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des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits ▬ daryan
 MessageSujet: des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits ▬ daryan   des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits  ▬  daryan EmptyVen 23 Oct - 13:23

Abigail Phoibos
Abigail Phoibos

Indépendant Légal

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LES ADIEUX
Abigail était assise dans les vestiges de sa chambre, les souvenirs entassés dans sa tête était comme une tempête sans fenêtre – ils jaillissaient par milliers et s'écrasaient contre son esprit qu'ils mettaient en lambeaux. Chris ne lui avait pas dit mais ce n'était qu'une question de temps. Il lui avait laissé le temps de se remettre de cette longue absence, mais les couloirs de la guilde étaient déserts, ils étaient devenus un cimetière où les songes et les espoirs avaient été enterrés afin de ne plus voir le jour.
Abigail n'imaginait pas l'ampleur de ce que ça pouvait être, elle ne se le concédait pas. Les limites de son imagination n'atteignait pas ce qui pourtant été vrai.

Elle se leva et se dirigea vers des étagères. Son doigt caressa le bois et elle observa la poussière qui épousa les courbes de son empreinte, son silence résonna en un écho ténu dans la pièce. Les pas de Chris furent sa seule réponse quand elle les entendit dans son dos. Il était là, il n'aurait sûrement pas souhaité être là pour annoncer la mort. Personne n'aime être son messager ni son commanditaire. Pourtant Chris était le messager d'un fardeau qui allait bouleverser le monde d'Abigail. Il devait s'en douter. Son monde à lui s'était effondré comme un château de carte.
C'était imminent.
Comme une explosion.

_ Ça fait longtemps, je ne pensais pas que tout resterait intact. 

Ses paupières se fermèrent comme un rideau de cinéma pour contempler ses plus beaux souvenirs ici. L'ombre d'un sourire se dessina sur ses lèvres mais il s'écrasa au sol comme s'il s'agissait d'un vulgaire mirage.
Un léger soupir et elle se décida à lui faire face, délaissant la poussière et les pensées derrière.

_ Chris. 

Ne faisons pas patienter ce jeu qui leur est insupportable à tout les deux.
Même si un trou noir se formera dans la poitrine d'Abigail et qu'elle n'aura que les poings pour tarir sa rage qui grondera comme un orage douloureux. Dis-lui Chris, ôte lui les doutes qui jaillissent, assassine ses espoirs avec la lame de la vérité.
Dis-lui que Bob est mort, qu'il n'y a plus de Blue Pegasus, que l'espoir s'est envolé, disparu, et contemple son monde s'écrouler dans une cascade de violence. Dis lui que Légion l'a maudit et que sa mort a des cheveux écarlate, qu'elle s'appelle Scarlet.
Dis lui qu'il y aura un échappatoire à ce traquenard qu'on nomme le deuil même si elle refusera pertinemment de t'écouter, dis lui que le monde continue de tourner et de vivre.
Même si toi non plus tu n'y crois pas.

_ Que s'est-il passé ?  

Elle lui fait totalement face. Sa tête pivote vers la fenêtre pour observer les paysages une dernière fois et oublier.
Elle est les braises rougeoyante d'un feu trop vif. Un être humain rongé par les flammes que Légion anime depuis bien trop longtemps. Elle s'en veut d'avoir quitter Blue Pegasus ; d'avoir disparu dans les limbes du temps pour s'oublier dans un passé qu'elle n'aurait jamais du rencontrer au détour d'une rue. Elle observe Chris, elle lui laisse le temps de structurer ses mots qui lui courent sur la langue. Elle l'observe, attend patiemment l'annonce qui lui explosera au visage comme une pierre lancée.
Mais on ne peut jamais s'échapper du Destin, il finit toujours par traquer et vous retrouver, comme une Mégaira qui chasse les crimes impunis pour ensuite vous entraîner dans la mort. Lui il vous attrape pour vous entraîner dans la vie et prouver que vous êtes bien vivants.
Abigail ne savait plus si elle était encore en vie ou bien si elle s'était trop approchée de la mort pour se sentir vivante.

