Titre : Discount De Gaulle Crédit : Zulria (avatar), apache (journal), okinnel (sign) Feuille de personnage Maîtrise Magique: (15900/35000) Mérite: (620/800)
Atterrissons
Une belle journée pour une triste nouvelle. Sûrement les mots les plus vrais de toute cette pensée. Qui aurait réfléchi à cette embouchure un jour ? Qui aurait pu oser se demander ce qu’il adviendrait de Blue Pegasus quand Bob ne sera plus là pour nous sourire ? Je pensais réellement que ce père était invincible ; ce petit ailé il n’était peut-être pas beau, un poil bizarre, mais il nous faisait rire, beaucoup rire. Un rire de travers avec ce genre de visage qui se déforme. Tu sais, ce genre de sourire qui te relève la joue et fait paraître les quelques cernes que tu as de la veille, ou même des rides, peut-être une ou deux. Ce genre de beau visage réel qui nous rappelle que même la plus belle créature au monde a des expressions qui ne la rende plus si jolie que ça. Bob avait le don de nous donner ce genre de sourire. Mais nous nous en fichions car nous rigolions et qu’aucun n’était à part. Alors nous avions cette expression et personne ne s’en souciait. Des fois nous avions mal aux côtes alors nous nous abaissions et l’on ne voyait personne. Je pense avec le sourire, ce genre de sourire. On se baissait et on prenait nos côtes dans les mains. On rigolait à cause de lui, ou grâce à la personne à côté de nous. Une blague, une bêtise, un geste bizarre, des mots, quelque chose de drôle en tout cas. Mais même baissés grâce au rire nous savions que nous n’étions pas seuls. Alors on riait de plus belle. Et quand on se relevait pour prendre notre respiration, des fois on partait en arrière – certains même tombaient. Mais même en se faisait mal on rigolait encore plus à gorges déployées. L’un nous demandait si ça allait en cachant son sourire ridicule alors que l’autre, sous le rire encore plus fort de ce qu’il venait de voir il se vautrait par terre aussi. Et c’est là que Bob rigolait. C’est là que notre cher père voyait sa famille vivante. Et quand j’ai cette pensée j’ai les larmes qui me viennent aux yeux. Parce que je me rends compte que Bob est parti dans le désespoir. Parce que ça faisait longtemps qu’il n’avait pas vu sa famille vivante. Parce que qu’il y a des années que Blue Pegasus était en train de mourir et lui en train de souffrir. Nous n’aurons plus le même sourire, les mêmes expressions, les mêmes gestes ridicules, les belles paroles, les blagues drôles de la veille, les petites anecdotes humoristiques de notre dernier voyage, ces personnes qui tombent à terre poussés par leur joie… Nous n’avons plus eu tout ça depuis plusieurs mois, depuis plusieurs années.
Je me mets dorénavant à pleurer. Parce que la rage qui s’étouffe en moi me donne envie de pousser des cris étouffés. Un raclement de gorge qui finit en hurlement, mon pied frappe dans la table de nuit et la lampe se casse. J’en ai marre d’être énervé. Bob est mort triste. Et ça m’étouffe à l’intérieur. Sur les genoux, à terre, le derrière posé sur la pointe de mes pieds, je relève mon buste pour écraser mes coudes contre le sol et mes bras essaient d’exploser le bois qui nous sert d’étage. Ils entendent en bas, j’en suis sûr. Parce qu’il n’y a eu aucune larme lorsque Sting m’a annoncé la nouvelle, aucune larme quand j’ai dit à ceux encore présents que leur véritable maître de guilde avait été assassiné, aucune larme au moment où je me suis présenté à Laxus pour enterrer tous les liens qui existaient entre Fairy Tail et Blue Pegasus, toujours aucune larme en plein vol lors de la mélancolique pensée de laisser partir entièrement l’âme de l’homme qui nous vaut notre moment de deuil. En revanche, il y a des larmes, maintenant, parce que je m’apprête à faire ce qui ne devrait pas être fait. Et parce que je le fais sans la personne qui m’est, je crois, le plus cher au monde. J’ai besoin de me l’avouer maintenant. Ces pleures sont pour Lydia, pour cette sœur que j’ai aimé, dont j’ai enfouie la douleur de sa perte au fond de moi. Mais elles sont aussi pour Bob. Mais celle qui y est c’est aussi Abigail Phoibos. Parce que si je ne suis pas parti tel un lâche, un vengeur, après l’arrivée de Legion, c’est pour elle. Elle est plus qu’une amie, c’est ma sœur, c’est celle qui m’a soutenu dans mes moments de rage, près de la mort, dans les pleurs et dans les cris. Et là, elle n’est pas présente. Je cogne mon poids par terre et ne remarque pas les bouts de verre de la lampe antérieurement brisée au sol. Le minéral se plante dans ma peau et me fait émettre un réflexe musculaire de douleur. J’attrape mon poignet, de nouveau assis sur mes jambes dont les tibias sont à terre, je jette le bout de verre plus loin. Le sang qui coule sur le tapis ne m’évoque que des pensées macabres. J’essaie de m’imaginer comme la mort de Bob a pu se produire.
