C'est un joli monde qui s'étend devant toi. Un joli monde brisé. Un monde où la mort est prédominante. Un monde où chaque instant est passé dans la crainte que la Faucheuse passe derrière nous et nous arrache notre âme. Un monde où rien ne va plus, où le bien devient le mal, et le mal devient le bien. Un monde où la souffrance prend le dessus. Mais personne n'y peut rien. Personne ne peut rien dire, rien faire face à cela. Du moins pas seul, pas à deux, ni même à dix ou cent. Ce n'est pas ainsi que l'on change la face du monde. Non.
Mais toi, Ruh, tu es juste là, à attendre que la vie passe. Tu te fiches de tout ça, ou du moins, tu essayes de ne pas y penser. Non pas que la vérité soit dure. Mais parce que tu sais que ce n'est pas grâce à toi que tout changera. Tu sais que tu n'es qu'une personne parmi tant d'autres. Tu penses n'avoir rien à faire dans ce conflit. Mais quel conflit, me diras-tu ? Le conflit entre la mort et la vie, entre le bien et le mal, entre le partage et l'égoïsme. Oui, le même que celui auquel tu fais face tous les jours, celui que tu détestes. Alors, Ruh, n'as-tu rien à voir avec celui-là ? Toi qui a grandi au milieu de tout ça ? N'as-tu donc aucun avis ?
Mais ce n'est pas grave. Rien ne sert d'y penser maintenant. Toi, tu es juste allongé, au bord de ce lac, a regardé les oiseaux passer. Tu t'en fiches un peu de tout ça pour le moment. Tu laisses juste le temps s'écouler et le vent te fouetter, à chaque instant avec un peu plus de violence. Tu es bien, là, à ne rien faire. Les bruits de la nature se font entendre, chaque instant. La pluie s’abattrait devant tes yeux, que tu ne bougerais pas d'un pouce. Tu la laisserais te recouvrir entièrement, t'enveloppant dans sa chaleureuse froideur.
Tu lèves ta main, cherchant à attraper les nuages qui noircissent au fur et à mesure que les minutes passent. Ou peut-être même les heures. Tu ne fais plus attention, tu t'en fiches. Que ce soit la mort, le bien, la haine ou quoi que ce soit d'autre, tu t'en fiches. Tu t'es juste créé ce petit cocon, autour de ton âme. Tu la panses avec douceur, comme si tu t'occupais de reconstituer un puzzle qui aurait eu mal, d'avoir à chaque fois être reconstituer pour être de nouveau détruit. Ton coeur, lui aussi, a besoin d'aide. Il a déjà été piétiné de nombreuses fois, dans ton enfance, puis en grandissant. Piétiné par la haine de l'Homme, mais aussi par leur ingratitude, leur insensibilité.
Mais aussi sauvé par l'amour, le partage et encore un grand nombre de qualités que certaines personnes possèdent. Tu ne sais plus où donner de la tête Ruh. Tu ne sais plus à qui tu dois faire confiance, ni même si tu peux, si tu as le droit d'ouvrir, de donner accès à ton intériorité. Tu ne sais plus si tu dois croire en ce qu'il reste de l'Humanité, ni même s'il y reste encore les ruines de celle-ci. Tu ne sais plus Ruh, tu ne sais plus rien et tu ne veux plus savoir. Parce que tu as trop souffert. Alors protège-toi juste, protège-toi de l'extérieur, mais aussi de l'intérieur. Ne te fais pas ronger par tes démons, tes souvenirs ou ton passé. Ne te fais pas détruire par qui que ce soit, à commencer par toi.
La pluie finit par s'abattre sur toi, sur le lac, sur les arbres. Elle s'abat juste, sans faire attention à ce qu'elle fait. Elle se fiche de ce monde, elle vit juste sa vie. Et toi, allongé sur ton côté droit, tu finis par regarder au loin, rabaissant ton bras, resté trop longtemps dans les airs, à chercher le ciel. Il y a cette personne là-bas. Tu n'arrives pas à distinguer s'il s'agit d'un homme, d'une femme, ou même d'une simple hallucination de ta part. Peut-être un esprit qui vient te parler, même ? Tu sais juste que cette personne, qui qu'elle soit, a les cheveux longs, d'une couleur que tu n'arrives pas à déterminer. Peut-être entre le rouge et le mauve ? Une couleur assez atypique, étrange. Tu te demandes même s'il est possible de naître avec cette teinte de cheveux.