_ Dis-moi tout. 

Son poing se serre légèrement sous les palpitations de son angoisse, ses phalanges sont prêtes à exploser tant elles reluisent dans leur teinte d'ivoire.
Fais-vite Chris.

(c) AMIANTE
 MessageSujet: Re: des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits ▬ daryan   des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits  ▬  daryan EmptyMer 25 Nov - 18:56

Daryan C. Illunar
Daryan C. Illunar

[M] Weer Lopen

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des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits
/ click si tu veux être triste /


S’il y a bien une chose dont je me souviens le jour où Blue Pegasus a arrêté d’être une guilde, c’est d’avoir espéré un long instant que certains resteraient dans leurs chambres le temps de trouver l’herbe plus verte ailleurs.
Nous étions dévoués, corps et âme, à cet endroit. Lui tourner les talons trop tôt n’a été qu’une insulte aux âmes de ces lieux, celles qui nous hantent de façon bénéfique depuis ces jours. Mais nous étions trop tristes pour écouter les murmures de notre raison, nous étions bien trop occupés à prétendre comprendre les cris de nos cœurs.

Je monte les escaliers. La rambarde est poussiéreuse ; j’évite de m’y accrocher. Lorsque j’arrête mes pas, que je regarde derrière moi – littéralement – je vois le flot de lumière traverser la porte principale et découvrir les particules de poussière dans l’air. Ce que m’inspirent ces lieux, dorénavant, c’est la tristesse. Il ne manque plus qu’une douce mélodie pour parvenir à apaiser nos âmes en pleur, nous inviter à nous asseoir dans un coin, peut-être sur une marche, puis lever les yeux au plafond et verser mots et larmes à ceux que nous aimions. Nous en aimions beaucoup.


Ses doigts jouent avec la poussière accommodant les meubles. Ces deux choses ne font plus qu’une. Je la regarde et m’impressionne à admirer ses traits ; Abigail Phoibos est belle, ses paroles sont crochues. Je ne sais pas comment répondre à ses mots, je ne sais pas comment ne pas la heurter. « Dis-moi tout. » J’avance vers elle, écris quelques lettres dans la poussière du meuble. Le nom de « Bob » s’image pendant que je regarde la noble sœur d’âme qui m’a été possible de rencontrer. Je plonge mon regard dans ses yeux, l’arc sourcilier déformé, de profil, mon doigt toujours sur le dernier trait de la lettre finale.

Je peux la ressentir, la compréhension qui afflux dans ses pensées, les émotions dans ses yeux. « Legion l’a capturé et transformé en bête inhumaine. Après avoir détruit le Conseil de la magie dorénavant fermé, pendant qu’Ajatar Virke attaquait et menait à mal le pays, ils ont relâché ce qu’il restait de Bob à Rhynal. » Je fais un pas sur le côté, droit, devant Abigail, plus grand, je la regarde la tête baissée, m’approche d’elle, ne sachant si je dois la prendre dans mes bras comme elle l’a déjà fait trop souvent sans réciprocité, ou quitter la pièce. Je commence à lever mon bras, à approcher ma main de son épaule, et puis je la remets en place le long de mon corps. Je regarde dans son iris, honteux, et j’arrache le dernier pansement dans un murmure cassé qui pèse sur le silence dont la pièce s’imprègne. « Erza Scarlett l’a tué. »




© Fawks
 MessageSujet: Re: des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits ▬ daryan   des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits  ▬  daryan EmptySam 2 Jan - 22:08

Abigail Phoibos
Abigail Phoibos

Indépendant Légal

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LES ADIEUX

« Bob est mort »

