Cela vous est déjà arrivé n’est-ce pas ? Cette sensation de fatigue alors que vous vous réveillez à peine. Cette sensation qui vous cloue au lit, comme s’il ne fallait absolument pas que vous vous leviez. Cette sensation qui vous hurle, au plus profond de vous, de ne pas affronter la journée qui arrive. Cette sensation qui vous fait de l’œil, vous retenant, pieds et mains liées alors que vous étiez juste là, fixant le plafond au-dessus de vous. Il y avait des jours comme celui-là. De nombreux jours d’ailleurs. Plus on y pense et plus on se dits, chaque matin, qu’il n’y a aucune raison que l’on se lève de notre lit…Parce que c’était cette petite chose, cette « raison » qui était également notre motivation. C’était ce pourquoi on vivait. Ce pourquoi on s’accrochait si durement.

Sur la table chevet, en te retournant contre l’oreiller, tu aperçois un livre, retourné. Les pages étaient jaunes, les bouts cornus et une étrange odeur de vieillesse s’en dégageait. Les vieux livres sont comme les vieux humains : ils puent. C’était pas méchant. C’était seulement un constat.

Au pied du lit, il y avait ta chemise et plus bas, par terre, ta veste. Un petit coup d’œil passé à la va-vite sous la couette te fais remarquer que tu as dormis avec ton pantalon et tes chaussettes. Ah. Affreuse soirée. Tu t’en souviens. Tu te souviens de cette femme. Tu te souviens de cette tigresse.

Tu étends le bras mais tu ne sens pas son corps. Elle n’était plus là. Il n’y avait plus aucune trace de son passage. Elle avait tout simplement disparue. Tu ne te souviens même pas de ce nom. Tu sais seulement qu’elle était trop saoul et que tu l’as couché dans ton lit, dormant à côté d’elle. C’est vrai. Affreuse soirée. Les femmes n’avaient aucune tenue quand elles buvaient et manquaient clairement de charme et d’élégance.
Au bout de plusieurs minutes, tu finis par te lever ayant cette impression d’avoir fait la fête pendant trois jours d’affilés sans avoir pu fermer l’œil une seule fois. C’était horrible. Vraiment horrible. Tout tourne et tu manques plusieurs fois de trébucher par terre, te retenant à quelques meubles par-ci, par-là. C’était quand la dernière fois que t’as joué au veilleur de nuit ? C’était quand la dernière fois que ton propre reflet réussissait à te faire sursauter ?

Ce n’est arrivé que durant ces rares nuits où Mia était malade. Cela durait des jours parfois. Elle a toujours était faible, toujours à se battre contre quelque chose mais elle avait ce courage d’au moins tenir le défi. Chose que tu ne partageais pas.

Tu restes prostré sous la douche un moment avant de recouvrer tes esprits et une fois dehors, tu cherches une nouvelle chemise et un nouveau pantalon. Pas un truc digne d’une apocalypse de zombie, chose que tu finis par trouver en te battant avec la porte de l’armoire.

« - Tout va bien monsieur ? Vous avez une mine affreuse !
- Oui, oui, je vais parfaitement bien. Je sors prendre l’air… »

Même l’aubergiste se faisait du souci pour toi. Même l’aubergiste avait peur de toi. Tu l’avais vu..Sa réaction. On aurait dit qu’il venait d’apercevoir un fantôme.

Dehors tu marches plusieurs heures à travers la ville et petit à petit, ce malaise te quitte. Petit à petit, tu as l’impression de pouvoir respirer à nouveau, comme un second souffle de vie. Dehors, tu te réveilles.

Il y avait au coin de la rue ce café servant les meilleures brioches du monde et rien que l’odeur alléchante attirait petits et grands. Tu entres sans tarder avant qu’il n’y ai foule et qu’il n’y ai plus de brioches. Cela serait dommage de rater les brioches.