Alden frappe à la porte. « Daryan, ça va ? » qui finit dans les murmures des courants d’air de la fenêtre ouverte. Je peux entendre le frottement de son poing du haut de la porte jusqu’en bas. Il est par terre, son dos est maintenant contre la porte. L’air se fait plus dense, plus doux, et plus sauvage ; parce qu’Alden est ici. Le pauvre ne doit rien contrôler, il ne doit pas aller si bien qu’il le fait penser, lui aussi. « Daryan, quand tu auras retrouvé Abigail, tu reviendras nous chercher ? Que crois-tu que l’on fera sans la guilde ? Où crois-tu que l’on partira ? Pour ceux qui restent ici il s’agit de leur dernière maison, ils n’ont nulle part où aller. Crois-tu que lorsque tu reviendras ils seront les mêmes ? Ces pauvres imbéciles au sourire de travers qui te reconnaîtront les bras ouverts pour recommencer une nouvelle vie, une nouvelle aventure ? Vas y Daryan, fais ce que tu as à faire, mais essaie de le faire vite. ».
J’ouvre la porte. Le garçon appuyé de son dos se vautre contre le sol. Il soulève sa tête et regarde la chambre à l’envers. Des draps défaits, du verre cassé, une table de nuit tombée et la fenêtre ouverte, laissant les rideaux s’envoler dans la pièce, il remarque le désordre total. « Aide-moi, tu veux ? ». Son poing frotte sa joue collante. Il se lève et ramasse le verre. Je range le lit. Il ferme la fenêtre. « Non, laisse la pièce s’aérer ». A quoi bon puisque personne ne dormira ici cette nuit ? Une fâcheuse mauvaise habitude, sans doute. « Je n’ai pas envie que tu m’accompagnes. – Au moins jusqu’à la prochaine ville. – Que veux-tu que je te dise ? – Rien, mais ça m’aidera à ne pas me foutre en l’air. – Lorsque j’aurai trouvé l’endroit où est Abigail je te laisserai dans la chambre de l’auberge que l’on aura prise dans la nuit. – J’en ai conscience. ». Des mots simples échangés comme dans un vieux livre d’un vieil écrivain publié par une vieille imprimerie, pourtant on se comprend et il hoche la tête.
Si Alden s’y attendait et s’il a compris, c’est que le reste des derniers membres de Blue Pegasus attend aussi ce moment. Nous descendons machinalement les escaliers, les mains glissant sur les rambardes. Alice, Drake, Anri. Alden continue d’un pas assuré pour se poser avec eux. C’est tout ce qu’il nous reste. C’est presque impressionnant. La porte principale s’ouvre avec difficulté. La main blanche de Kôta passe par l’entrebâillement. « Je ferme Blue Pegasus. » La tâche de sang sur le tapis, causée à cause du verre dans ma main, elle, est toujours là-haut.
