Titre : Toki n'a qu'un oeil mais il peint avec ses pieds Crédit : Yuukiël *___* pour le vava, Misto *___* pour la signa, merci à elles Feuille de personnage Maîtrise Magique: (2320/35000) Mérite: (40/160)
Thriller, un tableau d'une grande classe
Toki
Tu es égoïste. Tu le sais, mais tu le montres encore mieux. L'exemple le plus parlant est sans aucun doute celui là... Car te voila installé aux bordures d'un petit village, le surmontant du bout du plateau, tout en analysant chacun des corps grimaçant avançant dans les rues. Toi, tu es sous la protection de mère Nature, à l'abri et au calme, tandis que tes doigts accrochés avec délicatesse sur le pinceau aux écrins de chevaux, dessinent et immortalisent le village. Ta "mission" était de détruire les zombie apparus dans ce hameau de maisonnette, mais tu trouves bien plus amusant de créer un souvenir de cette attaque mémorable. Les cris des villageois sont comme des touches de rosées sur la rose matinale, ou des cerises rouges et rondes trônant sur le gâteau. Ils sont porteurs de terreur, celle que tu illustre en ce moment même, qui hante l'air autour de toi par l'odeur nauséabonde du sang et des cadavres putréfiés. Chaque zombie avance vers un cerveau dans la rue, ou les demeures, et leurs dents décomposées en partie, noircies par la saleté et la crasse, viennent se loger dans les boîtes crâniennes des habitants, pour aller l'ouvrir comme une coquille d'œuf et récolter la surprise : un bon gros cerveau. Si cela n'est guère ragoûtant, tu souris en pensant qu'enfin ces cervelles doivent servir, car elles nourrissent les créateurs même du personnage de Peur que tu peins au calme. Amateur de spectacles, tu as la bonne idée de garder tes deux yeux ouverts, successivement, pour diviser ton œuvre en deux, et montrer un village moderne ravagé, et un ancien lieu de cabanons attaqué. Et de loin, avec les jumelles trouvées dans ce magasin, en pleine nuit, alors que le commerçant devait dormir, tu peux admirer les fourmis dans leur bocal, tentant désespérément de se défendre avec les flammes de leur torches, ou s'alarmant et attendant impatiemment ton arrivée.
Oubliés, ils ne se croient que malchanceux, imaginant déjà que tu as succombé face aux morts vivants, ou que tu te bats avec férocité contre eux. Mais certains semblent l'avoir compris : ils ne seront pas aidés, et mourront ici pour vivre éternellement dans la gouache et les couleurs nacrées du tableau digne des plus grands peintres ancestraux. Mais tu es perfectionniste, alors les heures passent, et tu continues à montrer la peur et la faim dans ce lieu devenant de plus en plus fictif, et délimité par un passé troublant et un présent horripilant. Qu'ils ne s'inquiètent plus, ces pauvres êtres. Les zombies les auront tous dévorés d'ici quelques heures, et les souffrances s'arrêteront alors sans doute... Ah triste moment qui arrive en perspective, tu n'arrêtes pas, tout au long de tes coups de pinceaux, de craindre ce moment où la beauté immonde partira de ce hameau s'immortalisant sur la toile. Chaque sentiment de folie ou de mal-être se doit alors d'être retranscrit Ave une perfection exigeante, et c'est à se demander si même toi, Oiseau Rouge, tu parviendras à créer l'inimaginable à partir du non imaginable. Mais imaginer cela serait une distraction à l'origine d'une diversion bien trop importante pour les générations futures qui devront s'inspirer de ton œuvre pour nourrir leur soif d'art.
Khat entre tes lèvres, tu parviens à focaliser ton esprit se les milles beautés d'ébène et de fumées pendant que ton esprit part lentement dans cet état second qui te fait tant jouir. Tu dessines ton extase entre chaque pincée de putréfaction et enjolive la scène sans forcément sauver la situation. Qui t'en voudra ? Après tout n'es tu pas le seul mage à t'être donné la peine de te déplacer jusqu'ici pour admirer une réelle et vivante œuvre d'art ? Tu as acheté un billet de train, pour ensuite poursuivre à pied jusqu'à point d'observation. Ce n'est pas fatiguant, mais chiant, ce n'est même pas exténuant, mais terrible pour les fainéants. Alors au diable les critiques, tu seras le courage aux rapace qui a osé braver les danger de inaction pour agir en fonction d'une terrible épidémie de morts attaquants les vivants, pour montrer au reste du monde à quel point les pauvres auront été si pitoyables à brandir les armes contre une masse grouillante d'horreurs. Le doux jus de khat te sublimant et ton corps frémissant d'extase, tu oses entreprendre enfin un réel risque : et tu ajoutes à ton œuvre en développement, une touche, une pincée, de rouge magenta, au milieu de cette funeste palette de gris allant du sombre l'anthracite au clair aluminium.
