14H (du matin.)

Une migraine atroce lui secoue la tête, ses paupières s'ouvrent une à une, un haut-le cœur s'empare de sa cage thoracique. Il a l'impression d'avoir semé tous ses membres un à un. Mais le problème, c'est de savoir où est-ce qu'il est ? C'est quoi CETTE BOMBE allongée à ses côtés ? La fille d'hier soir. Il ne se souvient plus de son nom. Panique, elle commence à se réveiller. Ses grands yeux de biches fixent Zadig avec tendresse.

_ Salut, Julie... Merde, Lena, Jody ?... Bon, tu m'as compris quoi.

Une empreinte rouge chauffante sur la joue – et le bruit de la porte qui claque.
Zadig se redresse, se masse les joues et se les tirent vers le bas, un léger sourire amusé au coin des lèvres.

_ J'me sentirai pas obligé de lui payer les croissants.

17H30(du matin, toujours dans la tête de Zadig.)

Un bonnet sur les cheveux – il marche nonchalamment, emporté par son sourire et par les murmures de la terre. Elle n'est pas contente, elle jalouse la fille qui a passé la nuit avec Zadig. Elle est du genre possessive et sacrément pute quand il s'y met parfois, la terre. En arrivant dans les entrailles d'Ajatar, Zadig se dirige presque vers le bar. Comme si la cuite de hier soir n'avait pas suffit à le calmer.

_ Une bière pour moi, Lore.

Il pose ses deux bras sur le comptoir et se pince les lèvres en se balançant légèrement sur lui-même. Une fois le verre de bière sous ses yeux, Zadig le saisit et boit la première gorgée.

_ T'étais foutu où, Zadig ? En plus, bordel, tu pues l'alcool !
_ J'faisais des tas de trucs cool que tu connaîtras jaaaamais.

Il repose la bière en souriant. Repère une silhouette un peu plus loin, saisit la bouteille et se lève, il trottine presque, emportant son sourire de con un peu partout où il allait. Il bu encore une gorgée avant de s'adosser presque de manière nonchalante contre le mur, il regarde Damaz. Oui, le chat enragé, encore habillé de son désir de vengeance. Il boit encore une fois – regarde sa bouteille quelques secondes avant de relever ses iris sauvages vers Damaz.

_ Alors le fauve ? What's up ?

Il y a toujours quelque chose de bizarre quand on voit Zadig – on arrive pas trop à comprendre ces morceaux de sourire quand il parle, ces fragments de phrases affables. Zadig c'est un type bien, on comprend jamais ce qu'il fout à Ajatar. On se dit alors qu'il est juste un peu con, qu'il s'est paumé quelques parts, entre deux histoires, avant d'atterir ici.
Pourtant on le sait dangereux, pas vrai Damaz ?

_ J'ai acheté de l'herbe à chat. Ca marche sur toi ?

Tu n'as pas vu ? Dès qu'il s'est adossé contre le mur, une fissure s'est dessinée derrière lui. Zadig se sort une cigarette, une étincelle et elle s'allume. Il tire une latte de bouffée toxique, puis recrache en posant sa tête contre le mur.

Mais comment peut-on vouloir le prendre au sérieux, même une seconde ?