Tu commandes un café au comptoir puis au loin, contre la fenêtre, il y avait cette tête brune. Ce regard vide. Tu te rappelles de ses traits enfantins. Tu te rappelles de cette détermination qu’Enya a brisée. Tu te souviens d’elle. De son regard sur le monde. Tu te souviens de cette fille, la fille du vent. Elle entrait quelque part, secouait tout et repartit immédiatement. Une véritable petite tempête.

Alors tu t’approches d’elle avec ta tasse et tu finis par tirer la chaise en face de la sienne avant de la saluer d’un geste de la main.

« - Yo ! Ca faisait longtemps ! »

Tu te souviens que tout le monde avait été dur avec elle. Tout le monde, sauf toi peut-être mais il ne fallait pas se voiler la face, cette fille est bien mieux dehors, profitant et jouissant de sa liberté plutôt que subissant le joug d’Enya. Si tu savais la chance que tu avais. Si tu pouvais, ne serait qu’imaginer, la liberté que tu détiens.

Si seulement tu pouvais comprendre…Ce qu’à l’époque aurait pu passer pour le pire des gestes. La pire cruauté. Si seulement.

Tu le ressentais. Son malaise. Cela était aussi visible qu’un nez au milieu d’un visage. Tu le ressentais au plus profond d’elle-même, comme des excuses silencieuses. Pensait-elle toujours à ce qu’il s’était passé ? Pensait-elle toujours à Joya ? Etait-elle seulement hantée par les mots d’Enya ? Enfin, qui ne ferait pas des cauchemars en pensant à Enya ? Pourtant, quelque part, tu avais eu de la peine pour elle mais tu ne pus que comprendre le geste de feu ta maîtresse.

« - Je te remercie, j’ai déjà ce qu’il faut. Un petit café bien costaud qui réveillerait même un mort ! Ahaha. »

T’essaye de lui faire penser à autre chose. T’essayes de lui montrer que tu n’étais pas cet autre, plein de préjugés et de ressentis. Les erreurs, cela pouvait arriver, malheureusement. Elle en avait commis une ou deux et elle avait été chassée, loin de vous. Loin de ceux qui pourraient, au fond, comprendre la personne qu’elle était ou qu’elle aspirait à être.

Tu te grattes la nuque, gêné qu’elle puisse voir ton manque cruel de sommeil.

« - En fait, j’ai voulu aider une femme hier, je ne la connaissais même pas tu vois ? Le genre de femme un peu pompette après une soirée. Je crois que j’ai l’impression d’avoir fait la fête toute la nuit à sa place. C’est dur. »

Tu ne sais même pas pourquoi tu lui racontes ça, ta vie. Tu ne sais même pas si ça l’intéresse ou si c’était juste une question par pure politesse pour ne pas à avoir à subir ce silence pesant de deux êtres, ne se connaissant pas plus que ça. Tu ne serais certainement pas aller vers elle si tu n’avais pas vu ce visage déchiré par la solitude au fin fond du café. Tu ne serais certainement pas aller vers elle si tu n’avais pas vu ce cœur broyé par l’abandon du genre humain.

Alors tu bois ton café, en gardant les yeux sur elle avant de reposer ta tasse et de soupirer. Les plaies du monde. Les maux du cœur.

« - Tu sais Orihime, tu n’as pas à faire semblant tous les jours. Si tu veux pleurer et hurler ta peine, ta haine ou ton chagrin au monde, fais-le. Tu penses à Joya n’est-ce pas ? T’as dû croiser Enya récemment et je parie qu’elle ne s’est même pas donner la peine de prendre des gants avec toi. Elle est dur mais je crois qu’elle t’as rendu service. Je ne veux pas me mêler des affaires des femmes, je tiens à ma petite existence et à ma pauvre vie mais…Tu peux vivre ta vie sans être hanter par ça. Les bourdes ça arrive à tout le monde. Regarde-moi par exemple ! Je suis l’erreur par excellence ahaha ! »

Tu ris tout seul, dans ton coin, parce que tu te dis que peut-être, elle comprendra. Peut-être qu’elle vera que tu n’es pas cet être-là. Tu n’étais pas de ceux qui jugés, ni de ceux qui critiquaient mais bien de ceux qui essayaient de comprendre. Parce que personne ne s’est assis 5 minutes avec elle. Parce que personne ne s’est donné la peine de l’écouter. Personne n’a essayé de comprendre les tourments de son cœur, déjà malade à l’époque.

