On dit qu’elle est revenue. On murmure que certains l’auraient aperçus un peu à droite et à gauche. On chuchote que son ombre pèse sur la ville.
Les rumeurs volèrent jusqu’au creux de ton oreille tandis que tu avais commencé tes recherches personnelles pour savoir si oui ou non, elle était toujours en vie. Longtemps tu avais porté cette dette, cette reconnaissance envers cette femme pour t’avoir tirer du mauvais pas dans lequel tu étais, longtemps tu avais porté cette marque gravé au fer rouge sur ton torse qui signifiait que d’une quelconque façon, tu lui appartenais et que tu lui appartiendrais toujours. Il était dur que de se défaire de son emprise, de son influence ou d’elle-même. Elle était là, constamment, gravée sur ton cœur, menaçante. Elle était là, comme surveillant la moindre faille pour resurgir comme un vieux cauchemar venant par moment te hanter. Pourtant ce mauvais rêve avait enfin prit fin. Depuis quelques semaines maintenant.
Enya Taylor n’était plus là. Elle n’était plus que cette rumeur que le vent colportait sans cesse avec lui, voyageant de ville en ville, de tavernes d’ivrognes à bar d’arsouilles. Enya Taylor n’était plus qu’un mythe.
Chaque matin, depuis son départ soudain, tu pris soin de vérifier la marque de la guilde sur ton torse. Chaque matin, tu vis son reflet dans la vitre de la salle de bain. Chaque matin, il y avait ce rappel constant qu’Enya était bien trop têtue pour mourir. Vous ne saviez pas où elle était partie ni si un jour, vous l’aurez en face de nouveau, elle ne vous a laissé que cette lettre et quelques instructions à suivre. La fermeture de la guilde était une décision que vous aviez votez un peu par hasard, chacun désirant faire sa vie à lui. Chacun désirant avoir son espace de liberté.
Pourtant, la vie au manoir commence à te manquer. Le bruit te manque. La face d’abrutis de Noah te manque. Beaucoup de choses te manquent. Le sourire d’Oméa te manque. Cet air sournois et ce sourire plein de perversité et de débauche, signifiant bien des choses te manques.
Mais tu avais décidé de rejoindre la milice. Tu avais pris cette décision dans le besoin de faire les choses autrement. Tu ne voulais pas avoir la mort d’innocents sur la conscience, tu ne voulais pas être un de ces terroristes comme Ajatar Virke, comme Oméa. Tu voulais…Non pas sauver le peuple, mais te sauver toi-même. C’était égoïste mais c’était raisonnable.
Mais malgré toutes ces belles résolutions, que l’on finit toujours par ne jamais respecter, tu t’étais rendu à Rhynal. Tu savais ce qu’il y avait là-bas…Ou ce qu’il n’y avait plus du moins, tu en avais entendu parler, au détour d’un couloir. Dans la lettre également. Tu savais qu’Enya avait grandie ici et qu’un jour, elle reviendra ici, d’ailleurs, les ivrognes disaient qu’elle était là mais malgré des jours de recherches, aucune trace.
Certains affirmaient qu’elle était déjà loin, partie depuis longtemps. Alors tu arrives trop tard.
Tu ne souhaitais pas spécialement la revoir mais il était resté au plus profond de toi-même, ces quelques questions en suspens. Ces quelques questions qui demandent des réponses. D’être tirées au clair. Tu voulais savoir, sans entrer dans les détails. C’était juste une soif de curiosité mal placée. Rien de plus.
Alors en attendant, tu étais venu voir cette pièce de théâtre. C’était l’adaptation d’un livre que tu avais lu il y a longtemps maintenant. Tu voulais savoir quelle actrice tiendrait le rôle de la princesse des gemmes. Quelle actrice incarnerait la pureté, l’innocence et le courage…Tant de valeurs que les femmes d’aujourd’hui ont perdues.
Et le spectacle fut une surprise. Le livre avait été tellement bien que tu avais été septique mais l’adaptation fut un chef d’œuvre.
