Te souviens-tu Isaiah de notre rencontre ? Pour ma part, je m'en souviens comme si c'était hier. Cette journée où le Soleil était à son paroxysme. La chaleur était mortelle, mais toi, tu ne semblais pas en souffrir. Tu restais froid, froid comme la glace. Tu étais à la rechercher de quelque chose et tu semblais déterminer. Je t'observais sous ma forme spectrale derrière un bosquet, toi qui avais pénétré dans le domaine de mon maître. Depuis que je n'étais plus de ce monde, tu avais été la première personne qui m'avait fait me sentir vivante. J'avais ressenti cette étrange sensation cette étrange boule de chaleur qui siégeait au niveau de mon estomac. Mes joues s'étaient teintées de rouge, un rouge que j'avais essayé de cacher mes joues par mon chapeau. Un geste maladroit que je n'avais plus besoin de faire sous la forme d'un fantôme. Je n'étais plus vivante à vrai dire, comment pouvais-je encore ressentir des sentiments. Moi qui ne se souvenais même plus comment j'était vivante, à quoi ressemblait ma vie d'avant. Je ne me souvenais de rien à part ces étranges sensations qui parcouraient souvent ma peau comme les vestiges de sensation qui m'étaient dorénavant interdits. Je me souviens de notre rencontre, car c'est le seul vrai souvenir que j'ai depuis cette amnésie qui me catégorise. Leia, c'est mon nom et je suis ton esprit Isaiah, ton arme, ton amie. J'ai confiance en toi, car tu es la seule chose positive dans ma vie de créature intangible, tu es la seule personne capable de me rendre tangible. Tu es pour moi, l'univers. Un univers dont tu serais le Soleil et nous esprits seraient tes satellites. Je suis à tes côtés, tu n'es pas personne, tu es bien plus. Tu es ma raison de vivre ne l'oublie jamais.
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La froideur de la pierre sur laquelle j'étais me paraissait désuetes, je ne ressentais pas cet étrange frisson qu'un corps humain devrait provoquer dans sa quête d'une température corporelle autour des 37 degré. Je ne comprenais pas, mon corps semblait être arrêté, comme si le chrono d'une montre avait subi la touche stop et que l'aiguille s'était étrangement fixée sur un chiffre et qu'elle ne voulait plus bouger. En l'occurrence, cela semblait être le cas pour mon corps, il avait décidé d'accepter la température de la roche et s'était adapté pour au final appuyé sur le bouton stop et garder cette température des plus glaciales. Mon cœur semblait toujours battre pourtant, comme quoi mon corps entier n'était pas rentré en stase et je vivais toujours, mon sang devait continuer son étrange flot dans chacune de mes veines. Insufflant la vie à chacune de mes cellules leur apportant leur quota d'oxygène pour les maintenir en vie. Mes muscles se tendaient, je voulais me lever, enfin mon corps m'ordonnait de me lever. Pourtant, je ne voyais pas le but de tout ceci. Pourtant, j'étais bel et bien en train de me lever. Je contemplais les alentours, l'ombre des arbres virevoltaient comme les flammes d'un ancien feu qui perdait petit à petit de sa splendeur. J'étais dans une forêt, l'endroit même où la vie m'avait fait naître, rappelons que j'avais eu la chance d'être mis au monde dans une des plus belles forêts qui existe au monde. Cette forêt lui ressemblait énormément. J'en devenais presque nostalgique, quelque chose de solennelle planait dans l'air. Le décor se profilait, j'avais un mauvais pressentiment. La terre se mise alors à trembler, un souffle rauque et puissant commençait à se faire entendre, le martèlement d'un pied lourd et puissant se faisait de plus en plus entendre. Soudain, alors que ma tête se tournait délicatement vers le bruit.
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Tu sembles absent, déphasé de la réalité. Tu sembles perdu dans ton monde, que fais-tu dans cette forêt. Je suis sûr que tu ne le sais même pas. Réveille-toi, Isaiah, tu n'es pas cet homme fade et sans vie que tu nous montres. Tu es bien plus, tu es une personne. Retrouve ce sourire que tu m'as fait voir une fois lors d'une de nos discussions. Reviens à moi. Soudain, ce bruit, ce vacarme lourd et puissant, cette poussière qui s'élève. Moi qui suis dans ses pensées comme aux aguets. Je vois avant lui qu'un énorme sanglier lui fonce dessus. Pitié non. Je suis présente dans tes pensées, mais tu ne le sais pas. Je suis loin de toi, mais pourtant à côté de toi. Je suis rien et en même temps tout. Je te suis partout comme la mort. Cependant, tu ne me vois pas, tu ne m'entends pas. Je suis juste loin de toi. J'espère que tu acquiers rapidement cette puissance qui te permettra de nous parler à chaque instant de ta vie. Je ne vis que pour ces moments-là et en ce moment, je me sens impuissante. Impuissante de te regarder faire charger par ce mastodonte à poils bruns.