Elle porte en elle, des blessures, qui, sans doute, ne guériront jamais. Qui laisseront à jamais une vilaine cicatrice déformée. Elle porte en elle, ce poids du monde, ces responsabilités qui nous incombaient à tous. Elle porte en elle, cette haine, envers elle-même sans aucun doute. Celle qui nous ronge et qui nous tort de douleur, la nuit, dans nos rêves les plus virulents.

Elle n’était que tristesse et ressentiment envers elle-même.

« - Tu es une jolie fille et tu as bon fond, tu devrais relever la tête au lieu de regarder machinalement la table avec cette anxiété qui un jour, te boufferas. Je ne suis pas psy mais je peux au moins t’écouter. Comme je viens de te le dire, si tu as quelque chose à crier, fais-le. »

Tu lui souris, tout simplement. Peut-être parce que le monde, a juste oublié de lui sourire, temps à autre.

Et finalement ça sort. Des mots propulsés comme pour signifier un ressenti gardé trop longtemps au plus profond d’elle-même. Des mots venus, de loin, du cœur. S’en suivit ses larmes. Tu t’en doutais que sa route avait croisée celle d’Enya, on la disait de retour à Fiore depuis un bon bout de temps maintenant et encore aucun ancien d’Echoic ne l’avait revu. Sauf elle peut-être. Alors tu ne dis rien de plus, tu la laisses s’exprimer alors que sa colère contre elle-même ou contre le monde, se retrouve éparpillée au milieu des regards indiscrets.

Tu finis par te lever, l’attirant dans tes bras, appuyant sa tête contre ton épaule.

« - Je sais. »

C’est tout ce qui sort. Tout ce qui finit par être dit, comme une réponse à sa prière silencieuse. Un chez soi, des amis. Autant tu as autrefois perdu l’un, autant tu n’as jamais pu accepter la présence de l’autre. L’être humain n’était fait que de défauts et de torts, capables du pire comme du meilleur mais généralement, il brille quand il faut blesser autrui. Le genre humain est dégeulasse, impitoyable, égoïste, individualiste et tous autres synonymes pourraient convenir. C’était la guerre du cœur, la bataille de l’amour et ça, il n’y a encore personne pour se déclarer vainqueur.

Personne ne gagnait sur ce terrain-là. Tout le monde finissait par souffrir. Comme Orihime.

Tu retournes t’asseoir sur ta chaise, lui souriant tandis qu’elle te questionne sur la fin d’Echoic et ton futur.

« - Je ne dirais pas que je suis de bon conseil mais je sais prêter une oreille attentive devant le cœur meurtri d’une demoiselle en détresse. Que veux-tu ? Cela doit être le syndrome du preux chevalier. Ahaha ! »

Réfléchissant à sa question, tu t’interroges sur ce que tu as fait depuis que tu as abandonné le manoir avec tous les autres. Tu te demandes ce qu’eux sont devenus, ce qu’ils font…Si, le soir, ils regardent le même ciel étoilé que toi. Tu n’as jamais compris le concept de « l’amitié » et tu as toujours refusé de te lier avec les êtres gravitant autour de toi mais depuis Echoic, les choses ont changées. En bien. Comme en mal. Ils se sont introduits de force dans ta vie, que tu le veuilles ou non. Ils t’ont hurlés dessus, t’ont balancés des coussins à la figure, t’ont défiés. Ils ont fait toutes sortes de choses pour toi. Pour te permettre de voir que même chez les « méchants », le monde n’était pas tout noir et qu’il n’était pas que destruction et souffrance. Il y avait de bons côtés.