Un sourire fend ton visage, quand tu te dis, que toi, tu as bien les cheveux gris, voire même blancs. Peut-être que cette personne pense la même chose que toi ? Peut-être qu'elle se dit que tu es toi aussi, quelqu'un avec une couleur de cheveux étrange. Peut-être que tu la connais, cette personne ? Mais non. Une telle chevelure t'aurait marqué, te laissant au moins une vision de cette teinte dans ton esprit.
Puis, il bouge. Ou elle. Tu le, ou la, vois s'approcher. D'un pas qui te paraît lent. Le temps semble s'écouler à une lenteur extrême. Mais qu'est-ce que le temps, à tes yeux ? Une valeur, une unité. Quelque chose qui paraît certain, comme incertain.
Un peu comme tes pensées, ces derniers temps. Certaines, ou incertaines.
Sujet: Re: « C'était un joli monde. Un peu brisé, mais joli. » ft. Alouarn Grimgorson Ven 4 Mar - 18:58
Alouarn Grimgorson
Click
Titre : Incestuous People. Hmm pchhh :perv: Crédit : Yuukiel Feuille de personnage Maîtrise Magique: (5345/35000) Mérite: (216/400)
Je suis un comédien Et je suis ma destinée !
PARTICIPANTS • Alouarn Grimgorson & Ruh Maye
Résumé • Eté 792, à venir.
C’était un joli monde
Je sifflotais un air de ma composition, alors que les chevaux avançaient d’un pas tranquille. Nous étions partis d’Hosenka il y a deux jours, et nous nous rendions à Rhynal. Nous y serions le lendemain si le temps le permettait. A dire vrai, assis à la place du conducteur, je regardais d’un air inquiet les moutonneux nuages noirs qui approchaient à grands pas. Nous avions quitté la troupe pour nous acquitter d’une mission qu’Isa nous avait confié. Je n’étais pas très rassuré d’être la seule caravane du convoi. Je n’aimais pas être loin de ma compagnie : une roulotte seule était une roulotte vulnérable. Par les temps qui couraient, il n’était pas bon d’être fragile.
Assis à mes côtés, mon grand frère regardait la carte : il avait meilleur mine que ces derniers jours. Il n’avait pas apprécié que je disparaisse durant la fête donnée par le comte Grimm. Il avait eu du mal à me croire quand je lui avais dit qu’il nous avait envoyé dans des histoires… Des contes… Et que je m’étais retrouvé à batailler contre la reine des neiges. Comment lui en vouloir ? Il faut dire que ce n’était pas chose courante que de se faire attraper de la sorte. C’était une façon comme une autre de piéger des mages. Je ne comprenais toujours pas son geste. Qui avait-il à saisir ?
Les premières gouttes se mirent à tomber alors que nous approchions du lac de Torha. Nous allions nous arrêter non loin de ce dernier pour que les chevaux se reposent. Ils en avaient bien besoin : nous n’avions pas vraiment fait de pause depuis notre départ d’Hosenka. L’idée que nous nous trouvions sur la route de bandits de grand chemin me perturbait au plus haut point, et je n’avais pas envie que ma famille souffre d’une quelconque manière.
L’orage gronda au loin et un éclair traversa le ciel. Les bêtes firent un pas de côté. Des hennissements se firent entendre. Je dus me résigner à descendre de mon perchoir pour prendre les chevaux par le harnais. Il fallait absolument que nous atteignons le promontoire : la route où nous étions était glissante et couverte de boue. C’était un terrain trop instable pour que nous puissions nous arrêter. La pluie se fit plus intense. Linus finit par ranger la carte et descendit à son tour pour venir m’aider à calmer les animaux.
Nous eûmes du mal à atteindre le lac : la gadoue avait rendu certains passages difficiles, et les roues avaient du mal à adhérer au chemin. C’est complètement essoufflé que nous arrivâmes au lac de Torha. La pluie formait un rideau intransigeant : il était difficile de voir devant soi. Je soupirais. J’actionnais les freins, et plaçais des cales derrière les roues tandis que Linus rentrait se réchauffer à l’intérieur. Je ne pouvais lui en vouloir : il avait été malade comme un chien pendant dix longues journées, et je lui avais causé beaucoup de soucis. Il était fatigué.