En sortant, de la représentation, tu t’arrêtes à ce petit café en face. Il n’y avait pas foule en terrasse…Il y avait seulement cette fille, devant. Il y avait seulement cette frêle silhouette juste devant. Elle était là, comme au milieu de nulle part.
Elle était là, comme si le temps s’était arrêté pour elle. Comme si le temps l’avait emporté.
« - Puis-je vous aider mademoiselle ? »
Il n’y avait personne qui semblait l’avoir remarqué, comme si toi seul l’a voyait. Comme si toi seule, pouvait l’aider ou même l’accompagner…Aller savoir. Tu ne sais pas trop pourquoi tu es allé vers elle, c’était comme instinctif.
Mais te voilà à côté d’elle à attendre que le temps reprenne son cours, la libérant de ses chaînes.
Sujet: Re: Les Chaînes du Temps | Lilith Ven 20 Nov - 20:57
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Les chaînes du temps
“ft. Robin Marshall”
T
a journée commençait bien. Tu t’étais préparé, pensant que cette journée aller être bondée en rebondissement. Mais ... Non, tu avais juste marché, jusqu'à un paysage que tu ne connaissais pas. C’était beau, même magnifique, mais tu étais perdue. Paniquée, tu n’avais rien fait. T’étais juste restée sur place, pour un bon moment. Alors, tu partis en quête d’une ville, pour enrichir ta carte. Mais, ça avait mal commencé. Toujours paumée dans ton champ, tu avais invoqué bêtement ton esprit de Jade, le dragon, pour qu’il te guide, avec son sens de l’orientation céleste. Bon, faut l’avouer, t’y croyais pas. Mais bon, qui ne tente rien n’a rien, comme on dit.
G
uidée par ton esprit du Dragon, tu marchais, en admirant le paysage, pour parfois, faire des croquis, ou te mettre à chanter tout ce qui te passer par la tête, le paysage t’inspirant rapidement. Mais vite, l’ennui venait t’embêter. C’était pourtant une belle journée ... A traîner dans les champs. Ton esprit te ramenant à la réalité, tu étais triste, de peu de chose, mais tout de même. Tu allais quitter ce territoire de liberté, pour finalement aller dans une ville, que ton fabuleux esprit t’avait trouvé. Comme quoi, les étoiles bah elles sont pas forcément paumées. Ou du moins, pas autant que toi. Ton esprit, ayant réussi sa tâche, rentra dans son monde, pour t’abandonner à ta solitude. Solitude, qui est plutôt apprécié, mine de rien.
R
hynal, s’appelait ta destination. Ton esprit avait bien fait son boulot. Tu murmuras tout doucement des mots gentils à sa clé, sachant qu’il les entendrait. Cette ville, était, dans l’espace temps. Comme les autres. Mais, tu ressentais cette excitation, comme quand tu découvrais quelque chose ... de nouveau. Pourtant, cette ville était d’une banalité incroyable. Rien que le fait d’être là te donnait l’impression d’être une fille aussi nulle que cette ville, malgré sa beauté. Tu avais « peur ». Peur d’être comme cette ville, sans éclat. Non, tu ne supportais pas ça. Les gens n’avaient pas le droit de te retirer ton éclat. C’était le tien. Il était caché, enfouie dans le cœur de chacun. Dans le fond, tu es naïve. Jeune fille frêle et sotte. Comme une enfant. Mais tu t’en fiches, tu brille pour ton innocence, pas pour ta force. Puis, après rude réflexion sur toi-même, un homme vient te tirer de tes pensées. Il s’approche de toi, avant d’élever la voix.
« - Puis-je vous aider mademoiselle ? »
Il est plutôt grand, ou du moins plus que toi. Il a une allure ... étrange. Tu ne pourrais pas la décrire, comme si ses pensées brouillaient les tiennes. Bah, tu t’en fiches, et te contente de lui répondre, non sans un petit rire d’enfant.
« Hein ? Oui, pardon ... J’étais perdue ... Quelque part dans ma tête. Je crois. Oui, c’est ça. Je suis à Rhynal, n’est-ce pas ? »
Et voilà. C’était tout toi, ça. Te faire passer pour une folle devant le premier bel homme que tu croises. Car oui, malgré son aura un peu pesante, tu le trouvais ... quand même vachement bien foutu. Bon, un peu grand pour toi, mais bien proportionné quand même.
