sur une pente glissante. Tu ferais mieux de te décider et vite. Si tu n’es plus capable d’assumer, nous on va voir ailleurs. - J’aimerais voir ça tiens, parce que ça va faire des années que vous vous êtes entichés de moi et que vous vivez grâce à moi alors un peu de reconnaissance de temps en temps, ça serait pas mal. - Depuis quand tu cours après ce genre de chose ? C’était le deal. Rappelles-toi. - J’étais gamine ! - Et alors ? T’as accepté, t’es liée avec nous, liée par les termes du contrat, c’est comme ça que ça marche. Tu remplis ta part du marché en foutant la merde dans ce monde, et nous on remplit la nôtre en t’aidant. - Pour ce que vous m’avez aidé … Je me demande si un jour ça m’a vraiment sauver la vie. - Sale ingrate. On t’a sortis de prison quand même ! Sans nous t’y serais encore. On t’a sauvé tes fesses de rouquine un bon nombre de fois ET on ne bronche pas quand tu oses nous lier à des humains comme ce type-là. - Lequel ? - Parce que t’en connais plusieurs ? - Bah…A ce stade…oui. Mais tu veux parler de Chris, c’est différent et ça ne concerne que Lilith alors ne généralise pas Lucifer. - De toute façon…Il ne nous reste plus beaucoup de temps. - Je sais. Laisse-moi tranquille maintenant. Je dois faire quelque chose. - Quoi donc ? Voir ton amant en douce ? Aller tuer des gens ? Voler une banque ? Chercher une sœur disparue ? - Ta gueule ! »
Balançant un coussin sur le démon, il disparait avant de se le prendre et ce dernier finit par terre, au milieu de la chambre.
Et alors toutes les images d’un passé refoulé reviennent.
J’ai quitté Blue Pegasus pour ça. Pour eux. Pour les satisfaire eux et leurs envies, leurs désirs. Je m’y suis pliée, jour et nuit. Maintenant, c’est l’inverse. Ils se plient aux miennes. J’ai aidé Chris certes, mais ce ne fut pas le seul. Il y en a eu d’autres, pas beaucoup, mais il y en a eu. Tout comme il y en aura d’autres.
Parce que j’en ai finis de cette vie épuisante où il faut vivre et courir dans l’ombre. Où personne ne nous approche sauf si ce n’est pour la prime. Où personne ne se soucie vraiment de nous en nous demandant « ça va ? » Au moins une fois. J’en ai finis de cette vie et de toutes les autres proches de celle-là. Etre à Isthar et être à Crime….C’est du pareil au même. C’est du mensonge, de l’hypocrisie grossière et de la manipulation. C’est toujours pareil à une différence près. Si l’on ment à l’un, il n’a pas moyen de le savoir alors que l’autre peu aisément nous violer le cerveau.
Dehors, le ciel a commencé à se couvrir et les premières gouttes de pluie commencent à s’abattre contre les fenêtres de la chambre. Dans la rue, les gens paniquent, courent, ils cherchent un abri.
C’est le moment pour moi de sortir. On dit bien que quand le chat n’est pas là, les souris dansent ?
Les premières flaques d’eaux apparaissent et je marche allègrement dedans, effaçant toutes traces d’un quelconque reflet pouvant me rappeler cette autre moi. Je suis trempée, mais je m’en fiche, quelque part, j’ai l’impression d’être lavée d’un poids que je porte depuis trop longtemps.
Si je le pouvais, je resterais là, au milieu de la rue, le visage tendue vers le ciel, les cheveux dégoulinant en arrière, et j’attendrais. J’attendrais que l’on me dise « ça va ? » et peut-être qu’à ce moment-là, pour la première fois depuis longtemps, je ne mentirais pas et je dirais : « Non, ça ne va pas. »