C'est un crachat à la figure des contes de fées, un coup de poing qui désire être une caresse, une suffocation consentie même en respirant. C'est comme boire la tasse par les narines et vivre sa noyade jusqu'à l'infini. C'est le trou noir et béant au fond du cœur, une léprose qui se décompose comme une fleur fanée, c'est ce qui lui perce les poumons à répétition, griffe la trachée, écorche les joues jusqu'aux tréfonds de la gorge et qui lui racle le palais. C'est comme si tout son corps était un cimetière, comme si son cœur avait oublié de battre, aspergé par des coulées d'acide qui se dévalent comme un torrent ardent à l'intérieur des veines et font naître la Haine. L'océan de ses yeux s'assèche et son regard devient aussi brûlant qu'un volcan en éruption. Ses lèvres se tendent comme un arc et tremblent comme la colère d'un tremblement de terre.
Abigail est morte, poignardée par la lame des mots de Chris. Comme si à chaque syllabe le poignard s'enfonçait un peu plus dans son ventre. Elle sent les éclats de sa haine s'éparpillait au fur et à mesure de ses expirations.
Il y a beaucoup trop de Mégaira dans l'atmosphère.

Abigail pense à l'écarlate de ses cheveux, à la reine des fées, celle dont le coup a assassiné le père. Celle qui a ôté l'espoir de le voir un jour. Ses dents se plantent dans la chair de ses joues – elle n'arrive pas à se calmer, son âme s'emporte comme un tourbillon de ressentis, de violence chuchotée. Elle pivote dos à Chris, scelle douloureusement ses paupières et ses deux mains se posent sur le bureau. Elle ne l'a pas vu, mais ses ongles sont entrées à la moitié de sa paume et laisse filer un ruisseau d'hémoglobine carmin le long de ses phalanges pâles. Ses épaules vibrent sous sa colère triste.

Mais avant qu'elle ne puisse exploser, Abigail reprend le peu de contenance qui lui reste pour éteindre les braises du Pandémonium qui enflamme son âme.

« Qu'est devenue Légion ? »

C'est comme si le déluge s'abat à chacune de ses syllabes, martelant la violence calme dont elle sait faire preuve lorsqu'elle se sent prête à céder à la colère. Brutalement, elle se tourne vers Daryan.

«  Des noms. Est-ce que tu as les noms ? »

Est-ce que tu as les noms de ceux qui nous ont rendus orphelins ? As-tu les noms sur lesquels je pourrais griffer mes plus profonds regrets ? Regrets de ne pas avoir témoigné de la mort d'un père parti déjà plusieurs semaines, alors que toi, tu étais endormie dans de la neige, ayant déjà perdu l'espoir.

Alors elle s'approche, comme si à chaque pas elle pouvait se rompre comme une poupée de porcelaine. Du dos de sa main, elle caresse la joue de Daryan pour lui insuffler l'énergie qu'elle vient d'égarer quelque part, qu'elle ne trouvera sûrement plus. Parce que c'est terminé, la douleur est bien trop vive pour qu'elle puisse s'imaginer vivre.

«  Pardonne-moi de ne pas avoir été là pour toi quand tu en as eu besoin. Pardonne-moi pour avoir subi tout ça seul, Daryan... »

Son front se posa contre l'épaule de celui qu'elle estimait bien trop pour le considérer comme un simple ami. Il était plus, un frère d'âme, c'était quelque chose de beau qui les unissaient. Elle murmura.

«  Tu es fait pour rester dans la lumière. Je sais que tu sauras rebondir, mais je ne peux pas rester sans rien faire, Daryan. Il faut que je les retrouves. Un à un. Je ne pourrais pas m'arrêter tant que ça ne sera pas fait. »

Elle s'écarta de lui de quelque pas, alors qu'elle tente de désamorcer ce qui la brûle de l'intérieur. Et pour la première fois Abigail comprends. Elle comprends ce que Chris ressent tout les jours, ce à quoi il est façonné. Ce pourquoi Mégaira l'aime tant.

