Rêve
Solo
Cela vous ait-il déjà arrivé de faire un rêve qui vous semblez plus vrai que nature ? Un rêve dans lequel tout ce qu'il se passe semble se passer réellement pourtant, au fond de votre âme, vous avez cette impression que tout ceci n'est que comédie ? Que quoi qu'il arrive vous finirez par vous réveillez à un moment ou un autre ? Ce rêve où réalité et imaginaire s'entremêle dans le seul but de vous retournez le cerveau et vous faire perdre foi en vos convictions ?
Ce genre de rêve, tu en fais souvent.
Depuis quelques mois, depuis que tu as décidé de revenir à Fiore pour remettre la main sur ta soeur, tu ne cesses de faire ce rêve qui semble toujours le même. Comme un vieux disque rayé qui tourne en boucle sur les mêmes paroles, comme un avertissement que l'on se repéte mainte et mainte fois avant de commettre l'interdit.
Ce rêve il est toujours pareil et aujourd'hui encore, tu en fais l'expérience.
Après ta rencontre avec celui se faisait appelé Toki et cette désagréable impression que de n'avoir rencontrer que le dessus de l'iceberg, tu avais repris la route en direction de Rhynal où là, tu avais rencontré Gin et ses charmantes attentions. Pourquoi revenir dans cette ville ? Tu pouvais bien prendre le train ailleurs, dans une autre gare, dans une autre ville, mais non, il a fallut que tu reviennes là.
Là où tout a commencé.
Ce n'est qu'il y a peu de temps que tu appris que Rhynal était la ville où ta soeur et toi étiez nées. La ville où un orphelinat était dressé pour enfants abandonnés...Qui n'est plus que ruines et désolation.
Tu ne t'en ai jamais approché plus que ça, les rumeurs disaient qu'il était hanté à présent. Tu l'avais vu de loin comme si on voyait un fantôme. Comme si quelque chose t'interdisait de t'en approcher. C'était ce même avertissement qui résonnait en toi à chaque fois que tu faisais un pas vers Enya.
Prenant une chambre dans une auberge en attendant le prochain train, ne passant pas avant plusieurs heures, tu t'allonges, ressassant tout ce qu'il venait de t'arriver ces derniers temps et en sachant que rien de tout ça n'était finit. Bien au contraire. Tout ne faisait que commencer.
Tu fermes les yeux quelques instants, pour récupérer avant de partir une nouvelle fois.
"- Sara ...."
Une voix dans le vent, un sifflement à travers les fenêtres à demi-ouvertes. Sursautant tu te lèves, tu regardes à travers la pièce, éclairée par une simple bougie prête à rendre l'âme à tout moment et pourtant, il n'y avait rien ici.
Peut-être ton imagination ? Deviendrais-tu folle ?
"- Sara...."
Une nouvelle fois cet appel.
Le vent extérieur, digne d'une véritable tempête, pousse les fenêtres et ton cœur rate un battement à nouveau. Décidément...Ce n'est pas ta soirée. Tu n'étais pas de nature peureuse mais il fallait dire que tout les éléments jouaient contre toi ce soir.
Tu te lèves pour refermer la fenêtre alors qu'un éclair pourfend le ciel en deux. Tu n'as pas souvenirs qu'un déluge pareil fut annoncé à la radio ou même dans le journal ?
"- Sara...."
La voix une nouvelle fois, passant dans ton dos comme un courant d'air glacial, hérissant tes poils sur tes bras. Trop c'était trop.
"- Qui est là ?! Montrez-vous, je n'ai pas peur !"
Attrapant le coupe-papier posé sur le bureau, tu le jettes en direction du mur, pensant avoir vu une silhouette.
La silhouette, fantomatique, s'éloigne et retourne au milieu de la pièce. Alors il s'agissait vraiment d'un fantôme ? Ca fait pitié.
"- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- ......"
Elle sort par la fenêtre, sous cette pluie torrentielle, t'invitant à la suivre et étrangement, c'est ce que tu fis, glissant sur les tuiles manquant de t'écraser par terre. Courant à travers les rues et ruelles désertes, éclaboussant chaque flaques d'eau dans lesquelles tu mettais les pieds, tu la suis à tout à l'heure sans vraiment savoir ce qu'il va t'arrivé par la suite.
La silhouette disparaît à la hauteur d'un petit portique noir, un écriteau tombant en lambeau sur le côté. Trempée, tu regardes alors ce qu'il y a marqué et un sourire se dresse sur ton visage. Pas celui de la satisfaction..Non...Mais plutôt celui de l'ironie.
"- Oh aller...Tu dois te moquer de moi..."
Tu passes le portique, sachant que tu ne pouvais faire demi-tour après être arrivée jusque là.
Sur cet écriteau il y avait marqué : Orphelinat St.Era
Un deuxième éclair illumine ce qui semble être le reste du bâtiment, en ruines. Hésitant sur ce que tu devais faire, tu savais qu'un fantôme n'aurait pas pris la peine de te faire venir jusque là pour du vent. Il y avait quelque chose que tu devais voir, quelque chose que tu devais forcément savoir. Quelque chose qui te ferrais comprendre.
