Kai. Tu es de ces hommes forgés par le temps. Tu es de ceux qui grandissent trop vite. Tu es cet homme qui n'a qu'à tendre la main pour attraper une étoile et l'arracher aux cieux. Tu es de ces hommes à qui le monde tend les bras parce qu'il n'a pas le choix. Le monde s'offre à toi et gronde sous tes pieds, car tu es de ces hommes qui n'abandonnent jamais. L'abandon tu ne connais pas , ce mot n'existe même pas dans ton vocabulaire parce que lui il n'a jamais abandonné quand il devait faire quelque chose. Il aurait bravé vents et marrés, montagnes et rivières s'il le fallait pour accomplir ce qu'il pensait juste. Toute sa vie, il s'est battu, il te l'as jadis raconté et tu tiens certainement cela de cet homme. Celui qui t'a inspiré ta conduite. Celui que tu appelas « Papa ».

Cet homme, tu lui ressemblais au plus au point, mais avec quelques nuances.

Tu n'as pas pris que le meilleur de cet homme, tu as également pris le pire, mais ça, tu t'en fous parce que t'es ce genre de personne. T'es celui qui ne faut pas faire chier, celui qui ne se laissera jamais marcher sur les pieds. Celui qui donnera tout ce qu'il a pour faire ce qu'il a à faire. Être celui qui doit être. On te dit autoritaire et sec parce que le commun des mortels ne voient que les défauts des hommes. Le commun des mortels ne comprendra pas ce que tu caches au fond de toi et le pourquoi tu es comme ça. Autoritaire ? Toi ? Oh que oui tu l'es, mais c'est pour mieux protéger ceux à qui tu tiens. C'est pour mieux leur faire comprendre qui tu es et quel genre de personne tu aspires à être et pour cela, tu ne laisseras personne entraver ton chemin. Un soupçon de barbarisme hérité de ton père certainement, mais ça que veux-tu c'est la vie. Tu n'es pas barbare du moins pas autant qu'on peut le penser, tu aimes juste faire les choses en prenant la voie la plus directe qui s'offre à toi-même si pour avancer, tu dois creuser ta propre tombe, tu t'en fous. Tu peux tomber dans un gouffre mais alors que tu tombes, tu as déjà trouvé la sortie parce que les plans de secours ça te connaît.

Tout feu, tout flamme, tu es quelqu'un de brillant et d'impulsif ce qui ne fait en général pas bon mélange. Tu te reposes que trop peu sur ce qu'il y a dans ta tête pour profiter des avantages que tu as eu de la nature. Les muscles. Tu tapes avant de discuter parce que tu sais que c'est comme ça que fonctionne le monde. Il faisait comme ça également. Malgré tout, tes sentiments restent l'élément le plus important chez toi, ce qui te pousse à agir, ce qui te fait te lever chaque matin, ce qui fait que tu es ce genre d'homme sur qui on peut compter. Tu n'aimes pas spécialement faire plaisir aux autres, du moins, ce n'est pas ton dada et ce qui te rend heureux mais tu peux parfois te montrer généreux envers autrui et prêter main forte quand cela semble nécessaire. La protection des plus faibles face à la menace des plus forts. Tu n'as jamais vraiment aimé ces lois de la nature car toi seul est un élément contraire à cette règle idiote.

Idiotie. Les femmes en sont une. La seule que tu n'as jamais aimée fut ta mère. Ton père en parler souvent et parfois, il t'arrive de rêver d'elle en secret. Cette femme à qui tu dois la vie. À qui tu dois l'amour. Cette femme qui t'a inspiré également car mise à part le fait d'avoir un papa génial, tu as eu une maman comme jamais il en a existé. Tu n'as pas eu l'occasion de la connaître, mais tu sais que les femmes sont charmeuses et douées dans leurs domaines car pour faire fondre le cœur de ton père, elle a sûrement dû s'armer de patience. Les femmes...La plus grande faiblesse de l'homme. On ne peut pas vivre avec mais on ne peut pas vivre sans non plus. Les femmes sont une épine sous le pied que l'on ne peut enlever car elle est nécessaire à l'apprentissage de la vie. Les femmes...Tu t'en fous. Non pas qu'elle ne t'intéresse pas mais tu es ce genre d'hommes assez sexiste et pensant encore comme un grand-père appelant ces gentes demoiselles « le sexe faible ». Les femmes ne sont pas faibles, mais jamais tu ne le reconnaîtras, plutôt se couper un bras. Pourtant quand tu en as une en face de toi, tu la ramènes moins. Le coq fier et droit que tu es devient alors ce petit lapin mignon et docile. Celui que l'on caresse sans y risquer un doigt. Les femmes rendent fous, mais personne ne peut leur échapper bien longtemps et tu n'échappes pas non plus à cela. Les femmes envoûtent et ensorcellent. Les femmes brisent les hommes et leurs fiertés comme elles briseront la tienne. C'est pour cela que tu démontres une certaine timidité, une faiblesse, devant elles.