« - Pour te répondre honnêtement, je n’ai pas fait grand-chose. J’ai personnellement décidé de fermer Echoic, enfin, ce fut une décision collective mais on va dire que j’ai littéralement fermé la porte derrière nous. Après, je suis resté dans le Sud de la région un moment, j’ai rencontré une femme qui cherchait Enya…Elle était belle. Vraiment. Le genre de femme se cachant derrière sa beauté mais étant aussi brisée qu’un miroir. Je me demande d’ailleurs si elle l’a trouvée, enfin je pense que oui. Puis après maintes et maintes réflexions, bah, j’ai décidé de prendre ma vie en mains et je suis allé voir du côté d’Arcadia. La milice royale. »

Peut-être que cela était un peu trop paradoxale pour un ancien membre d’Echoic Roar et un ancien camarade d’Enya Taylor que de prétendre à intégrer la milice, Silver Sword, mais les attentats et tout ce qu’il se passe, tout ce mal qui ronge le pays de l’intérieur, ça t’as fait réfléchir.

T’avais envie d’aider et puis être du côté de la milice est certainement le moyen le plus rapide que tu connaisses pour recroiser la route de tout le monde. Cela pourrait être drôle. Même si Noah te sauteras à la gorge dès qu’il l’apprendra. Et il l’apprendra, le moment venu.

« - Cela peut paraître bizarre d’entendre ça mais même si j’ai apprécié faire partie d’Echoic et que je suis reconnaissant pour tout ce que tout le monde a fait pour moi, je ne cautionne guère la façon d’agir. Joya m’a ouvert les yeux. Je veux aider les autres, certes, mais pas comme ça. Pas en causant plus de mal. Chacun souffre assez. »

Tes yeux se retournent naturellement vers la fenêtre, vers l’extérieur, vers le monde. Comme si de ta petite chaise en bois, tu pouvais voir le monde et ce qu’il te réservait. Comme si tu pouvais voir l’avenir fait de bonnes surprises comme de mauvaises.

« - Je crois…Que tu es la première personne à qui je parle de ça. Je ne dis pas que je voulais le cacher parce que cela ne sert à rien de cacher une telle chose mais j’évite généralement de parler de moi. Principe même dans un monde en proie à une guerre à l'information. »

Alors tu reposes les yeux sur elle. Sur ses joues roses, ses yeux rougis par le chagrin qu’elle essaye de dissimuler mais trois larmes ne guérissent pas un cœur qui veut se noyer dans les torrents des rivières.

« - Et toi alors ? Tu dis que tu vagabondes mais n’as-tu pas une idée ? De ce que tu aimerais faire ? Le monde est grand, je viens de loin, je peux te l’assurer. Pourquoi tu ne voyagerais pas ou tu ne pars pas à la recherche d’une guilde ou d’un groupe ? Cela peut paraître prétentieux de ma part de m’avancer sur un terrain que je ne connais pas parce que, je ne te connais pas, mais si tu cherches un endroit où tu as une réelle existence, peut-être que ce genre d’associations peut t’aider… »

Tu lui tends ta main, retroussant les manches de ta chemise.

« - Et puis, si jamais tu te perds, sache que là, quelque part, il y aura toujours une main prête à t’aider ! »

Il y avait quelque chose de dérangeant dans ses propos concernant Silver Sword. Quelque chose, qui ne correspondait pas à ce que tu étais ou à ce que tu voulais y faire, si jamais tu réussissais à intégrer la milice. Monter en grade ? Pourquoi faire ? Faut-il monter en grade pour réussir à aider les gens ? Faut-il souligner la nécessité d’avoir des hommes sous ses ordres ? Pas forcément. Tu n’arrives déjà pas à te gérer toi-même alors une poignée d’hommes et de femmes ? Impossible. Cela serait trop gênant. Tu ne te voyais pas, que ce soit plus tard ou pas, comme un haut gradé. Ce rôle, tu le laissais volontiers à quelqu’un d’autre. Quelqu’un de plus qualifié certainement. Quelqu’un autre que toi.

