Entraînement.

Une journée de plus à être ici. Une journée de plus à me fondre dans la masse de cette foule. C'est tellement oppressant, tellement étouffant et différent. Comment passer d'une montagne si tranquille à un lieu comme celui-ci ? Peu importe là où je me trouve, les habitants me regardent étrangement, faute à cet accoutrement ? Pour eux, voir autant de petits hommes en uniforme, est-ce sécurisant ou encore plus inquiétant ? N'est-ce pas le signe qu'un nouveau malheur est prêt à arriver ? C'est un peu comme s'ils pouvaient le sentir. Cette ombre qui gagne du territoire. Impossible pour moi d'en deviner la nature ou l'origine, seulement, il est impossible que tout soit aussi simple, quelque chose arrive. Oui, ça ne fait pas le moindre doute.

Je marche sans vraiment me soucier des gens qui m'entourent, sans même prêter attention aux regards. Mes pieds manquent par moments de venir pincer le bas de l'uniforme, me faisant perdre l'équilibre. Que je hais cette tenue, bien que ce n'est peut-être qu'une question d'habitude.
Mes collègues ont décidés d'aller prendre un café, faire une pause. Une pause pour quoi ? Une pause de quoi ? Je soupire profondément - c'est exaspérant. Même leurs mentalités sont différentes. Pour ma part, rester à ne rien faire n'est pas une option, c'est donc ici, prêt du palais dont j'en observe la devanture éclatante, que je viens m'asseoir. Tout juste face à ce bâtiment qui inspire tant de confiance. Ma tête se relâche en arrière pour contempler le ciel. Ma nuque prenant appuie sur l'arrière du banc.

Cette situation me rappel ma conversation étrange avec ce brun. Ce long discours philosophique. Je ne sais même pas qui il est, enfin, ce qu'il fait. Il était plutôt sympa. - Je termine ma relaxation et vient poser mon menton contre mes deux mains. Eux m'observent, alors pour une fois, je vais en faire autant, je les regardent. Il y a tellement de sourires, tellement de joie qui se dégage de toutes ces silhouettes. Cela pourrait donner chaud au cœur mais étonnamment, cela m'inquiète plus qu'autre chose. Sérieusement...

J'aimerai pouvoir les sonder, les comprendre. Cette aura que je viens d'acquérir me sera très utile, mais si je pouvais l'amplifier, si je pouvais ? ... Mon esprit marque une pause pendant que mes yeux se ferment. Faisons un essai. Je dois focaliser mon attention sur ce qui m'entoure, c'est de cette manière que je suis parvenu à distinguer ce voile colorer la dernière fois, alors si je me concentre suffisamment, il n'y a pas de raisons pour que cela ne fonctionne pas. Je prends une grande inspiration, cherche à effacer ces bruits de pas incessants, ces discussions provenant de rencontres entre deux voisines ou ces bruits de charrettes. Ma concentration doit être au maximum. Toujours yeux clos, j'essaie de me le prouver à moi-même. J'essaie de me prouver et me convaincre que tout ces individus autour de moi, leurs sorts m'intéresse. Je m'intéresse à eux.

Dans l'obscurité de mes pensées jaillit alors des voiles qui dansent, je peu le ressentir. Certains plus lointains que d'autres. Certains sont très proches. Leurs couleurs sont fortement contrastés. Je souris. Toutes ces émotions, tout ces sentiments de ces personnes, leurs états d'esprits, je les perçois sans vraiment les voir. J'arrive à voir leurs déplacements, comprendre ce qu'ils ressentent. Alors - deux voiles d'un jaune pur s'approchent d'un peu trop prêt. " Yuuki, on y va ? " Mes yeux s'ouvrent et bien entendu, ce sont eux, ces deux abrutis heureux qui venaient de finir leur pause. " Je suppose que oui. " Me redressant, mes pas suivent les leurs, lorsque je ferme de nouveau les yeux je ne vois plus ces voiles, ce n'est qu'au bout de quelques secondes de concentration qu'ils réapparaissent, cela ce confirme - i see you.

If i lay here, if i just lay here.
Would you lie with me. And just forget the world ?