Il faut le voir pour le croire, tu te fous de ces pauvres gens qui en bas crient. Ils insultent leur voisin, et brandissent les fourches contre leur plue vieil ami, tout ça car ce malheureux a eu l'idée brutale et involontaire, de se faire mordre jusqu'à devenir lui même l'un de ces monstres dénué de tout esprit logique. En voyant ce spectacle qui en bas te saute aux yeux, et ensuite est rattrapé par la toile caressée par les poils de ton outil, tu n'as plus aucune once de remords à ne pas être descendu pour mettre le feu aux toits, assurant une destruction sûre et massive de ces êtres de chair vieillie. Qu'ils vivent, ces morts, et qu'ils meurent, ces vivants... cela ne sera qu'une trace incroyable cachée au milieu de ta représentation picturale. Il te faut finalement attendre, juste une petite heure de plus, pour qu'enfin, l'un des paysans victime comme d'autres, se décide à foutre le feu au village, en implorant le pardon des cieux. A cela tu souris, et dans ta bonté tu affirmes...
Je te pardonne et t'honore.
Du coup, être sincère et honnête, tu entoures sa représentation entre les crocs de l'un des monstres, d'une ombre vaillante, et d'une aura de feu, illuminant ton œuvre à jamais, et perdurant ainsi dans l'Histoire à venir. Quelques minutes plus tard, ce même héros immortel de part ta mixture de couleurs, devient l'un des leurs, et gardant son intelligence, s'en prend au flammes pour décéder une deuxième fois. Souriant, c'est cette folie et idiotie, tout simplement exquise, qui te permet de passer à la seconde étape de ta peinture bi modale. Passant ton cache œil sur celui contenant l'iris la plus bleutée, tu peux voir le petit groupe de maisons en bois revenir à une époque bénie des Dieux, mais pas les bons. Les champs désertés par le Soleil des moissons, les rivières gelées lors des fraîches journées, et fragiles pour le patin à glace... Même les tombes sont délabrées, peut être même plus que de nos jours. Tu rigoles, et de ton perchoir, annonce que dans quelques heures, ce tableau fera son apparition dans les couloirs des galeries entreposés dans une place publique, celle de la ville enneigée : Shirotsume.
Il ne te faut pas plus d'une demi heure pour répondre à tes attentes, et enfin coordonner sur ta peinture les deux époques. C'est magique et magnifique, à un tel point qu'une larme s'écoule de ton œil brun, pour tomber sur ta toile, sans que tu ne le vois. Souillée, tu t'apprête sur à la jeter et à recommencer, lorsque tu te rends compte que la perle d'eau et salée de tes glandes lacrymales, a réussi à styliser le personnage entourée de feu, et ton esprit critique ne fait qu'une tour dans ta tête avant que tu ne remercies mentalement le ciel de t'avoir montré une façon de faire de ce tableau, le plus beau de tous les temps.
Les détails restent tout aussi important que les formes grossières du début de l'œuvre.
C'est avec une base solide qu'enfin tu t'apprête sur à garnir ton œuvre des plus brillantes, des détails la rendant réelle pour l'éternité. Les rainures dans le bois en charpie, souillées par un morts sur le point de se décomposer, les marques de morsures sur un corps mort d'humain perché se la statue au milieu de la grande place... ces petites choses montrent l'attention avec laquelle tu as immortalisé cette scène des plus glorieuses pour le camps des envahisseurs. Quand tu remarques alors que tu seras le seul survivant vivant de ce coup d'état à l'échelle communal, une fierté t'envahit. Tu sais à ce moment là que tu es bel et bien surpuissant...
Il faudra être aveugle pour ne rien ressentir en voyant ton œuvre car tu la réussis avec un certain charme, un humour noir décourageant chaque individu normal de rigoler. Mais tu n'es pas normal, et tu finis pas éclater d'un rire interne en imaginant la tête de tes spectateurs. Tu as hâte, et tu mets plus d'entrain à exhiber les beautés de ce village en flammes, passant dans ton tableau d'une époque à une autre.
Est ce que l'on t'aurais repéré ? Car tu crois entendre ton nom, et, pris de sursauts et de soubresauts, tu lâches la couleur rouge dans les plis de la poudreuse. Énervé, tu vas ramasser le pinceau lorsque l'inévitable se produit, et ta double forme prend le dessus. Tu te retrouves alors habillé de vêtements visiblement trop grand, et devenant frileux par ce trop grand froid, tu vas vite chercher dans ta panoplie de peintre, les vêtements de petites tailles pour que tu puisses survivre dans ce froid, puis tu te remets au travail, espérant finir dans les deux prochaines heures.
La dernière touche et tu finis ton tableau. Merveilleux, on y voit les deux époques du village, chacune terrassée par un groupe, une élite de zombie. C'est magique, et tu en pleures presque de joie. Une peinture aussi belle doit bien valoir dans les trois cents mille, mais ton souci n'ayant jamais été l'argent, tu te décides à l'admirer une dernière fois avant de soigneusement l'emballer. Tu fais alors ensuite l'état des affaires, et tu attends de reprendre ta forme adulte pour partir.
Oui, tu es enfin prêt. Oui tu as retrouvé ton corps. Oui, tu as créé un tableau horrifiant, mais magique. Tu es fier de toi. Après avoir enfin plier bagages, tu t'en retournes vers le train, ayant l'impatience de saluer ton peuple, après que la place publique de Shirotsume soit habillée de ce beau tableau de mort, signé par un symbole, l'Oiseau rouge...