Quand on aime quelqu'un, on nourrit pour lui des craintes et des rêves. Il cristallise nos peurs et nos espoirs. Nos plus beaux élans naissent de cela. Ce lien nous anime, nous motive, nous porte, nous construit. La seule chose qui compte, c'est d'avoir quelqu'un pour qui espérer mieux. L'essentiel, c'est d'avoir quelqu'un pour qui trembler. Δ Gilles Legardinier.
Prenant quelques vacances loin de Golden, c’est la première fois depuis longtemps que tu sors du manoir et de l’île. Retour sur le continent. Jusqu’à présent, tu t’étais contenté de veiller un Roi malheureux et brisé mais le Roi s’en remettra et l’histoire continuera et tandis que Golden se relèvera et que la couronne brillera de nouveau, pour ta part, tu avais encore des affaires non réglée sur le continent.
Des affaires de famille.
Depuis Minstrel, il n’a plus été mention d’Enya Taylor ni de ses agissements extravagants. Les rumeurs l’avaient déjà enterrée mais tu sais que trop bien qu’on n’enterre pas une Taylor de cette façon. Elle reviendra, elle est sans doute déjà là…Et depuis cette histoire, trop de questions étaient restées sans réponses. Tu en avais besoin.
Vous aviez conclu, d’un accord commun, que malgré votre lien biologique, malgré votre ressemblance et malgré le fait que vous soyez les « dernières » de votre clan maudit, qu’il n’y aurait aucun contact ni aucune attache particulière entre vous. Jamais. Vous étiez différentes et aviez pris des voies opposées. Enya avait décidée de se racheter mais elle ne tiendra pas, elle-même l’a dit…Un jour viendra où tout reviendra noir autour d’elle et contrairement à toi, elle n’a pas toutes ces personnes autour d’elle. Oh oui, il y a des rumeurs la casant avec ce « maître » de guilde un peu suicidaire sur les bords car ils auraient été vus plus d’une fois ensemble mais on peut être avec des gens sans que cela puisse avoir une quelconque signification.
On peut être entouré sans vraiment l’être.
« - Aaaaaaah soleiiiillllll ♫ Tu m’avais manqué »
A force de passer des jours, enfermée dans le manoir, tu en avais oublié le son des vagues et l’effet du soleil sur la peau…Et dans les yeux.
Cheveux lâchés et tombant jusqu’aux fesses, lunettes de soleil sur les yeux, certains passants s’interrogent sur ton passage tandis que d’autres font mines de ne pas avoir croiser ton regard.
Certains pensent savoir qui tu es et d’autres sont loin du compte. Vraiment très loin. Tu n’es pas elle.
Si tu l’étais, tu aurais déjà tuer une ou deux personnes pour leurs regards plus que pervers et dégoûtant.
Et puis la journée passe et les heures s’entassent.
Une odeur légère s’élève dans les cieux et se frottent sous ton nez. Quelle odeur ! Mon dieu. Tu te diriges vers le barbecue en question et tu aperçois une silhouette…de dos. Elle t’interpelle, elle te rappelle quelqu’un.
Tiens on dirait…
Tu as à peine le temps de dire quelque chose qu’il s’adresse à toi en te souhaitant la bienvenue comme si tu étais une cliente sur un stand. Il ne te reconnaîtrait donc pas ? Comment lui en vouloir ? Vous n’aviez pas discuté plus que ça la dernière fois.
Mais tu te rappelles du fils du brasseur et de son humeur joviale et de son sourire enfantin.
« - Bienvenue ? Suis-je à ce point devenue une inconnue ou alors est-ce ta façon de me saluer alors qu’à notre première rencontre, tu m’as littéralement abordé pratiquement…Dans la même tenue tiens. Est-ce une habitude pour toi ? »
Quand on aime quelqu'un, on nourrit pour lui des craintes et des rêves. Il cristallise nos peurs et nos espoirs. Nos plus beaux élans naissent de cela. Ce lien nous anime, nous motive, nous porte, nous construit. La seule chose qui compte, c'est d'avoir quelqu'un pour qui espérer mieux. L'essentiel, c'est d'avoir quelqu'un pour qui trembler. Δ Gilles Legardinier.