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Mon regard fit happer par la puissance du choc, mes côtes vibrèrent d'un commun accord au rythme dangereux de la puissance du sanglier. Mon corps créa un tintamarre d'une originalité métallique effroyable. J'étais sur le sol tel un chewing-gum qu'on venait de mâcher et qu'on avait jeté. Je me sentais douloureux de chaque partie de mon corps. Je ne comprenais pas ce qui venait de m'arriver. Lorsque j'arrivais péniblement à lever la tête devant moi, l'animal se changeait en un homme. Un effroyable et horrible homme. On aurait pu facilement le comparer à un de ces hommes sauvages qu'on comptait aux jeunes enfants pour qu'ils comprennent nos erreurs du passé. Cet homme était un mage et je semblais être sa victime, mais pourquoi ? Qu'avais-je fait ? Je n'avais rien de précieux, aucun intérêt. Soudain, je sentis sa main prendre délicatement ma cheville, sa prise sur ma malléole me faisait pousser un léger gémissement de souffrance. Elle semblait-elle aussi endommagée par le choc. Sa voix me semblait inaudible à cause de la douleur de mon corps, mais je réussis néanmoins à percevoir quelques bribes comme vente et esclaves. Les deux mots, me donnèrent froid dans le dos, mais je n'étais clairement pas en l'état de faire quelque chose. Alors que mon esprit allait bientôt me quitter, je me concentrais utilisant la magie de mon corps qui pouvait être utilisé. Je visualisais la jeune femme, cette jeune femme qui m'avait aidé tant de fois. Je me devais de laisser une nouvelle fois me venir en aide. Ma voix, à peine audible comme si mes cordes vocales avaient été touchées, chaque mot était pénible, mais je réussis néanmoins à utiliser la phrase d'invocation. « Ô disciple de Diane viens à moi. Que la puissance des Celtes prend forme en toi et que de ta beauté, tu m'éblouisses. Druidesse, tu es mon pouvoir, je te confie ma vie. »
Une silhouette magique se formait devant mes yeux à peine ouvert. La jeune femme apparut, mon corps me brûlait d'avoir utilisé de la magie, mais je me devais de continuer, je me devais de survivre. Je souhaitais plus que tout, comprendre où était ma place dans ce monde. La jeune femme aux allures de sorcières, se mit à lancer une tirade. Je n'arrivais pas à la comprendre, mais ses mots semblaient réchauffer mon corps. Ils semblaient me protéger comme les mots d'une mère à son enfant. Le problème, c'est que je me demandais comment la jeune femme pourrait me secourir aucune des techniques quelle connaissait ne pourrait être utilisé pour me protéger. L'une m'arracherait la vie et l'autre n'était utile que pour le soin. Je ne savais pas pourquoi j'avais choisi cet esprit, peut-être mon instinct ou simplement au fond de moi, je voulais voir cette personne avant de mourir. C'était sûrement un acte manqué, elle était la personne qui avait le plus d'affections pour moi avec mon père, mais je ne me sentais pas qu'il me voit dans cet état. Ou tout simplement, j'avais confiance en elle. C'était ça, j'avais confiance en toi Leia. Mes yeux se fermèrent petit à petit, je ne voyais plus que des ombres comme un spectacle qui se jouait dans la nuit.
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Je ne pouvais pas être plus heureuse que tu m'invoques, moi qui m'étais sentie si loin de tout, impuissante devant ton ennemi. J'allais pouvoir me venger, je sentais cette confiance en toi me percer de part en part. Tu avais grandi Isaiah et ta magie aussi. Alors que j'aurais dû combattre sous la forme de Leia. J'avais décidé de laisser la part druidique en moi prendre le dessus pour le combat contre cet homme qui venait de se transformer de nouveau en sanglier. Je revoyais la vie de cet homme, sa famille, son art, il était d'une telle dévotion pour ce qu'il faisait. Soudain, le sol semblait répondre à sa magie. Plusieurs petites racines d'arbre perforaient le sol pour s'enrouler autour de l'ennemi ces branches absorbaient l'énergie de l'ennemi le temps de leurs étreintes. Un piège qui ne semblait durer que le temps que l'esprit était présent. En effet, je sentais la magie d'Isaiah défaillir petit à petit, même si les lianes transmettaient la magie indirectement à son porteur, elles ne puisaient pas assez rapidement dans l'ennemi. L'esprit convoquait alors une branche d'arbre du Néméton qui formait un immense bâton qui arborait à son bout une branche qui se taillait sous la forme d'une lame de faucille. On aurait dit une faux celle-ci semblait posséder de la magie. La jeune femme habitée par son ancêtre se dirigeait vers son ennemi qui devenait de plus en plus humain. La branche, quant à elle, permettait à l'esprit de maîtriser légèrement les branches aux alentours d'eux. Pour l'instant, il ne pouvait qu'utiliser les petites racines, mais il s'en servait pour enchaîner l'homme encore groggy par cette succion légère, mais succion de sa magie qu'il n'arrivait plus à contrôler. Nous enchaînions l'homme de plusieurs coups de branche. Avant de le voir s'écraser parterre assommé. Soudain, nous nous retournions vers notre mage et nous allions à ses côtés. La nuit était presque à son apogée lorsque nous utilisions une version améliorée de l'effet de la Lune. Elle nous permit de soigner les blessures externes du mage avant qu'il ne sombre dans l'inconscience et que nous disparaissions avec l'arrivé du sommeil.
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Mes yeux s'ouvrirent à la lumière du sommeil. Je me réveillais définitivement, je ne me souvenais plus de grand chose à part ce balais délicat que m'avaient offert ces ombres. Je clignais des yeux avant de regarder mon corps celui-ci semblait étrangement réparer, rien, aucune blessure sur ma peau. Je ne comprenais pas tout. Alors que je me levais, je constatais que mes blessures internes étaient, quant à elles, toujours présentes. Je clopinais pour voir que le corps de mon ennemi était toujours inconscient, j'en profitais alors pour partir comme je pouvais. J'essayais de me souvenir, j'essayais d'éclaircir les images que j'avais vues et c'est alors que je compris que mon esprit m'avait sauvé à l'aide de nouvelles techniques.
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