Tu es beaucoup de choses pour un jeune homme que la vie et le temps ont rattrapés. Tu es cet homme qui aimerait être comme son modèle mais qui est en faite encore et toujours cet enfant marchant dans ses pas. Tu es celui qui s'accroche encore aux rêves et aux espoirs qu'il peut fonder et crée. Tu es celui qui se montre impatient, têtu, parfois arrogant sans trop l'être, mais qui peut être à la fois celui qui est timide, généreux et protecteur. Tu es de ces hommes qui savent ce qu'ils ont à faire. Ceux qui n'ont qu'un but dans la vie et qui s'y fixent. Tu es de ces hommes qui ne demandent qu'à apprendre, qu'à comprendre.

Tu es de ceux qui changeront les choses et qui rattraperont leurs rêves avant que la réalité ne les rattrape.

Oui, tu es cet homme.

Tu es cet homme qui, forgé par le temps, n'a pas eu le plaisir de grandir. Ton enfance n'est pas malheureuse en soit, on pourrait dire qu'elle est digne du nom de famille que tu portes : rebondissante . Tu as grandi et vécu les cinq premières années de ta vie à Bosco, charmant Royaume où le barbarisme et la sauvagerie sont les mots dominants. Fils unique, tu n'as pas connu ta mère qui est morte alors qu'elle te donnait la vie, mais tu en as souvent entendu parler par ton père. Ton père.. Ce que tu ne sais pas petit, c'est que ton père ce n'est pas un papa comme les autres. Ton père, c'est celui qui s'est révolté contre les pouvoirs en place. C'est celui qui s'est battu pour la liberté, c'est celui qui voulait changer le monde. Ton père, c'était un héros pour certain, un criminel pour d'autres. Ton père, c'était Senji Kiyomasa.

Il t'a élevé et t'as inspiré de par ses aventures qu'il te racontait le soir pour t'endormir, à toi, le petit garçon qui représentait toute sa vie. Tu étais la chair de sa chair, le sang de son sang. Tu étais son tout, son univers. Tu as grandi dans un pays dangereux et c'est certainement pour cela qu'il t'a toujours surprotégé. Ton père, il était parfois dur avec toi, mais comment lui en vouloir ? Ton père, c'était ton héros. C'était l'homme de ta vie si l'on peut le dire. C'était ton modèle.

Puis un jour... Votre vie changea. Son univers se brisa et le tien s'accéléra.

Comme tous enfants, tu as grandi, âgé de cinq ans, tu te rendais vers cet établissement que l'on appelait « école » accompagné d'un homme qui se disait être l'ami de ton père, mais pour toi ce n'était pas un ami, c'était « tonton Chris ». Tonton Chris, tu l'aimais bien, il avait l'air gentil puis il avait ce même air paumé que ton papa quand il parlait de choses sérieuses.

Tonton Chris, tu ne l'a rencontré qu'une fois, mais tu ne l'oublias pas.

Une fois à l'école, tu n'eus guère le temps et le loisir de te faire des amis, tu disparut. On t'enleva comme on enlève une vache ou un mouton. On t'enleva pour avoir la peau de ton père. On t'enleva pour l'avoir lui et tu étais tout ce qui lui restait.

En revanche, si tu as le caractère de ton père, tu as l'intelligence de ta mère et pour un petit bonhomme de cinq ans à peine, tu réussis à t'échapper des vilains messieurs qui t'avaient enlevé à ta famille, car tu savais que ce n'était pas toi qu'ils voulaient... C'était lui. Tu le savais et tu le comprenais parfaitement.

Alors tu fuis. Tu t'échappes. Tu cours et cours dans tous les sens, dans toutes les directions. Tu le cherches, tu cries son nom, tu demandes autour de toi, mais ton père ne semble plus être là. Perdu et déboussolé, tu te retrouves, tout seul, ... Seul au monde, mais pas complètement, car alors que beaucoup auraient baissés les bras, alors que beaucoup auraient abandonnés, tu portais un nom haut en responsabilité et en honneur. Tu portais un nom qui ne connaissait ni la faiblesse, ni l'abandon.

Tu portais un nom qui te poussa à suivre les traces de l'homme qui a été ton tout. Tu portais un nom, qui te forgea comme lui a été forgé : par la vie, par l'expérience, par le temps.

Parcourant le pays, tu ne retrouves aucune trace de cet homme alors tu te décides à chercher ailleurs. Chercher là où personne ne chercherait. Chercher où l'aventure t'appelle parce que l'aventure t'en as pris le goût gamin. L'aventure, elle coule dans tes veines quels que soient les dangers qui t'y attendent.

