Excuses à ThalieEntrainementIsolée pendant six ans, c'est ce que j'ai ressenti quand j'ai repris conscience. Mais dans tout cela, ce n'est pas d'avoir manqué un bout d'histoire qui est le pire, c'est d'avoir été absente et de ne pas pouvoir répondre à mes obligations pendant tout ce temps. Oui, les Muses ont sans doute cru que je les aies délaissées, si bien que l'une d'entre elle a cessé de me prêter sa magie. Mais à vrai dire j'aurai pu le prédire au vu de son caractère : arrogante, excessive, folle, enthousiaste et jalouse. Thalie, quelle muse bien curieuse quand on y pense. Elle qui parait si douce, avec sa voix si mielleuse et envoûtante quand elle chante, elle qui dorlote la nature qui l'entoure, c'est notre mère Nature à tous. Mais quand il s'agit de son égo, mieux vaut être vigilant et ne pas trop s'approcher d'elle car attention, madame aime quand on la caresse mais seulement quand c'est bien fait. J'avais mis du temps à gagner sa confiance, prouver que mes compétences étaient à la hauteur de sa mélodie sacrée, et tout cela pour qu'elle m'ignore quand je fais appel à elle. Je la vois bien me répondre que c'est moi qui l'ait ignorée durant toutes ces années mais au fond, ce n'est pas de ma faute, je me suis retrouvée gelée sans que ma conscience ne puisse elle-même rejoindre les muses pour les occuper pendant qu'elles se faisaient belle pour Apollon.
Douce, comme la mousse de ces arbres enchâssés dans la terre. Dure, comme la pierre qui couvre les montagnes de fer. Fraîche, comme les feuilles à peine naissantes des arbustes au printemps. Tu es partout, Thalie, tu nous entoure de tes bras réconfortants. Belle et poignante, tu nous saisis avec ta force et nous berce par tes chants. Exaltante tu es, l'instant d'après tu seras éprise d'une colère qui nous montrera ton caractère. Versatile, comme les roses au piquant mortel. Tu ne te lasseras jamais d'admirer les belles choses, même si cent fois tu les écoutes ou les regardes, ta conscience restera droite et ne fléchira pas. Muse des forêts, des plaines et des ruisseaux, te rends-tu compte de ce grand fardeau sur mes épaules ? Je ne peux accomplir mon devoir si tu ne me prêtes ta puissance. Oublie ces caprices, fais de moi tes délices. Je jouerai quand tu voudras la plus belle élégie et de ma voix je chanterai les bourgeons naissants. Belle Thalie, laisse moi t'offrir ce chant en ton honneur.
Ô Thalie, Muse de la Nature et mère des Corybantes.
Toi qui est si exaltante, offre nous ta joie dansante
Égalant celle des Bacchantes.
La harpe émet quelques sons pour accompagner le chant mais aucune réponse, le calme s'installe et rien n'ose le compromettre. La jeune mage, curieuse décide d'offrir une nouvelle création à la divinité. Elle s'accompagne de son instrument qui doucement se met à luire.
Muse protectrice, emplie de malices, envoie moi un de tes enfants.
Cet orphelin qui n'attend que sa mère naîtra au printemps.
Et l'hiver, rude et froid, ne saura qu'empêcher leur émoi.
C'est pourquoi toi, Ô Thalie, tu nous lègues ce bourgeon roi.
Un bourgeon enveloppe la musicienne puis éclot en une fleur majestueuse, rayonnant d'un rose inégalable, il fait apparaître la conscience de la muse dans l'esprit d'Olivia.
Olivia, je me souviens encore de ton nom. C'est un exploit. Mais c'est sans doute grâce à ta beauté que je t'ai reconnue. Tu n'as pas pris une ride en six ans, voilà qui est bien affligeant. Tu es déjà une des nôtres ? Non, bien sur que non, tu es encore humaine, Olivia... Tu es si belle, comment ais-je pu ignorer tes appels ? Parce que tu m'as délaissée ! Égoïste ! Tu ne penses qu'à ta beauté, petite sotte !
Non... Thalie, c'est assez difficile à expliquer. Ce n'est pas volontaire. Je n'ai pu rendre hommage à aucune d'entre vous. J'étais comme pétrifiée pendant toute ces années, et c'est d'ailleurs la réponse au fait que je n'ai pas vieilli depuis. Veux-tu bien m'excuser pour mon absence ?
Mais oui ma petite Olivia, je te taquinais tu le sais bien...
Au fond, je sais très bien qu'elle ne plaisantait pas et qu'elle aurait même pu me faire dévorer par ses plantes pour me faire payer mon absence mais soit, la situation semble réglée et notre pacte est à nouveau établi. Je lui joue alors un dernier morceau de harpe avant de la voir disparaître lentement, se dissiper tel un fantôme.
Attends, Thalie ! Dis aux autres que je ne suis pas morte et que je viendrai les solliciter d'ici peu. J'ai besoin de réponses, en particulier de Calliope. Je voudrais en savoir un peu plus sur l'histoire de Fiore.
Très bien. Est-ce tout ?
Oui, merci beaucoup, Thalie.
Je lui souris une dernière fois avant de la voir disparaître puis je reprends la route vers la guilde. Il me faut désormais réfléchir quant à l'attitude d'Amaterasu. Peut-être que quelqu'un de la guilde arrivera à me faire comprendre ses objectifs.
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