Assit sur un banc en train de rêvasser, tout en dégustant une glace à la fraise, Gin observait la scène se trouvant devant lui : un spectacle vivant où les gens se croisaient, se souriaient et se saluant. Des gerbes de rires par-ci, des pleurs par-là. Le samouraï n’était pas ici pour le travail, non, pour une fois, il n’était qu’un simple touriste souhaitant faire un break dans cette jolie ville, celle-ci était assez connue pour ses spectacles avec son théâtre qu’on pouvait qualifier de magnifique ainsi que l’école d’arts martiaux dans laquelle certains pouvaient aussi considérer leurs danses des poings comme un ballet, sans compter les mille et un plaisir qu’on pouvait obtenir au cabaret ! Mais le type aux cheveux blancs était en train de regarder quelque chose de plus spectaculaire que le théâtre et plus fort que n’importe quel enchaînement d’arts martiaux, quelque chose qui noue les Hommes entre eux : les relations.

Faignant de manger que sa glace et ne faisant rien d’autre, Gin regardait et écoutait hommes et femmes interagirent, le manieur d’épée pouvait entendre des éclats de rire tout comme les pleurs, voir la bienveillance des gens ou leurs humeurs à fendre du bois. Se levant du banc, Gin se mit à marcher, commençant le cornet de la glace, mais toujours en écoutant et regardant ce qui l’entourait.

Une conversation attirait son oreille traineuse à écouter ce qu’il se disait, ralentissant l’allure pour pouvoir écouter en tout entier ce qu’il racontait tout en ne montrant pas vraiment un intérêt particulier, à vue d’œil, c’est seulement un type qui mange qui glace en marchant tranquillement. D’après ce qu’ils disaient, on dirait qu’une certaine personne assez bien connue des forces de l’ordre, des mages ainsi que les chasseurs de primes, certains disaient avoir vu la mage recherché portant le nom d’Enya. Pas que cela le foulait des frissons, mais les termes qu’ils utilisaient impliquaient qu’eux-mêmes n’étaient pas sûrs des informations qu’ils avaient.

Gin soupirait, si à chaque fois qu’une personne ressemblant légèrement à cette mage recherché passe dans une ville, il faut qu’il y ai une émeute pour tenter de chasser la dite personne…

Ouai, non… Ils auraient trop peur de poser un doigt sur elle, peut-être la huer, mais dans la plupart des cas, ils resteraient cloîtrer chez eux… Ma foi, cela me parait raisonnable !

Il abandonnait son écoute pour continuer à marcher, se mettant à réfléchir lui-même à ce qu’il ferait s’il rencontrait cette femme… Il avait deux scénarios possibles qui naquirent dans son cerveau, le premier était qu’il se ferait dessus et qu’il irait chercher une planque pour ne pas se faire atomiser par une quelconque magie que posséderait la mage… Soit l’inviter à manger un morceau ou boire un café en espérant que cela passe.

Cette dernière idée le faisait rire, en tête-à-tête avec une criminelle. Ne regardant pas où il avançait, un mur pouvait très bien se trouver devant lui qu’il ne l’aurait pas remarqué… Mais bon, comparé une mademoiselle à un mur, c’est plutôt débile, il vit aussi son cornet de glace tomber au sol, lentement, comme si le temps était au ralenti… Ce n’était qu’une glace après tout, mais pour Gin… Une glace est presque aussi sacrée un bon verre d’alcool !

– Ha, tu peux pas…

Il ne finissait pas sa phrase, devant lui se dressait une femme aux cheveux blanc-gris, un visage fin mais rongé par ce que Gin pensait être de la tristesse. Il aurait pu dire la même chose qu’elle, puisqu’il marchait sans savoir où il était. Il relevait la tête pour regarder ce qu’il y avait autour, il trouvait sans peine une enseigne qui se trouvait un peu partout dans la ville. Il prit le poignet de la demoiselle, en ignorant les protestations de cette dernière est avancé vers l’enseigne.

Comme de nombreuses boutiques de ce genre, on pouvait commander de l’extérieur, la femme dont il avait pris le poignet avait remarqué où il l’amenait.

Est-ce qu’elle se demande si je vais demander un remboursement ? Avec la tête qu’elle tire, y a pas moyen que je lui fasse payer quelque chose.

Au final, il revenait vers la mademoiselle avec deux cônes de glace, lui en tendant un.

– Prends cette glace au lieu de tirer cette tête !