T’as le droit à un « toi » en guise de salutations. Décidément, il avait de ces façons si particulières de saluer les gens que rien que de l’entendre te faisais déjà sourire. C’est vrai, tu n’es que « toi » et il n’est que « lui », vous n’étiez pas amis et encore moins proches. Vous vous étiez connu au détour d’une rue, au détour d’un bar, au détour d’un verre et au détour d’un….Ah non, ça on le garde pour plus tard. De plus, tu ne peux t’empêcher de sourire malicieusement quand il vient à se poser la question. Tu laisses un petit silence avant de t’approcher de lui, lui chuchotant dans le creux de l’oreille.
« - Je suis déçue. Tu ne te souviens pas de cette nuit fantastique ? C’était pourtant tellement incroyable. »
Il n’y avait pourtant rien eu. Jamais. Que ce soit avec lui ou avec un autre. Avec lui…ou avec cet autre aux cheveux d’or. L’homme fantasque. Zadig l’enfant. Mais tu préfères le laisser réfléchir et le faire maronner un petit peu. Il y avait bien eu ce bar et ces nombreux verres mais c’est tout. Tu es partie, dans l’ombre de la nuit, tandis qu’il dormait, bavant sur le comptoir. Sa tête enfantine à ce moment-là était à mourir de rire.
« - Pour tout t’avouer, c’est justement l’odeur qui m’a attiré jusqu’ici. Mais de là à ce que je tombe nez à nez avec toi, qui l’aurait cru hein ? Ahaha, comme quoi, le destin nous réserve bien des surprises. Et puis, tout à fait entre nous, elle me plaît bien ta tenue d’aventurier décontracté. »
Toujours avec ce même sourire enjôleur et coquin, tu t’éloignes de lui pour t’approcher de l’objet de tes convoitises. S’il y avait un choix à faire entre les hommes et la nourriture, c’est certainement la nourriture qui gagnerait haut la main sans même que tu n’ait à réfléchir sur le sujet.
Tandis que ton regard se perd sur l’océan, il t’invite à le rejoindre et à parler de toi. Que dire ? Cela ne fait pas si longtemps depuis votre première rencontre et pourtant, tu as l’impression que cela fait des années. Il s’est passé tellement de chose. Beaucoup trop de choses. Tu as retrouvé ta sœur, tu as détesté ta sœur, tu t’es battue contre ta sœur et puis il y a eu Adrien. Il y a eu Terence. Il y a eu Golden. Qui aurait cru que toi, la vertueuse, rejoigne un endroit comme celui-ci ? Qui aurait cru que tu t’aventures à ce point à Fiore alors que cela ne devait être que le temps de retrouver Enya.
« - Je ne sais pas par où commencer ahahaha, c’est gênant. J’ai envie de dire qu’il y a eu tellement de choses mais tellement rien en même temps, c’est assez bizarre. Mais si je devais résumer…Oui, si je devais résumer, je dirais que moi aussi maintenant, je suis une aventurière et que chaque jour est une aventure. Adieu les brocantes de grand-mère hein ? Ahahahahaha. »
Ton rire résonne et pourtant, dans tes dires, tu te rends compte que tu ne lui as rien dit. Tu ne lui as jamais vraiment parlé de toi. Pourtant, il ne fallait pas être fous pour savoir d’où tu venais ni de qui tu tenais. Tu te rends compte que tu ne lui parles pas non plus de toutes ces choses aussi bien affreuses que fabuleuses. Tu restes dans l’énigme, dans le mystère et ce n’est pas plus mal. Moins il en saura, mieux il se portera.
« - Disons juste que j’ai réussie à faire plus ou moins ce que je voulais depuis que je suis à Fiore. Et toi ? Mise à part partir à l’aventure en tenue d’Adam et chasser des rats ? Qu’est-ce que tu fais d’autres ? »
Ce n’est pas vraiment « qu’est-ce que tu fais d’autres » mais plutôt « quelles autres aventures as-tu à raconter ? » Quelque part, tu en étais friande de ces récits-là. Mais également envieuse. Toi aussi tu aimerais tout jeter et partir un peu à droite et un peu à gauche mais depuis le décès de la Reine, ce n’était plus possible. Tous les membres de Golden sont des espions, des infiltrés ou des diplomates travaillant à gauche ou à droite….Alors pour veiller sur le Roi, il ne reste plus que ce pauvre Terence et toi.