Libérons les Sorcières

rp d'intégration

J'ai l'esprit clair, ouvert, je suis prêt mentalement à me trouver un camp. Parmi toutes les guildes dont j'ai entendues parler, aucune ne m'a plu totalement. Soit je ne m'y voyais vraiment pas, soit ça m'aurait fait bizarre de côtoyer certaines personnes que j'ai déjà croisées ailleurs pour faire certaines missions. Ça aurait fait un peu trop "je m'incruste dans ta vie". Ça aurait fait bizarre. Il y a certainement d'autres solutions. Ce qui m'agace rendu à ce point-là, c'est le fait que le Conseil n'accepte plus aucune guilde comme étant neutre, plus de gris, que du noir et du blanc. Ça m'enrage. Moi qui veut tenter l'expérience, j'ai l'impression d'arriver au bout de mes peines et que rien ne fonctionne. Il y a cette vieille connaissance qui fait son apparition dans mon crâne. Pourquoi pas?

Je quitte la ville où j'étais à ce moment-là pour me rendre dans cette vieille boutique d'horloges. Elle tient encore debout celle-là? Je me fais discret, mais la porte grince, le plancher craque: tout pour alerter la vieille folle que quelqu'un vient de franchir la porte de la boutique. Il y a tellement de poussière sur toutes les surfaces que je me demande si vraiment, elle est encore dans les parages. Aurait-elle abandonné ce qui lui était le plus précieux? Je m'avance, regardant les horloges et cadrans avec lenteur. Tout au bout, je vois cette vieille horloge à oiseau. Je souris: elle a donc gardé tous ses trucs moches. Puis je sursaute quand la voix m'interpelle en même temps que son corps pénètre d'une porte ouverte derrière le comptoir.

« Je peux vous aider? Désolée pour le désordre, je n'ai pas reçu de clients depuis au moins six ans. »

« Je cherche une femme qui a, il y a un moment, été une de mes amies. On dit d'elle qu'elle conseille à merveille et qu'elle sait lire dans les lignes de la main. Vous l'auriez pas vue par hasard? »

« Je ne vois pas de qui vous voulez parler. »

« Elle se faisait appeler la "Sorcière". »

« Partez. Sortez d'ici immédiatement ou j'appelle la garde! »

« C'est vrai que j'étais beaucoup plus ingrat à l'époque... c'est moi Sélénia, c'est Senji! »

« Senji est mort le jour où il nous a tous abandonnés. Senji était le leader de notre famille et toi, espèce d’impétueux grand singe, tu penses être ce gros lâche? Son départ nous a détruits et t'essaies de me faire croire qu'il est de retour?... oh la vache... c'est vraiment toi... »

Devant elle, la coquille qui emprisonne ma véritable apparence se brise comme un miroir. Elle me voit sous mon vrai jour. Main devant la bouche, elle tente de retrouver son souffle. Je lui souris, première fois depuis que je la connais. Elle est surprise, se recule de quelques pas jusqu'à percuter l'horloge derrière elle. Elle a sûrement perdu ma trace lorsque le Branch of Sin a décidé de me donner cette apparence. Belle technique de camouflage quand même... Sa main redescend le long de son corps, elle baisse la tête, un peu honteuse: une nouvelle preuve que les années peuvent changer une personne du tout au tout.

« Désolée pour ce que je viens de dire. Je ne le pensais pas... »

« Si tu le pensais. C'est comment tu te sens, mais d'un autre côté tu sais pourquoi je suis parti. »

« C'est vrai... Qu'est-ce que je peux faire pour toi? »

« Aide-moi à retrouver quelqu'un. »

Elle hoche la tête et m'invite à me diriger vers l'arrière-boutique où son livre repose toujours sur son trépied. Elle se pose devant et me demande ce que je cherche en particulier. Je me gratte le derrière de la nuque, ne sachant pas quoi répondre à ça. Elle l'a déjà deviné de toutes manières. Elle s'exécute et fait voler les pages de son livre comme si elle tournait les pages à la vitesse du son. Les pages s'arrêtent, ses mains se posent sur son livre, ses yeux émanent d'une lumière blanche qui donne l'impression qu'elle va avoir la tête qui explose. Elle fait le tour de son livre et gribouille sur un bout de papier avant de me le tendre sans hésiter.

