J'étais de retour de mon voyage à Kunugi depuis maintenant deux semaines, et je n'avais toujours pas assez de sous pour me payer ne serait-ce qu'une misérable cahute. Il me fallait à tout prix gagner de l'argent pour que je puisse me bâtir une petite cabane, un chez moi dans les bois, dans lequel je pourrais vivre avec mes nouveaux amis écureuils.

Une fois n'est pas coutume, je suis en train de me battre dans la mêlée générale qui avait éclatée dans la taverne. Je n'avais pu manger qu'une seule tartine et bu un bol de lait quand Natsu et Grey se sont pris la tête pour je ne sais quelle raison. Mais la situation a vite dégénéré, et je suis entré dans la baston sans savoir vraiment trop pourquoi. Je me souviens encore du jour de mon entrée dans la guilde ; comment est-ce que j'ai pu penser que je pouvais arrêter cette bande de barbares ? La bande de barbares à laquelle j'appartenais désormais ? Elfman me mit une tarte qui me fit voler droit en direction du panneau des missions, et c'était bien un miracle qu'il n'ait pas fini en miettes quand je me le suis pris en pleine poire. Je m'étalais au sol comme un pigeon qui venait de se prendre une vitre.

Lorsque je repris mes esprits, je vis qu'une requête de mission m'était tombée dessus dans ma chute. Je la pris en main en me redressant, puis me mis à la lire.

Depuis deux mois, notre village se fait attaquer par une bande de mages noirs, qui n'hésitent pas à piller les commerces et attaquer les passants. S'il vous plaît, venez nous aider.

- Mirajane, est-ce que tu sais d'où vient cette requête ? Il n'y a pas de lieu d'indiqué dessus...

- Oui, il me semble qu'elle vient d'un hameau dans la forêt de Kunugi qui s'appelle Edelweiss, il me semble...

J'en froissais le papier. Edelweiss. J' y étais pourtant allé il y a deux semaines pour me rendre sur les lieux de l'incendie... Et tout m'avait pourtant l'air normal ! Les gens étaient heureux, le commerce semblait aller bon train... Est-ce que je n'étais venu que pendant une période de calme ? Non, ne me dites pas qu'ils ont attaqué juste après que j'ai quitté mon village natal ! Et qui a bien pu faire ça ?!

- Mira, je prends cette mission., dis-je avec la plus grande détermination dans ma voix.

Je montais dans ma chambre, prenais quelques affaires de rechanges, ma bonbonnière et des sous pour le train, puis descendais en trombe l'escalier menant au rez-de-chaussée et partit en direction de la gare. Il fallait vraiment que je vienne en aide aux habitants d'Edelweiss, même si je n'y habitais plus depuis maintenant onze ans.

Mais... Mais qu'est-ce que Yù fichait ici ? Il avait aussi une mission aux abords de Kunugi ? Je lui laissais la place à côté de moi, mettant ma bonbonnière sur mes genoux pour libérer le siège à ma gauche.

- Salut ! Comment vas-tu ? Je suis là car j'aimerais venir avec toi ; en fait je comptais prendre cette mission, mais tu as été plus rapide que moi. Si tu veux, je te laisserai la récompense, elle ne m’intéresse pas !

Je le regardais, sans trop faire attention à pourquoi. Qu'est-ce qu'il fichait ici ? Puis, après dix secondes d'un état de profonde apathie, je percutais : il avait lui aussi vu la requête sur le panneau, et voulais me donner un coup de main. C'est vrai que je m'étais lancé seul dans un combat contre cinq mages, et la dernière fois que j'en avais combattu un, j'avais sacrément dérouillé.

- Oui, désolé, j'étais perdu dans mes pensées. Bien sûr, que tu peux me filer un coup de main ! À vrai dire, je me fiche aussi un peu de la récompense, c'est une affaire personnelle qui m'amène là-bas...

Je me sentais lentement partir en avant à mesure que le train freinait, pour finalement s'arrêter au quai de la ville de mon adolescence.

- Kunugi, deux minutes d'arrêt !, annonça le contrôleur.

Je prenais mes affaires, ainsi que la bonbonnière, mettais tout ce fourbi dans un balluchon, et sortais du train. Je supposais que Yù me suivais, alors je prenais directement la route menant au village de mon enfance. Mais, alors que nous nous enfoncions dans les bois, je sentais que Yù allait poser une question, sans doute "Pourquoi est-ce que tu n'as pas demandé ton chemin ?" ou quelque chose d'approchant. Avant qu'il ne dise quoi que ce fut, je me retournais vers lui en m'arrêtant au beau milieu du sentier.

- Avant toute chose, oui, je sais où on va. J'ai vécu les dix premières années de ma vie à Edelweiss, avant que mon père ne se fasse assassiner par le Diable en personne. Il y a onze ans, une guilde clandestine attaquait le hameau parce qu'ils recherchaient papa, et après ils l'ont tué. Donc oui, je connais le chemin par cœur, et non, je ne veux pas en parler, sinon je vais pas finir de chialer alors qu'on a des mages noirs à friter.

Sur quoi je reprenais ma route, ignorant presque mon camarade. Mais je n'étais pas d'humeur à m'épancher, je l'avais déjà fait deux semaines auparavant, et je me devais de laisser ma détresse au placard avant le combat. Je suis un Mage de Fairy Tail, je ne pleurerais qu'une fois que tout sera fini.

Un quart d'heure plus tard et nous étions arrivés à destination. Tout semblait calme, si ce n'était la fumée qui s'échappait de la place du marché. Je ramassais une pierre au sol, prêt à en découdre.

Une femme avait le pied bloqué par les gravats et un mur menaçait de s'effondrer sur elle. Yù fut plus rapide que moi et s'est précipité vers elle pour former deux piliers de glace pour bloquer la chute de la façade pendant quelques instants. Après qu'il m'eut demandé de l'aide, je me jetais à mon tour sur la dame, et le mur s'effondra juste derrière moi.

Je soupirais en m'époussetant mon manteau.

- Pfiou, c'est pas passé loin...

Soudain, je vis une silhouette surgir dans le dos de Yù. C'était un homme assez grand, large d'épaules, qui semblait être habillé en pyjama. J'allais rire, quand je remarquais le long poignard qu'il tenait en main. Il allait se jeter sur mon ami, je ne savais pas quoi faire !

- Yù, baisse-toi !

Sans attendre sa réaction, je fis deux bonds sur sa droite et envoyait le caillou que j'avais dans ma main de toutes mes forces. Une fois à l'apogée de sa course, je l'accélérai d'un coup de Dash. Le projectile frappa l'adversaire en plein thorax, lui coupant momentanément le souffle.

Je me mettais vaguement en position de combat (Enfin, je pensais que c'était une posture de combat, j'avais vu des gens se mettre comme ça avant une bagarre), attendant mon adversaire.