Pour autant, tu souris quand elle te dit qu’elle était fière. C’était léger et timide parce que quelque part, ses paroles résonnèrent comme l’écho des paroles d’une mère. « Je suis fier de toi ». Il faudrait être fier de tous les gens se donnant au maximum, chaque jour, pour aider partout où il était nécessaire d’aider. Il faudrait être fier de tous les mages du coin et du pays, peu importe les gaffes qu’ils ont commises. Il faudrait être fier de ceux, qui prennent leurs vies en main. Ce sont de ces gens-là qu’il faudrait être fier. Pas de toi prenant une décision aléatoire sur un pseudo coup de tête.

Mais bon, passons. Tu n’étais certainement pas là pour parler de toi et de toute cette histoire tordue ou pas mais tu étais curieux de connaître, le temps d’un café, l’histoire d’Orihime, la femme brisée.

Elle parle de sa sœur, une jumelle et elle parle d’un peu tout le monde. Il y avait des noms que tu connaissais, d’autres non. Qu’importe. Les noms accompagnés de leurs visages. C’était drôle comme certains pouvaient te faire sourire ou que d’autres t’angoissaient un peu. C’était drôle cet effet qu’avait le genre humain sur les autres l’entourant.

Alors le petit bout de femme s’en va, part aux toilettes. Geste typiquement féminin. Cela te laisse un moment de répits pour penser, tout seul dans ton coin en attendant son retour. Tu repenses à tout ce que vous vous êtes dits et à elle. A ce qu’elle ressentait. Tu n’avais jamais pris la peine de discuter aussi longtemps avec elle…ou avec quelqu’un d’autre. C’était étrange.

Au bout de plusieurs minutes, elle finit par revenir et la catastrophe survient dès qu’elle rentre dans la pièce principale, comme si un nuage de malchance trônait perpétuellement au-dessus de sa tête. Tête couverte de toutes sortes de choses à présents alors qu’elle se confond une nouvelle fois en excuse.

« - C’est pas grave, je l’avais bientôt finit de toute façon ! La tête que tu as ahaha ! Aller, je crois qu’il est temps que quelqu’un te sauve à ton tour. »

Tu te lèves, en gloussant encore suite à cette série de désastre et tu la tires vers toi en attrapant son poignet. Tu payes l’addition et tous les dégâts sans te gêner.

« - Bon, vue que tu es une petite boule de catastrophes, tu vas m’attendre 5 minutes dehors, je vais faire un tour dans le magasin en face, je n’en ai pas pour longtemps ok ? On va t’acheter de quoi te changer. Tu ne peux définitivement pas…Rester comme ça ! Ahaha. »

Tu la poses sur un banc public, la détail vite fait du regard et devine approximativement sa taille. Dans le magasin en question, les conseils avisés d’une vendeuse te sont d’un grand secours. Cela te rappelle les nombreuses fois où tu faisais les courses pour Mia. Ta sœur n’a jamais été capable de faire les courses d’elle-même, même quand elle fut en âge de le faire, préférant te laisser choisir.

Quelques minutes plus tard, tu reviens vers elle avec un sac sur le bras, tout sourire.

« - Direction, la douche maintenant ! Tu me suis ? Je suis désolé de t’entraîner partout comme ça mais bon, je crois que la situation nécessite l’urgence. »

Vous retournez dans ton hôtel et tu l’entraînes dans ta chambre, posant le sac sur ton lit tandis que tu lui montres où se trouve la salle de bain, trouvant une serviette propre dans l’armoire.

« - Bon, je te laisse te débarbouiller de partout maintenant. Dès que tu as finis, tu me dis, je te passe les affaires et tu n’auras plus qu’à t’habiller ! Je n’invite pas beaucoup de femmes dans ma chambre désolé mais j’ai plus ou moins l’habitude de prendre soin d’elles…Si tu as un souci, n’hésite pas, je serais juste-là »

Tu sors un livre de ta table de chevet et tu entres-ouvres les pages, te laissant bercer par le doux son de l’eau qui coule.

Ce qu’il ne faut pas faire pour ses dames, je vous jure.