Alors que je détachais les chevaux, espérant, moi aussi, me retrouver bientôt à l’abri, j’aperçu une forme au loin. Elle était à même le sol et ne bougeait pas. Je n’y prêtais pas garde pour le moment, bien trop absorbé par ma tâche. Je nouais solidement les courroies à la caravane et fis basculer la mangeoire : elle était fermement attachée au côté droit. Elle était aussi longue que le mur et comportait deux bacs : l’un accueillait l’avoine, et l’autre l’eau. Je versais les céréales dans l’auge prévue à cet effet. Les bêtes se précipitèrent dessus. Je flattais leurs encolures avant de me munir de deux seaux en bois.
L’eau du lac sera bien suffisante pour les animaux. Je n’avais pas mieux à leur offrir : l’eau potable était plutôt rare lorsque nous n’étions pas près d’une ville, et ce qui nous restait nous permettrait de tenir pendant deux jours. C’était largement suffisant jusqu’à Rhynal. Curieux comme je l’étais, je me dirigeais, d’un pas léger, vers la forme que j’avais vu tantôt ! Je n’étais pas spécialement pressé, heureux de savoir que je pourrais bientôt me détendre ! Des flaques d’eau s’étaient formées de ci, de là. Je m’amusais à sauter dedans, éclaboussant ainsi copieusement les alentours et le bas de mon pantalon. Grand frère ne serait pas très content de voir l’état de ce dernier : la boue l’avait déjà bien tâché, autant finir le travail.
Je ne me rendis pas tout de suite compte que je m’étais dangereusement approché de la forme. Un peu surpris de voir un bras, je levais les yeux vers la forme en question. J’ouvris de grands yeux lorsque je me rendis compte que la patte en question appartenait à un être humain… Qui me regardait. Je restais, un instant, les bras le long du corps, la bouche ouverte, les seaux à mes pieds. Lorsque la stupéfaction fut passée, je m’accroupis, et tendis ma main vers la joue du jeune homme qui me faisait face. Un de mes doigts toucha sa pommette. Un grand sourire vint s’afficher sur mon visage : elle était un petit peu molle, et mon extrémité s’enfonçait un peu dans la matière lorsque j’y appliquais une pression. C’était amusant.
Une main s’abattit sur mon épaule, je sursautais. J’enlevais précipitamment ma main et me relevais. Je me retournais pour tomber nez à nez avec Linus. Il avait les bras croisés sur sa poitrine. Oups. J’allais passer un mauvais quart d’heure. Cela ne lui échappa pas que mon pantalon avait piteuse allure. Il regarda le jeune garçon allongé sur le sol, puis haussa les épaules avant de lancer :
❝ ▬ Vous allez tous les deux attraper froid si vous rester dehors. Ne trainons pas, un bon feu et un thé bien chaud nous attendent à l’intérieur. ❞
Un sourire illumina mon visage. Je répondis :
❝ ▬ C’est vrai ? Je peux garder le monsieur qui fait semblant d’être mort ? Astrid ne va pas être contente du tout si on ramène encore un inconnu à la maison ! ❞
❝ ▬ Même si ma femme a un caractère bien à elle, je suis sûr, qu’au fond, elle ne voudrait pas qu’on laisse quelqu’un dans le besoin. Et puis, il n’y a rien à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde. Et, je suis sûr que tu seras content de te faire un nouvel ami ! ❞
Je m’accroupis à nouveau à côté du jeune homme, et me mis, de nouveau, à jouer avec sa joue. Je lui adressais quelques mots en ces termes :
❝ ▬ Monsieur, faut pas rester là ! Vous allez tomber malade ! C’est tout moche d’être malade ! On a le nez qui vomi de la morve ; mal au ventre à en rester des heures avec Jules : les toilettes seront même heureuses de vous voir régurgiter par devant ou par derrière, parfois même les deux, du moment que vous lui donnez sa pitance ! Le seul truc cool, c’est que vous restez au lit toute la journée et, si vous avez de la chance, on vous raconte même une histoire ! Moi, j’aime bien être malade… Enfin, pas tout le temps… Parce qu’après c’est nul de devoir prendre des médicaments ! Grand frère, c’est un médecin, et même que c’est le meilleur, mais il n’est pas très commode quand on doit prendre le sirop pour guérir ! ❞
Linus me coupa dans mon élan :
❝ ▬ Je suis sûr que tu as encore beaucoup de choses très intéressantes à nous dire, mon grand, mais je me dois de te rappeler que la pluie n’est pas spécialement notre amie par le froid qui court ! Finissons nos tâches, et continuons cette discussion à l’intérieur de la caravane ! ❞
❝ ▬ Mais, grand frère, il faut que je le prévienne pour le sirop ! ❞
❝ ▬ Ne sois pas si dramatique, mon grand, c’est un remède comme un autre. Et puis, tu refuses de prendre quoi que se soit sous une autre forme que de la poudre dans de l’eau ou, justement, du sirop. Alors, ne fais pas ta fine bouche, et allons chercher de l’eau pour les chevaux. ❞
Je tirais sur la manche du jeune homme.