Les airs ne l’attiraient plus. Depuis la catastrophe, Kôta vivait avec un creux énorme au milieu du ventre, une angoisse permanente qui l’empêchait à la fois de se mouvoir, de respirer, de s’apaiser. Il revivait, sans cesse, chacun des évènements qu’il avait enchainé en l’espace des quelques heures sous l’urgence – il revoyait les visages de toutes les personnes qu’il avait croisé à Era, à Crocus. Il revoyait l’incroyable quantité de sang et de larmes qui avait été versée. Comment pouvait-il survivre à un tel traumatisme ? Il se souvenait de sa jeunesse, des années auparavant, qui avait été malmenée par son escapade sur l’île de Legion, et de sa longue convalescence de plusieurs mois. Aujourd’hui pourtant, ce qu’il avait vécu dépassait à un point inimaginable les simples démons de Legion, et quelques mois ne suffiraient plus à se remettre d’aplomb. Désormais, pour tenir, il engageait un combat mental qui allait durer toute une vie – peut-être plus, même. Jusqu’à sa mort il vivrait avec ce poids ineffable sur ses épaules, avec ce trou béant au fond de lui, un vide exorbitant, une gangrène vive qui l’écorchait.
Les jours qui avaient suivi les évènements étaient passés machinalement – convalescence, rapports, interrogatoire, recherche d’informations pour savoir ce qui s’était réellement passé. Encore maintenant, alors qu’il avait été aux premiers rangs, il n’avait pas encore vraiment saisi tout l’impact de ce qu’il avait vécu. Fiore avait été touchée comme jamais et le royaume vivait au ralenti en tentant de comprendre, mais personne n’avait encore apporté les réponses. Et d’être plongé dans ce mutisme forcé, de ne plus avoir la force de rassurer, d’expliquer, cela alimentait l’emprise macabre sur sa vie. Il n’avait revu ni Sybilia, ni Elena, ni Circé. Ni même aucun de ceux qu’il avait croisé à Era comme à Crocus. Il n’avait pas saisi les premières dispositions du Conseil ou celle du royaume. Il n’arrivait plus à donner de la tête entre les revendications des guildes, du peuple, les cris et les larmes d’effroi, les appels à la rébellion, les critiques à leur égard, et surtout la peur générale vis-à-vis de l’avenir.
Il n’avait toujours pas utilisé sa magie et n’avait pas le courage de le refaire à cause de ce qui s’était passé sur place. Il avait donc pris le train, première fois depuis longtemps, pour traverser la région jusqu’au bâtiment de Blue Pegasus. La lettre de Chris qui lui avait été remise avait été comme un soulagement pour lui : quand il avait appris la nouvelle, il s’était confondu dans une léthargie amorphe, dans une torpeur insensible. Le choc, qu’ils disaient. Apprendre la nouvelle de la part de Chris l’aida à l’appréhender de manière rationnelle, à commencer à réaliser ce que ces mots signifiaient. Mais encore une fois, il n’était qu’au début du processus, et ne savait pas s’il en verrait la fin un jour. On l’avait autorisé à quitter son lit d’hôpital pour le déplacement. Il avait renvoyé l’escorte qui lui était attribuée. Son visage était plus ou moins connu du public, mais avec les cicatrices encore vives qui le tailladaient, il doutait qu’on puisse le reconnaître. Juste pour être sûr, il s’enveloppa dans un énorme écharpe jusqu’aux yeux, qu’il ferma pour feindre le sommeil jusqu’au terminus.
La dernière fois qu’il avait fait ce trajet, il avait dû attendre des heures avant de pouvoir réussir à passer le portail qui menait à la guilde, et c’est avec l’arrivée des criminels qu’il s’était décidé à franchir le pas. Cette fois, il n’y pensa pas une seconde et ne ralentit pas son rythme jusqu’à l’immense porte d’entrée qu’il ouvrit. Il la laissa se refermer dans son dos tandis qu’il dégageait son cou de la parure. Plus loin dans la pièce se trouvaient Chris, Drake, Anri, Alice et Alden. Les cinq derniers pégases. Laissant son manteau à l’entrée sans pudeur, comme le ferait n’importe quel habitant de la maison qui rentrait le soir après une journée de travail, il s’avança jusqu’à la petite assemblée sans un mot. Et l’annonce ne tarda pas à tomber.