« C'est là que tu trouveras ce que tu cherches. À cette heure précise, à ce lieu précis, il marchera sous une cape bleue. Son visage te sera familier, mais ne crains rien. Lui aussi, il a changé. »

Je fronce les sourcils avant de prendre le bout de papier. Un lieu et une heure précise sont gribouillés sur le papier, rien de plus. Elle ne veut pas me révéler son identité... Pourquoi? Je la remercie et quitte la boutique sur la pointe des pieds, en accéléré. C'est presque l'heure, au crépuscule il passera, probablement incognito, rapide comme une flèche alors il ne faut pas que je le rate. Je prends le train à la course et je me repose qu'une fois assis au fond de mon siège. Quelques stations, moins de trois heures, il ne faut pas que je sois en retard. Mon arrêt et je sors en vitesse du train en ayant un tête sans visage qui me tourmente. Mais qui pourrait bien m'intéresser à ce point pour qu'elle conserve un suspense pareil? J'arrive sur les lieux à bout de souffle. Je n'ai que quelques minutes avant que... non... le voilà. Il arrive. Il tente de se faire discret. J'attends le bon moment avant de sauter juste devant lui et imposer ma présence. Il s'arrête sèchement de marcher, craignant que je sois un assaillant. Ma main droite vient se poser devant moi pour lui signaler qu'il n'a pas à s'énerver.

« Du calme, mec. Je dois te causer. »

« Qui le demande? »

« ... »

« Dans ce cas... »

Il me contourne, mais pas du bon côté. Tu ne me contournes pas, tu me laisses te parler. Et pourquoi tu te caches? Il y a un mur de briques. Je n'ai pas le bon réflexe, du moins, pas le plus doux. Je fais un pas, l'agrippe par le collet et le colle contre le mur. Il ne veut pas attirer les regards sur nous en utilisant la magie, mais deux autres silhouettes font leur apparition juste derrière moi. Il lève le bras pour leur dire de ne pas intervenir. Ma main libre tire sur son capuchon et je vois son visage. Je suis surpris et le relâche de suite. J'essaie de me rassurer avec les mots que m'avait dite la Sorcière. Jellal Fernandes est devant moi... Comment? Il voit mon interrogation qui hante mon visage comme une lèpre. Il s'empresse de remettre son capuchon.

« Comment m'as-tu retrouvé? »

« Une bonne amie à moi a une magie plutôt utile pour ce genre de circonstances. »

« Quelles circonstances? Qui es-tu? »

« Je suis... Senji Kiyomasa. Mais on me connaît maintenant sous le nom d'Alek Lehto. »

Le masque tombe comme du verre qui se brise et ils sont tous aussi surpris de me voir. Des légendes considérées comme du côté du mal qui se rencontrent et n'en reviennent simplement pas qu'ils soient tous en liberté. Jellal était en prison aux dernières nouvelles, mais il paraît qu'avec le visage que tu fais, tu n'as pas lu le journal depuis des mois mon cher Senji... Je me retourne vers les deux autres silhouettes: Oracion Seis. Bordel, c'est quoi cette blague? Ils se réunissent pour détruire le monde? Et qu'est-ce que leur rencontre a à voir avec mon centre d'intérêts? Dans quoi cette foutue Sorcière m'a-t-elle embarqué? Il vaut mieux tenter ma chance, c'est toujours ça que rien du tout...

« Si je vous dis le mot "guilde", ça vous sonne une cloche? J'en cherche une et je n'ai aucune idée pourquoi elle m'a menée à vous... Elle doit avoir oublié de prendre ses cachets... »

« Non, votre amie a toute sa tête je peux vous assurer. En quoi rejoindre une guilde vous intéresserait? »

« Je cherche des gens qui comme moi, veut prouver au monde où se terrent les vrais méchants de l'histoire. Je ne veux pas me faire oublier, je veux juste qu'on comprenne la situation délicate dans laquelle baignent les mages de ce pays. J'ai été considéré comme un criminel pendant trop longtemps alors que tout ce que je voulais, c'était me faire entendre. Avec cette nouvelle apparence, peut-être qu'ils m'écouteront, maintenant que je n'ai à me reprocher mis à part aider les gens... »

« C'est une cause noble, je l'admets. Mais sais-tu au moins qu'aux yeux du Conseil, nous resterons illégaux? »

« Comme à mes yeux ces trous du cul-là le sont. Écoute Jellal, ils m'ont pris mon fils pour que je me rende. Je veux ouvrir les yeux des citoyens pour qu'ils voient que tout le monde peut changer. »

« Attends, t'as un fils?! »

« Oui, et alors? »

« Bah avec tout ce que les médias disaient sur toi, c'est difficile de croire que tu serais dans la possibilité d'avoir ne serait-ce un peu de tendresse... »

« ... »

« Je comprends que tu cherches refuge. Ça ne doit pas être facile que de vivre dans la rue et sans contact alors qu'on a un poids comme celui-là sur les épaules. Tu peux compter sur nous. Bienvenue à Crime Sorcière! »

Au final, le gars n'est pas aussi mégalomane qu'on le montre à la télévision. Comme la Sorcière l'a dit, les gens changent au fil du temps et c'est loin d'être une condamnation à mort qui fera réfléchir un individu sur ses péchés. Je partie avec ces trois-là dans une sorte de base secrète où ils m'étampèrent le tatouage et quelques directives. Déjà, je peux vous dire que je me sens moins seul et pas mal plus en sécurité. Sachant que j'ai des alliés sur qui compter, le fardeau est beaucoup moins lourd à porter...