Il commençait à déguster la sienne, de la fraise, tout en regardant la femme se trouvant devant lui, l'invitant à marcher avec lui.

Gin donnait la glace à la demoiselle, regardant le visage de celle-ci, un éclat de lueur semblait avoir passé sur son visage, un léger sourire aux lèvres, elle remerciait l’homme qui lui faisait face, suite à cela, elle lançait une phrase, qui avait du sens. La figure de Gin fendit en un énorme sourire, il est vrai qu’il n’aurait pas fait d’habitude, alors pourquoi ? L’envie ? Oui. Il répondit à la mademoiselle sur une note enjouée.

– Non, cela ne m’arrive pas souvent de faire quelque chose dans ce genre… Mais, nous sommes libres de faire ce que l’on souhaite non ? Par envie ou par égoïsme ! Whahaha !

Il demandait à la jeune femme de le suivre, lui racontant qu’il fallait trouver quelque chose d’amusant et explorer la ville. Qu’est-ce qui le poussait à faire cela ? Le visage triste qu’il avait vu il n’y a pas si longtemps l’avait en quelque sorte touché, suivant le principe de vivre l’instant présent, il avait agis par « automatisme » devant la femme. Utilisant sa glace comme d’une baguette, il pointait celle-ci en direction de la mademoiselle.

– Il est vrai que je suis un parfait inconnu pour toi, mais comment les gens qui ne se connaissent pas font-ils pour se connaître ? Dans un premier temps, ils se présentent ! Je me nomme Gin, et maintenant je ne suis plus un étranger !

Sur ce, il se remit à rire, avant de croquer dans la glace froide. Insouciant ? Oui, il l’est, il évite de penser au passé, évite de penser au futur et se contrefout si ses actions pourraient avoir des effets néfastes.

Il s’éloignait de la rue principale, rejoignant une petite ruelle sur le côté, personne ne s’y trouvait. Jetant un coup d’œil derrière lui, il vit que la mademoiselle le suivait, surement intrigué par l’énergumène qu’il était !

Au bout de deux ou trois chemins entre les bâtiments, ils tombèrent sur une ruelle des plus habités. Des femmes étendant leurs linges, parlant entre elles de tout et de rien. Des bambins s’amusaient, couraient et se chamailler pour savoir qui était celui qui était le chat. Les hommes se réunissaient autour d’un jeu où il lançait des boules vers une balle plus petite, curieux comme il l’était, il regardait quelque seconde le jeu quand il passait devant, mais une fois dépassée, il pensait à autre chose. Un peu plus loin, deux vieil homme fumant se faisait face avec un jeu d’échec. Il y avait tant de choses à découvrir autour d’eux, quelqu’un de « normal » pourrait passer à côté sans faire attention à cela, trouvant cette scène des plus banales, ce qui était le cas dans un certain sens.

S’arrêtant à un croisement, tout en regardant où amenaient les différents chemins, il posait une question à son accompagnatrice du moment.

– Si je n’avais pas titiller ton intérêt, aurais-tu remarqué toute cette vie ?

Finissant son cornet, ses yeux semblaient suivre une corniche au fond de l’une des ruelles, sachant à approximativement sur quoi il allait tomber, il prit par le poignet la jeune femme, une nouvelle fois, et l’entraînait avec lui.

Sans se rendre compte, il avait en réalité monté sur l’une des hauteurs de la ville. Quand ils arrivèrent au bout de la ruelle, ils tombèrent sur une sorte de petite place vide de monde, quelques bancs étalés par-ci par-là avec des plantes, mais cela n’égalait pas la vue de la ville qu’ils avaient. Arrivant près de la barrière qui empêchait les gens de tomber dans le vide, il lâchait le poignet de la femme. S’excusant de l’avoir entraîné dans cela.

Gin se mit à rire, accoudé à la barrière, il est vrai qu'offrir une glace à quelqu'un de parfaitement inconnu n'était pas ce qu'il faisait souvent, mais là, il voyait quelqu'un qui avait besoin "d'aide", son visage était largement différent quant à ce moment où la rencontre s'était produite, il l'avait entraînée un peu partout dans la ville, histoire de la faire réagir, ce qu'elle montrait à cet instant semblait avoir plutôt fonctionné au point qu'elle se mette à rire elle aussi. De nouveau, un sourire en coin naquit chez Gin, d'habitude, il était plus du genre a essayé de draguer, bien qu'il sût pertinemment qu'il se ferait virer, là... Non, il avait juste envie d'aider cette fois, mais peut être qu'une autre fois, ce serait possible que ce soit pour une autre type d'approche.

