Se réveiller avec une tête aussi lourde qu'un boulet. Ne pas réussir à se mouvoir, ne pas bouger ne serait ce qu'un orteil. Se sentir poupée et pantin qu'on manipule. Se sentir hors de son propre corps. Et toujours cette fatigue malgré le temps passé à dormir, continuer à essayer de se bouger parce que Bon Dieu ce n'est pas possible.
Enfin se résigner et dans un effort suprême lever le visage et regarder la nuit si calme et douce, cette nuit qui borde et qui réconforte. Se demander comment on en est arriver là. Ne pas se souvenir, rien juste un vide et des bribes de passé. Un passé dérangeant mais si beau qu'on ne regrette rien. Une guilde, une guilde mourante. Un appel et une mission, L'Aigle plane dans la nuit, ce n'est pas son habitude. Le monarque des cieux se pose sur la branche de l'arbre pourrit le plus proche. Il scrute de ses yeux majestueux, il observe l'éveil. L'éveil le plus long qu'on est connu. Il sait, il a le temps. La patience est une de ses vertus, un Roi attend. Un Roi commande. Un Roi ordonne. La Majesté a commandé le retour de l'engourdie. Le retour de la plus folle des créatures de cette place.
Un cimetière, un bon lieux pour la figure qui s'étire, un cimetière lieux de repos éternel. Un cimetière endroit ou elle n'aurait jamais crut finir, un endroit ou elle envoyait les opposants à sa cause. Les opposants à la guilde, elle ne sent plus rien. Ne sait combien de temps elle a dormit. Une éternité, le temps ne passe plus sur sa peau. Elle n'est pas morte, seulement elle dormait. Le repos des morts elle l'a bien gouté mais désormais elle n'en veut plus. Non désormais la vie l'appel, désormais elle revient d'entre les morts. Les morts, les morts lui appartienne. La mort est en elle comme la jeunesse dans les enfants. La mort est sa plus précieuse concubine, la mort lui offre tant d'extases et d'explosions de sens que rien n'a plus de gout. La vie est fade, bien fade pourtant elle doit se réveiller. La mort trahis, la mort est fourbe. La mort l'a attiré dans cet endroit pour la chérir et la garder précieusement, égoïstement. Mais la vie n'a jamais découragé de voir cet être si pale partir chez sa sœur opposée. La vie gagne toujours sur les vivants, elle donne tant sans retour tandis que la mort demande tant sans retour. L'équilibre parfait la non morte vient de le trouver.
Elle reprend le contrôle de son corps. Elle s'étire longuement comme si elle voulait profiter de chaque seconde et chaque millimètre de son corps. Elle pose une main hors du trou ou elle était endormie. Elle pose sa main sur la boue sentant la mort et empestant le désespoir. De l'autre elle enlève la poussière qui gâche sa jolie peau. Déjà elle peut sentir l'odeur des corps décomposés depuis un moment. Elle sait qu'elle vient de se réveiller dans son propre paradis. Elle savoure son éveil, son retour dans cette vie si étrange et pourtant si attirante. La mort est jalouse et ne la laissera pas partir comme çà. Elle sourit, elle sait ce dont elle est capable. Déjà les souvenirs se bousculent dans son esprit. Elle reprend chaque informations et chaque souvenir avec un délice sans fin. Se sentir revenir, se savoir vivante c'est un des plus grands orgasmes qu'elle a connu. Non pas charnelle mais bien intellectuel. Le corps peut pourrir, le sien peut mourir son esprit restera. Elle ne craint pas la mort, elle ne craint pas le temps. Elle ne craint que l'abandon et l'oublie. Son nom n'est pas rester dans les mémoires. Qu'à cela ne tienne elle est de retour. Elle est de nouveau dans la course, dans cette lute incessante entre les mages elle s'interposera. Elle écrasera les camps sans s'aligner et surtout elle ira de nouveau voir les Aigles.
Elle déploie ses ailes se relevant doucement et titubant comme une morte, elle continue de sourire comme une folle. Comme un rictus figé à jamais sur son visage. Ses pupilles se dilatent et elle entre en transe. Elle fait craquer chacun de ses os et articulations. Elle tourne sur elle même et comme une dernière valse avec la mort lève les deux bras et déployant ses deux majeurs transforme son rire nerveux en pleurs et longs sanglots. Saloperie de mort, tu m'auras plus. Désormais je reste et tu te tais à jamais. La mort ne l'aura plus, c'est finit entre elle. Elle ira voleter avec la vie, elle embrassera et la croquera à pleine dents. Elle reprend gout à la magie. D'ailleurs elle ressent la présence de son bien aimé. Zuruka est bien vivant. Son cercueil à fusionné avec un arbre pendant ces années. Elle se précipite vers lui, elle gratte à s'en faire saigner les doigts puis s'évertuant à donner des coups de pieds ne réussit qu'à se faire mal et à ressentir la douleur. De retour et déjà en sang, rien ne change et le cycle continue. Seul l'esprit évolue et mute, la non morte connait mieux sa magie et les capacités qu'elle peut déployer. D'un claquement de doigt l'arbre bouge, dans un craquement sinistre et lugubre l'arbre explose de l'intérieur. Un bras en sort d'abord suivit d'une carcasse se trainant. Tous les efforts qu'avait déployée sa maitresse sont réduis à néant par le temps. Non jamais plus, lui aussi la suivra dans sa quête infini de lutte contre la mort. Elle s'approche de lui.
Dans un râle surgit tout droit des profondeurs de ce monde le mort parle. Il est aussi heureux d'être de retour, malgré son état pitoyable son esprit est conservé. Du moins les quelques bribes qui restent après tout ce temps. Bientôt il sera comme jadis au sommet de sa forme grâce à elle. Ils se complètent. Elle touche son bras et insufflant sa magie fait reprendre quelque couleurs à son guerrier favoris. La peau revient, les muscles également. Les os se solidifient et la nécrose part du moins partiellement. Les orbites des yeux du guerrier sont toujours vide mais qu'importe il a reprit des couleurs et a fait un pas de plus vers la vie en ignorant les appel de la mort.
Et le macabre couple tissèrent de nouveau le lien sacré entre eux. Le lien qui garantissait la survit de l'un par la protection de l'autre. Le guerrier sait désormais qu'ils finiront par accomplir la destinée royal que veut sa maitresse. Elle lui tourne le dos et regarde le cimetière. L'Aigle à prit son envol et va vers la destination logique. Le monarque guide la non morte vers sa demeure. Elle le suit du regard avant de reposer son regard sur les tombes éclatés et en morceaux de ce lieu de malheur. Elle lève une main et le sol tremble. Elle lève son index et désigne le ciel, trente mains sortent du sol. Elle éclate son lieux de repos, elle brise son attachement à la mort. Elle signe ici la fin de leurs accords communs. Les morts revivront. Les morts seront de sortis, personne ne lui volera ses chéries pas même la grande faucheuse. Alors que les corps décomposés et autres squelettes sortent du sol elle tourne les talons et sans indication se laisse mettre sur l'épaule large de son fidèle servant.
Le guerrier entame sa longue route, son retour d'exil. La patience est sa vertu et la puissance redécouverte de sa maitresse l'exalte.