L'aventure, c'est aussi des rencontres. Des rencontres farfelues et étranges comme cette rencontre avec cet homme. En sortant du pays et ayant égaré ta route, tu te retrouvas dans une grotte où tu fis sa connaissance. Lui, il ne te faisait pas peur, il t'amusait. Il te faisait rire parce qu'il était bizarre ce grand-père. Il n'était pas comme les autres. L'avatar du temps. Tu ne savais pas trop qui il était, ce qu'il était ou ce qu'il voulait, mais très vite vous deux, c'est devenu fusionnel, et cela, dans le sens propre du terme

Du petit garçon, tu passas à l'homme. Du petit garçon cherchant son père, tu passas à l'homme cherchant sa voie. Du petit garçon en quête d'aventure, tu passas à l'homme bravant les interdits. Parce que l'avatar, il avait besoin de toi autant que tu avais besoin de lui. Il avait besoin de toi et t'avais fait vieillir. L'enfance n'était plus, l'âge adulte ne tardait déjà à venir. Tant pis pour les souvenirs, tu en avais déjà assez, l'heure était aux retrouvailles, car grâce à l'avatar, tu le sentais.

Tu sentais qu'il était proche. Qu'il était juste là devant toi. Tu savais que c'était lui que tu cherchais et tu savais aussi que vos retrouvailles allaient être bizarres, car au fond, tu n'étais plus ce petit garçon de 5 ans ayant échappé à des malfrats. Tu n'étais plus ce petit gars parcourant le voisinage à la recherche son père. Tu étais cet homme ayant trouvé sa voie. Tu étais cet homme ayant décidé de marcher dans ses pas au lieu de le rechercher. Tu étais cet homme qui avait subitement grandi, arraché à la vie et à l'enfance.

Mais qu'est-ce qu'on s'en fout non ? Maintenant qu'il est là, il ne s'agit plus de ses aventures passées, mais des tiennes à venir.

Voilà des jours maintenant que tu marchais un peu à droite, un peu à gauche et tu commençais à en vouloir à ce vieil homme qui t'avait indiqué le chemin pour quitter le pays. Voilà des jours maintenant que tu te posais des questions quant à la voie que tu venais d'emprunter mais ce n'était pas le moment de faire demi-tour, car tu serais capable de te perdre, ne sachant guère où tu es. Voilà des jours maintenant que tu as pris la décision de faire comme lui, de vivre ses aventures à ta manière, car au fond, tu n'étais pas comme ton père, tu étais beaucoup plus intelligent que lui.

Voilà des jours maintenant que tu as emprunté le chemin de la vie, celle qui ferra de toi un homme.

Alors que le temps commençait à se gâter et que la pluie commençait à s'écouler lentement sur ton visage encore frêle et fragile de petit garçon, tu te précipites vers le premier endroit qui semble être une bonne cachette pour t'abriter et sécher. Une grotte. Ce n'est pas n'importe quelle grotte, c'est une grotte secrète comme tu t'en imaginais dans les histoires de ton père. Celle qui a une histoire, un secret à protéger et pour l'instant, le seul secret que tu t'imagines, ce serait un bon repas caché quelque part dans ses roches alors que ton ventre hurle famine. Malheureusement pour toi, il n'y a rien ici.

Tu te replies sur toi-même, fermant les yeux et t'imaginant dans ton lit au chaud, avec ton père à tes côtés. Non, non, non ! Ce n'est pas le moment d'être faible ! Tu es un homme bon dieu ! Un homme ça reste fort. Fort comme papa !

Un éclair te surprend dans ta rêverie et tu vois alors cette silhouette en face de toi, te regardant et tu ne pus t'empêcher de crier comme une fillette.

« - Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!
- Ah!Ah!Ah ! Je ne pensais pouvoir effrayer un petit gars comme toi mon garçon, dit-il amuser
- J..Je n'ai pas peur ! Mon papa il a jamais peur lui ! Vous êtes qui monsieur ?
- Je vois que tu es un petit gars courageux. Je suis tout le monde et personne à la fois, que penses-tu de cela hein ?
- Vous êtes fous ? Mon papa il dit que il ne faut pas s'approcher des fous. Vous approchez pas de moi.
- Que fais-tu ici mon petit ? Tu sembles bien loin de chez toi. Et non je ne suis pas fous ! Petit insolent !
- Bah vous voyez il m'est arrivé pleiiiiiiin de choses et je recherche mon papa parce que mon papa il me cherche aussi.
- Elle est bizarre ton histoire gamin...
- C'est vous qu'êtes bizarre. Ooooh je sais ! Vous êtes un fantôme ?! Dis-tu en passant ta main à travers lui.
- Mais arrête ça c'est dégoûtant petit mal-élevé !
- Ahahaha vous êtes rigolo monsieur le fantôme !
- Mais si je te dis que je ne suis pas un fantôme ! Je suis un avatar !
- C'est quoi un avatar ?
- Halalala il y a tant de choses que je vais devoir t'apprendre mon petit.
- Ah non, non je peux pas rester ! Je dois retrouver mon papa ! Vous pouvez m'aider à retrouver mon papa Monsieur l'Avatar ?
- Et pourquoi je t'aiderais ? Hein ? Dis-moi gamin...
- Bah j'sais pas. Vous voulez pas ? »