Il voyait la demoiselle tendre sa main vers lui, cette fois, c'était pour se présenter. Elle se nommait donc Sara. Cette dernière se mit à parler du destin, chose en laquelle il ne croyait pas, où du moins avait une idée différente de, c'était des autres gens.

À son tour, il présentait sa main, serrant celle de Sara dans la sienne.

- Tant qu'à faire, autant se présenter complètement. Je suis Gin Selkins, homme à tout faire...

Sur ces mots, il joignit son pouce et l'index pour former un rond.

- Enfin tant qu'il y a de l'argent à se faire, hahaha!

Il s'appuyait contre la barrière, regardant l'horizon à son tour, regardant les bâtiments qui dépassaient cette ligne se trouvant entre ciel et terre, Sara finit par demander si elle lui devait quelque chose plus tard ou dans un temps futur.

- Hum... Oui, mais je pense que ce n'est pas comme tu le penses... N'oublie pas ce moment, par contre je m'en tape, tu peux tout aussi bien me mettre à la poubelle de ta mémoire, mais souviens toi juste de ce que tu as vécu, même si c'est bref, ainsi, peut être que tu ne tireras plus cette triste tête !

Encore une fois, il se remit à rire jusqu'à ce qu'il s'imagine à être jeté à la poubelle... Une larme se mit à couler sur le visage du côté opposé à Sara, cela faisait mal quand même.

Gin sourit une nouvelle fois, tant qu'il ne se fasse pas oublier, car il s'était miné, tout seul, en racontant qu'il était bon pour la poubelle ! Ainsi, elle se mit à parler un peu d'elle, disant que peu de personnes avant l'homme à tout faire n'avaient fait quelque chose comme cela, pourtant, Gin n'avait fait que peu de choses en réalité, ce dernier commençait même à pensé que la mademoiselle qui était à ses côtés devait avoir eu une vie assez rude. Il notait ce détail quelque part dans sa tête, histoire de pas faire une bourde dans un temps futur, bien qu'il y ait de fortes chances qu'il oublie.

Après une petite pause, celle-ci racontait qu'elle aurait peut-être besoin de quelqu'un comme lui dans un temps futur, pour exécuter une quelconque tâche, le samouraï aux cheveux blancs était son homme ! Du travail ? Parfait ! Gin est un homme qui suit deux principes : "on n'a jamais assez d'argent" ainsi que "l'argent est fait pour être dépensé !". Cruel problème pour Gin, mais un travail est une paye ! La suite lui plaisait tout autant, une tournée, peut importe de ce que c'était lui plaisait énormément! Alcool, glace ou même un thé était un petit plaisir de la vie pour lui, un moment de repos... Enfin, tout dépend de la consommation !

C'est là qu'elle passe son bras sous le sien, l'embarquant dans un passage, s'engouffrant une nouvelle fois dans les ruelles. Gin se laisse faire, il l'avait amené jusqu'ici, sur l'une des hauteurs de la ville, maintenant, il se demandait jusqu'à où Sara allait l'emmener. Serait-ce un lieu de débauche ? Un lieu où alcool coulait à flot ? Quelque part où le rire était présent ? Une dégustation de glace ? Où laissait-elle le hasard guider ses pas ? Gin se laissait faire, s'enfonçant de plus en plus dans la ville pleine de vie.

Dans un croisement, elle terminait de se présenter tout en regardant où ils pouvaient aller, il n'écoutait que d'une oreille sans trop faire attention, écoutant plutôt le rythme de la vie qui les entourait... Jusqu'à ce que son esprit trébuche sur son nom de famille. Un flot de pensée bordélique s'installait dans son esprit.

Non... Non, non, non, non... "Taylor", c'est un nom commun... Pas possible autrement ! Après tout, il y a plusieurs orthographes possibles pour un nom, ouai, c'est cela! Cela doit être "Tayllor" avec deux l, ou bien un h doit traîner dans le nom, pas possible hein! HAHAHAha...

La suite de ce qu'elle racontait raidisait le visage du samourai, quand elle tournait son visage vers lui, il essayait de le decrisper autant que possible, mais il avait peur dans un certain sens que son vissage fasse une tête d'abruti pour le coup. Dans un premier temps, il y eut un grand silence mental, ce qu'elle venait d'annoncer faisait écho dans sa tête.