«Je ferme Blue Pegasus. »
Le jeune homme ne trembla pas – il connaissait les intentions du leader, après tout, et savait qu’avec ce qui venait d’arriver, cette décision était inéluctable. Mais au fond de lui, son cœur se crispa alors que le trou béant gagnait du terrain. Il se sentait coupable, encore une fois, de tout ce qui était arrivé à la guilde, à sa famille. L’espace d’une seconde, les souvenirs de ces derniers mois l’assaillirent aussi brutalement qu’un coup de poing en plein visage (Yselin Diego Damaz Legion Christina Bob BOB BOB) et il se massa les tempes d’une seule main comme pour s’apaiser la conscience. « Vous l’avez enterré quelque part, ou... ? » De le dire, de poser des mots sur la mort de Bob, la mort de votre père à tous, cela lui fit prendre conscience de leur signification. Sa vision se troubla, le visage des autres devint flou et il eut haut-le-cœur. Il dû se détourner et alla s’appuyer contre une table plus loin. Le tremblement de son corps entier commençait. « Je suis désolé, tous. Désolé. » Et silencieusement, leur tournant le dos, les larmes débutèrent leur traversée du visage.
Sujet: Re: Atterrissons Jeu 3 Sep - 15:22
Alice Claria Féamor
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Titre : La pucelle Crédit : Moi-même Feuille de personnage Maîtrise Magique: (11650/35000) Mérite: (557/800)
Depuis combien de temps tout ce désordre est-il dans ma vie ? Depuis combien de temps compose-t-il ma vie ? Comment faire du tri dans ma tête, comment m'apaiser et me permettre d'avancer, si tout autour de moi s'écroule ? Des pensées résiduelles persistent, celles d'un bonheur lointain … un bonheur disparu. J'avais souffert, j'avais ri, j'avais aimé, j'y avais cru, j'avais pleuré, puis j'étais tombée. On m'avait détruite en partie, je m'étais chargée du reste. Les seules personnes en qui je croyais et qui auraient pu m'aider à résister à tout ça ; toutes ces personnes étaient parties, me laissant derrière ; elles avaient disparu, sans laisser une once de vie. Et je ne leur en voulais pas. Elles devaient avoir leur propre raison. En réalité, j'en voulais à une seule personne dans cette pièce, sur cette terre : moi-même. D'avoir abandonnée. De ne pas avoir été assez forte, et de ne pas l'être dans ces moments de désespoir. Un premier maître m'avait quittée, un second s'était fait assassiné. Et mon entourage avait changé. J'avais aussi décidé de me réveiller, mais je n'y étais pas arrivée. Peut-être était-il temps ?
La grande salle principale de Blue Pegasus était vide. Nous étions peut-être là, rassemblés, petite assemblée d'âmes perdues ; mais au fond, la salle était bel et bien vide. Nous étions là sans l'être. Simples spectres atterrés par une si triste nouvelle et un avenir qui nous surplombait ... noir ... et morose … Je sentais au fond de mon cœur comme il souffrait, comme il s'éteignait … Je le sentais battant à petit pas, saignant. Comme si six ans de vie n'avait pas été assez, on m'avait enlevée cette nouvelle famille parmi laquelle j'avais commencé à m'épanouir, et avec laquelle j'étais si durement tombée.
A coté de moi, Drake se taisait. Nous avions tous compris qu'aujourd'hui était un jour décisif. Chris demeurait dans ses appartements. Et nous l'attendions. Depuis mon arrivée, j'avais tout fait pour l'éviter, Drake. Je savais ce que la copie de moi-même lui avait fait, je savais qu'il l'avait traité de sorcière, et je n'avais pas envie d'avoir à faire à lui. Encore moins maintenant. J'étais assise sur la table, et j'attendais. Peu patiente, je savais que j'allais finir par me lever, faire demi-tour, et attendre loin des autres. Ces autres qui n'étaient que deux. Un petit rire ironique s'étouffa dans ma gorge. Il ne restait donc plus que nous ? Les cendres d'une Blue Pegasus révolue, emportées par un vent glacial ?
Le sol poussiéreux rattrapa mes pas alors que je descendais de mon fauteuil de bois. Des particules s'élevèrent dans la faible lumière d'un jour qui s'amenuisait. Je les rabattis à terre d'une simple pensée avant qu'elles ne viennent chatouiller mes narines. C'est là que Chris se décida enfin à se montrer, descendant machinalement les marches qui le séparaient de nous, ces marches qu'il avait depuis si longtemps l'habitude de monter, de descendre, ces marches qu'il, comme tout ce bâtiment, connaissait comme sa poche. J'eus du mal à le regarder en face. Les derniers événements l'avaient détruits, et ce certainement plus que nous. Il n'était peut-être plus l'homme que je connaissais, et que j'attendais à la sortie d'une ruelle. Ce gamin mesquin, qui souriait pour un tout, pour un rien, ce gamin que j'avais rencontré lors de ma toute première sortie d'Angel's Sky.