❝ ▬ Monsieur, faut venir ! ❞
Je m’assis finalement par terre, les fesses dans une flaque de boue. Linus, les bras croisés, finit par taper son front d’une main, et lever les yeux au ciel en comprenant que je n’étais pas prêt à laisser notre interlocuteur. A dire vrai, il s’inquiétait plus pour ma santé et mon pantalon, qui allait être dur à récupérer. Je gardais un sourire naïf, mais heureux, sur le visage. J’étais tout content d’avoir un nouvel ami. Je ne lui avais pas demandé son avis et, à dire vrai, je ne comptais pas le solliciter sur ce point. Je ne comprenais pas pourquoi il n’avait pas bougé en me voyant arriver : il avait l’air, à ce moment-là, bien trop occupé avec ses propres pensées. C’est possible d’être pris par ses idées qu’on ne réagit pas à l’approche de quelqu’un ? Et si j’avais été plein de mauvaises intentions ? Je secouais la tête. Ce n’était pas cool d’être méchant.
❝ ▬ Moi, c’est Alouarn, Alouarn Grimgorson. Lui, c’est Linus, Linus Baxter. C’est mon grand frère. Il est que à moi, mais je veux bien le partager un peu avec toi. Mais vraiment que un tout petit peu. Il a un cœur grand comme ça, mais il faut déjà qu’on se le partage en trois… A l’intérieur de la caravane, il y a Astrid, c’est sa femme, pas la mienne, hein ! Moi, je suis amoureux que d’Isaiah… Bon, il ne le sait pas encore… Enfin, je ne crois pas ! Mais, un jour, peut-être… Enfin, voilà… Je… ❞
J’étais devenu aussi rouge qu’une tomate trop mûre. Je secouais vivement la tête avant de reprendre :
❝ ▬ Et il y a Joshua. Joshua c’est un gentil petit bébé. Je suis son tonton. Il est mignon tout plein, et même qu’il aime bien manger… Comme moi ! Tu aimes manger ? ❞
Linus finit par attraper les deux seaux qui m’encadraient pour se diriger vers le lac. Je me relevais péniblement (la boue ne m’offrait pas de prise stable), et courus le rejoindre, oubliant presque mon nouvel interlocuteur. Je pris un des récipients, glissant ensuite ma main dans la sienne. Nous remplissâmes en silence les bassines. Alors que nous commencions à nous diriger vers la caravane, je m’arrêtais, me tournait vers mon nouvel ami et lui fis signe de nous suivre :
❝ ▬ Ne reste pas là, monsieur ! Tu seras mieux avec nous ! Il y a toujours de la place pour des invités ! ❞
Puis, je continuais mon chemin. Je ne connaissais même pas son prénom. A dire vrai, pour le moment, je n’en avais que faire. Je lui poserais la question en temps et en heure. Le plus important, c’est que nous rentrions au chaud nous changer. Je voulais absolument lui montrer l’intérieur de la roulotte. Elle était magique : elle était beaucoup plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur. C’était un peu comme le sac d’Hermione Granger : la caravane recelait un nombre incalculable de secrets, et j’aimerais les partager avec mon invité.