(c) AMIANTE
 MessageSujet: Re: des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits ▬ daryan   des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits  ▬  daryan EmptyJeu 12 Mai - 16:06

Daryan C. Illunar
Daryan C. Illunar

[M] Weer Lopen

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des jours qui ne ressemblent qu'à l'ombre des nuits
/ click si tu veux être triste /


Elle était belle sur la neige. La peau blanche, les cheveux blonds, les flocons ruisselant sur sa peau lisse et claire, la neige fondant entre les tâches de rousseurs accentuant toute sa beauté de reine ailée. Même quasiment morte, elle était belle. Les lèvres pulpeuses, perçant vers le rouge. Oui, elle était si belle dans la neige ; immaculée, pure, sans pensée ; dormant, rêvant les plus beaux moments, incapables de réfléchir à mal c’est dans ces moments qu’Abigail était si belle : lorsqu’elle était loin – très loin – de tout ça. Si loin qu’aucune information néfaste ne pouvait polluer sa beauté et sa pureté intérieure. Son âme, elle était bleue, bleue comme nous aurions toujours dû rester, bleue comme les ailes du Pégase, si jolie, si belle à admirer de loin, la chose impalpable qu’on ne pouvait espérer caresser de ses doigts crasseux car on avait peur – j’avais peur – de la souiller de saletés. C’est donc au moment où elle pose ses doigts sur mon visage qu’elle devient écœurante.
« Tu es fait pour rester dans la lumière. Je sais que tu sauras rebondir, mais je ne peux pas rester sans rien faire, Daryan. Il faut que je les retrouve. Un à un. Je ne pourrais pas m'arrêter tant que ça ne sera pas fait. »

Je dégage brusquement sa main de ma joue, son bras retombe doucement le long de son corps, en courbe. La femme que j’avais devant été un modèle d’espoir : mon modèle d’espoir. Elle était belle et rayonnante. Etait. Lorsque je la regardais, me regarder, me parler, je voyais celle qui était au-dessus du gouffre, attendant que j’agrippe la corde qu’elle avait enroulé autour d’un arbre et m’avait lancé, moi, l’homme, le faible, tombé dans un trou. Cette image je l’ai eue pour la première fois lorsque nous avions bu ensemble, et que j’étais tombé, raide, sous la senteur des alcools du bar. Aujourd’hui celle que je vois, elle a la tête levée vers moi, alors qu’elle devrait regarder le sol, pleine de honte.

« La Abigail que je connais devrais souffrir ! » j’hurle au milieu de cet endroit mort et humide, un cri de tristesse et de désespoir.
Regardant le sol, ma voix devient plus fébrile, grave et tremblante à chaque syllabe. « D’habitude c’est à moi de recueillir toute la haine qui se déverse. Et de la faire parler. Alors pourquoi cette fois-ci, pourquoi cette fois-ci, pour cette chose précise, pourquoi cette fois-ci je n’arrive même pas à ressentir de colère ? Pourquoi je ne peux pas faire déverser la haine qui devrait s’exprimer en moi !? » Je l’agrippe par les épaules, les yeux brumeux, hurlant de nouveaux. « Où est-elle !? ». Car oui, je m’en rappelle, « quand on m’a dit pour sa mort », et je n’ose même pas prononcer son nom, « je n’ai ressenti aucune haine, aucune colère, juste de la tristesse. On attend de moi que je fasse un massacre. Que je poursuive Legion ». Et cette fois-ci ma voix devient plus rauque, envahie de colère. « Que je les pourchasse et les fasse saigner un par un. » Le peu de confiance qui était en moi repart et je secoue les épaules de la femme devant moi. « Explique-moi Abigail ! Pourquoi essaies-tu de prendre les tâches qui sont miennes !? ».

Je plaque la femme contre mon buste, l’enlaçant, désespéré par les circonstances, posant ma main derrière sa tête, la nichant sur le bas de mon cou, lui affligeant torpeur physique. « Ne deviens pas ce que tu essaies de me faire oublier. »

Mais tu vas le faire. Parce que la sœur que j’aime, elle est comme ça. Alors je t’attendrai, ici, à la maison.



© Fawks
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