... I'll lend you my life

Salomé x Adrien

La brune déambule, sa silhouette s'engouffre dans le décor sauvage, son corps à peine remis du traumatisme récent qu'il a subit. Une certaine confusion, un trouble devant le défilé des événements, l'incapacité à se souvenir de ce qu'elle a perdue, le savoir qu'une chose s'est envolé à jamais sans pouvoir sans rappeler. Amputé pour l'éternité, une chose envolée sans savoir si elle a pu porter ses fruits, la conviction que oui, l'envie impérieuse que oui alors qu'elle tente de ranger la logique de son côté, ils étaient encore envie, n'étais-ce pas un signe de succès ?

Mais au fond elle l'ignore, étais-ce simplement suffisant ? S'isoler c'était comme une volonté d'oublier, se perdre dans les auras d'une nature chantante, fuir la présence humaine, une justification, cet étrange malaise qui habite alors que personne ne sait qu'elle avait peut-être trahie par cet acte fou et désespéré de chasser la noirceur.

Elle se laisse aller au souffle du vent, à la chaleur du soleil perçant ci et là entre les feuillages. Se laisser porter pour simplement oublier, assise depuis un temps suspendu sur ce rocher au milieu d'une nature verdoyante et montagneuse. L'aiglon qui s'éloigne, prêt à s'envoler, mais n'en ressentant pas l'envie, un aiglon légèrement paumé malgré cette conviction qu'elle avait fait ce qui devait être fait. Mais que dirait-ils tous si ils apprenaient ? Si il apprenaient qu'elle avait laissé échapper Légion, qu'elle avait aidé la mort purulente responsable de la mort du maître des poneys. Étrange culpabilité devant un devoir accomplit, un devoir qui se doit de douter.

Et dans les alentours du nid un bruit brise le silence, celui d'un être se mouvant rapidement, venant frôler son ouïe alors que son regard se tourne pour se prendre en pleine face la noirceur et le chaos, une aura qu'elle connait bien alors qu'elle se lève brutalement, marquant un mouvement de recul, prête à laisser échapper sa magie en un souffle. Un souffle qui n'a pas à être expiré alors que la silhouette se fige, qu'elle ne l'attaque pas, comme attendant quelque chose qui la dépasse. La bête tourne autour d'elle sans pour autant émettre un grognement, s'éloigne vers une direction avant de revenir puis de recommencer. Une profonde inspiration alors que finalement ses jambes entrent en mouvement, qu'elle emboîte le pas aux ténèbres à travers les arbres. La bête est rapide mais l’attend, elle jappe, comme pour communiquer quelque chose qui la dépasse. Elle n'a pas peur, bien incapable de ressentir cette émotion désormais, mais elle s'attend au pire, au dénouement fatal, un retournement du destin et de ses propres actions, prête à assumer, peut importe ce qu'il serait.

Après plusieurs minutes de marche dans les bois finalement arrive l'apothéose de cette scène improbable alors que devant elle se dessine une aura meurtrie, libérée des ténèbres qui jadis l'avaient engloutis, humaine, humaine en sa teneur, humaine par ses variations et ses couleurs dansantes, pleines d’oppositions et de détails, d'ambivalence. Les ténèbres se posent à ses côtés et elle se fige, reste fixe, son regard aveugle plongé sur lui alors les réponses se délient, des réponses pourtant teintées de méfiances alors que finalement elle parle.

" Ceci explique pourquoi je suis toujours vivante je suppose. A moins que vous n'ayez finalement changé d'avis ? "

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Salomé x Adrien

Statique elle attend, stoïque alors que son corps entier se tient prêt à réagir à la moindre menace, une précaution qu'elle ne peut décemment laisser derrière devant cette étrange situation. Il parle, d'une voix douce et assurée alors que les ténèbres l'accompagnant disparaissent.

Un léger bruissement de pas alors qu'il s'avance, un mouvement en sa direction, faible et lent, comme pour montrer qu'il ne compte pas être hostile, ses muscles se détendent légèrement, une faible odeur qui vient chatouiller son nez alors que ses yeux aveugles se posent vers cette faible lueur qu'il lui tend. Totale stupéfaction alors qu'elle reste sans voix, le choc devant cet acte étrange, que faiblement elle saisit le bouquet qu'on lui tend sous la surprise. Un acte étrangement banal creusant en elle un sillon de surprise et d'émotions qui n'ont pas leur place. Un acte banal provoquant une certaine confusion devant cette stupide révélation, c'était la première fois qu'on lui offrait des fleurs.

Ses yeux se redressent, si une quelconque expression avait pu transparaître dans leur couleur d'azur ils l'auraient dévisagé avec ce trouble étrange d'une surprise réussit, d'une situation grotesque et étrange auquel personne ne peut se préparer. Ses muscles se détendent d'avantage alors que très vite la méfiance laisse place au soulagement, à ce sentiment de satisfaction, rassurant alors qu'il apparaissait clairement qu'elle avait fait le bon choix. Qu'elle avait fait ce qui devait être fait.

Un échange banal qui s'en suit alors qu'elle reste muette, son esprit comme se remettant de ce choc qu'il a subit. Machinalement sa main vient caresser sa gorge où les plaies ont commencée à laisser la place aux cicatrices. Son esprit reprend finalement contenance après un long silence, sa main retombant alors qu'elle finit par dire simplement de cette voix froide qui la caractérise.