Le temps passe. Les minutes défilent. Une page se tourne, puis une autre et enfin une dernière avant d’entendre des bruits suspects dans ta salle de bain. T’en viens à te demander si cette fille sait au moins prendre sa douche sans devenir un danger public ? Enya avait-elle vue ça chez elle ? Cet écriteau écrivant « Coucou, je suis une catastrophe ». Sans doute. Elle voyait parfois plus chez les gens qu’elle ne voulait bien l’admettre. Alors tu souris en l’entendant. Tu souris en écoutant le raffut pas possible qu’elle met partout.

Un peu plus et tu serais contraint d’entrer dans la salle d’eau à ton tour pour voir si elle ne s’est pas assommée avec le pommeau de douche, chose qui n’est pas passé loin.

Elle finit par sortir, en serviette et cette dernière finit par tomber tandis que tu détails son corps frêle sans te gêner. Tu ramasses la serviette sans sourciller ni sans détourner le regard pour autant.

« - Tu n’es pas la première femme nue que je vois Orihime, pas besoin de t’affoler. C’est cool, pas de panique. J’aidais souvent ma sœur avec son bain alors bon, je suis plus ou moins un habitué de ces petites frasques du hasard. »

Tu finis par lui tendre le sac de vêtement et par reprendre ton livre entre les doigts en attendant qu’elle s’habille. Là encore, toute une histoire.

« - Inutile de me rembourser les frais pour le café ou les vêtements, vois ça comme un cadeau. Accepte-le comme tel c’est tout. »

Lui souriant amicalement, tu repenses au corps frêle et nu de la jeune fille. Elle s’entendrait bien avec Mia. Toute aussi désastreuse qu’elle. Peut-être qu’un jour….

Puis naturellement en pensant à ta sœur, t’en viens à penser à la sienne.

Une sœur jumelle ? C’est étrange ? Tous les mages de ce pays étaient-ils faits par pair de deux où cela constituait juste le plus grand des hasards ? Enya et sa sœur. Noah et ses frères. Orihime et sa sœur. Cela en fait du monde qui gravite autour des gens que tu connais. Enfin Noah compte pas…C’est le septième fils d’une grande famille et il n’a jamais vraiment aimé parler de cette dernière. Comme si suivre Enya, lui a permis de tirer un trait définitif sur cette partie de sa vie. Comment pourrait-on vouloir ou même souhaiter oublier d’où on vient ? Toi ta vie, c’était Mia. Elle représentait tout. Tout ton monde, tout ton univers. Absolument tout. Tu te ferais esclave rien que pour ta sœur.

« - Je repense à ce que tu me disais sur ta sœur et tes petites aventures. Tu n’as pas la moindre trace d’elle non ? Peut-être pourrais-je t’aider ? A Silver Sword ils doivent bien avoir deux ou trois infos ou des rapports. Je pourrais me renseigner et te tenir au courant si j’ai du nouveau de mon côté. Cela peut t’avancer et te soulager un peu de savoir que tu n’es pas toute seule dans cette grande folie hein ? »

En regardant à droite et à gauche, tu remarques que tu n’as rien à lui offrir et sur l’instant, tu hésites quelque secondes. Etait-ce vraiment une bonne idée avec tout ce qu’il venait de se passer quelques minutes plus tôt ? Faut-il tenter le diable ?

« - Je vais chercher Enya. Quand j’aurais fait ce que je veux. Je vais la chercher, j’ai des affaires à elle. Puis après…Je chercherais les autres. On a promis de se revoir. Tous. Tu n’auras qu’à venir si on arrive à se retrouver, ça peut être cool et puis si Enya te fais peur, t’auras qu’à te cacher derrière moi. Je te protégerais. »

Un silence s’installe quand tu percutes ce que tu viens de dire puis tu rigoles tout seul dans ton coin.

« - Comme une princesse dans un château. Je serais ton chevalier parce que tu sais, une fille comme toi, faut en prendre soin. Sinon, elle tombe sur les mauvaises personnes…Comme moi. »

Et dieu seul sait que tu n’étais pas quelqu’un de fréquentable sur une longue durée. Dieu seul le sait….