L'ange déchue que j'étais, l'était une seconde fois. Peut-être n'avais-je tout simplement pas empreinté le bon chemin, dès le départ ?
« Je ferme Blue Pegasus. »
Par réflexe, je relevai la tête vers lui. De lourdes cernes violacées soulignaient mes yeux. Mes jambes chancelèrent, alors je me retins à l'aide de ma magie, toujours fragile. Ma volonté s'était amenuisée, et ma magie en pâtissait. Alors il nous abandonnait pour de vrai à notre triste sort ?
« Vous l’avez enterré quelque part, ou... ? » … « Je suis désolé, tous. Désolé. »
C'en était trop. Des larmes embuèrent ma vision et, tête baissée, je les laissai tomber au sol comme une pluie dévastatrice. Une seule pensée demeurait dans mon esprit : « tu n'as pas le droit ».
« La famille c'est la force. Si on s'abandonne, on se perdra tous. »
D'un regard accusateur, les yeux plongés dans ceux de Chris, je rebroussai chemin, d'une forte pensée, j'ouvrai grand la porte et la laissai se claquer contre le mur. Sans un regard en arrière, j'avançai droit, droit devant moi, sans me retourner, je laissai mon corps se libérer de toute cette colère et de toute cette honte, de toute cette perte et de toute cette tristesse si longtemps enfouie. Derrière chacun de mes pas, le sol était marqué de ces sentiments qui dévastaient enfin autre chose que moi-même. Je n'hésiterais plus maintenant. Je n'hésiterais plus à être quelqu'un d'autre que Suzu, je n'hésiterais plus à être Alice. Et pourtant, j'espérais toujours entendre quelqu'un d'autre que moi-même suivre ce chemin.
Sujet: Re: Atterrissons Sam 10 Oct - 17:55
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Attérissons
Blue Pegasus & Hirata Kota
" Te lier c'est accepter le pire comme le meilleur, te perdre et te noyer, t'oublier toi et tes pensées, tes idéaux et tes rêves. Tu n'es jamais seul Altiel, nous sommes là et il est là, veux-tu prendre le risque que quelqu'un d'autre puisse pénétrer dans cet intimité ? Que quelqu'un puisse nous séparer, briser ça ? Puisse te faire oublier que seule compte la nature et sa beauté ?"
Une épave à la dérive, un trou béant dans la brume, flou, obscur, intelligible, incompréhensible. Une carcasse qui avance et se traîne, dont l'esprit revit en boucle la scène, les scènes.
Tout s'était déroulé à la vitesse d'un éclair s'abattant sur la cime de son esprit, celui où tout s'était déroulé, le vote, son choix. Puis le souffle, le ravage dans la nouvelle, le trouble, était-ce le bon ? Une errance sourde dans les rues désertes de Shirotsune, le flot de nouvelle glissant sur lui comme l'eau d'un ruisseau invisible, impactant sans impacter, étrange contradiction.
Le besoin de se soulager, le besoin impérieux de trouver ce frère absent depuis si longtemps. Un frère que tous semblaient avoir croisé sauf lui, depuis longtemps. Etait-il mort ? Une pensée obsédante dans ce besoin de le serrer dans ses bras, de se blottir contre lui, de lui dévoiler ce choix qui tiraille ses entrailles.
Dans son esprit tous étaient silencieux depuis plusieurs jours, depuis les événements, comme si eux aussi doutaient soudainement de ce qu'ils avaient contribué à provoquer.
Alors il avait erré, cherchant on ne sait quoi, son frère certainement, sans savoir comment. Une mine atroce, des vêtements encore souillés des combats alors qu'il revoit le visage de Suzu qu'il avait laissé là-bas, sans défense dans son inconscience, il ne la connaissait pas plus que ça, mais n'était-ils pas censé partagé ce quelque chose de puissant que signifie le tatouage trônant désormais sur sa peau ?