Tu sortis alors ton arme secrète que tout enfant de ton âge connaissait... Le regard larmoyant. Ça marche à tous les coups ça !


« - Très bien. À une seule condition..Tu me ferras une faveur en retour.
- Tout ce que vous voulez ! Annonças-tu tout content
- Top là petit !
- Topez là monsieur l'avatar ! »

Parce que tout dans ce monde à un prix et cette étrange rencontre entre un petit garçon et un vieux bonhomme n'échappe pas à la règle. Pourtant, vous aviez besoin l'un de l'autre même si tu ne savais pas encore quel était le prix à payer pour recevoir l'aide d'une telle personne.

« - Je t'apprendrais tout ce que je sais et je t'aiderais à retrouver ton père en échange de ton corps.
- Vous voulez me voler mon corps ? Pourquoi ?
- Je vais pas te le voler imbécile ! Je te l'emprunte ! J'ai besoin d'un corps jeune pour sortir d'ici...
- Hmm si vous voulez, je vous le prête mais vous me le rendez après hein ?
- Oui, oui, je te le rendrais... »

Le prix a payé pour une telle aide. Voilà que l'enfance s'évanouit et que l'adolescence passe son court en quelques secondes seulement et toi qui fus autrefois haut comme trois pommes, te voilà aussi grand que ton père dans tes souvenirs.

Mais un marché est un marché, l'avatar et toi passiez des journées ensemble à apprendre, comprendre et t'éduquer comme un homme et non comme un enfant. Ce qui comptait n'était pas l'enfance abandonnée, mais la détermination de retrouver ce qui fut ta famille.

C'est ainsi que les semaines passèrent dans cette grotte.

« - Arrête de jouer ! Concentre-toi !
- Vous râlez beaucoup pour un vieux bonhomme, vous savez ? Et arrêtez de me frapper avec votre branche.
- J'essaye de t'apprendre un moyen de défense contre la vie...Tu n'écoutes rien !
- Hmmm...
- Et arrête de mettre les doigts dans ton nez ! C'est dégouttant !
- Oh pardon. Donc vous disiez quoi ?
- KAI !
- Ahaha !!! C'est bon, je vous écoute.. »

Pensez comme un adulte, agir comme un adulte, comprendre le monde qui t'entoure, il y avait encore bien des choses que tu ne savais pas. Il y avait encore bien des choses que tu ne comprenais pas.

« - Qu'est-ce que tu fais encore ?
- Chuut grand-père...Vous me déconcentrez...Un peu de silence je vous prie. »

À genoux devant une flaque d'eau dans la grotte, tu fermas les yeux, tendis les mains et cette dernière devient rapidement un trou de terre, vide de toute eau. Évaporée. Les yeux du vieux bonhomme se mirent alors à briller de joie.

« - Vous pleurez ?
- Non, j'ai une poussière dans l’œil gamin ! Comme si j'allais pleurer pour si peu... Tu me prends pour qui ?
- Vous pleuriez là..J'ai pas rêvé.
- Tu m'agaces à la fin. Parfois, je me demande pourquoi j'ai accepté de t'aider...
- Vous dites cela sur un air tellement désespéré et puis vous avez besoin de moi.
- Tu marques un point. »

Le temps passa, changea, transforma littéralement ce petit garçon qui avait laissé son âme de petit
garçon au moment où il était entré dans cette grotte.

Le temps. Cela faisait combien de temps d'ailleurs que tu étais là ? Peut-être trop longtemps, peut-être pas assez. Une chose était certaine, il était temps d'y aller et d'embarquer grand-père avec toi parce que vous aviez conclu un marché. Un homme n'a qu'une parole. Il fut à ce jour et jusqu'à présent, cette petite voix au fond de toi. Cette petite voix te conseillant, te guidant et te hurlant dessus quand il avait besoin de se défouler.

Il fut cette petite voix qui fit de toi l'homme que tu es... Du moins physiquement seulement.

En résumé, il arrive à accélérer et à ralentir les particules de tous les types qui se retrouvent autour de lui.
Sa magie ne se limite pas qu'à la modification de vitesse extérieure, mais il peut le faire également sur un être vivant.