Soul eater

Entraînement

Une branche craque au moment où ma botte s'appuie dessus de tout mon poids. Les feuilles bruissent, mes cheveux sont soulevés par le vent, je ferme les yeux et me laisse bercer par les sensations que m'offre la nature. Un frisson de fraîcheur me fait sourire, l'odeur d'humidité qui couvre les feuilles mortes sent bon, c'est calme. Jack n'est toujours pas revenu. Sait-il où je suis maintenant? Est-il connecté à mon cerveau pour suivre mes déplacements? Ou bien se fit-il à son instinct? Pour le moment, je ne m'en soucis guère. J'ai obtenue une nouvelle alliée et je lui en suis reconnaissant. Elle me sera bien utile dans un futur proche. Ma main droite tâte sa marque sur mon torse de façon délicate. Bienvenue à bord ma nouvelle amie...

Je me laisse transporter dans la forêt en me laissant guider par ma vue, mon odorat et mon ouïe. Il y a quelque chose ici aussi, quelque chose qui a faim, quelque chose de sombre et de dangereux... m'attend-t-il? Pour le moment, mon environnement me paraît tout à fait normal. Mes yeux jaunes ont beau scruter les alentours, je ne perçois toujours rien autour de moi. Je continue d'avancer, sur mes gardes en évitant de faire le moindre bruit. Les oiseaux ne chantent plus, le vent s'est tut aussi, l'atmosphère me semble lugubre et lourd. Un mal vit toujours ici, un mal qui veut subsister en se nourrissant des autres, un mal qui ne dort jamais. Cette façon de percevoir la mort autour de moi peut m'être utile dans un sens, mais dans un autre c'est inquiétant. Ce que je perçois paraît toujours plus grand que ce que c'est en réalité afin de me préparer au pire.

En contournant un arbre, je vois l'être squelettique habillé de quelques lambeaux de peau qui tente de survivre dans cette nature où plus aucune âme n'est présente pour le tenir en vie. La chose se retourne et me présente son ventre. J'ai l'impression qu'il tient un foetus qui se tord de douleurs. Il s'accroche à sa cage thoracique comme un singe s'accroche à sa branche, il se lamente, gigote, puis soudainement se fige pour me regarder droit dans les yeux. La petite chose crie, réveillant ainsi son porteur d'un coup sec qui se dirige vers moi d'un pas rapide. Je recule à petits pas rapides pour évaluer sa vitesse... mais sa faim me rattrape et il tente de m'agripper par les épaules pour m'attirer contre son foetus. Mes pieds se lèvent et s'appuient contre sa cage thoracique et son bassin pour l'empêcher d'atteindre le centre de mon corps. Il est fort et réussit à gagner la bataille. C'est là que j'invoque mon armure de lances. Elle transperce ses mains et une partie de son corps. Il me relâche. Je suis sauf... pour l'instant.

Mon corps retombe parterre. Ma chute est amortie par mon armure. Les pics se rétractent et j'en profite pour prendre de la distance entre mon adversaire et moi. Le foetus hurle d'un cri aigu, il ne peut plus attendre pour manger. Le dévoreur d'âmes gueule à son tour. Glacial, terrifiant, j'en ai moi-même la chaire de poule. J'invoque mon fil barbelé et l'envoie s'enrouler autour des bras de la créature. Le fil tourne et se retourne pour lui scier les bras qui en tombent parterre. Il crie à nouveau: il n'en a pas terminé lui non plus. Ses jambes le propulsent à toute vitesse vers moi et cette fois, il s'y donne à fond: le ventre d'abord, c'est le foetus qui tente de m'agripper et de me dévorer l'âme avec appétit. Un bond sur le côté suivi d'une roulade me sauve de justesse de l'attaque.

Je me dis que s'il tente de dévorer mon âme, il tentera de voler celle de mes invocations vivantes... il vaut mieux que je me limite à mes armes. J'envoie mon fil barbelé enrouler les jambes du dévoreur qui tente cette fois de ramper comme un vers jusqu'à moi. Ma botte s'appuie contre son crâne mou. Il tente de me mordre, mais il n'arrive pas à bouger la tête. Je m'appuie dessus et de mon autre pied, je frappe solidement pour lui fendre le cou. Le géant est mort, mais j'entends encore le foetus gémir. D'un élan avec mon pied, je retourne le cadavre. La petite bête me tend la main dans un dernier souffle de vie avant de se figer à l'intérieur du squelette. Même si les deux êtres mort-vivants paraissent inanimés, j'entends toujours quelque chose... comme un coeur qui bat. Je tends l'oreille contre le foetus et il y a bien quelque chose d'animé à l'intérieur de la carcasse. Ma main droite plonge dans le corps gluant du foetus de la grandeur d'un enfant de cinq ans pour tâter quelque chose de froid qui me brûle de sa froideur, l'intérieur de la paume de ma main. Je la sors immédiatement et constate l'empreinte de son âme se forger dans ma main. Je constate, je souris, le navire se révèle de sa cachette, une corde m'est tendue, j'en ai terminé ici...