C'est la date que je redoutais il y a quelques mois de cela. Cette date où n'importe quel père voudrait célébrer l'anniversaire de son enfant. Pendant ces longues semaines où j'ai cru qu'on me l'avait enlevé pour la vie, j'étais anxieux de ne plus jamais célébrer cette date avec lui. Chaque jour je m'étais dit qu'il me reviendrait vivant et que j'allais leur faire payer. Plus le temps avançait, moins je trouvais logique que le Conseil m'ait pris mon enfant comme ça. Jamais ils auraient pu avoir accès à l'extérieur de Fiore comme cela sans se faire intercepter par la douane. Ça ne ressemble pas au Conseil. Je sais très bien qu'ils avaient une méthode particulière pour régner à leur façon sur le pays, mais de-là à forcer un homme de sa cachette en sachant très bien où il se cacherait... ils auraient foncé avec une armée des meilleurs mages.
Mon fils a fini par parler de son périple au sein des mafieux et grâce à ses informations, j'ai pu les repérer et les faire payer de ce qu'ils m'ont fait subir. Je m'étais promis de ne plus jamais tuer, mais là c'était une exception que je devais faire et cette exception faisait partie des raisons de quitter Fiore. J'avais tué une fois de trop... une fois de trop qui ne méritait pas d'être pardonnée, qui ferait de moi un traître auprès de Jellal, un assassin sans coeur ni âme aux yeux des autres. J'ai décidé de tous nous isoler de nos crimes et du danger. Les avatars comprenaient cette façon extrémiste de se débarrasser des choses comme cela qui ne peuvent pas être pardonnées. Ces mafieux ne pouvaient pas sortir de prison après quelques années en cage. Ils ne regrettaient pas leurs gestes et ne pensaient qu'à dominer tout ce qui se trouve autour d'eux.
Me voilà dans ma cuisine juste derrière Fred qui me paraît un peu trop enthousiaste de l'anniversaire de mon fils. Elle pose les derniers fruits, plante les chandelles et les allume avec un sourire aux lèvres comme j'ai rarement vu. J'ai eu du mal à me l'avouer. Avec la peur des femmes que j'avais il y a des années de cela, Fred n'est guère apparue dans ma vie au bon moment. C'est en croisant Enya et la mère de Kai que je me suis résigné, que je me suis dit qu'une femme ne pouvait pas faire de mal quand elle avait des sentiments purs. Chaque fois que je croisais son regard, je le voyais dans ces yeux. Je voyais que ça brillait au-delà de l'apparence, qu'il y avait ce quelque chose que je n'avais pas retrouvé chez Enya, jamais. Contrairement à elle, Fred n'a jamais cherché à s'éloigner de moi peu importe la raison au contraire, elle a toujours cherché à se rapprocher un peu plus. Avec cette phobie que j'avais avant, ça me forçait à m'éloigner d'avantage jusqu'à carrément déserter.
Je l'ai déçue, elle et Jin. Pourtant, les deux sont encore là, à mes côtés. Jin est dans la salle à manger à discuter avec Kai et de la façon dont il pourrait draguer les filles. Fred prend le gâteau dans ses mains et se tourne face à moi. Ces étincelles dans ses yeux brillent plus que jamais. C'est ce qu'elle a voulu depuis le début et moi j'y ai jamais rien vu. Malgré tout ce que je lui ai fait subir émotionnellement parlant, elle reste accrochée. Malgré qu'elle m'ait giflé à nos retrouvailles, sa façon d'être n'a jamais valsé d'un côté ou d'un autre. Elle a toujours su rester droite et fidèle à elle-même. Elle me tend le gâteau en me dépêchant: «
Vite! Prends-le avant que la cire n'atteigne le gâteau! » Je souris en secouant la tête. Je prends le gâteau et me rends à la salle à manger. Jin éteint les lumières, Fred me suit de près et nous sommes tous là à chanter un joyeux anniversaire à Kai. Je pose le gâteau juste devant lui, il ferme les yeux et souffle les bougies. Les lumières s'ouvrent, il regarde autour de lui et soupire.
«
Qu'est-ce qu'il y a Kai, t'aimes pas le gâteau de Fred? »
«
Non c'est pas ça... j'aurais aimé que Tonton Chris soit là avec nous... juste pour aujourd'hui... »
Nous échangeons un regard, je soupire, je remets en question ma décision de tous les avoir attirés ici avec nous. Peut-être que la civilisation ne lui aurait pas fait de tort à mon fils. Même s'il a vu Chris peu de fois dans sa vie, vouloir le voir à son anniversaire signifie quelque chose... son annonce dans la lacryma-vision ne l'a certainement pas laissé indifférent... nous non plus d'ailleurs.
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