En rentrant tu marches sur une poupée de laine, ayant perdue un oeil dans la bataille ainsi qu'un bras.
"- Sara...."
Toujours plus pressante, cette voix t'incites à t'enfoncer toujours un peu plus dans le bâtiment, ce que tu fis sans te poser de questions et soudain, au détour d'un couloir, tu entres dans une chambre.
En passant cette porte, toute l'atmosphère changea radicalement, comme si le bâtiment venait de se reconstruire de lui-même. Les murs étaient couverts d'un papier-peint rose pâle, les rires envahirent l'espace, le soleil pénétra à travers les carreaux des vitres et soudain, tu les vis.
Ces deux enfants.
Un petit garçon, gringalet, brun et rieur, jouant aux osselets avec une petite fille rousse, les joues roses et souriante. Une petite fille rousse...
Tes yeux, comme par reflex, regardèrent tes mèches devenues blanches. Ce n'était pas ta couleur naturelle...Tu avais fais exprès de te les teindre pour lui ressembler, pensant qu'il serait plus facile ainsi d'obtenir des informations sur elle, et ce fut le cas, le temps d'un bref instant.
Le petit garçon se leva, te passant à travers comme si le fantôme ce n'était que toi et dés qu'à son tour, il passa le seuil de la porte, tout changea à nouveau comme si le film d'une vie qui n'était pas la tienne, se déroulait sous tes yeux.
Le bâtiment était en feu, les flammes grignotant toute la charpente de bois. Des cris et des appels au secours résonnèrent plus loin et tu partis en courant dans cette direction.
Passant une nouvelle porte, tu te retrouvas projetée dans une sorte de cantine où le bâtiment s'était déjà effondré.
A genoux devant toi, le visage déformé par la douleur et le chagrin, cette même fille, plus âgée tenant la main de ce garçon gagné par l'âge, son corps enterré par l'effondrement. Elle hurlait, elle hurlait. Elle hurlait sa peine et son chagrin. Sa haine et sa colère. Lui il lui souriait, sachant que tout ça..Tout ça prendrait fin ce soir.
Derrière elle, une petite silhouette rouge. Une petite silhouette malveillante, mangeant son ombre. Mangeant son âme. Une silhouette mangeant ce qu'il restait d'humain chez cette fillette rongée par la peine et la haine.
Le tonnerre te sors de ce cadre, te ramenant à celui d'avant. Il pleut, tout est vide, triste, désolé. Il n'y a plus rien.
Alors tu comprends. Tu comprends que tu as vu ce qui fut un bout de l'histoire de ta soeur.
"- Tu ne pourras jamais la comprendre."
Tu sursautes et te retournes pour faire face à une femme, ayant une longue chevelure blanche comme la tienne mais tu ressens en elle quelque chose de bien plus..Fort. Elle n'était pas humaine et en une pichenette, elle pouvait certainement se débarrasser de toi.
"- Qui êtes-vous ? C'est vous qui m'avez appelé non ? Qui m'avais conduit ici ? Pourquoi ? Qu'est-ce que vous cherchez à faire ?
- Je suis une part de ta soeur comme elle est une part de moi. Nous ne formons qu'un...Je suis celle qui la modelée pour être ce qu'elle est. Je suis celle qui a donné à Enya tout son potentiel.
- Son potentiel ? Qu'est-ce que vous voulez dire ? Où elle est?
- Ne t'approches pas d'elle. Tu ne ferrais pas le poids malgré ce que tu as en toi.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?"
Elle disparaît, s'évaporant comme un banal fantôme. Était-ce d'elle que les habitants avaient peur ? Était-ce elle ce fantôme hantant ces lieux ayant un lourd passé?
Qu'est-ce que tout ça signifiait au final ? Pourquoi te dire tout ça ?
Et que caches le passé de ta soeur ?
Est-ce une victime des événements passé ou le chef d'orchestre de toute cette tragédie qui n'a cessé de l'entourer depuis son enfance ? Qui était vraiment la personne ayant ton sang, ton nom, ton visage ?
Tu parcoures une nouvelle fois le bâtiment, trempée de la tête aux pieds, cherchant un indice, un début de réponses à toute ces questions. Quelque chose pour te mettre sur la voie.
Mais il n'y avait rien. Plus rien. Tout était partit avec le temps. S'effaçant pour que jamais personne ne soit au courant.
"- Jamais tu ne seras à la hauteur..."
Tu te réveilles alors en sursaut, te redressant sur ton lit, le cœur battant, en sueur, tes yeux cherchant quelque chose pour te raccrocher à la vie réelle comme à une bouée de sauvetage.
Encore ce rêve...Tu attrapes ton visage entre tes deux mains, cherchant à te calmer et dehors le temps était catastrophique et quelque part, tu en souris.
Est-ce vraiment des rêves que tu fais ?