HAHAHAHAHA! J'VAIS MOURIR TELLEMENT DE FOIS QUE MÊME L'ENFER NE POURRAIT M'ACCUEILLIR! CE SERAIT TROP DOUX! QU'AI-JE FAIS? POURQUOI ESPECE D'ABRUTI TU AIDE LES GENS SANS LES CONNAÎTRES?! SI J'FAIS UNE GAFFE, J'SUIS MORT!

Et ce fut ainsi pendant cinq minutes dans l'esprit de Gin à s'appitoyer sur son sort, se maudissant, se traitant d'imbécile ainsi que de fils de chèvre tout en demandant pardon à ses parents. Une fois qu'il fut calmé, il réfléchit histoire de remettre un peu d'ordre.

Allons Gin, calme toi hein ! Ce n'est pas comme si t'avais signé un allé simple pour l'au-delà, du moins, pas tout de suite ! Bref... J'ai paniqué, qu'elle soit la soeur de la femme la plus recherchée du pays ne veux pas dire qu'elle soit pareil ! Bon, stop penser à des conneries et redeviens le Gin de toujours, ce sera impeccable !

Il remarquait enfin que le duo entrait dans un battiment, il n'avait même pas remarquer par où ils étaient partit et encore moins l'enseigne, il aurat la surprise.

Il avait fait une erreur, c'est vrai. Pas celle d'avoir rendu le sourire a cette jeune femme, pas d'avoir rencontré la soeur de la criminelle la plus recherchée, non, ce n'étais pas cela. Il regardait un peu mieux l'enseigne avant de rentrer, l'insigne devait être celle d'un bar, deux verres s'entrecroisent. Il regardait la porte encore ouverte, il claquait l'une de ses mains sur son front, puis la descendit légèrement jusqu'à sa bouche. Il avait bien vu la ressemblance sur les portraits d'Enya Taylor et ses traits, mais n'avait pas cru l'espace d'un instant que c'était sa soeur, jumelle peut être... À ce moment, l'erreur qu'il avait faite été de croire qu'elle était semblable à la criminelle ! Après tout, on raconte que les frères et soeurs sont lié. Il se mordit la lèvre inférieure et se traitait une nouvelle fois d'imbécile.

Expirant un grand coup, il rentrait à son tour. L'intérieur paraissait plutôt ancien, mais ce n'était pas la vieillesse des meubles qui faisait fuir les clients, même bien au contraire ! Le côté rustique du bar avait un certain charme. Il voyait Sara, assit à une table, lui faisant signe de venir. Tant bien que mal, Gin du jouer des coudes pour s'approcher, esquiver des chopes maintenues en l'air par des gens redemandant à boire et tenter de ne pas percuter serveurs et serveuse. Arrivant à la table, il ne se demandait comment elle avait pu arriver à cette place aussi facilement... En fait la question qui lui trottait le plus en tête, c'était savoir comment elle avait trouvé une table vide! Haussant légèrement les épaules, il s'assit en face d'elle. Aussitôt assit, il s'accouda à la table et commençait à masser ses tempes pour finalement s'arrêter assez rapidement.

Navré, j'ai cru que si je faisais une bourde la soeur me tomberait dessus... Hahaha!

Il se mit à rire un peu, mais le son était plutôt étouffé à cause du brouhaha incessant dans le bar.

De plus, il n'y a pas moyen de t'oublier ! En plus, tu n'a pas dit que tu aurais besoin de moi dans un temps futur? Je ne peux pas oublier le visage d'un futur client.

Un sourire fendit une nouvelle son visage. Alors qu'une serveuse s'approchait pour prendre commande, Gin était une nouvelle fois plongée dans ses pensées, il n'écoutait pas un traitre mot de ce que les deux femmes pouvait se dire. Elle avait demandé un futur service, et il le ferait, il rembourserait cette erreur qu'il avait commise. Il fut tiré de ses pensées par la serveuse.

Et vous monsieur, que souhaitez-vous boire ?

La face habituelle de poisson mort revint sur le visage de Gin, regardant la serveuse.

N'auriez-vous pas... Du lait à la fraise ?

Par... Pardon ?

C'est exact ! Du lait à la fraise ! Il faut du calcium ! C'est important le calcium ! Avec le calcium, même la conquête du monde n'est rien ! Tout est réalisable avec du lait à la fraise !

Heu... Heu !

Allons, je blague, je blague, allé plutôt me prendre un wiskey avec glaçon, hahaha!

Alors que la serveuse partait légèrement décontenancée, il reportait son attention à la mademoiselle qui lui faisait face.

Bien... Si on trinque, on trinque pour quoi?