Elle finit par lever la tête, son regard croisant le tien. Elle finit par lever la tête, remarquant ta présence à ses côtés alors qu’elle s’interroge sur sa destination. Elle ne devait pas être du coin, comme beaucoup de monde, la ville ayant été désertée après les attentats. Peu de gens s’attendaient à croiser une foule monstrueuse à Rhynal et il n’y avait là, que les vestiges d’une gloire passée. Il ne restait rien. Plus grand-chose. Plus grand monde. Il n’y avait que les vieux du village et les imbéciles pour rester ici. Il n’y avait rien ici. Juste des ruines, des cœurs en peine et des âmes damnées par l’enfer lui-même.
Pourtant, au milieu de tout ça, elle était là. Petite et fragile. Elle était là, se tenant fier et droite, imprégnant les alentours de sa présence mais comme une fleur au milieu d’un champ, personne ne la remarque. Tout le monde lui passe devant, derrière. Personne ne remarque sa détresse. Personne ne remarque ses yeux cherchant une aide, quelconque. Personne, sauf peut-être, une personne elle-même en détresse.
Elle te regarde et finit par rigoler avec cette joie non cachée que l’on ne retrouve que rarement depuis un certain temps. Les gens ont oubliés de vivre. Les gens ont oubliés comment s’amuser et profiter de la vie…Pourtant, ce petit bout de femme, elle était l’exemple que la vie continuait mais qu’il ne fallait pas pour autant oublier.
Alors tu souris, amusé par sa remarque, sans doute, ou par son comportement joyeux et optimiste. Peut-être juste un mélange délicat des deux.
« - Se perdre dans sa tête nous fait parfois prendre conscience à quel point le monde est insignifiant comparer à tout ce qu’il se trouve à l’intérieur de nous non ? »
L’imaginaire. Les pensées. Le cerveau humain n’était qu’un vaste monde d’images, de flux en tout genre. Il y avait dans la tête de chacun, assez de place pour caser tout un univers. Un univers à chaque fois différent. A chaque fois varié de par ses couleurs et ses acteurs.
« - Vous êtes bien à Rhynal, en revanche, si je puis me permettre… si vous cherchez quelque chose je peux sans doute vous y conduire ou vous y indiquez le chemin ? Vous cherchez un endroit particulier ou vous êtes là uniquement pour le tourisme même si je doute qu’une ville comme celle-là soit l’endroit rêvé pour une telle activité. »
Au fond de toi, ta propre remarque te fait rire. Enya t’avais parlé de la Rhynal d’avant. De cette ville autrefois joyeuse, de ces marchands ambulants hurlant sur chaque trottoir. Elle t’avait parfaitement dépeint le paysage de son enfance alors qu’il ne semblait plus y avoir une trace aujourd’hui. Les gens continuent de vivre dans la peur. Chaque jour, se demandant si se lever était prudent. S’ils ne risquaient rien. Si, enfin, les coupables de ces affreux incidents allaient être arrêtés ? Mais comment faire ?
Ajatar avait plus d’un tour dans son sac. D’abord le Palais Royal et maintenant les bombes et qu’est-ce que cela sera la prochaine fois ? La prochaine fois que ton regard, se posera sur la peau d’ivoire et les boucles dorées d’Oméa ? Que ferras-tu quand vos yeux se recroiseront dans cette folle danse qu’est la passion ? L’arrêteras-tu ? Permettras-tu ne serait-ce qu’un instant que cette femme, se retrouve, piégée au milieu de 4 murs ? Derrière des barreaux ? Cette pensée ne t’était même pas envisageable. Elle était cette rose…rouge, sanglante aux épines mortelles. Au parfum de la mort.
Alors que ce petit bout devant toi était juste cette fleur sauvage, surgissant de nulle part. Elle était juste ce petit bout de soleil au-dessus des nuages. Elle est de celle que l’on veut arracher à la terre pour lui épargner les caprices de Dame Nature.