" Appelez-moi Salomé. "

Un nouveau silence.

" J'ai simplement fait ce que je pensais juste. Je n'aurai jamais pu me regarder à nouveau en face si vous me permettez l'ironie, si je n'avais pas essayé. "

Un faible sourire qui se dessine, comme un gage de sympathie même si elle n'est pas vraiment certaine de la conduite a adopté au vue de la situation.

" Mais si vous insistez, que diriez-vous d'une simple promenade ? "

Un sentiment étrange qui s'installe dans le doute et l'étrangeté. Est-ce vraiment raisonnable de poursuivre cet échange au vue du passé, une question qui la taraude et s'immisce, l'aurait-il reconnue malgré le temps et les années passées ?

 

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Salomé x Adrien

Elle ne prend pas sur le compliment qu'elle préfère ignorer, premièrement car elle ne se considère pas comme quelqu'un d'exceptionnel, secondement parce qu'elle n'était tout simplement familière de ce genre de chose, peu amatrice de flatteries, aussi sincères soient-elles, alors elle garde simplement le silence, seule conduite raisonnable à adopter. Une nouvelle surprise, issue d'elle-même cette fois alors qu'elle accepte l'invitation en saisissant son bras, chose qu'elle n'aurait jamais fait auparavant, par fierté, par dignité de monter que son statut d'aveugle ne faisait pas d'elle une faible chose à protéger ou sous-estimer. Un bras qu'elle accepte pourtant, certainement car au fond elle sait que vue le passé, vue ce qu'il était advenue à Rynal il ne la considérait pas comme une faible créature.

Il se confie alors qu'ils entament leur marche. Elle ne comprend pas vraiment pourquoi cet homme lui accorde autant d'importance, à elle et à son acte alors qu'il avait tout simplement semblait sur le moment être la seule chose à faire.

" Je suppose que ceci enfin fait vous pourrez repartir l'esprit tranquille. "

Il poursuit. Il poursuit et ses muscles se crispent légèrement alors qu'il évoque ce passé lointain, celui d'une autre vie, celui d'une vie qui n'était plus la sienne, d'une vie qu'elle avait sacrifié dans la désillusion et la révélation qu'au sein du conseil n'était pas ce qu'elle cherchait, un choix vers l'obscurité alors qu'ensuite elle avait dévasté la place d'Hajurion en recherche d'un nouvel ordre divin qu'elle pensait n'être autre chose que le chaos, avant de finalement disparaître pendant six ans, emportée par Ajatar comme tant d'autres dans une stase l'empêchant de vieillir alors que son énergie magique était pompée jour après jour. Un silence alors qu'elle répond finalement, comme un aveu masqué devant cette réelle inquiétude qu'elle pouvait sentir dans sa voix.

" Ne vous en faites pas pour elle, je suis certaine qu'elle se porte très bien maintenant. "

Un silence avant qu'elle ne reprenne le fil de la conversation tout en continuant de marcher entre les arbres.

" Alors dites-moi Adrien, qu'elles sont vos projets maintenant ? Que voulez-vous faire de cette liberté retrouvée, de cette absence de ténèbres qui vous ont si longtemps enchainé contre votre grès ? "

Un faible sourire, une réelle curiosité de savoir ce que désormais cet homme comptait faire de cette vie qui lui avait si longtemps échappé.

 

... I'll lend you my life

Salomé x Adrien

La marche continue, lentement, tranquillement alors qu'ils avancent au rythme des pas légers qu'elle impose malgré elle. Comme chacun perdu dans un monde qui lui est propre, un monde qui leur appartient, un silence qui succède à sa question, mais elle n'est pas pressé, elle attend, tout simplement et si il refuse de lui répondre, après tout il serait dans son droit. Mais il n'en est rien alors que ses projets se révèlent, grands et pleins d'utopies si il en est, des projets auquel elle ne peut s'empêcher de sourire, un simple sourire amusé.

" C'est un beau but. J’espère que vous trouverez les réponses que vous cherchez sur comment tenter d'y tendre du mieux que vous le pouvez. "

La question tombe. Une question auquel elle ne s'attendait pas alors que lentement son visage s'arque en arrière, que ses yeux aveugles se fixent en direction du ciel comme si elle pouvait le voir. La marche s'interrompt alors qu'elle se fige en plein mouvement, son bras se détachant du siens doucement alors que dans une profonde inspiration la brune les étend de chaque coté de son corps tel des ailes à déployer.

Un temps, un silence. Les bras retombent alors que son visage se refixe sur Adrien dans un faible éclat de rire.

" Si vous voulez mon avis, ils m'ont beaucoup plus choisis que je ne les ai choisis. "

Un silence alors qu'elle semble s'enfoncer dans ses penser.

" Je dirai qu'ils m'ont apporté des réponses que je cherchais depuis longtemps, très longtemps. Le monde et les hommes ne sont qu'une vaste palette de gris dont la nuance est déterminée par leur libre arbitre.

Les aigles acceptent chacun d'entre eux, du gris le plus perdu à celui le plus détruit, du gris le plus lumineux à ceux possédant les reflets les plus sombres.

Ils vous choisissent autant que vous les choisissez. "

Un sourire avant de finalement lâcher en reprenant sa marche.

" Je suis désolé je n'ai pas d'autre réponse à vous donner. "