Une pensée qui mis son temps, une pensée l'entraînant sur le souvenir d'Anri, de sa première rencontre avec Drake, du visage d'Abigail cette inconnue qu'il avait croisé il y'a longtemps. Une succession de flash, comme une lumière soudaine, une lumière le guidant sur un chemin, alors qu'après ces jours d'errance dans un chaos intégrale il se trouvait désormais devant le bâtiment qui était désormais sa maison.
Un pas, après l'autre il s'avance, son ventre gargouille la famine des jours passés, son corps souffre d'un sommeil qu'il n'a pas sut trouvé, au loin il perçoit ce jeune homme, un visage familier qu'il a déjà croisé, et machinalement il continue sa route, pousse la lourde porte pour se figer dans son encadrure alors que les mots tombent, comme le coup ultime que le destin vicieux attendait de lui assener, un ultime coup pour achever une bête déjà agonisante.
Quatre simples mots. Je ferme Blue Pegasus.
Son regard se perd dans la stupeur alors que Suzu est là, s'agitant, refusant. Il la détaille avant de s'attarder sur les autres protagonistes, la jolie Anri, celle qui l'avait conduit ici, le prétentieux Drake, Alden l'inconnu par la force des choses, cet homme qui pleure au visage familier, un regard choqué avant qu'il ne se stoppe finalement sur l’intransigeant Chris dont les mots venaient de s'échapper.
Il ne dit rien, il n'a pas besoin alors que ses pupilles de braise semblent désormais éteintes, noyées dans un flot d'incompréhension.
Titre : La lumière qui met du temps à s'allumer Crédit : Moi Feuille de personnage Maîtrise Magique: (11605/30000) Mérite: (512/800)
Un rêve, il s'agit bien d'un rêve et je n'en crois pas mes yeux. Il m'est arrivé de rêver et ces moments sont si rares que j'arrive à les compter. Le jour précédant ma rencontre avec Iron, le jour de l'attaque de Legion, et aujourd'hui même. C'est comme si Pixie ne voulait pas de moi lorsque je suis trop faible pour aider et, de temps en temps, cela fait du bien de prendre sa retraite. Telles sont mes dernières pensées avant de descendre les escaliers de la guilde et d'entendre la dure nouvelle. Un choc intérieur lorsque je reviens à la réalité, j'aurai pu mourir en continuant vers Crocus, j'aurai pu aider en continuant vers Crocus. Ces souvenirs de guerre me remontent et je m'arrête sur place, je les vois tous réunis pour entendre une seule phrase, aucune explication. Notre Master est mort et l'on enterre avec lui la guilde toute entière. Je suis surpris, oui, car j'ai grandi avec la néo-génération de Blue Pegasus. Je ne connaissais pas tant que ça Bob parce que je suis entré dans la guilde lorsque la Triade s'occupait de cette dernière et je n'ai pas eu le temps de m'adapter à cette fusion entre l'ancienne et nouvelle Blue Pegasus.
Je ne peux verser de larme pour cet homme que je connaissais que trop peu mais voir ces personnes si triste, ça me touche. Ca me fait regretter de m'être réjoui sur le fait de pouvoir rêver car ma première pensée en me levant aurait du être une pensée pour ceux qui sont morts. Mais je suis égoïste, et stupide, et bien d'autres choses qui font que j'oublie le premier de mes soucis. Je suis content d'être en vie. Ces blessures qui mettront du temps à guérir, mon bras particulièrement, elles me rappelleront oh combien je suis chanceux d'être encore en vie et malgré la situation actuelle de Fiore, je me battrai jusqu'au bout et je veux le crier haut et fort pour que Chris comprenne que ce n'est pas la fin. Mais je ne peux pas, par respect pour Bob, pour mes camarades de guilde. Je ne comprends même pas le sens de mes propres pensées, c'est absurde. Assis aux côtés d'Alice, je me lève et m'avance pour frapper du pied une chaise, seul geste qui exprimera mon avis sur cette fermeture, tandis que mon mutisme exprime mon respect pour les gens de la guilde. Tout ceci n'a aucun sens, nous aurions pu recréer une Triade, une Doublade ou je ne sais quoi, nous l'avons fait par le passé. Mais il semble que certains ont trop peur. Certains ont fui, certains se leurrent.
Je retourne dans ma chambre. Bonne continuation à tous.
Une phrase dite d'une voix affaiblie par les blessures physiques, le bras tenu en écharpe tandis que l'autre se tient à la rampe pour pouvoir monter les escaliers, chose que je n'aurai jamais faite auparavant, et pourtant ce sera la dernière fois que je monte ces escaliers.
Une fois dans ma chambre, je me tiens à l'armoire pour garder mon équilibre et je prépare mes affaires. Je me rends vite compte que rien n'a de valeur sentimentale dans tout cela, un sachet suffira. Je prends alors une photo de groupe, ma montre à gousset, les habits que je portais le jour du Battle Royal. Je ris en voyant les marques de griffures sur la chemise puis je m'étale sur le matelas sur lequel j'ai passé un bon moment de ma vie, pour reprendre une dernière fois mes forces avant de partir où le vent m’emmènera.
Tu vas me manquer, Blue Pegasus.
Sujet: Re: Atterrissons Mer 16 Déc - 19:19
Daryan C. Illunar
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Titre : Discount De Gaulle Crédit : Zulria (avatar), apache (journal), okinnel (sign) Feuille de personnage Maîtrise Magique: (15900/35000) Mérite: (620/800)
Atterrissons
Loin est le temps où cette pièce était chaleureuse. Nous nous retrouvions le matin pour nous dire bonjour, le midi pour admirer les plats de chacun et partager un repas commun, l’après-midi des jours de pluie pour nous endormir sur une table un verre de bière à la main, les débuts de soirée pour festoyer les nouvelles entrées d’argent, les fins de soirée pour prier le jour de naissance de l’un d’entre nous. Oui, loin est le temps où Blue Pegasus était chaleureuse. Ce temps-ci me manque aujourd’hui et me manquera toujours. C’est en prononçant un déterminé « Je viendrai pour vous chercher, un jour, je vous le promets. » que je baisse la tête et mort mes lèvres ; ayant conscience de ce que je fais et ce que je dis j’évite les regards et devient livide. Je sens la terrible Alice me foudroyer et claquer la porte, je discerne les mouvements et les pleures de Kôta, la respiration saccadée d’Anri, le choc d’Altiel, la fierté étouffée de Drake et le silence d’Alden. J’écoute toutes ces choses et espère que quelqu’un d’autre dira un mot de plus, ou bien qu’ils partent tous, me laissant là, debout, seul, afin de pouvoir faire un premier pas pour quitter la pièce sans que personne ne me remarque – ne remarque que j’accepte mon erreur nécessaire. Mais est-ce une erreur ? J’aurai aimé que quelqu’un le dise, haut, et fort, au lieu de me traduire pour responsable. Parce qu’aujourd’hui je me sens heurté, détruit par l’annonce de la fermeture de Blue Pegasus. Bob a toujours été un père pour nous. Silencieux, vide, toujours à regarder le sol, je réponds lentement, faiblement, distinctement, à Kôta ; « Sur la berge du lac Spleinir, je pensais que c’était un bel hommage. »
Le sol me semble être la seule chose que je mérite de regarder : une couleur foncée et unie, comme si je perdais la vue, que je ne pouvais voir que du noir et rien d’autre, que je n’étais pas assez bien pour regarder d’autres couleurs, plus vives, plus belles, des personnes vivantes faisant lire leurs émotions. En ce moment je ne sais pas si je peux faire quelque chose. Mais tout en continuant de regarder le sol, refusant de croiser le regard de ne serait-ce qu’une seule personne parmi nous, je continue mes mots. « Je retrouverai Abigail, je vengerai Blue Pegasus, je laisserai Bob se reposer. » Je lève la tête, les regarde tous, ceux qui sont restés, un à un, dans les yeux : Alden, Anri, Kôta, et je finis par garder mon retard sur Altiel, « Et à ce moment je reviendrai tous vous chercher, vous ramener à la maison, parce que Blue Pegasus ne meurt jamais. Ce qui nous a liés tout ce temps n’était pas un bâtiment. C’était autre chose de plus fort, plus puissant, sur laquelle on ne peut pas mettre un de mot – sans doute le « Nous ». Alors s’il vous plait, ne m’en voulez pas. Ce serait le dernier coup que j’aimerai recevoir. »